Artisanat
Les bijoux font traditionnellement partie du patrimoine algérien. Toutes les occasions sont bonnes pour arborer bracelets, colliers, boucles d'oreilles et ceintures (foum) en métaux précieux. Alger, Tlemcen et Constantine étaient réputées pour leur production, mais chaque région possède son style traditionnel, comme une synthèse des héritages artistiques. Les bijoux kabyles, plus précisément ceux des Ath Yenni, sont en argent rehaussé d'émaux colorés, un savoir-faire remontant au XVe siècle, et de corail. Dans les Aurès, les bijoux chaouis sont en argent plein, creux ou ajouré. Les pièces touaregs, en argent, se remarquent par une belle simplicité de formes dont la symbolique évoque la quête perpétuelle de la maîtrise des éléments naturels.
Broderie. La broderie, tarz, est un art citadin très pratiqué en Algérie. À Alger, les brodeuses travaillaient de belles arabesques, d'influences turques, arabes ou andalouses, en laissant libre cours à leur imagination. À Constantine, on brode le velours de couleur sombre avec du fil doré en de magnifiques vêtements recherchés et onéreux. À Annaba, les motifs floraux ressemblent à la broderie tunisienne de Nabeul. Plus au sud, dans la région de Touggourt et du M'Zab, les motifs se font plus géométriques.
Cuir. Le travail du cuir produit des chaussures dont des « babouches » multicolores dans le Gourara, des bottes, des sacs, des ceintures, des selles de cheval et de chameau, des récipients, des housses de coussin, des fourreaux d'épées ou des boîtes, etc. À Tlemcen, l'artisanat est réputé pour ses traditions andalouses ; celui du Hoggar s'exprime dans la fabrication de sacs de voyage frangés, de sandales ou de grands coussins pour la tente.
Dinanderie. Héritage de l'Empire ottoman, la dinanderie, ou l'art de travailler le cuivre pour fabriquer des plateaux, des théières et autres récipients, remonte au Moyen Âge mais elle a failli mourir étouffée par la production industrielle. C'est à Tlemcen que la tradition perdure vraiment. Celle de Constantine, qui s'apprend de père en fils dans un quartier spécifique, est réputée pour ses plateaux quelquefois gigantesques aux motifs d'inspiration ottomane.
La poterie a bénéficié de toutes les influences historiques et ethniques qui ont baigné l'Algérie. Guelma (est), M'Sirda (frontière marocaine) et Aït Khlili (Kabylie) sont des régions d'Algérie réputées pour la qualité de leurs gisements d'argile. On trouvera des récipients, des réchauds (kanoun), des cendriers, etc.
En Grande Kabylie (Mâatkas, Bourouh ou Ath Kheir), les poteries de couleur rouge sont ornées de motifs tirés de la symbolique rurale. En Petite Kabylie, on utilise moins de rouge mais les motifs sont très proches de ceux de Grande Kabylie. Dans le Constantinois, les poteries de Guelma sont fabriquées à partir du kaolin extrait à proximité. La poterie des Aurès paraît plus brute, celle des monts Nememcha est modelée dans des argiles aux tons rosés et ornée de dessins bruns sans vernis. À l'ouest d'Alger, à Tipaza, la poterie prend des allures marines avec des formes d'inspiration romaine. Dans le sud, les poteries de la région d'Adrar sont les plus originales : de couleur noire, elles possèdent souvent des formes insolites.
Tapis. À l'origine, transmis de génération en génération, l'art du tissage est l'une des meilleures illustrations de la créativité artisanale et artistique de chaque région comme des métissages culturels (berbère, arabo-musulman, africain et oriental) qui ont fait le pays. Les motifs d'origine berbère sont géométriques et suffisamment simples pour plaire longtemps. Les tapis de l'est de l'Algérie, qu'ils soient des Aurès ou des Nememcha, se reconnaissent à leurs motifs à symbolique berbéro-orientale. En Petite Kabylie, les tapis de Maâdid de la région de M'Sila, de Bordj Bou Arreridj ou Sétif et Bejaïa (Ghuergour) ont des influences berbères et orientales encore plus marquées. En Grande Kabylie, les plus beaux tapis sont ceux de la région de Tizi-Ouzou (Aït Hichem) aux motifs fins et discrets dominés par l'imagerie populaire et rurale. Plus à l'ouest, les tapis de Kalaâ de Béni Rached (Oranie), aux tons doux et variés, sont réputés pour leur beauté. Ceux du djebel Amour sont caractérisés par une certaine austérité qui ne manque pourtant pas d'originalité. Au sud de l'Atlas saharien, ce sont les tissages d'Oued Souf qui ressemblent quelquefois aux tapis des proches Nememcha et ceux du M'Zab (Béni-Isguen), à fond noir, qui plaisent. Enfin, plus au sud encore, les dokkali de Timimoun sont ornés de très anciens motifs d'origine zénète sur fond blanc cassé.
Vannerie. Art très ancien dont on a trouvé des traces en Mésopotamie et en Égypte, la vannerie est encore répandue en Algérie. De l'alfa des hauts plateaux, du raphia et du palmier noir on fait des nattes, des corbeilles, des paniers, des couffins, des plats et même des chaises. Une technique particulière du sud-est rend les articles en vannerie imperméables.
Verre. L'influence turque est perceptible dans le travail du verre. D'origine turque, arabe ou andalouse, le travail du verre se décline sous plusieurs formes, du verre soufflé (lampes, verres à thé, fioles à parfum ou bonbonnières) au verre martelé (fenêtres et vitraux).
Gastronomie
La pâtisserie est très prisée, surtout au cours du ramadan pendant lequel on ne trouve pratiquement que ça dans les échoppes, d'autant que chaque région, voire chaque ville, possède de délicieuses spécialités à base de semoule ou de farine où dominent le miel, la fleur d'oranger et les amandes, les dattes ou les cacahuètes.
Vin. Apportée vraisemblablement par les Phéniciens, la vigne a très tôt été cultivée en Algérie pour la table ou pour l'élaboration de vins, notamment par les Romains, mais c'est avec la colonisation française qui a introduit de nouveaux cépages provenant du sud de la France et d'Espagne et de nouvelles méthodes de vinification que la production a pu atteindre la qualité qu'on lui reconnaît encore aujourd'hui. Après l'indépendance, la culture a continué mais la consommation, jusque-là limitée aux Européens, et une politique de reconversion, qui voulait limiter le vignoble aux coteaux et aux montagnes pour favoriser une production de qualité, ont entraîné l'arrachage de milliers d'hectares de vigne, principalement dans la Mitidja. Depuis quelques années, c'est la production de vins issus de la culture biologique qui promet de nouveaux débouchés.