Découvrez l'Algérie : L'art rupestre du Sahara

Si le Sahara est le plus grand désert du monde, il est également le plus grand musée d'art rupestre de la planète. Des milliers de peintures et de gravures s'y distinguent selon leur position géographique. Alors que les peintures ornent surtout les parois rocheuses du Tassili n'Ajjer et du Hoggar, les gravures sont présentes un peu partout dans la zone centrale du Sahara. Lors de ses recherches, Théodore Monod, qui fut le premier à recenser les gravures avant la Seconde Guerre mondiale, découvrit celles de l'Adrar Ahnet à l'ouest de Tamanrasset. En 1956, Henri Lhote fut envoyé au Sahara pour effectuer un relevé exhaustif des représentations rupestres. L'art rupestre et ses représentations soulèvent encore beaucoup de questions et permettent de rêver… Ainsi, si certains dessins évoquent une origine égyptienne des artistes, d'autres laissent supposer que les nomades du Tassili seraient les ancêtres des Peuls Bororos d'Afrique occidentale.

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Une incommensurable richesse archéologique

Situé de part et d'autre du tropique du Cancer, le Sahara a acquis sa physionomie actuelle il y a plusieurs millions d'années, mais il a connu des variations climatiques pendant les âges glaciaires. Durant ces périodes, la faune et la flore étaient sensiblement les mêmes que celles de la savane d'Afrique orientale. Cet environnement était propice au développement humain dont témoignent les peintures et les gravures rupestres qu'on retrouve en grand nombre au Tassili. Outre la découverte des ossements d'un australopithèque vieux de 3,5 millions d'années dans le nord du Tchad, on est certain que le nord de l'Afrique était parcouru par des hominidés il y a quelque 150 000 ans. Le paléolithique a connu une suite de périodes sèches et humides (- 70 000/- 50 000 – moustérien – puis - 40 000/- 20 000 – période atérienne), mais c'est au néolithique que l'aridité a fait durablement place à un climat propice au développement d'une flore et d'une faune plus accueillantes. La savane recouvrait alors le sable et abritait des éléphants, des antilopes, des girafes, des autruches ou encore des crocodiles et des hippopotames qui se retrouvaient autour des nombreux points d'eau.
De cette époque restent d'importants témoignages de la présence humaine (capsiens), dont les dessins peints ou gravés sur la roche qui racontent de façon formidable l'histoire du plus grand désert du monde. Si quelques gravures ont été découvertes au XIXe siècle, les premières observations sérieuses ont été effectuées en 1934 par le lieutenant méhariste français Brenans dans la vallée de l'oued Djerat près d'Illizi. Le lieutenant, guidé par Machar Jebrine ag Mohamed et fin observateur, montre ses dessins de rhinocéros et de crocodiles à Henri Lhote. Celui-ci, soutenu par le CNRS, le musée de l'Homme et le gouverneur général de l'Algérie, se lance aussitôt sur la piste des milliers de fresques qu'on peut encore observer. À sa suite, nombre d'explorateurs, dont Théodore Monod, rempliront des carnets de croquis, de commentaires et de listes… Si elles parsèment le Sahara tout entier, un grand nombre de ces traces sont visibles sur les hauts plateaux dont le Tassili. Pour se repérer entre les différents styles, on a l'habitude de les distinguer selon leur âge et ce qu'elles représentent, même si les classements établis dans la seconde moitié du XXe siècle sont source de controverses – l'équipe d'Henri Lhote semblait apprécier les canulars. Depuis les années 1950 qui marquent l'année 0, on date les fresques à partir de la couleur de la patine, l'environnement du dessin (vestiges divers, sol, roche…) au carbone 14 ou encore à partir de leur style et de la technique utilisée. Une seule chose est certaine : l'exemplaire le plus ancien de l'art rupestre du Sahara date du XIIIe millénaire (holocène).
La première période, qui est subdivisée en trois parties, commence au début du néolithique (du XIIIe au VIIIe millénaire). La première partie de cette période est celle dite des hommes à tête ronde (Tin Tazarift et Tassili n'Ajjer). Henri Lhote a attribué ce nom à cette série de dessins caractérisés par des personnages à la tête parfaitement ronde et peu détaillée, que des explorateurs ayant abusé de comics ont assimilés à des populations extraterrestres.Le corps des personnages ocre et mauve, plus tard blanc, est souvent tatoué de lignes pointillées, peut-être des scarifications, et portent quelquefois des masques typiques des régions plus méridionales. À leurs côtés, on observe des mouflons, des éléphants et des figures religieuses (fresque des grands dieux à Sefar) qui font penser que ces hommes à tête ronde faisaient partie d'une société développée.
La seconde partie est celle dite du bubale (ancêtre du buffle coiffé de longues cornes) ou des chasseurs. Les gravures, parfois très grandes, représentent surtout des animaux chassés par les nomades au corps athlétique et élancé et aux mouvements amples. Dans le Tassili, la gravure considérée comme la plus ancienne a été découverte près de Timenzouzine et représente un éléphant dessiné à même le sol. D'autres représentations sont visibles dans l'oued Djerat. La troisième partie fait apparaître un style un peu décadent.

La seconde période (VIIIe millénaire) voit émerger des figures plus imposantes. C'est la période des bovidés ou des pasteurs au physique éthiopien qui représentent leurs troupeaux sur la roche. Les dessins, les plus nombreux de toutes les fresques recensées, sont alors gravés puis peints de manière très précise et raffinée. On peut les observer dans le Tassili, à Akakus et dans le djebel Uweinat en Libye.
La troisième période est celle des pasteurs à chars et des cavaliers, ou période bovidienne, qui fait déjà partie de la protohistoire (du VIe au Ier millénaire). Les cavaliers sont d'origine libyenne et sont peut-être issus de ces Crétois qui avaient débarqué avec des chevaux sur les côtes de Cyrénaïque en 1200 av. J.-C. On sait par ces fresques que les « peuples de la mer » sont allés jusqu'au Niger. Plus grossiers, les personnages seraient pour certains les fameux Garamantes et certaines figures ont à peine une tête. On en voit quelques figures à In-Itinen dans le Tassili n'Ajjer.
Puis vient la période dite « du chameau » qui date du début de l'ère chrétienne. À cette époque le chameau remplace le cheval dans le Sahara. Les dessins (In-Itinen dans le Tassili n'Ajjer) sont parfois soulignés d'inscriptions en tifinagh.

La protection des œuvres

Ce n'est jamais assez répété : les gravures et les peintures rupestres sont très fragiles. Ne faites surtout pas comme ces touristes dont on parle encore qui, comme mamie pour nous débarbouiller, crachent sur les peintures croyant faire ressortir le dessin mais qui les abîment irrémédiablement. Les peintures et les gravures sont difficiles à photographier. En général, on ne reste que peu de temps devant – il y en a tant à voir ! – et les conditions sont rarement optimales : lumière trop vive ou pas assez, œuvres trop petites et en hauteur ou trop grandes… Un grand angle ou un téléobjectif sont indispensables mais, en ce qui concerne l'éclairage, il n'y a pas grand-chose à faire si ce n'est attendre que la lumière rase du soleil couchant caresse les gravures et fasse ressortir leur faible relief. Mais en général le contraste entre ombre et lumière est toujours trop fort et ne peut être atténué que par des bricolages de flash qui sont de toute façon interdits d'usage face aux peintures, ou par l'usage d'un trépied.

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