3 millions d’années avant J.-C. à 7 500 avant J.-C.
Préhistoire
L'Algérie abrite l'un des premiers berceaux de l'humanité. Le site d'Aïn Boucherit a révélé en 2018 les outils en pierre taillée les plus anciens d'Algérie, datés de 1,9 à 2,4 millions d'années.
Les plus anciens fossiles humains d'Afrique du Nord connus à ce jour ont été découverts sur le site de Tighennif, un ancien lac préhistorique situé près de Mascara. Ces ossements ont conduit à la définition de l'Atlanthrope (homme de l'Atlas), chasseur-cueilleur disparu vers 250 000 avant J.-C.
XIIe siècle avant J.-C.
Antiquité - Les comptoirs phéniciens
Vers le XIIe siècle avant J.-C., les Phéniciens veulent étendre leur réseau commercial. Ils fondent Carthage (de Qart Hadast, « ville nouvelle ») en 814, puis s'installent sur la côte nord-africaine en établissant une série de comptoirs, en particulier en Algérie : Hippone, Skikda, Collo, Jijel, Bejaïa, Alger, Tipaza, Cherchell… Ceux-ci jouent un rôle crucial pour le commerce en Méditerranée mais aussi dans l'évolution des populations et la diffusion de la culture carthaginoise.
IVe siècle avant J.-C.
L'émergence de la Numidie
Les peuples berbères sont à l'origine de sociétés organisées et structurées bien avant l'arrivée des Phéniciens. Dès le Ve siècle avant J.-C., des aguellids (rois) prennent le pouvoir pour diriger les grandes confédérations. Parmi les peuples berbères, les Numides sont à l'origine d'une organisation quasi étatique. Deux dynasties émergent au IIIe siècle avant J.-C. : les Massæsyles et les Massyles.
IIIe et IIe siècles avant J.-C.
La domination romaine
Au IIIe siècle avant J.-C., les Romains cherchent à prendre le contrôle de la Méditerranée en s'implantant sur les côtes d'Afrique du Nord. Ils se heurtent aux Phéniciens : après une centaine d'années de tension et trois guerres puniques qui s'achèvent en 146 av. J.-C. avec la chute de Carthage, ils créent la première province d'Afrique.
En 105 avant J.-C., la Numidie unifiée sous les règnes de Massinissa puis de Jugurtha est de nouveau partagée : sa partie occidentale passe sous domination maurétanienne et sa partie orientale est laissée sous le contrôle de Rome, devenant la province d'Africa Nova.
Les provinces d'Afrique sont unifiées en 27 avant J.-C. sous le nom d'Afrique proconsulaire. Les premiers empereurs romains cherchent à en contrôler le territoire grâce à une vaste politique d'urbanisation. L'agriculture est développée, assurant à Rome le quasi-monopole des ressources de blé et d'huile à la fin du IIe siècle. La colonisation de la province s'accompagne néanmoins de révoltes dont les plus importantes fleurissent au Ier siècle ap. J.-C.
313 à 647
Les invasions vandales, byzantines et arabes
En 313, l'empereur Constantin instaure la religion catholique dans l'Empire romain, mais un schisme entre les chrétiens d'Afrique romaine entraîne une période de trouble fragilisant la région.
Après la mise à sac de Rome par les Wisigoths en 410, suivent les Vandales menés par Genséric qui foncent vers l'Afrique du Nord via l'Espagne. Ils prennent Hippone (Annaba) en 430 et en font leur première capitale. En 439, ils envahissent l'Afrique proconsulaire et prennent Carthage. Les Vandales restent près d'un siècle, jusqu'à ce que les Byzantins, menés par Bélisaire, chef des armées de l'empereur d'Orient Justinien Ier, s'emparent de l'Afrique du Nord en 533. Les nouveaux occupants se heurtent à la même résistance berbère que leurs prédécesseurs. Affaiblis, ils ne pourront empêcher ni les nouvelles invasions arabes débutées en 647 ni l'avènement de l'Islam.
647 à 705
L'islamisation de l'Algérie
Après la mort à Médine du Prophète Mahomet, en 632, Abou Bakr, le premier calife orthodoxe, puis son successeur Omar, organisent l'expansion de l'islam. Ils conquièrent une partie du Moyen-Orient puis s'attaquent à l'Empire byzantin, qui domine alors la Méditerranée. Othman remporte des victoires sur les Byzantins et se laisse persuader de rester cantonné à l'est du Maghreb en 642. En 650, la dynastie des Omeyyades, établie à Damas, relance la conquête de la région. Après de longues années de conflit, la Kahina, reine berbère, est vaincue en 701. Moussa Ibn Noçaïr, nommé premier gouverneur de l'Ifriqiya, poursuit la politique d'islamisation.
750 à 972
Le royaume rostémide
Le royaume rostémide, du nom de son fondateur, Abderrahmane Ben Rostem, s'épanouit à partir de 750 au centre du Maghreb, avant d'être envahi par les Berbères Kutama, qui prennent la capitale Tahert en 909 et fondent le califat fatimide.
En 972, après avoir vaincu la résistance des Omeyyades d'Espagne, les Fatimides règnent sur l'Afrique du Nord pendant trois siècles depuis Le Caire. La civilisation musulmane atteint alors son apogée, et les Berbères sont définitivement convertis même s'il subsiste encore des îlots de christianisme.
Du XIe au XVIe siècle
Les dynasties berbères
Du XIe au XIIIe siècle, les dynasties berbères se succèdent : les Sanhadjas, constituées des Zirides et des Hammadides, puis les Almoravides et les Almohades. Entre le XIIIe et le XVIe siècle, le Maghreb est contrôlé par trois entités politiques aux territoires fluctuants : les Hafsides à l'est, les Zianides au centre et les Mérinides à l'ouest. La région connaît alors une certaine prospérité économique et culturelle, renforcée par l'arrivée des Morisques, les musulmans espagnols, et des juifs, chassés d'Espagne après 1492.
XVIe siècle
L'occupation espagnole
À la fin du XVe siècle, les Espagnols, qui ont réussi à bouter hors de leur territoire les musulmans, les poursuivent jusqu'en Afrique. Ils débutent la conquête des ports algériens et prennent Mers El-Kebir en 1505, Oran en 1509 puis Bejaïa en 1510, à la faveur de la désorganisation des forces musulmanes. Les États berbères sont en crise et fragmentés en féodalités rivales ; ce contexte est favorable à l'offensive ibérique.
Plusieurs villes côtières sont prises par les Espagnols, quand d'autres doivent payer un lourd tribut. Alger passe un compromis et livre les îlots qui lui font face, où est construite une forteresse appelée le Peñon.
1516 à 1521
La fondation de la Régence d'Alger
Alger n'a pas les ressources pour affronter l'armée espagnole, et les habitants font appel aux frères Barberousse, des corsaires qui écument la Méditerranée au secours des communautés musulmanes. En 1514, ces derniers débarquent à Jijel, d'où ils luttent contre les Espagnols chrétiens. Après la prise d'Alger en 1516, Aroudj Barberousse est proclamé sultan d'Alger et fait de la ville la capitale de son État. Il conquiert tout l'arrière-pays et l'Ouest algérien avant d'être défait par les Espagnols en 1518. Son frère Kheireddine Barberousse lui succède. En 1519, il propose au sultan ottoman Sélim Ier de rattacher l'Algérie à l'Empire ottoman, dont les forces sont les seules qui peuvent contrer l'invasion espagnole et lui permettre de conserver ses territoires autour d'Alger. Le sultan Soliman, fils de Sélim Ier, finit par accepter l'adhésion volontaire de l'Algérie à son empire en 1521. La régence est considérée alors comme un « État d'Empire », et Kheireddine Barberousse est nommé beylerbey, soit émir.
1521 à 1830
Dans l'Empire ottoman
Au sein de l'Empire ottoman, l'État d'Alger est placé sous l'obédience du sultan mais garde une certaine indépendance. Le pouvoir est assumé d'abord par des beylerbey jusqu'en 1587, puis par des pachas, des aghas et des deys.
Forte de sa relative autonomie, la Régence d'Alger s'enrichit et gagne en puissance. Alger devient un grand port de guerre et mène avec succès des expéditions sur la côte européenne. Elle obtient rapidement la réputation de ville imprenable, notamment après l'expédition conduite par Charles Quint en 1541 qui tourne au désastre devant les portes de la ville et assure à l'Empire ottoman le contrôle de la Méditerranée face à l'Empire espagnol.
Après être sortie victorieuse de nombreux conflits entre le XVIe et le XVIIIe siècle, la Régence d'Alger entre en déclin au début du XIXe siècle : les guerres napoléoniennes entravent le commerce et ce sont dorénavant les puissances étrangères – les flottes britannique et française – qui dominent la Méditerranée. En parallèle, elle doit faire face à des soulèvements de certaines populations qui veulent mettre fin à la Régence.
1830 à 1834
La conquête de l'Algérie par les Français
Suite à un incident diplomatique survenu entre un consul français et Hussein Dey, le dey d'Alger, le roi de France Charles X monte une expédition en 1827 et met en place le blocus d'Alger, qui durera 3 ans. En juin 1830, les troupes françaises débarquent à Alger, sans intention officielle de colonisation. L'armée avance rapidement et, le 5 juillet 1830, après les batailles de Staouéli, Chrafa et El-Biar, le dey capitule.
Le 26 juillet, alors que se déroulent à Paris les Trois Glorieuses qui mettent fin au règne de Charles X, Bône (Annaba) et Bougie (Bejaïa) se soumettent. Le gouvernement français, peu décidé à conquérir l'Algérie, recommande juste de liquider l'autorité turque qui règne sur les 3 millions d'habitants du pays. Paris hésitant toujours, les effectifs militaires sont réduits, les généraux se succèdent et la situation devient confuse. Elle le reste jusqu'en 1833, le statut de l'Algérie n'étant pas clair et discuté par les Chambres au cours de discussions où s'opposent des « anticolonistes » et des « colonistes ».
Le 22 juillet 1834, une ordonnance royale nomme Drouet d'Erlon premier gouverneur général des « possessions françaises dans le nord de l'Afrique », chargé d'organiser l'occupation de la seule bande côtière en entretenant les meilleures relations possibles avec les chefs de l'intérieur. Le terme Algérie n'apparaît dans les textes officiels qu'en 1838.
1834 à 1848
La résistance d'Abdelkader
En novembre 1832, Abdelkader ibn Muhieddine (1808-1883), issu d'une famille de l'aristocratie religieuse soufie, est élu émir des tribus de l'Ouest. Après un an de raids punitifs contre les Français, son territoire couvre toute la province d'Oran. Deux traités de paix sont signés avec les Français en 1834 puis en 1837. Son État théocratique a pour capitale Tagdemt et s'étend au sud jusqu'à Biskra et à l'est jusqu'à la Kabylie. Le traité de la Tafna est rompu en 1839 et les combats reprennent. Abdelkader est acculé en 1847 par le maréchal Bugeaud, gouverneur de l'Algérie française chargé de conquérir totalement le territoire, et se rend le 23 décembre.
1848 à 1857
La conquête de la Kabylie
Après la conquête de l'ex-Régence d'Alger et la reddition d'Abdelkader, le territoire de l'Algérie est déclaré territoire français par la Constitution française de 1848. L'Algérie est divisée en trois départements : ceux d'Alger, d'Oran et de Constantine. Cependant, la région de la Kabylie ne reconnaît pas l'autorité française et résiste encore. Entre 1849 et 1852, les Français prennent la Petite Kabylie. La Grande Kabylie se soumet en 1857, marquant la fin de la résistance algérienne.
1860 à 1870
La colonisation française - sous Napoléon III
Le 17 septembre 1860, Napoléon III débarque en Algérie. Il a de grands projets pour le pays : il souhaite fonder un « royaume arabe » qui serait placé sous la protection de la France. La venue de l'empereur est l'occasion de plans de développement de l'Algérie ; de grands projets d'urbanisme en font l'une des premières villes « modernes ».
La politique de Napoléon III est globalement favorable aux indigènes, même si elle est freinée par la résistance des locaux et les parlementaires colonistes. À partir de 1865, l'empereur confère aux Algériens des droits civils et politiques, qu'ils soient musulmans ou juifs. Les Juifs d'Algérie peuvent obtenir leur naturalisation française s'ils en font la demande, tandis que les musulmans doivent renoncer notamment à la polygamie et au divorce pour accéder à la naturalisation française (seulement 371 y consentiront entre 1865 et 1875). Napoléon III limite également la colonisation à la bande côtière. Son rêve de grand protectorat arabe prend fin avec son empire en 1870.
1870 à 1914
La colonisation française - la Troisième République
La Troisième République mène une politique d'assimilation, à rebours de ce dont rêvait Napoléon III. Les communautés française et musulmane vivent côte à côte mais ne se mélangent pas.
La dernière grande révolte a lieu en 1871 en Algérie : 150 000 Kabyles se soulèvent, mais l'insurrection est sévèrement réprimée. Au début du XXe siècle, le Grand Sud est en voie de « pacification ». L'Afrique du Nord est bientôt totalement sous domination française.
1914 à 1945
Les deux guerres mondiales
Les Algériens participent à toutes les grandes batailles de l'armée française pendant la Grande Guerre. Au total, 249 000 habitants des trois départements français d'Algérie sont mobilisés par la France, incluant 73 000 colons et 176 000 indigènes.
L'entre-deux-guerres voit naître différents mouvements indépendantistes : en 1926, Ahmed Messali Hadj crée l'Étoile nord-africaine, qui deviendra le Mouvement national algérien (MNA) en 1954, et le Parti communiste algérien (PCA) est fondé en 1936.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'armée française recrute de nouveau des habitants de l'Algérie pour combattre les Allemands : 123 000 musulmans et 93 000 colons européens.
Le 8 novembre 1942 a lieu l'Opération Torch, le débarquement des Alliés en Afrique du Nord. Alger est prise par la Résistance, et notamment des Juifs d'Algérie.
En février 1943, Ferhat Abbas et quelques autres élus publient le Manifeste du peuple algérien qui demande une Constitution où « l'égalité absolue entre hommes quelle que soit la race ou la religion sera proclamée ». En juin de la même année, le gouverneur général approuve le projet de participation des représentants musulmans au gouvernement algérien, dans un premier temps, et la création d'un État algérien dès la fin du conflit, mais ce n'est qu'une façon de calmer les esprits.
8 mai 1945
Le massacre du 8 mai 1945
Profitant d'un défilé organisé dans le département de Constantine pour fêter la fin de la guerre, les partis nationalistes algériens portent leurs revendications. À Sétif, un jeune est abattu par un policier lors d'une manifestation, provoquant des émeutes et des actions meurtrières, notamment en Petite Kabylie, à Guelma et Kherrata, avant l'intervention de l'armée.
Environ 200 Européens sont tués par les insurgés. Quant au nombre de victimes indigènes, il est toujours sujet à débat : les estimations des historiens vont de 5 000 à 30 000 morts. La répression française a été massive et violente. Le 27 février 2005, la France, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Alger, a évoqué pour la première fois sa responsabilité dans ce drame.
1945 à 1954
Le temps des revendications
En 1946 naît l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas prônant l'indépendance de l'Algérie.
Une loi du 20 septembre 1947 donne la nationalité française à tous les Algériens autochtones. Ils sont désormais dotés des mêmes droits que les citoyens français.
Le 5 janvier 1948, le PPA-MTLD, associé au Néo-Destour tunisien et à l'Istiqlal marocain, fonde au Caire le Comité de libération du Maghreb arabe. En avril, les élections de l'Assemblée algérienne aboutissent à la victoire de l'administration française, comme aux élections suivantes de 1951 et de 1954.
1954 à 1962
La guerre d'Algérie
Le 1er novembre 1954 à minuit, le Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action (CRUA), le « groupe des six », passe à l'action en organisant simultanément une cinquantaine d'attentats dans les Aurès et en Grande Kabylie. C'est le début des « événements ». La guérilla urbaine et rurale menée par le tout nouveau Front de libération nationale (FLN) amène le Parlement français à voter l'état d'urgence le 31 mars 1955.
En mai, des réservistes rappelés partent pour l'Algérie, bientôt rejoints par 500 000 appelés, alors que Pierre Mendès France, le président du Conseil, négocie la paix avec la Tunisie et le Maroc qui seront indépendants en 1956. Le discours général de la France restant vague et peu décidé, les tendances se radicalisent en Algérie.
Dès septembre 1956, une vague d'attentats vise les quartiers européens d'Alger et inaugure la « bataille d'Alger » qui durera un an.
En terre algérienne, arrestations et exécutions se multiplient. En février 1958, l'armée française bombarde un village tunisien, le pays servant d'arrière-base à l'Armée de Libération nationale (ALN). La destruction d'une école et la mort de ses écoliers indignent l'opinion internationale qui découvre également l'usage de la torture et de la guillotine dénoncé par des intellectuels français. La guerre ne cesse de se durcir des deux côtés.
Le référendum du 28 septembre approuve la Constitution de la Ve République dont de Gaulle est le premier président. Il finit par reconnaître le droit des Algériens à l'autodétermination le 18 septembre 1959.
Le 8 janvier 1961, le référendum organisé en France et en Algérie approuve le principe d'autodétermination de l'Algérie. Les Européens d'Algérie, les pieds-noirs, se sentent trahis et, pour certains, se tournent vers la rébellion et soutiennent la toute nouvelle Organisation de l'armée secrète (OAS) créée en février. Manifestations, contre-manifestations et règlements de compte entre factions rivales de tous les bords viennent alourdir le climat social et politique, très proche de la guerre civile.
Malgré les consignes de l'OAS, les pieds-noirs commencent à quitter en masse une terre où beaucoup vivent depuis toujours et souvent depuis plusieurs générations. Près d'un million d'entre eux quitteront le pays dans les mois suivants, dans des conditions très difficiles.
Au référendum organisé en Algérie le 1er juillet 1962, 99,7 % des votants se prononcent pour l'indépendance qui est proclamée le 3 juillet. Deux jours plus tard, c'est l'anniversaire du débarquement des premières troupes françaises près d'Alger en 1830. La date est retenue pour la célébration de la fête nationale algérienne. Dès le 4 juillet, des Européens et des harkis (Algériens engagés comme supplétifs dans l'armée française), abandonnés par l'armée et les autorités françaises, sont enlevés et massacrés.
1962 à 1966
L'indépendance
En septembre 1962, Ferhat Abbas est nommé président (du gouvernement provisoire) d'un pays ravagé, où peu sont formés à la gestion et où les règlements de compte continuent à être la règle ; Ahmed Ben Bella est chargé de former le premier gouvernement algérien, dont la politique sera d'inspiration socialiste. L'arabe devient la langue nationale, mais pas encore officielle, et l'Algérie adhère à l'ONU. Le FLN devient le parti unique d'un pays désigné comme république arabe – alors que les Berbères représentent près de la moitié de la population –, islamique et socialiste.
En 1963, Ben Bella est nommé secrétaire général du bureau politique du FLN dont la direction est collective. Les premières mesures adoptées, sans grand succès, concernent la centralisation, la nationalisation et la réforme agraire. Un référendum accorde au nouveau président de larges pouvoirs mais il est déposé en 1965 au profit du colonel Houari Boumédiène soutenu par l'armée qui supplante bientôt le FLN. Le nouveau président forme un Conseil de la révolution composé de 26 membres qu'il place à la tête de l'État et lance le pays dans une vaste campagne d'industrialisation en oubliant l'agriculture malgré quelques réformes agraires. L'Algérie dépend bientôt de l'importation de produits alimentaires qu'elle ne produit plus.
1980
Le Printemps berbère
Alors que l'arabe succède au français comme langue officielle, c'est en 1980 que la population berbérophone, qui représente un quart à un tiers de la population globale, revendique la reconnaissance de l'identité et de la langue berbères. De nombreuses manifestations en Kabylie et à Alger éclatent à partir de mars 1980 afin de réclamer l'officialisation de la langue amazighe. Cet ensemble de manifestations, qu'on appelle le « Printemps berbère », remet sérieusement en cause la politique d'arabisation. Cependant, ce n'est qu'en 2001 que le tamazight deviendra une langue officielle en Algérie.
1992 à 2002
La décennie noire
En 1989, une nouvelle constitution est promulguée, reconnaissant la démocratie et le multipartisme suite aux émeutes d'octobre 1988, violemment réprimées.
En janvier 1992 débute la guerre civile opposant le gouvernement algérien et son armée à plusieurs groupes islamistes, dont le Groupe Islamique Armé (GIA) et le Mouvement Islamique Armé (MIA). Le gouvernement a en effet interrompu des élections législatives après un premier tour laissant entrevoir la victoire du Front Islamique du Salut (FIS) prônant l'instauration d'un État islamique. Commence une série d'attentats meurtriers visant l'armée et la police, puis les civils. L'état d'urgence est proclamé.
En 1994, des pourparlers entre le gouvernement et le FIS échouent. La même année, le GIA déclare la guerre au FIS tandis que le MIA rejoint celui-ci sous le nom d'Armée islamique du salut (AIS).
Pendant l'été 1995, une série d'attentats à Paris est revendiquée par le GIA. Les années 1997 et 1998 marquent l'apogée des massacres entre l'armée et les groupes islamistes, et notamment des massacres de villages entiers perpétrés par le GIA.
Début 1999, le général Liamine Zeroual annonce des élections présidentielles anticipées. Un calme relatif revient dans le pays suite à une loi amnistiant la plupart des combattants. La guerre civile s'achève par la reddition de l'AIS et le déclin du GIA. En dix ans, on compte près de 200 000 morts et disparus, 30 000 soldats tués, un million de personnes déplacées et 20 milliards de dollars de dégâts matériels.
2001
Le Printemps noir
Alors que la situation semble relativement apaisée, la Kabylie s'embrase : les émeutes se multiplient, contestant l'interdiction de la culture berbère, et sont sévèrement réprimées. C'est ce qu'on appellera plus tard le « Printemps noir », en référence au Printemps berbère de 1980.
1999 à 2019
Le régime de Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika, ancien ministre des Affaires étrangères de Boumédiène, est élu président le 15 avril 1999 après la défection des autres candidats qui protestent contre la fraude. Le 8 avril 2004, il est réélu pour un second mandat. Malgré 192 recours déposés par l'opposition, les observateurs internationaux déclarent que ces élections se sont déroulées à peu près démocratiquement. Investissements étrangers, amnisties, constitution d'une nouvelle classe moyenne, réformes, etc., le pays semble sortir du chaos. Mais l'Algérie a pris d'énormes retards dans ses réformes vitales (banque, école, hôpital, services publics…) et les chantiers sans cesse repoussés sont titanesques.
Le spectre du terrorisme, qu'on croyait éloigné, revient le 11 avril 2007. C'est la première fois que des kamikazes agissent dans le pays. L'été 2008 connaît une autre vague d'attentats, notamment dans l'est d'Alger.
En avril 2014, Bouteflika est réélu pour la 4e fois, malgré la maladie qui l'a affaibli.
2019 à 2021
En 2019, l'annonce de la candidature de Bouteflika à un 5e mandat présidentiel entraîne une mobilisation massive et pacifique de la population. Dès le 22 février, des milliers de personnes manifestent toutes les semaines dans les principales villes du pays. Face à la protestation populaire et sous la pression du chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, Bouteflika démissionne le 2 avril.
Le 12 décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune est élu président de la République algérienne.
2020 à 2024
L'Algérie aujourd'hui
Dès février 2020, la pandémie de Covid-19 se propage en Algérie. Le 1er mars, un foyer de contagion se forme dans la wilaya de Blida, puis la maladie s'étend rapidement à toutes les wilayas. Les chiffres officiels rapportent un total d'environ 196 000 cas et 5 269 décès en août 2021.
Pour endiguer la propagation, le gouvernement est amené à prendre une série de mesures sanitaires dès mars 2020, parmi lesquelles l'interdiction des rassemblements, la fermeture des écoles, universités et centres de formation, des mosquées et lieux de culte, la suspension des liaisons aériennes et maritimes et la fermeture des frontières terrestres du pays. Des confinements – partiels ou totaux – sont aussi mis en place localement de mars à mai. Un pass vaccinal est créé le 29 décembre 2021. Enfin, bon nombre d'événements sportifs, culturels et politiques sont reportés.
Initialement prévue en décembre 2024, la dernière élection présidentielle s'est tenue le 7 septembre de façon anticipée. Le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, a été réélu pour un second mandat avec plus de 84 % des voix.