L'Islande, un lieu de vie et de migration apprécié des oiseaux
Si vous êtes passionné(e) d'oiseaux, l’avifaune représente à elle seule une excellente raison de se rendre en Islande. 73 espèces d’oiseaux sont regroupées sur l’île : de très nombreux oiseaux de mer comme le fou de Bassan, le pétrel fulmar, deux espèces de cormorans, cinq d’alcidés dont le macareux moine, deux de labbes, des laridés (mouettes et goélands), la sterne arctique, des anatidés comme le cygne sauvage, l’eider à duvet, le canard colvert, le harle huppé et bièvre, le fuligule milouinan et morillon, le garrot arlequin, le garrot d’Islande, la harelde de Miquelon, des limicoles comme le chevalier gambette, le bécasseau violet, l’huîtrier pie, la barge à queue noire, le courlis corlieu, le phalarope à bec étroit et les oiseaux de l’intérieur, plus rares, comme le grand corbeau, le bruant des neiges, le lagopède alpin, les faucons émerillon et gerfaut.
Parmi eux, le macareux moine figure parmi les oiseaux les plus appréciés. Aussi surnommés « oiseaux-clown » pour leur pelage coloré, leur allure de « petit pingouin » et leur démarche parfois maladroite est vraiment adorable. On ne peut les voir en Islande que lors de la période de leur reproduction (début du printemps jusqu'à l'été), ils aiment alors nicher dans les falaises, comme celles de Làtrabjarg dans le Nord-Ouest, les îles Vestmann, l'île de Flatey, l’île de Hrísey, la plage de Vík et la péninsule de Dyrhólaey (fermée en mai-juin lors de la nidification), ou encore dans les fjords de l'Est. S'ils figuraient parfois au menu du soir il y a encore quelques dizaines d'années, les macareux ne sont aujourd'hui quasiment plus consommés par les Islandais. Certains restaurants en proposent encore dans leurs menus, surtout à destination des touristes. Aussi nombreux soient-ils, les macareux sont une espèce menacée et nous vous déconseillons d'en manger. S'il n'y a plus de touristes pour consommer du macareux, alors les restaurants n'en proposeront plus.
L’observation des oiseaux devient par ailleurs de plus en plus populaire en Islande. Il faut dire que, outre les 73 espèces qui y nidifient régulièrement, pas moins de 230 autres viennent se poser sur l’île de temps à autre. La caractéristique de l’île en ce domaine est qu’elle regroupe des oiseaux de l’ancien monde à l’ouest du pays et du nouveau monde à l’est. Son emplacement géographique se révèle, en effet, un point de passage privilégié et régulièrement choisi des oiseaux migrateurs. Les experts dénombrent environ 11 espèces qui se reproduisent sur le territoire de façon irrégulière, ainsi que 11 autres migrateurs de passage, notamment en hiver. Et si les espèces se révèlent nombreuses, chacune d’entre elles arrive en nombre imposant. Un phénomène qui peut s’expliquer par le faible taux d’habitation de l’île : les animaux subissant moins la menace de l’homme, qui n’hésite toutefois pas à les chasser ou à récolter leurs œufs.
Le seul mammifère terrestre local : le renard polaire
En raison de l’insularité, les mammifères terrestres sont rares. Le seul à être parvenu par lui-même sur l’île est le renard polaire. Avec une allure à mi-chemin entre le chien et le renard, cet animal a la particularité de changer de pelage selon la saison. En hiver, il est blanc, pour mieux se fondre dans les décors enneigés, tandis qu'en été il est brun foncé. On peut croiser le renard polaire n'importe où dans le pays, mais on le retrouve souvent davantage dans les fjords du Nord-Ouest, et surtout dans la réserve protégée de Hornstrandir. C'est d'ailleurs le seul endroit dans lequel celui-ci est en sécurité, car ailleurs dans le pays, il est considéré comme nuisible et chassé, aussi mignon soit-il.
Tous les autres mammifères présents dans le pays ont été importés à un moment donné. Le vison d’Amérique s’est échappé des élevages dans les années 1930. Le renne, qui a été introduit de Norvège à la fin du XVIIIe siècle, vit maintenant à l’état sauvage au nord et à l'est du Vatnajökull, notamment dans la région du Snæfell.
Arrivé avec les premiers colons vikings entre 874 et 930, le cheval islandais est devenu l’un des animaux les plus célèbres de la faune locale. Aux débuts de la civilisation islandaise, les importations d’animaux de ferme étaient interdites. Le cheval nordique put ainsi préserver sa pureté et sa force. Bon ami de l’homme et grand travailleur, cet animal se révéla très vite indispensable. Riches comme pauvres pouvaient faire appel à ses services. Avoir en sa possession un bon cheval donnait d’ailleurs une certaine dignité à son maître.
Le tölt. Le cheval islandais est très apprécié des cavaliers débutants pour sa petite taille et pour l'une de ses allures naturelles : le tölt. Il s'agit d'une allure dite à quatre temps, durant laquelle le cheval garde toujours au moins un pied sur le sol.
Le tölt est particulièrement confortable pour le cavalier, car il n'y a pas de saut. Pour celui qui monte, il suffit de bien se caler sur sa selle et de laisser le cheval gérer, qui dit mieux ? De plus, cette allure peut être lente ou rapide, pour parcourir de longues distances plus facilement et sans fatigue. C'est un beau spectacle de pouvoir admirer un cheval islandais au tölt, croyez-nous !
Au large, on croise phoques, dauphins, baleines...
On peut observer le phoque gris plutôt sur les côtes basses et rocheuses, et le veau marin plutôt sur les plages de sable. C'est en fait surtout dans le nord du pays que l'on peut voir des phoques, notamment sur la plage d'Ytri-Tunga sur la péninsule de Snaefellsnes ou dans les fjords du Nord-Ouest/Nord-Est. Sur la côte Sud, on peut surtout voir des phoques s'amuser entre les glaciers du Jökulsarlon.
Bon à savoir pour observer les phoques : lorsqu'ils sont sur terre, les phoques sont très peureux. Ne les approchez pas à moins de trente mètres sous peine de les effrayer et de les mettre potentiellement en danger. Dans l'eau, ils se sentent en totale sécurité, vous pourrez souvent les repérer en cherchant leur petite tête foncée qui jaillit hors de l'eau avant de replonger, pour reparaître quelques mètres plus loin.
Les glaces flottantes, réminiscences des icebergs de l’Arctique, amènent parfois des ours polaires en Islande à la fin de l’hiver et au début du printemps. Ces bêtes, affamées à leur arrivée et pouvant atteindre jusqu'à 40 km/h, sont normalement endormies avec un fusil paralysant par les gardes-chasse. Cependant, elles sont quasi systématiquement abattues parce qu'elles croisent le chemin de fermiers locaux bien avant. « Heureusement », c'est un événement plutôt rare, mais qui continue de causer des polémiques à chaque fois qu'il se produit (sachant que l'ours blanc est menacé d'extinction, on comprend pourquoi).
Quant aux baleines, ici aussi, l'Islande ne se fait pas que des amis. L’Islande était en effet l’une des dernières nations à chasser les baleines, dont elle exportait la viande au Japon. En 1986, deux baleiniers ont été coulés à Reykjavík par l’association écologiste Sea Shepherd. En 1990, à la suite de nombreuses pressions, notamment un boycott du poisson islandais lancé avec succès par Greenpeace en Allemagne et aux États-Unis, l’Islande avait dû arrêter le massacre des cétacés. Afin d’essayer de compenser le manque à gagner, des safaris baleines pour touristes ont été organisés avec un succès grandissant. Le petit port de pêche de Húsavík, dans le Nord, a d’ailleurs connu un franc succès. Malheureusement, compte tenu de l’importance économique qu’avait cette chasse, l’Islande a repris une pêche sélective depuis l’été 1999, notamment à des fins scientifiques, mais en 2009, changement de position avec l’annonce d’une chasse de 250 cétacés par an sur cinq ans. En 2019, les deux principales compagnies ont cessé leur activité, et elles n'ont pas repris en 2020 avec la pandémie du Covid-19. En juin 2023, l'autorisation de chasser les baleines a été suspendue après la publication d'un rapport gouvernemental. Elle a de nouveau été autorisée dès septembre 2023 à condition de respecter des normes très strictes. Quoi qu'il en soit, cette question reste plus que jamais d'actualité et sera sûrement encore soumise à débat à l'avenir.
Vous pourrez croiser d'autres animaux au large de l'Islande : des baleines (rorqual, baleine de Minke, baleine à bosse), des dauphins, des orques… Pour avoir une chance de les voir, faire une excursion organisée au départ de Reykjavik ou Akureyri est une bonne solution. Avec de la chance, vous pourriez en croiser certains, comme ce fut notre cas avec une dizaine de dauphins à nez blanc, et une baleine de Minke dont nous avons pu voir l'aileron au loin. Et si vous n'avez pas de chance, vous pourrez revenir dans la semaine pour une autre sortie en mer gratuitement avec la plupart des compagnies d'excursions.
Des poissons, mais ni reptiles, ni batraciens
Si les poissons sont nombreux en espèces comme en individus, on ne trouve en Islande ni reptiles ni batraciens. L’abondance poissonneuse dans la plupart des rivières est due surtout à la dérive nord-atlantique, prolongation du célèbre courant chaud du Gulf Stream. Truites et saumons sont pêchés par les locaux comme les touristes. Les insectes, quant à eux, sont peu nombreux. Il est ainsi possible de se prélasser dans l’herbe sans ressentir la gêne d’une armée de fourmis sur le corps. Vous n’aurez également rien à craindre des moustiques. Même au lac Mývatn, où ils pullulent en été, ils ne piquent pas.
Une végétation présente, mais réduite
Terre glacée et volcanique, l’Islande ne peut accueillir qu’une végétation réduite : arbustes, herbes, petites fleurs, mousses, lichens. Le climat parfois trop froid, l’avancée des glaciers, les éruptions et les moutons ont ainsi raison des végétaux qui y poussent. Les spécialistes de la flore estiment que seulement un quart de la superficie de l’île en est recouverte de manière continue. De vastes étendues laissent alors apparaître des herbages, marécages, roseaux et graminées en grande quantité. Les mousses et lichens s’exposent, quant à eux, régulièrement sur les champs de lave et cachent la froideur du noir qui couvre ces parcelles de roche en fusion refroidie, tout en effritant et rendant ces dernières plus fertiles. Pour que les plantes puissent se remettre d’une coulée de lave, il faut attendre plusieurs centaines d’années.
La glaciation et le volcanisme n’ont toutefois pas éradiqué toute la flore puisque environ 470 espèces de plantes vasculaires ont survécu à ces grands froids, dont la moitié constitue des espèces boréales. Parmi celles-ci on compte environ 37 espèces de cryptogames, une de gymnosperme, près de 290 variétés de dicotylédones, et 145 de monocotylédones. Au sein de cette flore, une grande majorité pousse également dans le nord de la Scandinavie (97 %), au Groenland (60 %), mais aussi dans les îles Britanniques (87 %). Certaines d’entre elles se développent même mieux sur le territoire islandais. Il n’est pas rare d’observer des arbustes bas comme les bouleaux nains, la bruyère, la myrtille ou l’osier.
Depuis quelques années, certains paysages se parent de nuances de violet aux beaux jours. En cause, le lupin d'Alaska. Importée du Canada en premier temps pour favoriser la régénération des sols, il s'agit aussi d'une fleur si résistante qu'elle en est devenue invasive. Aussi belle soit-elle, elle se développe partout et menace la flore locale, ce qui n'est pas du goût de tous.
Avez-vous remarqué le peu de forêts en Islande ? Quelques forêts de bouleaux tortueux ont subsisté et couvrent 1 % de la surface de l’île. Ces bois isolés sont les restes de forêts plus importantes détruites par l’activité humaine. En effet, on estime que la forêt occupait 25 % du sol avant la colonisation de l’île. Le bois d’œuvre utilisé dans le pays provient des forêts sibériennes. À ce jour, quelque 4 millions de jeunes conifères ont été plantés, ce qui représente environ 16 arbres par habitant.
Mais l’Islande se caractérise aussi par de vastes étendues désertiques, où la végétation se retire et ne laisse place qu’au sable noir, au gravier et à la pierre. Ces quelques exemples d’espaces entièrement ravagés par le volcanisme et le froid ne peuvent que davantage pousser les visiteurs à respecter cette nature qu’ils côtoient, l’attrait de l’Islande.