Découvrez le Danemark : À l'écran (Cinéma / TV)

Le Danemark a de bonnes raisons d'être fier de son cinéma, une tradition vieille d'un siècle qui compte parmi les premières au monde. Le photographe Peter Elfelt posa les premières pierres dès 1897 avec Des chiens groenlandais tirent un traîneau, séquence documentaire tournée deux ans après le premier film des frères Lumière. En 1903, c'est également Elfelt qui réalise le premier film de fiction : The Execution, qui raconte l'exécution d'une femme condamnée à mort pour le meurtre de ses enfants. Par la suite, les productions danoises se sont caractérisées par leur réalisme, leurs thèmes religieux et moraux, leur goût pour le sexe et les innovations techniques, notamment grâce aux cinéastes du Dogme95. Concernant la production cinématographique, Nordisk Film est l'un des plus anciens studios du monde encore en activité. Créée dès 1906 par Ole Olsen, elle permit au cinéma danois de se développer et de s'exporter à travers le monde.

Thomas Vinterberg © taniavolobueva - shutterstock.com.jpg

1900-1940, le cinéma muet, entre religion et érotisme

La première vamp de l'histoire du cinéma est danoise : Asta Nielsen, devenue une icône du muet suite à une scène de danse considérée comme hautement érotique dans Afgrunden en 1910 (The Abyss), d'ailleurs censurée aux États-Unis. Une autre star du cinéma danois muet est Carl Theodor Dreyer, bien qu'il fût longtemps boudé dans son pays et d'abord reconnu à l'étranger, notamment en France. Il eut des difficultés pour trouver les financements au Danemark en raison de son pessimisme et de son goût pour le surnaturel qui déplaisait aux producteurs. Parmi les chefs-d'œuvre qu'il réalisa : La Passion de Jeanne d'Arc (1928), tourné en France avec Renée Jeanne Falconetti, et Ordet (La Parole, 1954).

Films de genre

La plupart des films des années 1930-1980 sont des comédies, sauf exception, comme les films noirs de l'actrice et réalisatrice Bodil Ipsen, co-réalisés avec Lau Lauritzen Jr. En 1942, Afsporet est le premier film de ce genre, un drame psychologique qui raconte une relation érotique entre une femme mariée amnésique et un voleur. Leur film De Røde enge (La terre sera rouge) - sur le thème de la résistance danoise - remporte le grand prix à Cannes en 1946. La récompense cinématographique danoise porte le nom de Bodil Ipsen : les Bodilprisen.

Dans les années 1960-1970, les films érotiques danois commencent à attirer l'attention des spectateurs à travers le monde. Le Danemark devient le premier pays à légaliser la pornographie, d'où sa réputation sulfureuse et avant-gardiste.

Années 1980 : reconnaissance internationale

C'est surtout à partir de 1988 que le cinéma danois marque la scène internationale lorsque Le Festin de Babette de Gabriel Axel remporte un Oscar. L'histoire se situe après la Commune de 1871, tandis que Babette, une jeune Française, entre au service de deux sœurs puritaines, filles d'un pasteur, dans un petit village du Danemark.

Cette même année, Bille August reçoit la Palme d'Or à Cannes pour Pelle le conquérant, puis une seconde fois en 1992 pour Les Meilleures Intentions. C'est l'un des neuf rares réalisateurs à avoir reçu à deux reprises cette prestigieuse récompense !

Tandis qu'il remportait à deux reprises le prix CST de l'artiste technicien à Cannes, en 1984, pour Element of Crime, puis en 1991 avec Europa, Lars von Trier s'est fait remarquer par la critique autant par sa recherche formelle que par la violence mise en scène dans ses œuvres. Après une mini-série télévisée qui a tenu en haleine tout le Danemark : Riget (L'Hôpital et ses fantômes en français) diffusée entre 1994 et 1997, le réalisateur a totalement convaincu de son talent avec Breaking the Waves (1996) : gagnant le Robert 1997 (la plus haute distinction du cinéma danois), le grand prix du jury à Cannes, et obtenant un grand succès dans les salles des pays européens.

Grâce au Robert 1998, qui revint à Barbara de Nils Malmros, le public put découvrir ou redécouvrir l'archipel des îles Féroé. Tourné dans les vieux quartiers de Hoyvík et Tórshavn, le film est la deuxième adaptation du roman éponyme publié en 1939 de l'écrivain féroïen Jørgen-Frantz Jacobsen. Il s'agit de l'histoire de Beinta Broberg qui épousa successivement trois pasteurs de l'archipel.

Dogme95

Mouvement lancé par plusieurs réalisateurs danois, dont Lars von Trier et Thomas Vinterberg en 1995, le Dogme95 énonce dix commandements qui rejettent tout artifice (musique, lumière, décor, caméra fixe, etc.). Considérant que Hollywood, les productions onéreuses et les effets spéciaux avaient nui au cinéma, ils firent vœu de chasteté en s'imposant caméra à l'épaule, lumière naturelle, musique intradiégétique (dont la source doit être contextualisée à l'intérieur du film) et en favorisant des expériences repoussant les limites du jeu des acteurs (dont des scènes de sexe non simulées). Parmi les films labellisés Dogme95, on compte Festen de Vinterberg, récompensé par le Prix du jury à Cannes en 1998, Les Idiots de Von Trier, ou encore Julien Donkey Boy de Harmony Korine et Open Hearts de Susanne Bier.

Années 2000

Le cinéma danois, dont la renommée est désormais établie, continue de se distinguer par des prix et des collaborations internationales, ainsi que l'arrivée de nouvelles figures.

D'abord cinéaste du Dogme, Susanne Bier s'en détache et gagne en renommée internationale. Elle est nommée en 2006 pour l'Oscar du meilleur film étranger avec After the Wedding, mais la consécration arrive en 2011 pour Revenge avec un Golden Globe et un Oscar du meilleur film étranger.

Entre 1996 et 2005, Nicolas Winding Refn sort la trilogie des Pusher qui le fait connaître au grand public et lance notamment la carrière de Mads Mikkelsen. Cet acteur danois emblématique a été révélé par son jeu froid et nerveux en tant que némésis de James Bond dans Casino Royale en 2006. En 2012, l'acteur remporte le prix d'interprétation masculine pour son rôle dans La Chasse de Thomas Vinterberg. En 2020, l'acteur et le réalisateur sont à nouveau réunis pour la comédie dramatique Drunk, qui se questionne sur les bienfaits et les méfaits de l'alcool - pari gagnant, il remporte l'Oscar du meilleur film étranger.

Citons encore The Danish Girl (2016), qui, bien que réalisé par le Britannique Tom Hooper, met véritablement en lumière les plus beaux lieux de la capitale danoise. Une histoire émouvante basée sur la vie de l'artiste danoise Lili Elbe, première personne transgenre à avoir eu recours à la chirurgie. Tout au long du film, on aperçoit certains lieux emblématiques de Copenhague comme la Bourse, Snaregade, Nyhavn, Nyboder ou l'Académie royale danoise des beaux-arts. Époustouflant de sensibilité, le film reçut trois nominations aux Golden Globes de 2016 ainsi que quatre nominations aux Oscars. L'actrice Alicia Vikander, qui joue l'épouse de Lili Elbe, a d'ailleurs remporté l'Oscar du meilleur second rôle féminin à cette occasion. En 2021, l'incroyable et dérangeant Drunk de Thomas Vinterberg recevait l'oscar du meilleur film étranger.

Les séries TV

La série policière américaine The Killing est adaptée de la série danoise Forbrydelsen créée par Søren Sveistrup. La deuxième saison remporta le prix de meilleure production européenne au Festival de Télévision de Monte-Carlo en 2010.

Auteur de série salué par la critique : Adam Price. Parmi ses créations : Borgen (2012) suit la montée au pouvoir d'une femme au Danemark, qui bien que fictive, rappelle la vie de Helle Thorning-Schmidt, ancienne Première ministre du pays. Également Au nom du Père (2017) dépeint une famille de pasteurs, aux prises avec ses démons. Il collabore actuellement avec Michael Dobbs, créateur de House of Cards, pour une nouvelle série politique à suivre de près.

Pour une immersion totale dans les sujets de société et les paysages féroïens, ne manquez pas Trom (2022) : écologie, pollution, globicéphales... Tout y est. Plus fantastique, en 2022 sur Netflix, Equinox, mini-série danoise de Tea Lindeburg ou Les Enquêtes de Dan Sommerdahl de Lolita Bellstar, adaptation des polars à succès de Anna Grue. Sorti en DVD, FLEE est un film d'animation-documentaire (2022) qui évoque l'homosexualité, aussi bien en Afghanistan qu'au Danemark, la migration, la survie, en suivant la vie de son héros, Amin.

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