Découvrez la Guadeloupe : Les enjeux actuels

Ces 15 dernières années, la Guadeloupe a été émaillée de revendications sociales, que ce soit en raison du coût de la vie, des enjeux sanitaires (chlordécone, obligation vaccinale, accès à l'eau potable...), de l'état des infrastructures (incendie du CHU, état du réseau de distribution de l'eau) ou pour demander davantage de postes et de formations pour les jeunes. Plusieurs manifestations contre la vie chère ont eu lieu depuis la rentrée de septembre 2024. Si l'économie locale a été malmenée par la pandémie et par l'inflation ces dernières années, le tourisme recommence à renouer avec son niveau d'avant-crise, malgré l'augmentation du prix des billets d'avion. L'archipel est également vulnérable aux aléas climatiques. Quasiment chaque année, la Guadeloupe voit déferler des phénomènes toujours plus intenses sur son territoire (tempête Fiona en septembre 2022, ouragan Tammy et tempête Philippe en octobre 2023) causant de nombreux dégâts.

Le tourisme en croissance

L'archipel a connu une crise au début des années 2000, provoquant la fermeture de plusieurs hôtels. Puis, en 2009, les événements sociaux ont provoqué un quasi-arrêt de l'économie sur l'île pendant 44 jours. Le tourisme a alors subi une baisse conséquente. Ces dernières années, le secteur touristique connaissait une embellie, jusqu'au coup d'arrêt porté par la crise sanitaire. Depuis, l'archipel renoue doucement avec son niveau d'avant-crise, grâce notamment au fort attachement des voyageurs pour cette destination, qui se classe souvent dans le Top 10 des destinations les plus populaires durant l'hiver.

Si les conflits sociaux ont alimenté, au fil des ans, une image négative de la qualité du service. Le travail de communication du Comité du Tourisme sur l'importance de l'économie touristique porte ses fruits : la population, les salariés du secteur sont sensibilisés. Et les visiteurs sont charmés ! Environ 85 % des touristes de loisirs et 94 % des visiteurs pour raison professionnelle envisagent de revenir. Les croisières dans les Caraïbes amènent également de nombreux touristes dans l'archipel. L'île accueille deux types de croisières, celle de transit lorsque le navire effectue uniquement une escale d'une journée et celle dont le départ s'effectue de la Guadeloupe. L'île s'impose au fil des ans comme une étape incontournable en la matière. Deux compagnies, MSC et Costa, accostent à Pointe-à-Pitre, Basse-Terre ou aux Saintes. La Guadeloupe a accueilli 355 000 croisiéristes durant la saison 2023-2024. L'aéroport de Guadeloupe avait battu son record en 2019 en accueillant un peu plus de 2,4 millions de passagers. La plateforme espère atteindre les 3 millions de passagers d'ici 2025 malgré l'épisode de la crise sanitaire et l'augmentation généralisée du prix des billets.

Le poids économique du secteur agricole

L'économie de la Guadeloupe repose sur des secteurs traditionnels, comme bien sûr le tourisme (11 % du PIB), mais aussi l'agriculture, l'agro-transformation ou la pêche. D'autres secteurs en croissance gagnent en importance comme les énergies renouvelables, la construction en milieu tropical, les déchets, l'eau, l'assainissement, le numérique, les industries de la communication, culturelles et créatives, mais aussi les services à la personne et la “silver économie” avec le vieillissement de la population.

Les importations de biens et de produits sont ici bien plus élevées que les exportations. Les cultures historiques de canne à sucre et de bananes concentrent la majeure partie des aides de la politique agricole commune européenne dans l'archipel. Si les ventes de rhum à l'exportation continuent de progresser, la banane de Guadeloupe peine à tirer son épingle du jeu face à la concurrence internationale. Les exportations ont diminué de 23 % en 2023. Des productions vulnérables face aux aléas climatiques de plus en plus menaçants. Face à ces diverses pressions, les producteurs s'organisent et mutualisent leurs efforts pour se démarquer.

Par ailleurs, plusieurs agriculteurs dans l'archipel tentent de revenir à un mode de production plus traditionnel et plus durable, à l'image de l'agroforesterie ou du retour au jardin créole comme au temps des anciens... Avec pour objectif de se détacher des produits importés, souvent chers, et à l'empreinte carbone plus importante et de tendre vers l'autosuffisance alimentaire. Aubergines, courgettes, tomates, courges, avocats, spiruline, pleurotes, melons, patates douces, café, cacao, vanille... Oui, tous ces produits poussent en Guadeloupe !

D’autres secteurs économiques importants mais fragiles

Le commerce est le principal secteur d'activité en Guadeloupe. L'administration publique, la santé, l'enseignement ou l'action sociale emploient de nombreux Guadeloupéens (37 % des emplois en 2023). L'importance de l'administration remonte à la départementalisation en 1946 et à l'ouverture des recrutements dans les années 1960-1970. Le service public est alors présenté comme un “idéal républicain”, mais le recrutement d'Hexagonaux à des postes hiérarchiquement élevés et le départ de Guadeloupéens vers l'Hexagone pour y être recrutés, favorisent les tensions.

Le secteur de la construction est également important dans l'économie guadeloupéenne, et comptait plus de 7 500 salariés en 2023 qui travaillaient majoritairement sur des activités de travaux publics, de voiries et réseaux divers. En berne depuis 2014, le BTP affichait des signes de reprise depuis 2018 avec notamment des commandes de chantiers importants (construction du nouveau CHU et extension de l'aéroport). Mais la crise sanitaire, l'augmentation du prix des matières premières et la pénurie de main-d'œuvre ont ralenti l'activité. Le secteur doit également se réinventer pour réduire son empreinte carbone et s'adapter aux nouvelles normes de construction environnementales.

Directement lié au secteur de l'hôtellerie-restauration, le secteur de la pêche déjà en difficulté a fortement été impacté par la crise sanitaire. Une période difficile qui a mis en exergue le manque d'infrastructures et la flotte vieillissante. Des problématiques auxquelles les collectivités et les subventions européennes ont tenté de répondre ces dernières années. Malgré cela, le secteur est en plein questionnement sur sa restructuration et doit désormais faire face à l'augmentation des prix du carburant, la raréfaction des poissons et le manque d'attractivité de la profession chez les jeunes.

Structures politiques

Si les régions de l'Hexagone regroupent plusieurs départements, les régions d’outre-mer se présentent sous une forme mono-départementale, c’est-à-dire que le même territoire est à la fois un département et une région. Les deux conseils siègent à Basse-Terre, capitale administrative de la Guadeloupe et chef-lieu.

Le Conseil régional de la Guadeloupe est dirigé depuis 2015 par Ary Chalus, sous les couleurs du GUSR (Guadeloupe Unie Solidaire et Responsable), qui a été réélu en juin 2021. Depuis cette même date, le Conseil départemental est présidé par Guy Losbar, président du GUSR. Pendant longtemps, la question de la fusion du Conseil départemental et du Conseil régional en collectivité unique a divisé les élus guadeloupéens. Mais depuis les élections de 2021, Ary Chalus et Guy Losbar œuvrent ouvertement pour préparer la transition. La Martinique et la Guyane sont devenues des collectivités uniques en 2015.

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