-500 000 à -4500

Préhistoire et Antiquité

La vallée du Jourdain fait partie des plus anciens berceaux de la civilisation. Des archéologues ont retrouvé des silex et des outils attestant d’une présence humaine très ancienne. La région formait alors une vaste prairie. A partir de -9000, les populations se sédentarisent et développent l’agriculture. Le climat se réchauffe. Le site d’Ain Ghazal, à proximité d’Amman, accueille 3 000 personnes. Ses habitants développent la poterie, introduite par les Mésopotamiens. De superbes statues anthropomorphes vieilles de 10 000 ans sont aujourd'hui exposées au Jordan Museum.

-4500 à -1548

Les hommes exploitent la mine de cuivre de Feinan, dans la Réserve de Dana. La qualité des outils s’améliore et permet la culture du blé, de l’orge et de l’olive. Chèvres et moutons sont domestiqués et les habitants construisent des maisons de boue séchée couvertes de toits de roseau et de bois amalgamés à de la boue. Les Cananéens, une tribu venue de Galilée, étendent leur influence à la vallée du Jourdain, faisant naître des villages fortifiés. Les échanges commerciaux s’intensifient dans toute la région. Le sud du pays est peuplé par des nomades appelés Shasous. En -1548, la XVIIIe dynastie d’Egypte s’empare d’une partie de la Jordanie et fait rayonner sa supériorité militaire, culturelle et artistique.

-1200 à -582

L’influence égyptienne s’amenuise et trois petits royaumes sont créés : Ammon au nord-est, Moab au centre et Edom au sud. Les récits bibliques, bien que pas toujours confirmés par les recherches archéologiques, renseignent sur les grands acteurs de l’époque :  Moïse qui décède au mont Nebo ; Saül, le premier roi israélite, qui empêche l’invasion ammonite au pays de Galaad ; Nabuchodonosor, le roi babylonien, qui s’empare d’Ammon et de Moab.

331 av. J.-C. à 218 av. J.-C

Alexandre le Grand entreprend la conquête de l’Empire perse et fonde le plus vaste empire que le monde ait connu s’étendant de la Grèce à Kaboul, de l’Egypte à la Turquie. Il fonde les villes de Gadara (Umm-Qays) et Abila (Quwayliba). Lorsqu’il décède en 323 av. J.-C., son empire est partagé entre ses généraux. Ptolémée hérite des territoires englobant l’Egypte, la Palestine et la Jordanie et fonde la ville de Philadelphie, qui deviendra Amman. Séleucos fonde la dynastie des Séleucides à Babylone. Des guerres ne tardent pas à éclater et les Séleucides s’emparent de la partie orientale de la vallée du Jourdain. Ils rebaptisent Gadara en Antioche.

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102 av. J.-C. à 4 av. J.-C

Alexandre Jannée, roi de Judée, entreprend le siège de Gadara. Puis, il s’empare d’Amathonte, une place forte au sud de Pella. Théodore, le tyran de Philadelphie, massacre les troupes judéennes en retour. Alexandre Jannée se tourne alors vers le pays de Galaad et Moab. Au moment de sa mort, il possède tout le versant occidental de la montagne de Galaad qu’il convertit aux lois juives. Les Romains prennent la suite et le général Pompée s’empare de Gadara. Hérode apporte son soutien pour repousser les Parthes de la Syrie-Palestine. En retour, il devient roi de Jérusalem et reçoit en cadeau les villes de Gadara et Hippos. Celles-ci retombent dans la province de Syrie à sa mort en 4 av. J.-C. L’administration romaine a divisé la région en deux provinces : la Syrie, au nord de la rivière Yarmouk, et l’Arabie, qui englobe Gerasa (Jerash), Philadelphie et Pétra.

106 - 622

De l’avènement de l’islam à l’Empire ottoman

L’empereur romain Trajan unifie la région sous son drapeau en faisant tomber le royaume nabatéen qu’il intègre à la province d’Arabie. Empire romain, puis byzantin, reconstruisent les villes de la Décapole comprenant Garasa, Philadelphie, Abila, Gadara, Pella et Dion. Ils développent les voies de communication et le commerce prospère. L’arrivée de l’empereur Constantin en 324 amorce une christianisation intense de la région. Le pays se couvre d’églises et de sanctuaires.

622 - 750

En 622, le Prophète Mahomet quitte La Mecque pour Médine où il enseigne les bienfaits de la prière commune. L’avènement de l’islam progresse à vive allure et un premier conflit entre chrétiens et musulmans éclate dès 629 à Mauta. En 636, les Byzantins perdent la bataille de Yarmouk, puis Jérusalem. Le califat qui se met en place épouse les contours de la progression de la foi musulmane et des conquêtes arabes. La dynastie omeyyade règne sans partage sur un territoire qui s’étend du nord de l’Egypte jusqu’au Pakistan actuel. En Jordanie, les Omeyyades font édifier les « châteaux du désert » et le palais de la Citadelle à Amman. En 747, un puissant tremblement de terre sème le chaos, dont les Abbassides profitent pour s’emparer de l’empire.

750 - 1095

Les Abbassides sont à l’origine d’un rayonnement sans pareil des cultures arabe et persane. Les califes encouragent la diffusion de la littérature et des arts, de la philosophie, des mathématiques et de la médecine. Mais le territoire jordanien, aux marches du califat, est quelque peu délaissé par cet essor. Il est occupé aux IXe et Xe siècles par les Fatimides, une tribu chiite (fidèle à Ali, le gendre du Prophète) basée en Egypte. De leur côté, les Turcs empêchent le passage des pèlerins vers Jérusalem. En 1095, le pape Urbain II en appelle à une mobilisation de troupes lors du Concile de Clermont. Il promet l’indulgence plénière (le pardon de tous les péchés) à ceux qui iront planter la croix dans la Ville sainte.

1096 - 1115

Les nobles français entendent l’appel, lèvent des armées et prennent la direction de Constantinople. Le 15 juillet 1099, Godefroy de Bouillon fait tomber Jérusalem et massacre ses habitants. Les Croisés mettent en place un système féodal et s’emparent des haltes caravanières. Baudouin de Boulogne, devenu roi de Jérusalem, intensifie les campagnes au-delà de la Terre sainte. Il s’empare de la Transjordanie. Les châteaux de Kerak et de Shobak sont construits pour empêcher une reconquête arabe.

1116 - 1453

Le sultan syrien Nour ed-Din prône l’unification des musulmans. Il envoie son chef militaire Saladin en Egypte pour soutenir la dynastie fatimide. Auréolé de succès, Saladin abolit la dynastie chiite en 1171 et prend le titre de sultan, puis élargit son autorité à la mort de Nour ed-Din. Il entreprend alors de chasser les Croisés et reprend Jérusalem, Kerak et une grande partie de la Syrie. Une certaine stabilité règne sur la région pendant 3 siècles, ce qui permet à de nouveaux villages de voir le jour en Jordanie.

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1453 - 1908

Les Ottomans s’emparent de Constantinople, marquant la chute de l’Empire byzantin. En 1517, ils prennent l’Anatolie orientale, la Syrie, la Palestine et le nord de l’Egypte. A la fin du XVIe siècle, leur empire comprend la Turquie, le sud-est de l’Europe, une large bande côtière qui s’étire de l’Egypte à l’Algérie, le Proche-Orient et une bande côtière des deux côtés de la mer Rouge. L’empire se préoccupe peu du sort de la Transjordanie et tout juste lui accorde-t-elle un semblant de développement avec la construction d’une ligne de chemin de fer reliant Damas à Médine en 1908.

1914 - 1918

La Grande révolte arabe et la naissance de la Jordanie

Alors que la guerre est sur le point d’éclater en Europe, la Turquie ottomane se range du côté de l’Allemagne. En 1915, les troupes de Djemal Pacha se rapprochent du canal de Suez. Les Britanniques prennent conscience de l’importance du contrôle de la région. Ils s’appuient sur un fort sentiment nationaliste arabe pour provoquer un soulèvement par l’intermédiaire de Thomas Lawrence, le célèbre Lawrence d’Arabie. Avec le soutien du chérif de La Mecque Fayçal Ibn Hussein, les Britanniques s’engagent dans une bataille contre l’Empire ottoman. Ils obtiennent le contrôle du canal de Suez, puis d’Aqaba et enfin de la Syrie en 1918. Fayçal Ibn Hussein fonde un gouvernement indépendant à Damas.

1918 - 1946

Le traité de Sykes-Picot signé en 1916 par le Royaume-Uni et la France, dans le dos des Arabes, régit les zones d’influence entre les deux pays. La Syrie et le Liban reviennent à la France, tandis que les Britanniques récupèrent la Palestine, la Jordanie et la Cisjordanie. Afin d’apaiser le ressentiment arabe, les Britanniques laissent l’Irak à Fayçal Ibn Hussein et acceptent de faire de son frère Abdallah l’émir de Transjordanie. Mais le pays demeure sous la protection britannique. En 1923, Abdallah installe sa capitale à Amman, tandis que deux ans plus tard, son frère Ali lui apporte les districts de Maan et d’Aqaba. En 1928, la Transjordanie se dote d’une Constitution et d’un Parlement. Le protectorat britannique prend fin le 22 mars 1946. Le 25 mai, Abdallah prend la tête du Royaume hachémite de Jordanie.

1946 - 1948

La guerre israélo-arabe

Nombre de rescapés de la Shoah rejoignent la Palestine, en vue de la création de l’Etat d’Israël. Les tensions avec les Arabes de Palestine ne font que croître. L’ONU propose de diviser la Palestine en deux Etats distincts et de faire de Jérusalem une zone sous mandat international. Mais la proposition est rejetée. Des actions terroristes à l’encontre de civils palestiniens sont entreprises par des groupuscules juifs et inversement. Même si les Britanniques redoutent une guerre civile, ils quittent la région, laissant les deux parties face-à-face.

1948 - 1950

David Ben Gourion proclame la naissance de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948. L’Etat est immédiatement reconnu par les Etats-Unis, désireux de se trouver un allié au Proche-Orient, et par les Russes. S’enclenche une coalition entre 5 pays arabes : Jordanie, Syrie, Egypte, Liban et Irak. Les pays envoient des troupes mal préparées dans le nouvel Etat constitué d’Israël en y intégrant les forces palestiniennes sur place. Les Arabes se heurtent à une armée israélienne mieux équipée et plus nombreuse en hommes. La Légion arabe réussit néanmoins à s’emparer de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie. Alors que le conflit s’enlise aux portes de Jérusalem, l’ONU obtient un cessez-le-feu. La Jordanie signe un traité de paix avec Israël le 3 avril 1949. La signature des accords de paix conduit 800 000 Juifs à s’installer en Israël, tandis que 700 000 Palestiniens fuient leur maison et leurs terres. Le roi Abdallah mène une politique d’assimilation active de ces réfugiés, leur accordant systématiquement la nationalité jordanienne.

24 avril 1950 - 11 août 1952

Le roi Abdallah annexe officiellement la Cisjordanie le 24 avril 1950. Mais cette annexion provoque un profond mécontentement de la part des nationalistes palestiniens. Le roi est assassiné le 20 juillet 1951 à Jérusalem. Son fils aîné Talal lui succède, pour un an seulement. Souffrant de désordres mentaux, il abdique en faveur de son fils Hussein, âgé de seulement 17 ans, le 11 août 1952.

1952 - 1967

Le règne du roi Hussein

Le nouveau roi de Jordanie fait preuve d’une grande habileté politique malgré son jeune âge. Il se rapproche des Etats-Unis, tout en ménageant ses relations avec les pays arabes voisins. En 1967, Nasser obtient le départ de l’ONU dans les zones du Sinaï et de Gaza. Il masse ses troupes dans le secteur et signe parallèlement un accord de défense mutuelle avec le roi Hussein. Craignant une invasion, Israël prend les devants et anéantit l’aviation égyptienne stationnée au sol le 5 juin 1967. C’est la guerre des Six Jours. Israël inflige une lourde défaite à l’Egypte et à la Jordanie et récupère au passage le Sinaï, Gaza, le Golan et la Cisjordanie. La Jordanie perd 10 000 hommes, un territoire prospère et voit affluer 300 000 nouveaux réfugiés palestiniens.

1968 - 1971

Le sentiment nationaliste palestinien se renforce. L’OLP prend ses bases en Jordanie et rapidement, des membres de l’OLP en armes se promènent dans les rues de villes jordaniennes, provoquant des heurts avec les militaires. Yasser Arafat appelle au renversement de la monarchie hachémite et en juin 1970, le roi Hussein est victime d’une tentative d’assassinat. En septembre, 3 avions de ligne sont détournés par l’OLP vers Zarqa. Le 16 septembre, Hussein intime à ses armées de déloger les terroristes des camps de réfugiés palestiniens. L’opération fera des milliers de victimes civiles et l’épisode est connu sous le nom de « Septembre noir ». En soutien aux Palestiniens de Jordanie, la Syrie envoie des chars à la frontière. Hussein demande de l’aide aux Américains, mais ce sont les Israéliens qui opéreront des raids aériens avortant la menace syrienne. Yasser Arafat trouve refuge au Liban.

1973 - 1978

La guerre de Kippour éclate entre une coalition égypto-syrienne et Israël en octobre 1973. La Jordanie opte pour une position de neutralité et devient un interlocuteur privilégié des Occidentaux dans la région. Hussein signe à contrecœur l’accord de Rabat en 1974 qui reconnaît l’OLP comme « seul et légitime représentant du peuple palestinien », abandonnant par là même ses prétentions sur la Cisjordanie. En 1978, un traité de paix entre l’Égypte et Israël est signé à Washington, mais que la Jordanie rejette.

1980 - 1991

Durant le conflit qui oppose l’Irak et l’Iran, la Jordanie prend le parti de l’Irak au nom de la solidarité arabe. Lorsque Saddam Hussein envahit le Koweït en 1990, la Jordanie se range à nouveau aux côtés de l’Irak. Ce soutien lui fait perdre l’appui financier et pétrolier des puissances occidentales. Le port d’Aqaba est mis sous blocus, obligeant Hussein à respecter officiellement l’embargo international imposé à l’Irak. A l’issue de la guerre, les 500 000 Palestiniens et Jordaniens qui travaillaient au Koweït sont renvoyés en Jordanie, provoquant une nouvelle vague d’immigration massive.

1993 - 1994

En septembre 1993, les accords d’Oslo entérinent une reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’OLP. Des négociations de paix durable entre la Jordanie et Israël s'ensuivent. Un accord est signé à Wadi Araba le 25 juillet 1994. Les deux Etats établissent des liens diplomatiques, ouvrent leurs frontières maritimes et terrestres au transit des passagers et des marchandises et entérinent des accords de coopération. Malgré l’assassinat de Rabin en 1995, la paix entre les deux pays perdure et les investissements de l’étranger affluent enfin en Jordanie, permettant un essor économique et une amélioration du niveau de vie pour les habitants.

2007 - 2010

Le roi Abdallah II continue de s’attaquer à des réformes structurelles destinées à moderniser le pays. A la faveur des élections municipales de 2007, il impose que 20 % des sièges soient attribués à des femmes. Il nomme un gouvernement chargé de revoir le système de pensions civiles et militaires et la fiscalité, de développer l’éducation et de réduire les dépenses publiques. La crise économique mondiale de 2009 freine ses ambitions et les écarts entre riches et pauvres se creusent un peu plus.

2011 - 2018

En janvier 2011, des manifestants descendent dans les rues d’Amman pour protester contre l’augmentation du prix des produits de première nécessité tels que la farine, l’huile ou l’essence. Quelques jours plus tard, ce sont 10 000 personnes qui défilent dans les rues de la capitale. Les élites jordaniennes s’affolent à l’aune du Printemps arabe qui secoue la région. Le 12 juin 2011, le roi Abdallah II s’adresse directement à son peuple promettant plus de démocratie, de dialogue, de liberté, de réformes et moins de corruption. Mais les promesses ne sont que partiellement tenues. En juin 2018, les Jordaniens manifestent à nouveau contre la hausse du prix des carburants et de la fiscalité, deux mesures prises pour garantir un prêt de 613 millions d’euros consenti par le FMI.

2021

Une déclaration d’intention est signée en novembre entre les Emirats arabes unis, la Jordanie et Israël visant à entamer des négociations sur un projet d’approvisionnement en eau. Si celles-ci aboutissent, la Jordanie s’engagerait à la reconnaissance des territoires occupés par Israël. De nombreux Jordaniens mécontents défilent dans les rues tous les vendredis afin de faire échouer le projet.