La faune
En voyageant à travers l'Algérie, on croise à coup sûr sur le bord de la route des moutons, des chèvres, des chevaux, des dromadaires et des bourricots. Dans le nord, les campagnes sont hantées par le renard, le chat sauvage, la belette, la hyène rayée, le lièvre ou le chacal, et plus dangereusement le sanglier, qui a profité de l'interdiction des armes de chasse dans les années 1990 pour prospérer jusqu'à s'approcher des villes et mettre en péril les cultures. Dans certaines zones forestières, on rencontre un singe typique d'Afrique du Nord, le singe magot. En descendant vers le sud, ce sont la gazelle, le mouflon à manchette, qui s'est réfugié dans les hauteurs escarpées, le chat des sables, la gerboise qui ne sort que la nuit et la gerbille qui boit peu, le daman des rochers, un rongeur originaire d'Éthiopie, le rat des sables, le fennec, le guépard, le porc-épic ou le lycaon qui n'a pourtant pas été vu depuis 1988. Au début du XXe siècle, on y signalait encore des crocodiles ou des autruches. Le lézard fouette-queue est le seul à oser sortir en plein soleil, il se rafraîchit par ventilation. L'oiseau le plus célèbre est le moula-moula, un traquet à tête blanche porte-bonheur. Les insectes et arachnides, peu nombreux dans le désert, sont représentés par les mouches, les moustiques près des points d'eau stagnante, les coléoptères dont l'un est surnommé « 4 x 4 » en raison de sa facilité à crapahuter dans le sable grâce à ses hautes pattes. On rencontre peu de scorpions qui, paraît-il, sortent entre 19h et 20h.
Le célèbre dromadaire
Même si tout le monde l'appelle « chameau », le mammifère ruminant présent dans le Sud algérien est bel et bien un dromadaire, car le territoire du chameau se limite à l'Asie centrale, et celui du dromadaire à l'Afrique et à la péninsule arabique. L'introduction au Maghreb de ce représentant de la famille des camélidés, vers le IVe siècle, bouleversa les habitudes des nomades. Habitué aux chaleurs brûlantes et aux longues méharées, il remplaça le cheval et favorisa par son endurance les projets de conquête et d'échanges commerciaux des populations. Chez un dromadaire, tout fait l'objet d'un véritable respect qui confine au culte : le poil fournit lors de sa mue annuelle de quoi fabriquer de solides tapis et vêtements ; sa viande fort goûteuse et son lait, plus riche que celui des vaches et des chèvres, sont fort prisés ; sa proverbiale sobriété lui permet de rester jusqu'à quatre jours sans boire (sa bosse s'en ressent et diminue à vue d'œil) ; son endurance lui permet de parcourir 150 km en une seule journée ; ses narines se ferment lorsque le vent se lève, ce qui permet à ce « vaisseau du désert » de ne pas s'arrêter lorsque souffle le sirocco ou de fournir un excellent rempart contre les éléments ; ses longs cils protègent ses yeux ; ses pieds, dotés de coussinets ronds, l'empêchent de s'ensabler ; ses excréments eux-mêmes se montrent salvateurs en cas de morsure de serpent ou de sinusite !
La flore
La végétation algérienne, du moins dans le nord, est essentiellement de type méditerranéen, soumise au régime des précipitations. La forêt et le maquis du versant nord de l'Atlas tellien sont composés de chênes, de chênes-lièges, de chênes zéens, un chêne souvent centenaire au tronc droit qui peut atteindre 6 m de circonférence, de cèdres odorants, de pins d'Alep, de caroubiers, de lentisques, de bruyères ou d'arbousiers qui ont beaucoup souffert de la déforestation, industrielle, agricole ou stratégique. Le reboisement, amorcé en lisière de quelques parcs nationaux, est difficile à cause du manque d'eau et de l'érosion des sols. Sur les pentes de l'Atlas tellien, genévriers et végétation de type steppique se raréfient à mesure qu'on grimpe. Dans les plaines irriguées et protégées, les arbres fruitiers donnent des fruits toute l'année : amandiers (début avril), abricotiers (mai), cerisiers (juin), figuiers (juin à août), vigne (de fin juillet à septembre), poiriers, pommiers et pêchers (août), grenadiers (septembre) et orangers (novembre) tandis que les citronniers donnent toute l'année. On récolte également les noix, les châtaignes et les olives – les meilleures sont celles de la région de Sig dans l'Oranais. En Kabylie, la récolte d'olives est destinée à la production d'huile. Les hauts plateaux, où le climat et le sol sont peu propices au développement de la végétation, sont le domaine de l'alfa et autres graminacées. Également appelé sparte, l'alfa est une graminacée dont les brins peuvent atteindre 1 m de longueur.
Dans l'Atlas saharien, on retrouve le cyprès, le térébinthe qui peut atteindre 20 m de hauteur, le palmier chamaerops dont les feuilles sont tressées en vannerie, l'arbousier, le sumac épineux dont l'écorce sert de teinture rouge, etc. La végétation des oasis, protégée du vent par des barrières artificielles, murs ou clôtures de palmes, et du soleil par le couvert des hauts dattiers, peut être très riche et variée. Parmi les plantations irriguées par de fragiles seguias (« rigoles ») comme dans les jardins plus avantagés du nord, on trouve autant de légumes que de fruits ou de fleurs et d'arbustes plus ornementaux (jasmin, bougainvillée, lantana, chèvrefeuille, bignone, passiflore, rosier, géranium, etc.) et de plantes aromatiques (menthe, basilic, thym, etc.).
Le Sahara, en dehors des oasis, est assez pauvre d'un point de vue végétal, simplement taché d'acacias dont les feuilles se transforment en épines pour limiter l'évaporation de l'eau, quelquefois d'oliviers sauvages et de maigres touffes d'herbes. Mais il suffit d'une averse pour qu'apparaissent les jours suivants une grande quantité de plantes dont les graines apportées par les vents n'attendaient que cette humidité pour germer. Se développent aussi des touffes vertes qui végétaient jusque-là (armoise, lavande, myrte, jujubier et coloquinte dans les oueds, rumex pourpre dans les montagnes, etc.) et qui, si elles semblent peu différentes les unes des autres, exigent une bonne connaissance de la flore pour en distinguer les propriétés.Parmi ces plantes, certaines sont étonnantes comme la rose de Jéricho qui sèche recroquevillée autour de ses graines et se déploie dès que l'eau l'effleure. Les Touaregs connaissent encore les plantes souvent très parfumées et en ramassent pour aromatiser leur thé ou préparer une décoction aux vertus bénéfiques (chir, takmezout…). Certains oueds sont connus pour être couverts de lauriers-roses, simplement jolis puisqu'ils sont très toxiques.
Les incontournables palmiers-dattiers
Le mot « datte » vient du latin dactylus, « doigt », qu'on retrouve dans deglet nour (« doigt de lumière »), une grosse datte, claire et onctueuse, réservée en grande partie à l'exportation pour ses qualités de conservation, dans deglet beïda (« doigt blanc ») ou mech degla, plus petite et sèche, consommée sur place : les ghars, fruits mous, sirupeux, très sucrés que l'on conserve en les comprimant et que l'on appelait naguère le « pain des caravanes » ou la deglet beïda. Il existe ainsi plus de soixante-dix variétés de palmiers-dattiers, et par conséquent de dattes, dont même les noyaux diffèrent.
Cet arbre, cultivé en Mésopotamie dès l'Antiquité, a été introduit au Maghreb par les Berbères qui eurent l'idée géniale de les planter en plein désert là où il y avait des sources. Ils venaient d'inventer les oasis. Au frais sous son feuillage, on y cultive des fruits et des légumes. Le palmier-dattier n'est pas trop exigeant sur la quantité d'eau qui lui est nécessaire, ses racines qui plongent à la verticale du tronc pouvant boire jusqu'à dix mètres sous la surface du sol. Les nappes d'eau souterraines trop profondes et les sécheresses répétées nécessitent néanmoins que l'homme intervienne en lui apportant l'eau nécessaire à l'aide de motopompes ou de puits à balancier.
On compte en Algérie environ 7 millions de palmiers de rapport produisant plus de 100 000 tonnes de dattes, dont 40 % de deglet nour. Pour obtenir un palmier-dattier productif, on repique un drageon prélevé sur un arbre femelle. Un noyau ne donnera qu'un arbre dégénéré et stérile. La pousse, plantée dans un trou d'un mètre de profondeur, est entourée de palmes sèches qui la protègent du vent et de la chaleur excessive. Il faut ensuite au moins dix ans de soins intensifs avant d'en récolter les fruits. Chaque année, au tout début du printemps, le plant femelle doit être fécondé artificiellement. L'insémination est pratiquée par le khammes qui prélève le pollen sur les rares plants mâles et le dépose dans les spathes (feuilles en cornet) de l'arbre femelle. La récolte s'effectue à partir de fin août et il faudra attendre novembre pour cueillir les régimes de deglet nour. Après la récolte des dattes, on coupe la collerette inférieure des palmes : la cicatrice laissée par cette opération forme ces sortes d'écailles étagées dont le nombre de cercles indique l'âge de l'arbre.
Les parcs nationaux
Les paysages et la faune d'Algérie sont protégés au sein de onze parcs nationaux qui manquent un peu de moyens.
Parc national de Tlemcen. Ce parc est l'un des plus récents. Il protège d'importants vestiges archéologiques et des sites spéléologiques.
Parc national de Theniet el-Had. 3 616 ha. À la limite sud du grand massif de l'Ouarsenis et au centre de l'Atlas tellien, ce parc protège de très belles forêts montagneuses de cèdres et une faune très diversifiée.
Parc national de Chréa. 26 000 ha. À 50 km au sud d'Alger, au cœur du massif de Blida, c'est un parc de montagne. À découvrir en particulier : les forêts de cèdres millénaires au cours de courtes randonnées pédestres.
Parc national du Djurdjura. 18 500 ha. C'est un parc de sommets enneigés, de rivières hivernales et de forêts silencieuses, de gorges et gouffres très importants, de vallons, d'un lac et de hauts plateaux. Espèces animales : singe magot (une espèce rare de macaque), aigle botté, sanglier, hyène rayée, faucon, rossignol, héron cendré, perdrix et même loup.
Parc national de Gouraya. 2 080 ha. Dans la wilaya de Bejaïa, il présente des richesses archéologiques et esthétiques exceptionnelles.
Parc national de Taza. 300 ha. Dans la wilaya de Jijel, il protège des paysages d'une rare beauté, des forêts humides et des plages sablonneuses, la corniche de Jijel avec ses grottes merveilleuses dont il ne reste pas grand-chose, des falaises, des gouffres… Ce parc abrite près d'une trentaine de mammifères, dont le singe magot, et des oiseaux, dont le plus bel exemplaire est la sittelle kabyle, un passereau très rare endémique de l'Algérie.
Parc national d'El-Kala. 80 000 ha. Il est composé d'un ensemble d'écosystèmes particuliers caractérisés par des zones humides dont la diversité est unique dans le bassin méditerranéen (lacs Oubeira, Mellah et Tonga). Ce parc a été classé en 1990 sur la liste du patrimoine national et réserve de biosphère par l'Unesco.
Parc national de Belzma. 7 600 ha. Créé en 1984, il est situé dans la wilaya de Batna.
Parc national du Tassili. 100 000 ha. Ce parc a été classé patrimoine mondial en 1982 par l'Unesco et réserve de l'homme et de biosphère en 1986. S'il possède un caractère archéologique par le nombre de ses gravures et peintures rupestres qui en font le premier site mondial, il protège également une flore comme le cyprès de Duprez (tarout) dont il reste un peu plus de 200 exemplaires vivants et une faune peu visible mais diversifiée (mouflon à manchettes, gazelles, poissons, etc.).
Parc national de l'Ahaggar (Hoggar). 380 000 ha. Ce parc est classé pour ses richesses archéologiques et historiques, sa faune, sa géologie et ses paysages grandioses. Certains sites archéologiques datent de 600 000 à 1 million d'années et témoignent des premières manifestations humaines et préhumaines.
Parc national de Djebel Aissa. 24 000 ha. Parc, situé dans l'Atlas saharien, a été créé en 2003. Il abrite quelques espèces rares.