Guide de Macédoine du Nord : Arts et culture

Architecture
Monastère Saint-Joachim-d'Osogovo, à Kriva Palanka.
Monastère Saint-Joachim-d'Osogovo, à Kriva Palanka.

Les plus beaux spécimens de l'architecture médiévale du pays sont ses multiples églises et monastères. Construits à la mode byzantine, avec des murs massifs de pierre et de brique, tous sont ornés de magnifiques fresques peintes sur des enduits de chaux. Au cours de la longue occupation ottomane, la République de Macédoine s'est encore enrichie d'autres lieux de culte, dont la mosquée peinte de Tetovo est un exemple original. Les grandes villes ont également conservé des hammams, des caravansérails ou des marchés couverts. Et les vieux quartiers commerçants restent reconnaissables à leurs échoppes basses, le plus souvent sans étage. Une troisième grande période pour le pays sera l'arrivée du XIXe s. et la rencontre avec l'Occident. Hélas, il reste peu de vestiges de cette époque à Skopje, la plupart des bâtiments ayant été détruits lors du tremblement de terre de 1963. Bitola compte encore quelques-uns de ces superbes bâtiments de " l'époque des consuls ". Resté longtemps en piteux état, ce patrimoine architectural commence à faire l'objet de nombreuses rénovations. La reconstruction de Skopje, au milieu des années 1960, aura été l'occasion de la réalisation de projets architecturaux " brutalistes ", toujours à base de béton armé, pour permettre les formes les plus audacieuses. Un bon exemple de ce courant moderne est offert par la poste centrale de Skopje.

Architecture traditionnelle

L'élément principal dans l'architecture moderne est la fonctionnalité, donc peu d'éléments décoratifs dans la façade. Ce type d'architecture varie en fonction du climat et du terrain. Par exemple, à Ohrid, les maisons sont entassées car, à l'époque ottomane, on construisait à l'intérieur de la citadelle. Il en va différemment dans une ville comme Kruševo, où l'espace ne manque pas autour des maisons.

On distingue cependant des éléments communs dans l'architecture traditionnelle de la région. Le rez-de-chaussée est bâti en pierre. Au-dessus se trouvent des madriers de bois destinés à donner une stabilité à la construction. L'espace entre les madriers est rempli par des sortes de rameaux couverts de mortier. Ce genre de construction permet l'ouverture de nombreuses fenêtres, que l'on appelle " mur-rideau ". Le rez-de-chaussée est consacré aux éléments relatifs à l'économie de la maison : stockage de la nourriture, abri pour le bétail, etc. À Kruševo, par exemple, on y trouvait aussi le puits. Entre le rez-de-chaussée et le premier étage, une minuscule mezzanine sert de cuisine d'hiver. Au premier étage se trouve le tchardak, une large pièce principale faisant office de salle de séjour. L'étage supérieur, souvent très spacieux et joliment décoré, est aménagé pour les invités.

Artisanat

Sculpture sur bois, poterie, tissage, travail du cuir ou du métal : les arts traditionnels ne représentent plus vraiment un courant très vivant. La principale raison de cet état de choses est la volonté de " faire du passé table rase ", à l'oeuvre à l'époque socialiste d'après-guerre et qui a cassé la chaîne de la transmission des savoirs. Pourtant, là aussi, un renouveau timide semble se dessiner, surtout dans le domaine de la création de bijoux. La ville d'Ohrid est fameuse pour le travail des perles artificielles et des bijoux en filigrane. Mais attention aux contrefaçons ! Plus de 80 % des perles d'Ohrid sont fabriquées en Chine. Et bien des bijoux en filigrane arrivent tout droit de Turquie. L'artisanat " vivote " en République de Macédoine. Plusieurs projets ont été lancés pour révitaliser la Čaršija de Skopje, mais pour le moment sans succès. La Čaršija et ses artisans, qui pourraient attirer potentiellement les touristes, ne sont pas toujours protégés par la loi comme une richesse. Auparavant l'artisanat fleurissait ; aujourd'hui il n'y a que quelques ateliers artisanaux et des orfèvreries.

Cinéma

Les premiers tours de manivelle dans les Balkans ont été donnés par les frères Manaki, dans les années 1900. Aussi, le festival de cinéma de Bitola leur rend toujours hommage. Après la Seconde Guerre mondiale, la République de Macédoine a connu une période riche en productions, parmi lesquelles il faut citer La Nuit des loups (1955), de Shtiglic France, et Miss Stone (1958), de Mitrovic Živorad-Žika, films nationalistes traitant de la résistance aux envahisseurs turcs ou bulgares et de la lutte pour l'indépendance. Après 1991, un nouveau cinéma a eu du mal à émerger dans le contexte de crise économique. En 1994, Milčo Mančevski a obtenu le Lion d'or à la Mostra de Venise, avec Before the Rain (Avant l'orage), un film magnifique ayant pour toile de fond les conflits interethniques. Ce même réalisateur, qui vit désormais entre les États-Unis et la République de Macédoine, a signé ensuite, en 2001, Dust (Poussière).

Littérature

L'histoire de la littérature slavo-macédienne est un sujet délicat, puisque de nombreux anciens auteurs présentés comme " macédoniens " sont en fait bulgares. La langue " macédonienne " ou plus exactement slavo-macédonienne n'existe d'ailleurs que depuis 1945. Mais selon la version officielle présentée par l'État, l'histoire littéraire du pays a commencé avec l'invention de l'écriture cyrillique, et regroupe les textes initiés par les saints Cyrille et Méthode et leurs disciples Clément et Naum.

Moyen Âge. À partir du IXe s., avec l'archevêché d'Ohrid, on assiste à l'essor d'une littérature religieuse en vieux slavon. L'essor de la culture slave est commun pour tous les peuples slaves, surtout pour les orthodoxes, et s'étend du IXe au XIIe s. Cet essor comprend deux périodes importantes : la période ancienne slavonne (IXe-XIe s.) et la période ecclésiastique slavonne (XIIe au XVIIIe s.). Les manuscrits les plus anciens ont été rédigés dans les dialectes locaux. Ce sont des traductions de grec en vieux slavon : Évangile de Zograf, Évangile d'Aseman, Évangile de Marie - tous en glagolitique. L'usage du glagolitique est une des caractéristiques de la période de culture slave précoce et de l'École littéraire de Saint-Clément d'Ohrid. Ce n'est que plus tard que l'on a commencé à utiliser le cyrillique, qui a prédominé par la suite.

Période ottomane. A partir du XIVe s., la situation change. Les conquêtes des Ottomans et l'imposition de l'autorité administrative serbe se reflètent sur l'éducation slave en Macédoine du Vardar. La langue écrite du XVe au XVIIIe s. suit l'évolution de la langue parlée. Ainsi, comme textes écrits en macédonien précoce de cette époque-là, on mentionne les damaskines, collections de contes, légendes, descriptions d'événements et personnages liés au christianisme. Les autres textes connus de cette époque sont les gramotes, textes juridico-administratifs. Aux XVIIe et XVIIIe s., l'influence du grec grandit, notamment par l'intermédiaire de l'Église.

XIXe s. et début du XXe s. Simple dialecte bulgare, le slavo-macédonien ne fera l'objet d'études qu'à partir du XIXe s, avec notamment les premiers essais de standardisation, grâce au travail des frères Miladinov. Au début du XXe s., Krste Petkov Misirkov publie le livre Sur les affaires macédoniennes (Za makedonckite raboti) dans lequel il s'intéresse à la question de la standardisation de l'idiome slavo-macédonien et se sert des dialectes de Veles, Prilep, Bitola et Ohrid comme base pour fixer la langue. Durant l'entre-deux-guerres, la langue slavo-macédonienne se développe plus lentement à cause de la politique d'assimilation que le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, la Grèce et la Bulgarie mettent en place. De cette période, citons des pièces de théâtre de Vasil Iljoski, Anton Panov et le livre Beli mugri de Kočo Racin.

Depuis 1945. La reconnaissance du slavo-macédonien comme langue officielle ne s'est faite qu'en 1945. Il s'agissait pour les autorités yougoslaves de la différencier au maximum du bulgare, notamment en utilisant l'alphabet serbe. Une fois codifiée, la langue slavo-macédonienne est devenue la langue d'expression d'écrivains, comme Blaže Koneski (1921-1993). Romancier, poète et linguiste, Blaže Koneski est également l'auteur de la première grammaire macédonienne. L'auteur contemporain le plus célèbre en France est Luan Starova. Né en Albanie en 1941, professeur de français à l'université de Skopje, traducteur d'auteurs français et ambassadeur en France, il écrit aussi bien dans sa langue marternelle, l'albanais, qu'en macédonien. Ses ouvrages sur l'exile et la " malédiction des Balkans " permettent de mieux appréhender la complexité de cette région. On recommande notamment Le temps des chèvres, Les livres de mon père, Le musée de l'athéisme, Le rivage de l'exil et Une amitié européenne, qui nous ont accompagné tout au long de la préparation de ce guide. On citera encore le poète et essayiste Radovan Pavlovski (né en 1937) qui, depuis 1961, a publié plus d'une vingtaine d'ouvrages (Le Cavalier du soleil, Un autre oiseau dans un autre temps), le dramaturge (et diplomate) Jordan Plevneš (né en 1953), le romancier Petre Mito Andreevski (1934-2006) auteur des Derniers Paysans, ainsi que Eftim Kletnikov (né en 1946) et Venko Andonovski (né en 1964), le romancier le plus lu aujourd'hui en République de Macédoine et dont le dernier ouvrage, Cunégonde en Carlaland (2013), s'inspire avec humour du Candide de Voltaire. Les auteurs de théâtre sont également bien représentés par les dramaturges Goran Stefanovski (né en 1952) et Dejan Dukovski (né en 1969). La poésie occupe une place particulièrement importante avec, chaque année, le festival de poésie de Struga, qui réunit des poètes venus du monde entier.

Médias locaux
Musique

La musique folklorique slavo-macédonienne traditionnelle (narodna muzika) demeure très vivante, avec chaque région ayant son propre style et ses danses, comme le oro, dance en cercle commune à tous les pays des Balkans. L'ensemble Biljana d'Ohrid est lui représentatif de la starogradska muzika (musique urbaine traditionnelle). A la campagne ou en ville, on pourra tomber sur une čalgija (formation traditionnelle des Balkans) jouant du saz (luth à manche long), du violon, de la clarinette, du qanûn (cithare sur table) et de la derbouka (tambourin). Cette musique est très souvent jouée dans les restaurants ou dans les grandes réunions de famille comme les mariages avec d'autres instruments comme les flûtes (kaval, duduk, šupelka), le hautbois traditionnel (zurla), la cornemuse (gajda) et différents instruments à cordes (tambura et prim). Les groupes de muisque rom les plus réputés viennent de Štip, Strumica ou Kočani.

Tanec. Originaire de Skopje et fondée en 1949, c'est la formation la plus connue du pays, invitée dans les festivals folkloriques du monde entier, réputée aussi bien pour ses musiciens que pour ses danseurs. On recommande de l'écouter et d'aller voir quelques vidéos sur Youtube pour préparer son voyage.

Esma Redžepova. La chanteuse (1943-2016) était considérée comme la " reine de la musique rom ". Sa réputation dépasse l'Europe.

Peinture et arts graphiques

S'il existe des expressions artistiques particulièrement prisées en République de Macédoine, ce sont bien les arts graphiques en général et la peinture en particulier.

Art religieux. Les fondements de l'expression picturale nationale remontent à la grande tradition médiévale de la peinture d'icônes et de fresques religieuses. Dès le XIIe s., certaines fresques organisent des scénographies où apparaissent les premières tentatives de représentation de la nature telle qu'elle sera explorée par Giotto quelques siècles plus tard. Dans ce domaine également, l'occupation ottomane constitue une grande parenthèse artistique. L'art effectué dans les églises par des zographes (peintres de fresques et icônes) continue jusqu'à la chute de l'Empire ottoman (première moitié du XXe s.). L'oeuvre de deux derniers zographes, Dimitrie Andonov Papradiški (1859-1954), premier peintre laïc du territoire, et Gjorgi Zografski, témoigne de l'évolution de cet art au fil des siècles.

Art profane. Les débuts de l'art profane se manifestent au XXe s., et son développement est lié aux changements économiques et sociaux, notamment avec la création de la classe civique et l'environnement urbain. Le flambeau de la créativité ne sera repris qu'aux XVIIIe et XIXe s. Notamment dans les années 1930, avec des noms comme ceux de Lazar Ličenovski, Nikola Martinovski, Dimitar Pandilov ou Vangel Kodžoman. Dans les années 1950, la grande chance des artistes slavo-macédoniens (et yougoslaves) sera le refus de Tito d'intégrer le bloc soviétique. Ils évitent ainsi non seulement l'obligation de peindre selon les canons du réalisme socialiste mais, de plus, ils peuvent circuler hors du pays (relativement) facilement. D'où de nombreux échanges avec des courants et des peintres étrangers. Après la Seconde Guerre mondiale et la révolution de l'Informbiro en 1948, le sujet principal de l'art national est la guerre de libération.

Art contemporain. Dans les années 1960 et 1970, l'art national se transforme et suit les mouvements et tendances européennes. Dans ces années-là, plusieurs expositions monographiques et rétrospectives d'artistes et peintres de l'entre-deux-guerres et de la génération après-guerre sont organisées. Depuis les années 1980, une nouvelle génération d'artistes a fait son apparition et tend à affirmer l'art national sur la scène européenne. Si les expositions de peinture sont toujours des événements mondains très courus à Skopje, le pays est trop pauvre pour posséder un marché de l'art digne de ce nom. Cependant, les artistes ne manquent pas : chaque année, ce sont une cinquantaine de diplômés qui sortent de l'Académie des beaux-arts. La plupart des peintres contemporains misent donc plutôt sur des expositions dans des galeries étrangères.

Sculpture

La tradition locale de la sculpture sur bois est étroitement liée à l'art religieux. Durant des siècles, de très nombreuses iconostases sont en effet réalisées à partir de panneaux de bois sculptés. Mais, vers le XVIIe et le XVIIIe s., la sculpture commence à pénétrer dans de nombreuses maisons bourgeoises où des éléments de bois sculpté ornent aussi bien les plafonds que les murs, comme en témoigne le dernier étage du Musée municipal d'Ohrid. Au fil des siècles, le travail des artistes gagne en finesse. Il atteint son apogée au XIXe s., grâce au trio que constituent les frères Petre, Marko Filipovski et Makarie Frčkovski. Ces artistes parviennent magistralement à intégrer une foule de personnages dans des enchevêtrements de végétaux. Leur chef-d'oeuvre sera l'iconostase de la chapelle du monastère de Saint-Jean-Bigorski. Aujourd'hui, cette tradition de la sculpture sur bois n'est, hélas, plus aussi vivante qu'autrefois. Mais dans sa version décorative et monumentale, la sculpture s'est développée après la disparition de la Yougoslavie. À l'image des monuments du projet Skopje 2014, il s'agit souvent de représentations de personnages historiques traités dans un pur style réaliste. Mais, à côté de cette sculpture " officielle ", nombre d'artistes contemporains explorent à leur manière le monde infini des volumes. Les différents musées de Skopje en donnent un bon aperçu, qu'il s'agisse du musée d'Art moderne, du musée de la Ville (dans l'ancienne gare) ou des galeries d'art contemporain du hammam de Daut Pasha et du hammam Čifte.

Organisez votre voyage avec nos partenaires en Macédoine du Nord
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place

Trouvez des Offres de Séjours uniques avec nos Partenaires

Envoyer une réponse