Randonnée aux Monts de Tatras © Saro17 - iStockphoto.com.jpg

Sur les bancs de l’école

Aujourd’hui, 99,6 % des Slovaques de plus de 15 ans savent lire et écrire correctement. La scolarisation des enfants est gratuite et obligatoire. En Slovaquie, les élèves vont à l’école primaire de 6 à 16 ans, puis intègrent un établissement secondaire. Il en existe de plusieurs sortes. Les gymnazium (lycées) préparent en quatre ans les élèves à l’université. Ils peuvent déjà commencer à se spécialiser dans certains domaines comme l’art, la science ou l’informatique. Ils passent le baccalauréat ou maturitat à 19 ans. En classe, chaque cours dure quarante-cinq minutes et non une heure. La pause déjeuner est courte (environ trente minutes) et la journée de cours se termine vers 14h. L’ambiance générale de ces établissements est beaucoup plus sereine qu’en France. Les élèves sont plus « libres » et détendus, ils peuvent par exemple écouter de la musique ou la radio pendant les pauses, les établissements sont équipés d’enceintes presque dans chaque couloir. Le matin en arrivant, ils vont vers leurs casiers pour enlever leurs chaussures et mettre des chaussons, surtout en hiver. Les établissements d’enseignement professionnel quant à eux marient l’apprentissage d’un métier à l’étude de matières générales. La formation s’articule comme en France entre des périodes en entreprise et en établissement scolaire. La langue d’instruction est le slovaque, mais les groupes minoritaires ont le droit d’étudier dans leur langue. Deux langues étrangères sont obligatoires. Par ordre de préférence, les élèves choisissent l’anglais, l’allemand, le français, l’italien et l’espagnol. Les enfants des groupes minoritaires qui font leurs études dans leur langue ont l’obligation d’apprendre le slovaque comme langue étrangère. Enfin, 80 000 étudiants fréquentent les vingt universités du pays. Les études supérieures sont accessibles grâce à une sélection qui se traduit par un examen d’entrée. L’université slovaque est réputée en sciences, en industrie du bois et en environnement. La Slovaquie a fait des progrès dans le domaine de l’éducation, et le taux d’alphabétisation a également progressé.

Libéralisation du système de santé

La chute du communisme a été suivie d’une réforme radicale du système de santé, complètement libéralisé. Trois des cinq caisses d’assurance maladie sont privées, et deux sont des sociétés par actions dont l’État conserve 100 % des parts. Depuis le 1er juin 2003, une réforme du gouvernement a mis fin à la gratuité des soins, pourtant inscrite dans la Constitution. Cette mesure a été approuvée par l’Union européenne, qui y voit un moyen de réduire la corruption : depuis l’ère communiste, les Slovaques avaient pris l’habitude de donner des enveloppes et des cadeaux aux médecins pour les « remercier » (cette pratique existe encore à la marge). Mais une nouvelle réforme en septembre 2004 est venue accentuer la libéralisation de la santé : les hôpitaux deviennent des sociétés par actions… Ces mesures visent à restaurer l’équilibre financier du système de santé, très déficitaire. Il faut souligner que tout le personnel de santé est payé par l’État, système hérité du communisme, les salaires sont aujourd’hui à peine équivalents au SMIC slovaque. Aujourd’hui, la loi sur l’assurance maladie stipule que les cotisations doivent être payées par les salariés, les travailleurs indépendants, les employeurs et l’État. L’assurance maladie couvre la majeure partie des frais liés aux soins médicaux. Néanmoins, certains médicaments et actes médicaux ne sont pas pris en charge et le patient doit les payer en totalité. Les frais liés aux soins dentaires ne sont couverts que partiellement. La Slovaquie a un système de santé en progrès : la mortalité infantile a chuté de moitié depuis 1985 pour atteindre 5,23 décès pour 1 000 naissances, un chiffre inférieur à la moyenne européenne. L’espérance de vie atteint aujourd’hui 77,3 ans. Pourtant, le nouveau mode de vie occidental a ses revers : la consommation de stupéfiants et de médicaments a fortement augmenté.

Une population vieillissante et des retraites basses

Comme ailleurs en Europe, la population vieillit. Les jeunes âgés de 0 à 15 ans ne représentent que 15,5 % de la population, la tranche active des 15-64 ans représente, elle, 69,5 % de la population, et enfin, la part des personnes âgées (plus de 65 ans) augmente chaque année et représente 15 % de la population. L’âge moyen d’une femme slovaque est aujourd’hui de 41,9 ans contre 35,5 en 1993 et de 38,7 pour les hommes contre 32,5 en 1993. L’espérance de vie augmente, elle est en moyenne de 77,3 ans, 73,7 ans pour les hommes et 81,1 ans pour les femmes. La Slovaquie est donc confrontée, comme les autres pays européens, au vieillissement de sa population, au problème de santé et de prise en charge de la vieillesse. À ce problème de fond s’ajoute l’incapacité de la Slovaquie d’assurer la revalorisation des retraites. Aujourd’hui, on compte 1 382 464 de retraités pour 5 435 343 d’habitants. Depuis 2017, l’âge de départ en retraite est fixé à 62 ans et 76 jours. Le montant des pensions de retraite est en moyenne de 467 € brut pour un homme et de 372 € brut pour une femme. La pauvreté touche donc de plein fouet les personnes âgées qui sont parfois obligées de continuer à trouver un petit boulot pour arrondir les fins de mois. Depuis 2005, une nouvelle loi impose à tous les salariés de verser 9 % de leur salaire brut à des fonds de pension privés afin de se constituer une retraite supplémentaire à celle gérée et versée par l’État. La Slovaquie a donc choisi un système double, par répartition et par capitalisation.

Mariage, mais pas pour tous

Le modèle slovaque de la famille est celui d’une cellule familiale monogame, dans le cadre d’un mariage conclu à l’église. La religion en Slovaquie est considérée comme une composante de la société à part entière et la force du mariage et de la famille conserve tout son sens même si on se marie plus tard et que le nombre de mariages est en baisse. En effet, l’âge moyen pour le mariage (23,1 ans en 1993) est maintenant de 30,1 ans et le nombre de naissances hors mariage (1 sur 10 en 1993) est aujourd’hui de 4 sur 10. Comme partout, de nombreux couples vivent hors mariage, c’est pourquoi le nombre de mariages a baissé de 2 % toujours entre 1993 et 2016.

L’homosexualité est légale en Slovaquie depuis 1961, mais des réflexes homophobes persistent, en partie en raison de la forte influence catholique du pays. Des mouvements pour la défense des droits des homosexuels existent depuis 1990, mais ils ont du mal à défendre une communauté dont 52 % de ses membres se sont déclarés sur la dernière année victimes de harcèlement ou de discrimination. On est encore bien loin du mariage pour tous.

Taux de fécondité parmi les plus faibles du monde

Les familles sont traditionnellement unies et leurs membres se voient régulièrement, que ce soit lors des fêtes de famille ou lors de simples visites. Il y a peu de naissances et les enfants sont élevés dans le respect de leurs aînés et le dialogue intergénérationnel est important. La Slovaquie suit les mêmes trajectoires que les pays occidentaux. Sa population stagne comme ses voisins européens. Le taux d’accroissement de la population est de 0,14 % et le taux de fertilité de 1,41 enfant par femme est l’un des plus faibles au monde. Pour information, on estime qu’il faut un taux de 2,1 naissances par femme pour atteindre le niveau de renouvellement de la population dans les pays développés. Il n’y a que très peu de naissances, 10,69 pour 1 000 habitants, un chiffre sensiblement identique à celui de 1918 au sortir de la Première Guerre mondiale !

Depuis son indépendance, les données démographiques montrent que la Slovaquie a tendance à suivre le modèle occidental avec des naissances tardives. L’âge moyen de la première grossesse est passé de 22,5 ans en 1993 à 27,8 en 2016. Les prénoms slovaques sont très proches, voire identiques aux prénoms tchèques ou polonais. Quelques prénoms très répandus : Peter, Jan, Martin, Adam, Štefan, Marek, Tomaš pour les garçons, et Mária, Anna, Zuzana, Katarína, Eva, Jana, Karolina pour les filles. Les Slovaques emploient très souvent des diminutifs qui parfois rallongent, par exemple : Jana (Janka), Simona (Sissa), Katarina (Katka), Peter (Pet’o), Radoslav (Rado).

Et les femmes dans cette société ?

Malgré les progrès réalisés pendant l’ère communiste, qui prônait l’égalité entre les deux sexes, les femmes slovaques ont tendance à vivre une vie beaucoup plus dure que celle des hommes. Elles multiplient leurs rôles : mères de famille, responsables des tâches ménagères et bien souvent employées à plein temps. Elles restent également en retard sur l’occupation de postes à responsabilités ou en termes de salaires. Le salaire moyen brut d’une femme est d’environ 917 € contre 1 167 € pour un homme. Même si elles disent regretter la surcharge de travail qui leur incombe et les inégalités qu’elles subissent, elles semblent résignées et aucun mouvement féministe ne s’est à ce jour constitué en Slovaquie. Cependant, les femmes semblent s’être mieux adaptées à l’économie de marché que les hommes : il y a en Slovaquie moins de femmes que d’hommes au chômage, ce qui est sûrement explicable par le fait qu’elles sont généralement plus qualifiées. En politique, Iveta Radičova a ouvert la voie en occupant le poste de Premier ministre de 2009 à octobre 2011, a suivi Zuzana Čaputová, élue présidente de la République slovaque en 2019. Au niveau des parlementaires, un projet de quota sur les listes de candidats aux élections (les femmes ne pouvant pas compter pour moins d’un tiers de la liste) est régulièrement évoqué, mais n’a toujours pas abouti.

Un peuple fier de ses montagnes

Les Slovaques ont été exposés à des conditions historiques particulièrement dures, et pourtant ils sont loin de manifester des signes de lassitude. Montagnards solidement enracinés dans leur sol natal, ils ont fait face aux orages politiques de l’Europe centrale. Les Slovaques vous paraîtront sans doute peu avenants au premier abord. Les plus âgés ayant vécu l’essentiel de leur vie sous le régime communiste sont parfois froids et réservés. La nouvelle génération a, quant à elle, adopté une nouvelle culture et les jeunes sont plus amicaux et plus ouverts. Très patriotes en général, les Slovaques aiment parler, beaucoup, et sans réserve, surtout après quelques bières. Toutefois, il est encore malheureusement préférable d’éviter parfois certains sujets délicats comme les Roms ou les autres minorités (homosexuels ou Hongrois). Modestes, traditionnels et patriotiques, les Slovaques sont souvent ravis de rencontrer des voyageurs qui ont choisi leur pays comme lieu de villégiature et ils seront très disposés à apporter leur aide et leurs conseils. Un petit compliment sur le pays ou la beauté de la nature leur fera le plus grand plaisir.

Boulot, bar, dodo

La vie en Slovaquie est adaptée au rythme du soleil, tout commence et finit plus tôt qu’en France. En été, le soleil peut se lever à 4h50 et se coucher en hiver avant 16h ! Une journée de travail au bureau dure néanmoins huit heures, entre 7h30 et 16h avec une pause d’environ une demi-heure le midi. Le rythme de travail n’est pas très stressant, malgré les restructurations, une partie des entreprises slovaques et le secteur public dans son ensemble sont touchés par le suremploi. Ces habitudes de non-travail prises sous le communisme perdurent. Après le travail, le bar est un lieu de socialisation et, peu importe les classes sociales, les locaux se rencontrent plus facilement dans ces lieux conviviaux qu’à la maison. L’espace public et privé est bien différencié et les voisins ne sont donc pas tolérants au bruit après 22h, donc attention si vous faites la fête !