Découvrez la République tchèque : A l'écran (Cinéma / TV)

Au même titre que la Roumanie ou la Pologne, la République tchèque est un grand pays de cinéma d’Europe de l’Est, dont l’histoire cinématographique débute très tôt pour se poursuivre encore aujourd’hui. Les cinéastes tchèques ont acquis, au cours des années 1960, une renommée internationale au travers des figures de Miloš Forman, Jiří Menzel ou Věra Chytilová, pour ne citer qu’eux. Parallèlement, l’animation tchèque est l’une des plus inventives au monde, portée par des artistes comme le surréaliste Jan Švankmajer, mais aussi Karel Zeman ou Jiří Trnka. Aujourd’hui, après la « révolution de velours » et la dissolution de la Tchécoslovaquie, le cinéma reste un art national très populaire, et de nombreux cinémas sont encore en activité à Prague et dans les villes du pays. Ouvert aux productions internationales, le pays accueille par ailleurs des tournages grandioses comme Casino Royale, La Môme, ou encore Hannibal Rising et Mission impossible.

Le réalisateur Milos Forman et le président tchèque Vaclav Havel en 2007. ©  Michal Ninger -shutterstock.com .jpg

Naissance et maturité du cinéma tchèque

C’est avec le réalisateur Jan Kříženecký que naît le cinéma en République tchèque dès 1898. Armé de sa caméra, il parcourt la ville de Prague et capture des scènes de la vie quotidienne pour le plus grand plaisir des contemporains et des archivistes du septième art. Vous pouvez découvrir ces films en ligne, et vous y reconnaîtrez peut-être l’île Zofin où se baignaient les Pragois il y a plus de cent ans, ou encore le pont Svatopluk Čech, que l’on traverse au cours du Voyage en tram de 1908, un véritable bijou de ce cinéma des premiers temps. À la même époque, Viktor Ponrepo fonde le premier cinéma permanent de la ville à la maison Au brochet bleu, dans la Karlova Ulice, inauguré le 15 septembre 1907. Homme de théâtre, Ponrepo présente chaque film et salue à la fin de la séance, et la nouvelle attraction conquiert rapidement un public fidèle. L’entre-deux-guerres est une période faste pour le cinéma tchèque. Deux studios sont fondés par les frères Havel, A-B Productions mais surtout le grand studio Barrandov mis en place en 1931 par Václav Havel (grand-père du président homonyme). Encore en activité aujourd’hui, il est l’une des visites incontournables pour les amateurs de cinéma de passage par Prague. Parallèlement, l’actrice Anny Ondra devient une vedette internationale du muet, tournant avec Alfred Hitchcock dans The Manxman (1929) puis dans Chantage (1929), premier film parlant britannique. Avec le réalisateur et acteur Karel Lamač, elle apparaît de manière récurrente dans des productions franco-allemandes, avant que la guerre ne mette un terme à sa carrière d’actrice.

En 1945, le cinéma tchèque est nationalisé. Les cinéastes d’avant-guerre ont pour la plupart quitté le pays, mais d’autres prennent la relève alors qu’est fondé le festival international de Karlovy Vary en 1946. C’est également durant ces années d’après-guerre que le film La Princesse orgueilleuse de Bořivoj Zeman (1952) sort en salles et devient le plus grand succès du cinéma tchèque, enregistrant près de neuf millions d’entrées. Du côté de l’animation, le dessinateur et cinéaste Karel Zeman obtient une reconnaissance internationale avec ses films Voyage dans la préhistoire (1955) et Aventures fantastiques (1957). Mélangeant prises de vues réelles, animation et effets spéciaux, Zeman s’inspire de Jules Verne pour ses récits et de Méliès pour ses réalisations, créant un style unique qui fera date. Aujourd’hui, vous pouvez découvrir son œuvre au musée Karel Zeman à Prague. Contemporain de Zeman, Jiří Trnka explore quant à lui l’animation en volumes et les marionnettes, qu’il met en pratique dans L'Année tchèque (1947) ou dans ses adaptations de textes comme Le Brave Soldat Chvéïk (1955) ou Songe d’une nuit d’été (1959). Son dernier court-métrage, La Main (1965), préfigure tristement le décès soudain du cinéaste en 1969, atteint d’une crise cardiaque.

La nouvelle vague tchèque

Alors que le « printemps de Prague » couve, une nouvelle génération de cinéastes fait son apparition. La figure la plus connue du mouvement est sans doute Miloš Forman, qui réalise Les Amours d’une blonde (1965) et Au feu, les pompiers (1967), sélectionné en compétition officielle à Cannes. Après la répression du « printemps de Prague », Forman émigre aux États-Unis. De là, il acquiert une renommée internationale avec des films comme Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975), Hair (1979) et Amadeus (1984). Il fait partie des rares cinéastes à avoir remporté deux fois l’Oscar du meilleur réalisateur, en 1975 et 1984. Dans un autre registre, Věra Chytilová est également l’une des artistes marquantes de la nouvelle vague tchèque. Plus orientée vers le cinéma expérimental, elle réalise en 1966 Les Petites Marguerites, un ovni à la narration déroutante mais hautement visuel. Enfin, Jiří Menzel (Un été capricieux, 1968) et Jan Švankmajer (La Fabrique de petits cercueils en 1967, et surtout Alice en 1988) complètent ce courant cinématographique dont l’influence se ressent chez Terry Gilliam, Tim Burton et dans de nombreuses productions internationales encore aujourd’hui.

Ouverture, perspectives récentes et tournages internationaux

Entre les cinéastes qui poursuivent leur activité et la nouvelle génération postsoviétique, le cinéma tchèque a encore de beaux jours devant lui. En 1996, le film Kolja de Jan Svěrák reçoit l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, et des coproductions comme Divided We Fall (2000) ou Pouta (2010) accumulent les succès au box-office national. Récemment, The Painted Bird de Václav Marhoul (2019) a été encensé par la critique internationale, tandis qu’une nouvelle génération d’animatrices et d’animateurs, portée par Michaela Pavlátová (Ma famille afghane, 2021), s’intègre dans le tissu toujours plus actif des coproductions européennes. Dernièrement, c’est La Traversée de Florence Miailhe (2021) qui a connu un franc succès critique, recevant la mention du jury au festival d’Annecy. La République tchèque est aussi devenue un lieu d'accueil des tournages très important, notamment grâce à l’expérience des studios Barrandov. Parmi les productions notables, Casino Royale de Martin Campbell (2006) utilise allègrement les splendides décors du Kaiserbad Spa et du Grandhotel Pupp de Karlovy Vary en lieu et place du Monténégro, tandis que le Musée national de Prague apparaît comme lobby d’un hôtel vénitien. Dix ans plus tôt, c’est Mission impossible qui mettait en scène la ville, et vous pourrez facilement vous plonger dans le film en parcourant la rue Platnerska, quasiment inchangée depuis le tournage.

Rendez-vous au cinéma et en festival

Le Kino Svetozor de Prague, ouvert depuis 1918, n’est que l’une des nombreuses salles qui parsèment la ville et vous permettront de découvrir les derniers films internationaux en version originale sous-titrée. Le Kino Ponrepo abrite quant à lui les archives de la Cinémathèque nationale, et vous pourrez y voir des films en 35 mm, pour le bonheur des plus grands cinéphiles. Du côté des festivals, impossible de faire l’impasse sur le Karlovy Vary Film Festival, qui établit chaque année ses quartiers dans les cinémas et théâtres de la ville. Réservez vos billets bien à l’avance, car cet événement est couru par les programmateurs et cinéphiles du monde entier.

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