Petite histoire du cinéma norvégien
Le premier film de fiction norvégien aurait été réalisé entre 1906 et 1908 par le photographe suédois Julius Jaenzon. Sobrement intitulé Les dangers de la vie d’un pêcheur, ce court-métrage d’une petite dizaine de minutes a malheureusement été perdu. Il ne subsiste de ce film qu’une reconstitution, réalisée en 1954 et tournée à Frognerkilen, une baie à quelques encablures d’Oslo. Le premier film parlant norvégien, Den store barnedåpen ou Le grand baptême, fut quant à lui réalisé en 1931 par Tancred Ibsen, petit-fils du célèbre dramaturge Henrik Ibsen. Ibsen sera l’un des principaux réalisateurs en activité durant les décennies suivantes, avec un style mélodramatique proche des films hollywoodiens. Dans un autre registre, Thor Heyerdahl, devenu célèbre grâce à l’expédition Kon-Tiki, réalise en 1950 un documentaire éponyme relatant sa traversée du Pacifique sur les traces des premiers navigateurs. Un succès critique et populaire national, qui fera l’objet d’un remake en 2012, nominé aux Oscars dans la catégorie Meilleur film étranger. Une cinquième concrétisation internationale pour le cinéma norvégien, cinquante-cinq ans après Neuf vies de Arno Skouen, récit d’un épisode tragique de la Seconde Guerre mondiale se déroulant sur les côtes norvégiennes et premier film du pays à être salué par l’Académie.
S’il fallait ne retenir que quelques grandes figures, citons d’abord Liv Ullmann, actrice, réalisatrice et scénariste norvégienne qui s’est fait connaître au travers des films d’Ingmar Bergman comme Persona (1966), Cris et chuchotements (1972) ou encore la mini-série Scènes de la vie conjugale (1973). Elle tourne également plusieurs films, dont le dernier, Miss Julie (2014), rassemble Colin Farrell et Jessica Chastain dans une adaptation cinématographique de Strindberg. Aujourd’hui, la figure de proue du cinéma national est sans aucun doute Joachim Trier, le petit-fils du grand Erik Løchen, qui a réalisé La Chasse en 1959. Il est réalisateur habitué du festival de Cannes depuis la sélection de Oslo, 31 août (2011) dans la catégorie Un certain regard. Dernièrement, son film Julie (en 12 chapitres) (2021), narrant les errements et les déboires d’une femme de trente ans face à ses propres choix de vie, a été salué par la critique internationale comme l’un des films majeurs de l’année.
La Norvège, quand les blockbusters se mettent au vert
De par la beauté de ses paysages enneigés et la quiétude de ses forêts comme de ses fjords, la Norvège attire depuis longtemps les grands studios hollywoodiens. Dans L’Empire contre-attaque (1980), le deuxième film de la saga Star Wars, les montagnes de Finse constituent les décors enneigés de la planète Hoth, où se sont réfugiés les rebelles avant que l’Empire, guidé par Dark Vador, ne viennent les débusquer. Han Solo et Luke Skywalker parcourent les crêtes du glacier Hardangerjøkulen battues par le vent et les bourrasques, tandis que les scènes de bataille entre les AT-AT et les X-Wings sont restées dans les esprits comme l’un des grands moments de cet épisode de la série. Des promenades ainsi que des événements dédiés aux fans sont d’ailleurs organisés chaque hiver, informez-vous avant de planifier votre voyage.
Plus récemment, Tenet (2020) de Christopher Nolan amène John David Washington et Robert Pattinson sur le toit de l’Opéra d’Oslo, alors que les personnages discutent des implications du temps et de l’espace dans ce film à énigmes du réalisateur d’Inception et de la trilogie Batman. De son côté, Scarlett Johansson alias La veuve noire, s’offre une retraite temporaire à Sæbø, le long du splendide Hjørundfjord, dans Black Widow (2021). Avant un dur retour à la réalité de ce film d’espionnage de l’univers Marvel. Timothée Chalamet, lui, parcourt les Fjords de Statlandet, paysages de la fictive Caladan, préparant son départ pour la planète Arrakis, plus connue sous le nom de Dune (2021).
Mais les plus beaux plans sont assurément à retrouver dans le dernier opus de la saga James Bond, Mourir peut attendre (2021). Léa Seydoux, Daniel Craig et Rami Malek jouent au chat et à la souris dans les forêts enneigées de Hakadal et autour du lac Langvann, avant une course-poursuite captivante sur les impressionnantes Atlantic Road et Trollstigen, deux routes panoramiques parmi les plus belles du pays.
La Norvège en séries et en streaming
Du côté des séries, le géant Netflix à l’affût de nouveaux territoires a également misé sur la Norvège. Au menu, un retour comique aux sources vikings de l’histoire du pays, mais également une série d’adolescents, avec un twist nordique.
À commencer par le phénomène Skam (2015), une web-série qui a pris un tournant international complètement inattendu pour sa réalisatrice Julie Randem. À l'origine destiné pour les adolescents norvégiens, ce teen drama est produit par NRK, le plus gros groupe audiovisuel norvégien. Le succès de Skam peut s'expliquer par son choix d'une mise en scène plus rafraîchissante de lycéens, à l'heure où les teen dramas sont critiquées pour leur gros manque de réalisme. Leurs vies plus « réalistes » ont fini par émouvoir petits, grands, ados dans le monde entier. Résultat, le concept s'est exporté et il existe maintenant des versions partout : Skam France, Skam Belgique, Skam España...
Si vous êtes plutôt féru d’Histoire, plongez-vous donc dans les trois saisons de Norsemen. Avec les habitants de Norheim, vous passerez du bon temps et vivrez des aventures rocambolesques aux côtés de ces pirates des mers et grands festoyeurs. Une série décalée, mais à l’ambiance prenante, recréée grâce aux décors du comté de Rogaland, et plus précisément autour d’Avaldnes, Karmøy et sur l’île de Bukkøya. Si vous n’avez pas la chance de voyager jusqu’à ces coins reculés, sachez que la troisième saison s’est déplacée à Borre et au Midgard Vikingsenter pour la majorité de son tournage, bien plus facile d’accès depuis Oslo.
Autre production norvégienne, Ragnarök construit un univers fantastique autour de la fin du monde viking, sauce changement climatique et teenage drama. Les fans du genre y trouveront toutes les intrigues et romances déchirantes à leur goût, sur fond de décors grandioses de la région d’Odda. Si vous en avez l’occasion, pensez à recréer l’une des scènes mémorables de la série en visitant Trolltunga, la langue de pierre qui surplombe les eaux du lac Ringedalsvatnet. Peut-être pas cependant dans le même appareil que Vidar, l’un des protagonistes, sauf si vous voulez voir votre séjour norvégien s’écourter drastiquement.
State of Happiness raconte, en 2 saison de 8 épisodes, la découverte des réserves de pétrole norvégienne, évènement qui a définitivement bouleversé le destin du pays et sa place sur la scène internationale. Scénario et bande son ont tous deux été récompensés au Canneséries en 2018.
La série Exit explore la vie d'hommes d'affaires fortunés dans tout ce qu'elle a d'excitante et de dramatique. Une série pleine de rebondissements et d'autant plus captivante qu'elle s'inspire de faits réels...
Enfin, citons la série récente Beforeigners, un thriller résolument actuel où des migrants venus d’époques différentes débarquent dans une Oslo contemporaine. Entre série de détectives et voyages dans le temps, les deux saisons pourront vous tenir en haleine tout en vous faisant déambuler dans la capitale. Plus anecdotiques, mais néanmoins dignes d’intérêt, les séries Occupied (2015), Lilyhammer (2012), Home for Christmas (2019), Bloodride (2020) et Makta (2023) témoignent de la diversité grandissante des productions norvégiennes pour le petit écran.