Découvrez la Macédoine du Nord : Population

Ashkalis, Aroumains, Gorans, Mijaks, Roms, Saracatsanes, Torbèches, Turcs… La vingtaine de peuples qui composent la Macédoine du Nord sont une des grandes richesses de ce petit pays. Nulle part ailleurs dans la péninsule des Balkans on ne rencontre aujourd’hui un tel foisonnement de langues, de religions et de coutumes. Mais depuis l’indépendance, en 1991, les petites minorités ont été les laissées-pour-compte d’une société en crise et en quête d’identité. Jusqu’à très récemment, le devant de la scène politique était occupé par les débats et les affrontements qui opposaient les deux groupes principaux : les Macédoniens et les Albanais. Plus fragiles, les minorités ont été les plus durement touchées par le fort déclin démographique qui frappe le pays depuis 2001. Alors que la Macédoine du Nord se vide de manière inquiétante, certains vieux groupes de population sont sur le point de disparaître.

Dans les rues de Skopje © saxanad - Shutterstock.com.jpg

Démographie

Comme tous les pays des Balkans, de la Grèce à la Slovénie, la Macédoine du Nord connaît une baisse importante de sa population.

Déclin de la population. En 2021, le pays comptait officiellement 1 836 713 habitants. Après avoir connu une hausse constante au cours du XXe siècle, jusqu’à dépasser la barre des 2 millions en 2001, la population est en fort déclin depuis l’entrée dans le nouveau millénaire. Ce phénomène touche l’ensemble des Balkans avec, par exemple, une chute spectaculaire de 27 % en Bulgarie entre 1982 et 2022. Si les autorités de Skopje ont tenté de masquer l’ampleur du déclin en Macédoine du Nord, le recensement de 2021 est venu confirmer une baisse de 10 % en vingt ans. Certains démographes estiment toutefois que les derniers chiffres officiels seraient trompeurs, puisqu’ils incluent des habitants résidant à l’étranger : la population vivant réellement en Macédoine du Nord pourrait ainsi s’établir entre 1,5 et 1,8 million de personnes.

Les causes. Le contexte politique et économique incertain a joué un rôle prépondérant sur la démographie. Depuis l’indépendance, en 1991, le pays a été secoué par les effets de la guerre du Kosovo (1998-1999), puis par une guerre civile en 2001. Par la suite, durant la longue période où Nikola Gruevski était Premier ministre (2006-2016), le pays a connu une dérive autoritaire, une hausse de la corruption et de vives tensions qui ont bloqué le fonctionnement des institutions et freiné les investissements étrangers. Tout ceci s’est traduit par une baisse de la natalité, une augmentation de l’émigration et un vieillissement de la population. Le salaire moyen a quant à lui faiblement progressé depuis 1991. Il s’établit aujourd’hui à un peu plus de 500 € par mois.

Émigration et exode rural. On estime que 600 000 personnes ont quitté la Macédoine du Nord entre 1991 et 2021. Dans le même temps, la ville de Skopje a attiré près de 100 000 nouveaux habitants. Ce qui signifie qu’en dehors de la capitale, le pays a perdu environ 50 % de sa population. Certaines régions sont en voie de désertification et de nombreux villages sont complètement vides ou ne comptent plus que des habitants âgés. Même la seconde ville du pays, Bitola, a enregistré une baisse de 10 000 habitants depuis 1991. Seule Tetovo a connu une hausse depuis l’indépendance. Mais cette dernière est surtout peuplée d’Albanais qui possèdent un taux de natalité plus élevé que la moyenne nationale.

Petite lueur d’espoir. Le taux de natalité, qui était passé à moins de deux enfants par femme en 1996, a continué de chuter pour atteindre 1,31 en 2020. Toutefois, depuis 2021, celui-ci est de nouveau à la hausse. Il s’établissait à 1,67 enfant par femme en 2022. C’est le seul signe positif au niveau démographique. Difficile de comprendre cette soudaine remontée. Mais elle coïncide avec un certain apaisement de la vie politique, une baisse des tensions entre communautés, un déclin relatif du taux de chômage et une normalisation des relations avec la Grèce. Ce dernier point est important, car depuis 2018, le pays est enfin reconnu au niveau international en tant que « Macédoine du Nord ».

Les deux principaux groupes de population

Le recensement de 2021 donne pour la première fois un bon aperçu de la répartition des différents groupes de population. Auparavant, pour afficher leur mécontentement à l’égard des autorités, les Albanais boycottaient systématiquement les recensements.

Macédoniens. Ce terme désigne aussi bien le groupe de population majoritaire que l’ensemble des citoyens du pays, qui sont de nationalité « macédonienne ». Pour ce qui est du groupe « ethnique », les Macédoniens représentent 58,4 % de la population du pays, soit un peu plus d’un million de personnes. Ce sont des Slaves méridionaux de langue macédonienne et de religion/culture chrétienne orthodoxe de rite macédonien. Ils sont en premier lieu les descendants des Bulgares installés dans le sud-est des Balkans entre les VIIe et Xe siècles. Ils partagent leur patrimoine génétique principalement avec les Bulgares actuels, mais aussi avec les Serbes et, dans une moindre mesure, avec les Grecs, les Albanais, les Roumains et les Gagaouzes de Moldavie et d’Ukraine. L’identité « macédonienne » est apparue tardivement. Au début du XXe siècle, les ancêtres des Macédoniens se définissaient encore comme des « Bulgares de Macédoine » et parlaient le bulgare. C’est entre 1918 et 1991, alors que le territoire de l’actuelle Macédoine du Nord était sous contrôle serbe et yougoslave, qu’une différenciation avec les Bulgares est apparue. Le sujet est sensible. Ainsi, encore aujourd’hui, la Bulgarie ne reconnaît pas vraiment l’existence du peuple « macédonien », de sa culture et de sa langue. Enfin, on compte environ un million de Macédoniens en dehors du pays, principalement en Allemagne, en Suisse et en Autriche (185 000), en Amérique du Nord (150 000) et en Australie (110 000). Dans les Balkans, les Macédoniens seraient environ 30 000 en Turquie, 20 000 en Serbie, de 10 000 à 30 000 en Grèce, 5 000 en Albanie et moins de 2 000 en Bulgarie.

Albanais. Les Albanais de Macédoine du Nord constituent le deuxième groupe : 24,30 % de la population, soit environ 450 000 habitants. Ils parlent l’albanais et sont principalement musulmans. Ils se concentrent dans les régions proches du Kosovo et de l’Albanie, et sont majoritaires dans 15 des 80 municipalités, parmi lesquelles Tetovo/Tetova, Gostivar et Struga ainsi qu’à Čair/Çair et à Saraj, dans l’agglomération de Skopje. La population actuelle descend en partie des Illyriens, qui étaient présents sur le territoire avant l’arrivée des premiers Slaves au VIe siècle, mais aussi des Albanais qui furent chassés de Serbie au XIXe siècle et du Kosovo lors de la guerre de 1998-1999. Après des décennies de discriminations, de tensions et une guerre civile en 2001, les Albanais de Macédoine du Nord se sont vu reconnaître de larges droits. Depuis 2019, l’albanais standard bénéficie du statut de « seconde langue officielle ». Il est toutefois moins présent dans les institutions que le macédonien, la « première langue officielle ». Au quotidien, les Albanais de Macédoine du Nord parlent l’albanais standard et les deux principaux dialectes albanais : le guègue, autour de Tetovo, comme au Kosovo et dans le nord de l’Albanie, et le tosque, autour de Struga, comme dans le sud de l’Albanie. Ils parlent aussi couramment le macédonien et certains maîtrisent le turc. D’un point de vue religieux, la vaste majorité appartient au courant sunnite de l’islam, mais il existe aussi des musulmans soufis (bektashis et alévis). Une minorité sont chrétiens. Il s’agit surtout de catholiques, comme mère Teresa, native de Skopje. De petites communautés orthodoxes sont présentes au nord ainsi que dans les régions d’Ohrid et de Bitola, au sud-ouest. Dans les Balkans, les Albanais vivent principalement en Albanie (80 % des 2,8 millions d’habitants), au Kosovo (90 % du 1,7 million d’habitants), en Grèce (plus de 600 000) et en Serbie (70 000).

Les minorités

La Macédoine du Nord est le pays des Balkans qui possède la plus riche diversité en termes de population.

Turcs. Ils représentent 3,86 % de la population, soit environ 70 000 personnes. Ils sont musulmans, parlent le turc, l’albanais, le macédonien et un dialecte turc local qui emprunte au grec et aux langues slaves. Ils sont surtout présents à Skopje, à Gostivar et ils sont majoritaires dans deux municipalités rurales de l’ouest, autour du parc national de Mavrovo. La population actuelle descend à la fois de colons d’Anatolie arrivés durant l’ère ottomane et aussi d’Albanais turcisés. La plupart ont émigré vers la Turquie lors du départ des Ottomans en 1912 et dans le cadre de déplacements organisés par la Yougoslavie socialiste dans les années 1950-1960. La langue turque bénéficie d’un statut officiel dans cinq municipalités. Dans les Balkans, en dehors de la Turquie, des minorités turques sont aussi présentes en Bulgarie (500 000 personnes), en Grèce (250 000) et au Kosovo (environ 30 000).

Roms. Ils représentent officiellement 2,53 % de la population, soit environ 46 000 personnes. Mais on estime que leur nombre réel est sous-estimé : ils pourraient être plus de 200 000, soit 12 % de la population. Les Roms de Macédoine du Nord parlent le romani des Balkans et trois dialectes romanis ainsi que le macédonien et/ou l’albanais. Environ 70 % d’entre eux sont des musulmans sunnites, mais certains sont soufis, catholiques, orthodoxes ou protestants. Les Roms viennent des régions du Sind (Pakistan) et du Penjab (Inde). Leurs ancêtres ont pénétré dans les Balkans au Moyen Âge. Aujourd’hui, on distingue localement deux sous-groupes principaux : les Gurbetis, qui sont implantés dans de nombreux pays des Balkans et du Proche-Orient, et les Arlijes, uniquement présents en Macédoine du Nord. Ces derniers se concentrent au nord du centre-ville de Skopje, à Šuto Orizari/Shuto Orizari. Cette municipalité est considérée comme la plus importante ville rom d’Europe avec entre 25 000 et 120 000 habitants. C’est aussi la seule municipalité où le romani est la langue officielle.

Mijaks. Ce sous-groupe de Macédoniens n’est pas considéré comme une minorité officielle. Leur nombre est estimé entre 30 000 et 60 000. Ils sont originaires de l’ouest du pays, autour du parc national de Mavrovo, notamment du village de Galičnik. Ce dernier donne son nom à leur principal dialecte qui emprunte au macédonien, au bulgare et au vieux-slave. Chrétiens orthodoxes de rite macédonien, ils vivent aussi à Debar, à Bitola et à Skopje. Autrefois réputés pour leurs artistes graveurs de bois, qui ont réalisés certaines des plus belles iconostases des églises du pays au XIXe siècle, les Mijaks se considèrent comme des Macédoniens. Mais ils conservent leurs propres traditions, notamment des danses et des rituels de mariage que l’on peut voir lors du festival de Galičnik, le 12 juillet.

Serbes. Ils sont environ 23 000, soit 1,30 % de la population. Ce sont des Slaves méridionaux, chrétiens orthodoxes de rite serbe, qui parlent le serbe et le macédonien. Ce sont les descendants de populations arrivées durant l’expansion des royaumes serbes, entre le IXe et le XIIIe siècle. Cette minorité est en net déclin : elle a diminué de moitié depuis les années 1970. Les Serbes de Macédoine du Nord se concentrent surtout dans la région limitrophe de la Serbie, à Skopje, à Kumanovo et dans le petit massif de la Skopska Crna Gora, près du Kosovo. On les retrouve aussi le long de la vallée du Vardar, jusqu’aux portes de la Grèce, à Gevgelija et autour du lac Dojran.

Bosniaques. Ils seraient environ 16 000 (0,87 % de la population). Il s’agit de Slaves méridionaux musulmans, sunnites pour la plupart. Ils parlent le bosniaque (similaire au serbe), le macédonien et parfois l’albanais. Leurs ancêtres sont arrivés ici lorsque la Bosnie-Herzégovine est passée sous contrôle austro-hongrois, en 1878. Plus de la moitié d’entre eux vit dans la région de Skopje. Les autres sont surtout présents à Veles et dans le centre du pays, à Dolneni.

Aroumains. Aussi appelés les Valaques ou les Vlachs, ils sont environ 8 500 (0,47 % de la population). Il s’agit d’un peuple de langue latine dont les origines sont mal connues, mais sans lien direct avec les Roumains. Ils sont chrétiens orthodoxes de rite grec ou macédonien, parlent l’aroumain, le macédonien et fréquemment le grec. Autrefois réputés pour leurs bergers qui effectuaient de longues transhumances à travers les Balkans, les Aroumains sont souvent devenus de riches marchands au XVIIIe siècle avec des villes florissantes comme Moscopole, en Albanie, Metsovo, en Grèce, et Kruševo, en Macédoine du Nord. On les retrouve ici toujours à Kruševo, mais surtout à Štip, à Bitola et à Skopje.

Torbèches. Aussi connus sous le nom de Pomaks ou de « Macédoniens musulmans » , ils seraient environ 4 500 (0,2 % de la population), mais certains chercheurs les évaluent à 40 000. Il s’agit des descendants de Bulgares islamisés durant l’ère ottomane. Ils sont sunnites et soufis, parlent le macédonien, mais aussi le turc et/ou l’albanais. Ils vivent principalement dans l’ouest du pays, dans le parc national de Mavrovo, à Struga et constituent la majorité de la population dans le village de Labuništa (près de Struga).

Ashkalis et Balkano-Égyptiens. Ils seraient environ 3 700 (0,2 % de la population). Il s’agit de Roms albanisés. Dans les années 1980-1990, certains d’entre eux se sont inventé de nouvelles identités pour se différencier du reste des Roms et tenter de mieux s’intégrer. Ainsi, les Ashkalis estiment être arrivés de Perse au IVe siècle, tandis que les Balkano-Égyptiens disent que leurs ancêtres son venus d’Égypte durant l’ère ottomane. Ils sont principalement musulmans, parfois chrétiens orthodoxes ou catholiques. Ils vivent principalement à Struga et dans la partie occidentale du pays.

Bulgares. Seul 0,19 % de la population se déclare bulgare auprès des autorités de Macédoine du Nord, soit environ 3 500 personnes. Mais ce chiffre est en nette augmentation par rapport aux précédents recensements. Il s’agit de Slaves méridionaux, chrétiens orthodoxes de rite bulgare, parlant le bulgare et le macédonien. Ils vivent principalement à Strumica, dans le sud-est.

Croates. Environ 2 000 (0,12 % de la population). Ils sont chrétiens catholiques de rite romain, parlent le croate (similaire au serbe et au bosniaque) et le macédonien. Ils vivent principalement à Skopje.

Monténégrins. Environ un millier (0,06 % de la population). Ils sont chrétiens orthodoxes de rite serbe, parlent le monténégrin (similaire au serbe, au bosniaque et au croate) et le macédonien. Ils vivent principalement à Skopje.

Saracatsanes. Aucune statistique fiable ni officielle n’existe concernant cette minorité localement appelée les Karakačani. Ils seraient entre 500 et 1 000 à vivre dans le sud-est de la Macédoine du Nord. Surtout présents en Grèce (environ 80 000) et en Bulgarie (2 500), ils sont généralement considérés comme des Grecs et sont chrétiens orthodoxes de rite grec, mais leurs origines pourraient être bulgares, aroumaines ou albanaises. Ancien peuple de bergers, les Saracatsanes possèdent un dialecte qui emprunte au grec ancien, au grec moderne et à l’aroumain. Ils parlent aussi le grec, le bulgare et le macédonien.

Slovènes. Au nombre de 400 environ, ils sont catholiques de rite romain et parlent le slovène (une langue slave méridionale proche du « serbo-croate », mais davantage influencée par le latin, l’allemand et l’italien) et le macédonien. Ils résident surtout dans la région de Skopje.

Yougoslaves. La Macédoine du Nord reconnaît toujours une minorité yougoslave, même si la Yougoslavie a disparu en 2006. Ainsi, environ 300 habitants du pays se disent encore « yougoslaves ».

Grecs. Présentes dans le sud du pays jusqu’aux guerres balkaniques (1912-1913), les anciennes populations grecques ont toutes disparu ou été assimilées. On recense toutefois environ 200-300 Grecs en Macédoine du Nord aujourd’hui. Ceux-ci sont les descendants de familles de militants communistes accueillies par Tito après la guerre civile grecque (1946-1949). Ils furent jusqu’à 46 000 dans les années 1990. Ils vivent surtout à Skopje et près de la Grèce, à Bitola et à Gevgelija.

Juifs. Ils seraient de 50 à 200 à vivre à Skopje, à Bitola et à Štip. Pour la plupart séfarades, ils sont principalement les descendants de Juifs chassés d’Espagne et accueillis dans l’Empire ottoman à la fin du XVe siècle. Avant la Seconde Guerre mondiale, la communauté comptait plus de 12 000 personnes. La vaste majorité furent assassinés en 1943 dans le cadre de la Shoah. Un peu plus de 400 survécurent, mais la plupart s’installèrent ensuite en Serbie ou en Israël. Comme les Juifs de Thessalonique, ceux de Macédoine du Nord parlent traditionnellement le ladino (ou judéo-espagnol) dérivé du vieux castillan.

Gorans. Ils seraient à présent moins de 150 dans les villages de Jelovjane et d’Urvič, dans la région du Polog, le long du Kosovo. Ils appartiennent à l’une des plus petites minorités des Balkans : les Gorans ou Goranis. Il s’agit de Slaves méridionaux, peut-être en partie celtes, qui furent islamisés tardivement, aux XVIIIe et XIXe siècles. Ils sont de confession sunnite, parlent le našinski (un mélange de bulgare et de serbe), mais aussi le macédonien, le serbe et parfois l’albanais. La majorité des Gorans (environ 10 000) vit dans la région de la Gora, à la pointe sud du Kosovo.

Et aussi… Durant la seconde moitié du XIXe siècle, le territoire de la Macédoine du Nord a vu arriver des populations de l’Empire austro-hongrois. Aujourd’hui, le pays compte ainsi plusieurs petites minorités souvent oubliées : moins de 400 Russes, environ 200 Ukrainiens et 150 Polonais, moins de 100 Allemands ainsi que quelques familles tchèques, slovaques, italiennes et autrichiennes.

La langue macédonienne

Langue maternelle de plus de 2 millions de personnes dans le monde, le macédonien fait partie des langues slaves méridionales. Cette famille comprend d’une part le serbe, le croate, le bosnien et le monténégrin – quatre langues quasi-identiques –, d’autre part le slovène et enfin le bulgare. Comme le serbe et le bulgare, le macédonien s’écrit en caractères cyrilliques. L’alphabet comprend trente et une lettres dont cinq sont propres au macédonien. La langue a été codifiée en 1945 sur la base des dialectes de tout le territoire. Ceux-ci étaient pour la plupart proches du bulgare et pour certains, dans les régions nord, proches du serbe. Les autorités yougoslaves firent alors le choix politique d’orienter cette nouvelle langue en lui donnant un aspect davantage « yougoslave » que bulgare. Les linguistes codifièrent donc la langue en se fondant surtout sur les dialectes proches du serbe, au détriment des dialectes bulgares qui étaient pourtant les plus parlés. Aujourd’hui, le macédonien apparaît comme une langue transitionnelle entre le bulgare et le serbe.

La tentation bulgare

La Bulgarie considère la Macédoine du Nord comme un territoire historiquement bulgare. Depuis 2001, elle mène ici une politique de « rebulgarisation » en accordant massivement la nationalité bulgare au groupe de population des Macédoniens. Une proposition tentante, puisqu’elle permet aussi d’accéder au statut de citoyen de l’Union européenne avec les avantages qui en découlent. Plus de 100 000 Macédoniens ont ainsi opté pour la double nationalité et 70 000 autres sont sur liste d’attente.

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