Reprise économique
L'économie algérienne a longtemps été dominée par l'agriculture, jusqu'à la découverte de pétrole dans le Sahara en 1956. Le pays a pu alors compter sur d'importants revenus grâce à l'or noir, lui assurant une belle prospérité. L'Algérie est ainsi devenue au début des années 1970 le pays le plus développé de l'Afrique, mais elle a par la suite connu des périodes de crises importantes.
Aujourd'hui, l'économie de l'Algérie est toujours basée en majeure partie sur le secteur de l'énergie. Alors qu'elle traversait une période difficile depuis la seconde moitié des années 2010, renforcée par la crise du COVID-19, l'activité économique du pays a repris dès 2021 jusqu'à connaître une belle augmentation ces dernières années due en partie à la guerre russo-ukrainienne. Pour limiter leur dépendance à la Russie, les pays d'Europe se sont en effet tournés vers de nouveaux producteurs de gaz, parmi lesquels l'Algérie, qui est devenue l'un de leurs premiers fournisseurs. Pour faire face à la demande, le pays a dû augmenter sa production de gaz, atteignant un pic historique en 2023. En 2022, c'est le premier exportateur africain de gaz naturel et le 7e mondial. C'est aussi le 16e producteur de pétrole et le 10e producteur de gaz naturel au monde.
Grâce à l'envolée des prix de l'énergie, l'Algérie a vu la valeur de ses exportations tripler entre 2020 et 2022. Ainsi, l'économie algérienne a enregistré une croissance de plus de 4 % en 2023 et est devenue la troisième économie africaine devant le Nigeria. Ses perspectives pour 2024 restaient favorables et sa croissance devrait se maintenir à 4 %. Elle pourrait bientôt supplanter l'Égypte et s'imposer comme la deuxième puissance économique du continent africain dans les années à venir.
Défis économiques
Malgré ces signaux positifs, l'Algérie fait face à de grands défis : la diversification et la décarbonation de son économie. Pour réduire sa dépendance envers les énergies fossiles, stabiliser son économie, corrélée aux prix du pétrole, et favoriser le développement durable de son secteur énergétique, l'Algérie commence à envisager de nouvelles alternatives, et notamment l'investissement dans les énergies solaire et éolienne. Le gouvernement s'est donné pour objectif de produire 15 000 MW d'énergie solaire photovoltaïque d'ici 2035 à travers 40 wilayas. Pour y parvenir, le projet « Solar 1000 MW » prévoit la construction de cinq centrales photovoltaïques. À terme, l'objectif est de préserver les ressources et de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Il est également question de mettre en place une filière de production d'hydrogène vert et un programme d'énergie éolienne avec l'assistance technique de la Banque mondiale.
La place du tourisme
Contrairement au Maroc et à la Tunisie qui ont fait de leur tourisme une véritable industrie, l'Algérie indépendante n'a jamais véritablement développé le secteur. Dans les années 1980, l'Algérie, consciente de son potentiel, s'est dotée d'hôtels de qualité notamment sur la côte et dans le sud du pays et a encouragé le développement des services pour l'accueil de touristes étrangers. L'élan a été freiné par la gestion socialiste, le rejet des valeurs occidentales, l'importance du marché des hydrocarbures et le besoin de trouver sa propre voie économique, puis plus tard par l'insécurité générée par la menace islamiste. Depuis le début des années 2000, l'espoir de voir revenir les touristes renaît. Si on n'ose pas totalement y croire, les hôtels sont pourtant rafraîchis, les établissements étatiques, pendant longtemps délaissés, sont en cours de rénovation, des hôtels privés de qualité ouvrent de plus en plus à Alger mais aussi dans les principales grandes villes.
Le gouvernement algérien multiplie les efforts pour relancer ce secteur et rattraper ses voisins du Maghreb. Au total, ce sont 14 millions de touristes qui se sont rendus au Maroc en 2023, contre à peine 3,3 millions en Algérie.
Depuis octobre 2022, le Sud algérien est de nouveau ouvert aux touristes étrangers, après 14 ans de fermeture. Le gouvernement a aussi annoncé 800 projets d'investissement touristique en cours de réalisation dans le pays en 2024 pour renforcer les capacités d'accueil. Un tout nouveau terminal ultradesign à l'aéroport d'Alger a vu le jour en 2019 et un parc hôtelier étatique (groupe HTT) a été remarquablement bien rénové ces dernières années.
Depuis janvier 2023, un nouveau type de visa a été mis en place. Le visa à l'arrivée doit permettre de faciliter les démarches pour visiter le pays, notamment le Sud algérien, et illustre l'ambition des autorités algériennes qui tablent sur 10 millions de touristes d'ici à 2030.
Ces efforts visant à revitaliser le tourisme en Algérie commencent à porter leurs fruits : 800 000 touristes se seraient déjà rendus dans le pays pendant le premier trimestre de l'année 2024, entraînant une progression d'arrivées touristiques de 17 % par rapport au premier trimestre de l'année 2019 d'après l'Organisation mondiale du Tourisme (OMT). C'est la troisième plus importante progression touristique en Afrique, derrière la Tanzanie (+ 53 %) et le Maroc (+ 32 %).
Vers une agriculture intensive
Alors que l'Algérie est dépendante des importations agricoles, particulièrement en ce qui concerne les céréales et la poudre de lait, le pays développe des projets pour tenter d'atteindre l'autosuffisance alimentaire et diversifier son économie. Ainsi, de grandes exploitations agricoles sont en cours d'aménagement dans le Sahara. Dans la région d'El Oued, plusieurs milliers d'hectares de terres sont cultivées et le territoire est devenu en quelques années un grand pôle agricole.
Un projet de méga-ferme signé avec le groupe laitier qatari Baladna en 2024 devrait voir le jour en plein désert, dans la région de l'Adrar. De la taille de la Martinique, cette exploitation gigantesque abritera quelque 270 000 vaches laitières qui produiront 1,7 milliard de litres de lait afin de faire du lait en poudre. L'objectif est de réduire les importations de ce produit, qui avait connu des tensions d'approvisionnement en 2022.
Jeunesse et chômage
Enfin, dans un pays où plus de deux tiers des Algériens ont moins de 30 ans, la jeunesse est un réel enjeu. Si une petite frange de la jeunesse algérienne vit très aisément, accède aux grandes écoles et à des postes de cadres supérieurs, 29 % des 16-24 ans étaient touchés par le chômage en 2019. Alors que 40 % des diplômés de l'université sont chômeurs, le manque de perspectives, la précarité et l'instabilité du marché de l'emploi poussent de nombreux jeunes à gagner l'Europe.
Depuis février 2022, le président Abdelmadjid Tebboune a mis en place une allocation chômage pour les jeunes âgés de 19 à 40 ans. D'un montant initial de 13 000 dinars mensuels, elle a été augmentée en janvier 2023 à 15 000 dinars et inclut aussi le droit à la sécurité sociale. Plus de deux millions de jeunes chômeurs algériens en bénéficient mais des efforts restent à faire pour leur assurer un avenir plus serein.