Un petit pays enclavé
Se repérer. La Macédoine du Nord fait partie de la péninsule des Balkans, vaste région du sud-est de l’Europe qui va de la Slovénie à la Moldavie et de la Roumanie à la Grèce. Le pays s’étend sur 25 713 km2 : c’est un peu moins que l’Albanie voisine et que la Bretagne. Il compte environ 1,8 million d’habitants, ce qui représente une densité de 80 habitants/km2. C’est le 13e plus petit pays d’Europe, aussi bien en superficie qu’en population. De forme plutôt ovale, il s’étend sur environ 210 km d’est en ouest et 160 km du nord au sud.
Frontières. C’est l’un des quinze pays d’Europe sans accès à la mer. Mais au sud, la ville de Gevgelija se trouve à seulement 62 km à vol d’oiseau du golfe de Thessalonique et de la mer Égée. La Macédoine du Nord partage 766 km de frontières terrestres avec cinq pays : 248 km avec la Grèce, au sud, 159 km avec le Kosovo, au nord-ouest, 151 km avec l’Albanie, à l’ouest, 148 km avec la Bulgarie, à l’est, et 62 km avec la Serbie, au nord.
Villes principales. La capitale, Skopje, est située au nord, près du Kosovo et de la Serbie, à 240 m d’altitude. Elle regroupe environ 30 % de la population du pays avec une agglomération de 526 000 habitants en 2021. La deuxième agglomération est celle Bitola, au sud-ouest, avec environ 100 000 habitants. Viennent ensuite Kumanovo (95 000 habitants), au nord, Prilep (75 000 habitants), au centre, et Tetovo (62 000 habitants), au nord-ouest.
Des montagnes partout
On est ici dans le 9e pays le plus montagneux d’Europe avec une altitude moyenne de 741 m. C’est un peu moins que le Kosovo (800 m) et un peu plus que l’Albanie (708 m). Les montagnes couvrent ici les deux tiers du territoire et forment une frontière naturelle sur tous les bords du pays.
Principaux massifs. À l’est, le point culminant du pays est aussi celui de l’Albanie. Il s’agit du Golem Korab/Maja e Korabit, à 2 764 m d’altitude, dans le petit massif du Korab. Celui-ci fait partie de la grande chaîne des Alpes dinariques qui longe l’Adriatique de Trieste à l’Albanie. Mais les deux grands massifs sont les monts Šar, au nord-ouest, et l’Osogovo, au nord-est. Les monts Šar/Malet e Sharrit délimitent la frontière avec le Kosovo et ont pour point le plus haut le mont Tito, à 2 748 m. Ils abritent la principale station de ski du pays : Popova Sapka, près de Tetovo, avec des pistes atteignant 2 525 m d’altitude. L’Osogovo est quant à lui partagé avec la Bulgarie et a pour sommet le mont Ruen, à 2 251 m. Il fait partie de la chaîne des Rhodopes qui s’étend jusqu’en Grèce.
Massifs secondaires. La quarantaine de « petits » massifs de Macédoine du Nord sont parfois très hauts. Ainsi le troisième sommet du pays est le mont Baba, à 2 601 m d’altitude, dans le massif du Pelister, près de Bitola. Il jouxte les monts Voras/Nidže (2 521 m), à la frontière avec la Grèce, et le mont Galičica (2 288), en partie en Albanie. Citons enfin le massif de Jakupica (2 540 m) qui se dresse davantage au centre du pays.
Un fleuve et trois lacs
L’eau joue un rôle important : la vallée du Vardar constitue le principal axe économique et le lac d’Ohrid est quant à lui le joyau touristique.
Vallée du Vardar. La principale plaine agricole et viticole du pays est formée par le mythique fleuve Axios, fils des dieux grecs Océan et Téthys selon l’ancien peuple des Péoniens. Localement appelé le Vardar, il prend sa source dans les monts Šar et s’étire sur 388 km (dont 76 km en Grèce) pour finir sa course dans le delta de l’Axios, près de Thessalonique. Il passe près de Tetovo, traverse Skopje, puis Veles, les belles gorges de Demir Kapija et Gevgelija, avant d’arriver en Grèce. Le bassin du Vardar draine les eaux de 80 % du territoire. Toutes les rivières importantes du pays s’y jettent, comme la Bregalnica (211 km), qui vient du nord-est, et la Crna Reka (207 km) arrivant du sud-ouest. Le Vardar influe aussi fortement sur le climat avec des températures très hautes le long du fleuve en été et un redoutable vent fort et froid qui passe en Grèce en hiver. Enfin, c’est la plaine du Vardar qu’emprunte la grande autoroute européenne E-75 qui traverse le pays.
Canyon de Matka. La rivière Treska (132 km de longueur) est un affluent… du Vardar. Mais la surprise est son lac artificiel, à Matka, près de Skopje. Celui-ci est cerné de hautes falaises sur 10 km de longueur qui rendent le site magnifique. C’est un haut lieu du tourisme dans le pays.
Lacs d’Ohrid, Prespa et Dojran. Ces lacs naturels sont les plus grands de Macédoine du Nord, tous trois partagés avec les pays voisins. Au sud-ouest, le lac d’Ohrid (358 km2) est situé à la frontière avec l’Albanie. Il est entièrement inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, de même que la ville d’Ohrid qui fut un important foyer d’évangélisation des Slaves. Comptant parmi les plus vieux lacs au monde, il constitue le deuxième bassin du pays après celui du Vardar : il draine une quarantaine de cours d’eau et donne naissance au Drin noir. Ce dernier forme le fleuve Drin en Albanie et va se jeter dans l’Adriatique. Juste au sud du lac d’Ohrid, au-delà du mont Galičica, se trouvent les deux lacs Prespa, à 853 m d’altitude : le grand lac Prespa (259 km2), entre la Macédoine du Nord, l’Albanie et la Grèce, et le petit lac Prespa (46 km2), principalement en Grèce. Enfin, au sud-est, le lac Dojran/Doïrani (43 km2) est partagé avec la Grèce.
La Macédoine historique et géographique
Au cours de l’histoire, le nom de « Macédoine » a été donné à des zones géographiques aux contours mouvants.
La Macédoine antique. La première Macédoine est celle de la dynastie des Argéades, à partir du VIIIe siècle av. J.-C. Dirigé par une élite hellénisée, le royaume de Macédoine s’étend d’abord dans la partie nord de la Grèce actuelle, près du mont Olympe, avec Aigai comme capitale (aujourd’hui Vergina, 70 km à l’ouest de Thessalonique), puis Pella (87 km au nord-ouest de Thessalonique). Au IVe siècle av. J.-C., Philippe II de Macédoine soumet les tribus de l’actuelle Macédoine du Nord et la majeure partie des cités grecques. À la génération suivante, Alexandre le Grand bâti l’immense et éphémère Empire macédonien qui s’étend de l’Albanie jusqu’aux rives du Gange en passant par l’Égypte.
La Macédoine romaine et byzantine. La première province romaine de Macédoine est fondée en 146 av. J.-C. avec Thessalonique comme métropole. Elle comprend la Macédoine grecque, toute la Macédoine du Nord actuelle, une grande partie de l’Albanie ainsi que l’ouest de la Bulgarie et le sud de la Serbie. Durant la période byzantine, les limites de la province fluctuent au gré des invasions pour se recentrer finalement sur l’ancienne Macédoine grecque et inclure la Thrace, à l’est, à partir du IXe siècle. La capitale devient alors Andrinople, l’actuelle Edirne, en Thrace turque. Mais Thessalonique demeure la seconde ville de l’Empire byzantin, après Constantinople.
La Macédoine ottomane. Le nom de « Macédoine » n’est plus officiellement utilisé par les Ottomans. En 1365, ceux-ci fondent le pachalik de Roumélie, immense entité administrative qui comprend la Macédoine grecque, l’actuelle Macédoine du Nord, l’Albanie, les régions de Thrace et d’Épire, le Monténégro ainsi qu’une grande partie de la Bulgarie et de la Serbie. Deuxième ville de l’Empire ottoman, toujours derrière Constantinople, Thessalonique est le poumon économique de la Roumélie. Mais elle est détrônée comme capitale administrative d’abord par Sofia (Bulgarie) en 1530, puis par Monastir, l’actuelle Bitola, en 1836. La Roumélie est finalement scindée en plusieurs vilayets dans les années 1870. Le vilayet de Salonique intègre la Macédoine grecque et la plus grande partie de la Macédoine du Nord actuelle. Celui de Monastir occupe une zone allant du nord de la Grèce au Kosovo en passant par Ohird. Celui du Kosovo récupère les territoires du nord de la Macédoine du Nord et une large partie de la Serbie.
Les « Macédoines » actuelles. Depuis le retrait des Ottomans en 1912 et les changements de frontières au XXe siècle, la Macédoine géographique et historique est répartie entre six pays. La Macédoine du Nord occupe la partie centrale. Mais la plus vaste zone fait partie de la Grèce avec les régions de Macédoine-Centrale (Thessalonique), de Macédoine-Occidentale (Kozani) et de Macédoine-Orientale-et-Thrace (Komotini) qui totalisent 42 419 km2 et 2,7 millions d’habitants. En Bulgarie, la Macédoine du Pirin s’étend sur 6 798 km2 avec environ 300 000 habitants autour de la ville de Blagoevgrad. En Albanie, la région de Korça représente 3 711 km2 et 200 000 habitants. En Serbie, le district méridional de Pčinja affiche 3 520 km2 et 200 000 habitants lui aussi. Enfin, une frange « macédonienne » occupe le sud-est du Kosovo avec 2 444 km2 et 360 000 habitants.
Tremblements de terre
Située à la rencontre des plaques eurasienne et africaine, la Macédoine du Nord fait partie des zones sismiques les plus actives d’Europe.
Les risques. Le 26 juillet 1963, un tremblement de terre a presque entièrement détruit Skopje : un séisme de 6,9 sur l’échelle de Richter qui a fait 1 070 morts et plus de 3 000 blessés. Les Balkans sont ainsi fréquemment touchés par des tremblements de terre, comme récemment en Albanie en 2019 (51 morts) ou en Croatie en 2020 (7 morts). Depuis 1963, la vaste majorité des infrastructures de la Macédoine du Nord sont construites selon des normes antisismiques. Cela n’a toutefois pas empêché un tremblement de terre de causer la mort de douze personnes à Skopje en 1983. On enregistre en effet chaque année plus d’un millier de secousses d’une magnitude supérieure à 1 en Macédoine du Nord et dans les zones proches. Or, un tremblement de terre, même mineur peut entraîner des dégâts importants.
Les conseils. Voici les principaux conseils donnés par les ambassades. Avant de partir, préparez et conservez à portée de main un « kit d’urgence » : lampe de poche, piles, trousse de premiers secours, bouteilles d’eau, barres énergétiques, pastilles désinfectantes pour l’eau, moyens de paiement, sifflet en métal, etc. Lors du séisme, si vous êtes dans un bâtiment : demeurez à l’intérieur, abritez-vous sous un meuble lourd (table, bureau, lit) ou, sinon, éloignez-vous des portes et fenêtres, et accroupissez-vous le long d’un mur. Si vous êtes dans un ascenseur : appuyez sur les boutons de chaque étage et sortez dès que vous le pouvez. Si vous êtes dans la rue : demeurez à l’extérieur, réfugiez-vous dans un endroit dégagé, à l’écart des immeubles et de la foule. Si vous êtes en voiture : arrêtez-vous à l’écart des immeubles et des ponts sans bloquer la route, demeurez à l’intérieur du véhicule, écoutez la radio pour connaître les consignes des autorités, ne sortez pas de votre véhicule et attendez que l’on vous porte secours si des fils électriques sont tombés sur votre voiture. Si vous êtes dans un autobus : demeurez assis jusqu’à ce qu’il s’arrête, réfugiez-vous ensuite dans un endroit protégé ou restez assis, penchez-vous vers l’avant et protégez votre tête.