Une période noire
La période d’occupation soviétique a eu de lourdes conséquences sur la pollution de l’air et des sols. La République tchèque, qui jouissait d’une longue tradition industrielle, a été exploitée pour l’ensemble de ses ressources minières et agricoles pendant des décennies de régime communiste. Le « triangle des pluies acides » couvrait une zone industrielle située entre le nord de la Bohême, la Pologne et l’Allemagne, au-dessus de laquelle était rejeté dans l’atmosphère l’ensemble des résidus miniers ou chimiques. L’effet fut dramatique pour les forêts du nord du pays. Les friches industrielles ou militaires demeurent nombreuses et leur « nettoyage » ou transformation a un coût encore très élevé. Néanmoins, la reconversion en site culturel des hauts-fourneaux d’Ostrava et des anciennes friches industrielles alentour comme les mines de charbon prouve que tout est faisable, à condition d’y mettre les moyens. Le chauffage au charbon a aussi largement contribué à la pollution de l’air et la République tchèque reste dans le viseur de Bruxelles pour ses émissions de particules fines, même si la situation s’est grandement améliorée, notamment dans la capitale. Côté agriculture, la déforestation comme la disparition des haies, talus et fossés qui canalisaient l’écoulement des eaux de pluies ont fait place à de grands espaces cultivés sans barrière naturelle qui ont eu pour conséquence directe les inondations catastrophiques, et mortelles, de 2002 et 2011.
Une faune toujours très riche
Les montagnes, les collines doucement ondulées et les grandes plaines à l’est et au centre façonnent le pays, on cultive le blé, les légumes, les fruits et le houblon, bien sûr, qui fait la qualité et la célébrité des bières tchèques. Les nombreuses forêts regorgent de chevreuils, élans, lapins, renards, chats sauvages, sangliers, visons, daims, mouflons, etc. On ne compte aussi pas moins d'une vingtaine d'espèces de chauves-souris sur le territoire, dans les grottes et les forêts épaisses, et autour de 1 400 espèces de papillons. Dans les montagnes, on rencontrera aussi des marmottes et des rapaces. Le lynx boréal a été réintroduit dans les régions montagneuses il y a une dizaine d'années, mais il est très rare de le croiser. À l'est, de temps à autre, un ours ou un loup venu des montagnes de Slovaquie vient se promener en territoire tchèque. Fleuves et lacs sont poissonneux et constituent de bons points d'observation des oiseaux (rapaces, migrateurs). On y verra aussi des loutres et des castors. Autour, les marais sont le territoire des faisans, des perdrix et des oies sauvages, proies très prisées des chasseurs. Au rang des espèces menacées sur le territoire tchèque, on listera l’ours brun, devenu très rare, et l’anguille d’Europe, décimée par le braconnage, la surpêche et la pollution. Pour ce qui est des espèces dangereuses, étant donné que les grands mammifères prédateurs restent à l’abri des regards, vous n’aurez rien à craindre des animaux sauvages, sauf à déranger une vipère endormie.
Et une flore notable
En ce qui concerne la flore, elle est également riche, et certaines régions, comme la steppe Dehadec, les forêts de chênes en Moravie du Sud ou encore la forêt vierge de Boubín à Šumava représentent un paradis pour les botanistes. Au total, la forêt couvre un tiers du territoire tchèque. Elle est composée de chênes et de hêtres mais aussi de pins, d'épicéas et de tilleuls (plante emblématique du pays). La forêt d'altitude, au nord de la Bohême, a malheureusement beaucoup souffert des pluies acides.
Une prise de conscience écologique
La République tchèque compte ainsi quelques parcs nationaux que vous aurez loisirs de visiter au cours de votre périple. Le parc de la Šumava, en Bohême du Sud, est le plus vaste avec près de 700 km2 de surfaces protégées, essentiellement couvertes de forêts. Dans de hautes collines boisées où les chemins de randonnée sont nombreux, l’on peut en particulier observer des lynx et remonter aux sources de la Vltava, le fleuve emblématique de la Tchéquie. En Bohême du Nord, on pourra se rendre dans les zones protégées du parc national de Krkonoše (ou parc national des Monts des Géants, plus facile à prononcer…). Il s’agit du plus ancien des parcs, créé en 1963 autour du point culminant de la Tchéquie, le mont Sněžka, à 1 602 m d’altitude. Il se caractérise par de hautes montagnes et par une faune riche (rapaces notamment). On y pratique le ski de fond à grande échelle en hiver et la randonnée en été. Le parc de la rivière Dyje, en Moravie du Sud, protège une superbe vallée forestière, entourée de riches pâturages particulièrement propices aux balades en vélo et à l’ornithologie. L’état de conservation de ces paysages de steppes forestières et prairies alluviales est unique en Europe centrale. Enfin le parc national de la Suisse tchèque, en Bohême du Nord, est le plus récent en Tchéquie. On y trouve des formations géologiques particulières en grès, au nord de la ville de Děčin, noyées dans des forêts de pins, épicés et hêtres. Levez les yeux : vous avez de fortes chances d’y apercevoir des faucons pèlerins !
En plus de ces parcs nationaux, qui couvrent une superficie équivalant à 15 % de la surface du pays, la République tchèque compte de nombreuses réserves naturelles comme celles des Carpates blanches, du Česky Ráj, de Pávala et de Třeboň, entre autres. L’accès aux parcs est limité à un nombre restreint de visiteurs et l’ensemble est régi par un organe spécifique, l’équivalent de l’Office national des forêts français. Ils sont cependant extrêmement populaires auprès des Tchèques, grands amateurs d’activités en plein air : randonnée, ski, VTT, escalade.