Flore
Flore de la bande côtière. Sur le littoral, la flore s’adapte au mouvement d’avancée et de recul de la côte. On y trouve essentiellement trois grandes catégories de paysage. La mangrove, tout d’abord, est la forme de végétation la plus proche des rivages. L’espèce caractéristique est ici le palétuvier rouge ou blanc. Extrêmement dense, la mangrove gêne souvent l’accès à certaines berges. De multiples espèces d’animaux, et surtout les moustiques, y trouvent des conditions idéales de vie et de développement. Cette zone est donc à la fois difficile d’accès et particulièrement insalubre. Son intérêt touristique est par conséquent limité, même si certains sites sont propices à l’observation d’espèces animales rares, comme les ibis rouges dans la région de Sinnamary. Les marais sub-littoraux se rencontrent essentiellement à l’est de Cayenne, au pied de la montagne de Kaw, notamment dans la Réserve naturelle des marais de Kaw-Roura. La végétation est ici disséminée, composée d’arbustes et de plantes semi-aquatiques. Par endroits, certains arbres parviennent à émerger des marais pour former les pinotières, véritables forêts marécageuses. Ces marais sont eux aussi difficiles d’accès. De plus, ils constituent un environnement naturel très sensible à toute trace de pollution. La région de Kaw fait d’ailleurs discrètement l’objet de nombreux affrontements verbaux entre les protecteurs de l’environnement et les partisans d’un développement touristique plus prononcé. Le site abrite en effet quelques espèces, à la fois spectaculaires et en voie de disparition, telles que le caïman noir.
À l’arrière de la mangrove, on rencontre une plaine côtière ancienne sèche ou ayant un caractère marécageux moins marqué et plus localisé. Cette zone se situe essentiellement le long de la RN 1, entre Cayenne et Iracoubo. C’est le domaine de la savane. Depuis peu, des aires de pique-nique et de repos ont été aménagées le long des routes. Mais elles restent encore très peu nombreuses par rapport à la demande. Une grande partie est soit occupée par les infrastructures du centre spatial, soit utilisée pour des productions agricoles.
Forêt guyanaise. La forêt primaire est de loin la forme de végétation dominante du département. Son omniprésence saisit le visiteur dès son arrivée en avion. L’inventaire entrepris par l’ONF a recensé à ce jour environ 5 500 espèces végétales. Il est extrêmement difficile de distinguer ces espèces entre elles tellement l’environnement est dense et uniforme. Outre les bois précieux, on trouve dans la forêt primaire de nombreuses plantes épiphytes fleuries. Les plus connues sont les orchidées et les aracées (anthuriums et philodendrons). La voûte forestière est relativement peu élevée, compte tenu de la pauvreté minérale du sol. L’intérêt touristique de la forêt primaire est multiple. La découverte, l’aventure et éventuellement la pratique limitée de la pêche exigent une logistique importante et des connaissances précises. La forêt ne pardonne guère les imprudences. Quelques sites, situés au bord des pistes, sont néanmoins accessibles sans assistance. L’exploitation touristique de la forêt guyanaise pose un certain nombre de problèmes à la fois écologiques et pratiques. La mise en place de quelques infrastructures légères d’hébergement, carbet ou lodge, destinées à proposer au visiteur un hébergement original, confortable et proche de la nature, pose le problème de la protection de l’environnement et des populations avoisinantes. L’intérêt de la forêt est de pouvoir y observer quelques espèces animales endémiques particulièrement rares et d’y vivre certaines sensations hors du commun.
Faune
La Guyane héberge des mammifères qui semblent venus tout droit de la Préhistoire sans avoir subi de mutations majeures. C’est le cas notamment des tatous ainsi que des marsupiaux. Si les premiers sont traqués pour leur chair, les seconds sont particulièrement recherchés par les contrebandiers qui répondent ainsi à la demande de certaines réserves zoologiques européennes. Les grands félins comme le puma, l’ocelot et le jaguar sont les espèces les plus menacées en raison de la beauté de leur fourrure. Le spectacle du déplacement lent et gracieux du mouton paresseux (aï) est l’un des plus émouvants auxquels on puisse assister en Guyane. Peu sauvages, ces animaux s’apprivoisent apparemment facilement, mais très peu survivent en captivité. De la même façon, l’observation du tamanoir, dit grand fourmilier, car il apprécie les fourmis, est tout à fait unique, mais il faut que le visiteur fasse preuve d’une grande patience et prenne d’infinies précautions pour avoir la chance de l’approcher dans son milieu naturel. C’est probablement cet instinct sauvage qui a permis à l’espèce de ne pas avoir disparu complètement à ce jour.
La Guyane abrite également diverses espèces de gibiers. On peut citer notamment le tapir, qui est le plus gros mammifère terrestre d’Amérique du Sud. Il peut mesurer 2 m de longueur pour une hauteur au garrot de 1,20 m. Son poids atteint parfois 250 kg. La femelle met au monde un seul petit tous les 18 mois. Le cabiaï est quant à lui le plus gros rongeur du globe : ce cochon d’eau (en créole) peut atteindre 1,20 m pour un poids de 60 kg. Lorsqu’il nage, on le distingue de la loutre à son museau carré. Les gibiers sont très appréciés dans la gastronomie guyanaise, surtout le pécari à collier, dit pakira, et le pécari à lèvres blanches, dit cochon bois.
Oiseaux. La Guyane possède une réserve ornithologique de plus de 700 espèces, dont 10 % sont migratrices. Une fois encore, la chasse incontrôlée est responsable de la raréfaction de certaines d’entre elles. L’exemple le plus significatif nous est donné par l’ibis rouge dont la population a été divisée par dix en moins de quinze années. L’observation de l’avifaune guyanaise peut se faire tout à la fois dans la mangrove, dans les marais ou en forêt. Ces derniers sont en effet les lieux privilégiés de reproduction de nombreuses espèces : la buse à tête blanche, le milan des marais, le balbuzard pêcheur, le caracara à tête jaune, le jacamar vert, les trois espèces de martins-pêcheurs, le géocoucou, l’ani, le jacana noir, le petit héron vert, l’anhinga (oiseau-serpent), l’ibis rouge ou vert, le canard musqué… Lors de balades en forêt, vous entendrez souvent le païpayo, ou oiseau sentinelle, au chant si particulier. En fin de matinée, les rapaces profitent des vents ascendants pour survoler leur territoire : le vautour pape, l’aigle harpie, le milan à queue fourchue et les aras, qui tirent leur nom de leur cri rauque et grinçant, vous feront découvrir leurs couleurs vives. Si vous croisez un oiseau avec une huppe échevelée sur la tête, ressemblant légèrement à un dindon, il s’agit de l’hoatzin huppé, appelé sassa en créole. Mais l’incontournable reste tout de même le toucan ou gros-bec, aux cris discordants ; c’est l’oiseau emblématique de la Guyane. Bon nombre d’espèces d’oiseaux sont désormais protégées par une réglementation.
Reptiles. Leur puissance et leur beauté provoqueront chez certains l’admiration et l’étonnement, chez d’autres la peur ou même la répulsion. Celui qui occupe une place importante dans les croyances guyanaises est l’anaconda. C’est le plus gros serpent du monde, il peut mesurer jusqu’à 9 m et peser 200 kg. Non venimeux, ce serpent constricteur se rencontre dans les marécages et les savanes inondées. Mais n’imaginez pas que vous croiserez des serpents tous les jours et tous les 10 m. Certes, la diversité est considérable (95 espèces), mais la densité est faible. Une rencontre avec des serpents serait une réelle malchance, et l’on recense très peu de cas de morsures. Parmi les espèces venimeuses, les plus connues sont le grage grands carreaux, le grage petits carreaux, le crotale des savanes et le vrai corail. Mais pas d’affolement ! Lors de balades en forêt, il faut simplement être vigilant. La Guyane possède également les grenouilles les plus colorées du monde, les dendrobates. Leurs couleurs informent les prédateurs sur le danger qu’il y aurait à les manger. La substance vénéneuse sécrétée par leur peau est à l’origine de certains médicaments. Parmi les reptiles, citons les magnifiques tortues : la tortue matamata que l’on trouve surtout dans les marais de Kaw, la tortue caretta, visible facilement aux îles du Salut, par exemple, et surtout la tortue luth qui suscite l’enthousiasme du visiteur. Le spectacle de ces monstres marins (pesant de 400 à 700 kg pour 1,80 m de longueur), venant déposer leurs œufs sur les plages après un effort titanesque, force l’admiration et l’émotion. Le lieu de prédilection pour l’observation de la ponte est la plage des Hattes (commune d’Awala-Yalimapo), située au nord-ouest de la Guyane, près de Mana, et également le long des plages de Montjoly. Plus de la moitié de la population mondiale de femelles tortues nidifiant vient pondre sur les plages des Guyanes. De ce fait, de nombreuses personnes viennent observer les tortues marines à la tombée de la nuit, sur l'île de Cayenne et sur la plage d'Awala, site mondialement reconnu. Allumez vos lampes uniquement lors de la ponte et restez derrière la tortue à une distance raisonnable. Depuis plusieurs années, pour protéger les tortues, et surtout pour étudier le comportement de cette espèce, le WWF y a installé un centre d’étude et de protection des tortues marines. La présence de ces scientifiques permet à la fois de satisfaire la curiosité des visiteurs et de protéger la reproduction des tortues dans ce lieu quasi unique au monde. De la même façon, l’observation des crocodiliens dans leur milieu naturel excite la curiosité. Sur les quatre espèces de caïmans présentes en Guyane, c’est le caïman noir qui offre le plus d’intérêt. Cette espèce a presque disparu, et la région des marais de Kaw reste l’un de ses derniers refuges. Il s’agit d’une espèce protégée. Sa chair est très appréciée dans la gastronomie guyanaise. Par conséquent, bien qu’étant protégée, elle fait l’objet d’une traque incessante par les braconniers. Le spectacle le plus intéressant offert par ces crocodiliens a lieu la nuit, lorsqu’on peut discerner la lueur rouge de leurs yeux émergeant à peine de l’eau, signe de leur présence. La plupart des agences réceptives de Cayenne proposent cette excursion, qui est l’une des plus classiques du département.
Poissons. La Guyane comblera de bonheur tous les amateurs de loisirs halieutiques. Que ce soit en mer, dans les rivières ou les estuaires, la faune aquatique est aussi riche que variée. En parcourant la Guyane, vous remarquerez sans doute la présence de nombreux pêcheurs sur les ponts du littoral. En effet, les estuaires, avec leurs eaux saumâtres, abritent une quantité colossale de poissons-limons, particulièrement goûteux. Machoirans, acoupas ou cocos, après avoir fait l’objet d’une préparation particulière, feront le plaisir des gastronomes. L’océan recèle également un nombre important d’espèces dont certaines peuvent être énormes. Dans la zone des îles du Salut, on rencontre par exemple de très gros mérous, tarpons (palika en créole) et même des requins qui font de cette région un paradis de la pêche sportive. Plus fréquemment, vous aurez l’occasion de voir directement sur la plage des pêcheurs attraper de magnifiques raies. Enfin, on trouve en Guyane, plus particulièrement dans les marais côtiers, un poisson tout à fait surprenant : l’atipa. Ce poisson à l’allure étrange, recouvert de deux rangées de plaques osseuses de chaque côté du corps, peut atteindre 19 cm et ressemble à un rescapé de la préhistoire. Loin de la côte, le fleuve est le territoire du piraï. Appelé poisson-ciseaux en Guyane, il est plus connu sous le nom de piranha, qui est son appellation brésilienne. Il en existe une dizaine d’espèces, mais tous ont la particularité d’être munis de dents incisives et efficaces. Pouvant atteindre 30 cm, ce poisson est bien moins agressif qu’on ne le prétend et les adeptes de la baignade peuvent être rassurés : il n’y a pas d’accident, sauf lors de leurs manipulations par les pêcheurs. Le prédateur des criques est l’aïmara, qui atteint parfois 1 m pour 25 kg. Grand carnassier, il est apprécié par les gens du fleuve et par les pêcheurs sportifs. Les coumarous, pacous, acoupas de rivière et autres gros siluriformes sont également très recherchés. Beauté de la nature, l’anguille électrique, noire, à la gorge rougeâtre, que vous pourrez apercevoir dans les eaux sableuses de certaines criques, peut mesurer 2 m et, comme son nom l’indique, est capable d’émettre des courants de 500 à 750 volts sous 2 ampères. Restez prudent et éloigné !
Insectes et papillons. Les insectes sont extrêmement nombreux et variés en Guyane. Le plus apprécié des papillons est le morpho bleu. Présent du Mexique à l’Argentine, le genre morpho compte environ 30 espèces, dont neuf sont présentes en Guyane : le bleu barré, noir et bleu (trois espèces), le bleu métallique, entièrement bleu (quatre espèces), et les planeurs, brun orange (deux espèces). D’autres espèces, plus rares, sont particulièrement appréciées des entomologistes qui trouvent en Guyane les moyens de satisfaire leur passion. Dans leurs magnifiques apparats, les longicornes font également leur bonheur. Contre 235 espèces recensées en métropole, la Guyane en annonce près de 1 500. Velue et traînant une réputation peu enviable, la mygale est en fait peu à craindre par l’homme, car son venin ne présente pas de véritable danger. Les fourmis, en revanche, qu’elles soient rouges ou légionnaires, causent fréquemment des désagréments aux visiteurs par leurs morsures. Il est important de s’abriter correctement, notamment lors de l’installation en carbet pour les nuits en forêt.