Les différentes marques de rhum
Le rhum Bally est produit au quartier Lajus sur la commune du Carbet. L’on y trouve des grands crus, hors d’âge 12 ans, 7 ans qui sont commercialisés dans des bouteilles de forme pyramidale créées par Jacques Bally.
Le rhum Clément. Il est fabriqué au François. L'un de ses produits phare est la cuvée dite Canne bleue.
Le rhum Depaz, On le trouve au pied de la montagne Pelée, à Saint-Pierre où la distillerie aurait été fondée par le premier gouverneur de l’île Jacques Duparquet. L’habitation a subi les affres du volcan en 1902, et a été entièrement reconstruite.
Le rhum Dillon se trouve sur les terres de la ville de Fort-de-France, à Dillon comme son nom l’indique.
Le rhum HSE : l’appellation HSE est faite des initiales de l’Habitation Saint-Etienne qui est située sur les terres du Gros-Morne, au lieu-dit la Maugée près de Saint-Joseph. HSE offre rhums vieux, très vieux ou hors d’âge.
Le rhum HM des Héritiers Madkaud. L’origine de la fabrication de ce rhum date de 1895. C’est l'un des rares, avec le rhum Neisson, à être fabriqués par des descendants d’esclaves. De Félicien Madkaud le concepteur à Stéphane Madkaud, c’est une distillerie qui se trouvait d’abord à Fond Capot puis au Carbet. « actuellement ce rhum est distillé à Sainte-Marie au travers de différents partenariats, multi-marques. « Le rhum Madkaud primés dans diverses manifestations à savoir à Hong Kong (2013), Paris (2014), Madrid (2014, 2015, 2016) et Berlin (2015) a pu traverser les dernières décennies, jusqu’à aujourd’hui », selon le site Montray Kréyol dans son article sur les Héritiers Madkaud.
Le rhum JM. La distillerie se situe à Fonds Préville, près du Macouba, au nord de la Martinique. Son nom JM renvoie aux initiales d’un ancien propriétaire. Son rhum vieux de notoriété mondiale est réputé exceptionnel et il est très apprécié par la population locale.
Le rhum La Favorite, il doit son nom à un cri du cœur de Napoléon, amateur de rhum, après avoir dégusté un punch. La distillerie est située sur la commune du Lamentin. Elle été fondée en 1842 par Henri Dormoy.
Le rhum La Mauny. Son rhum blanc est surnommé tet-maré en référence à l’effigie d’une femme avec une coiffe qui se trouve sur la bouteille. C'est l’un des plus populaires. On le fabrique à Rivière-Pilote. L’habitation a un passé historique eu égard à l’Insurrection du Sud de 1870 (ancienne propriété du béké Codé, Godé en créole).
Le rhum Neisson. Sa bouteille dite Zépol karé (épaules carrées) est très réputée ! Cette distillerie se situe au Carbet.
Le rhum Saint-James. La distillerie a été transférée à Sainte-Marie suite à l’éruption de la montagne Pelée. Depuis le XVIIIe siècle, elle était implantée à Saint-Pierre. On y trouve le musée du rhum.
Le rhum Trois Rivières. Connu comme étant l’ancien domaine du surintendant Fouquet, la distillerie se trouve sur les terres de Sainte-Luce, sur les hauteurs face à la mer. Un moulin à vent - qui orne aussi l’étiquette - désigne les lieux.
Le rhum A1710 est un rhum artisanal. Il est récent et est fabriqué à l’usine du Simon, au François, comme le rhum Clément. Très apprécié des amateurs, il se décline en plusieurs catégories : A1710 Renaissance 52° (2019), A1710 La Perle Fine 67,5° (2021)...
Les différents rhums
Le rhum blanc est de loin le plus populaire, il est consommé sous forme de punch communément appelé sec, ce qui signifie sans rien d’autre avec pour altérer son goût ou modifier sa force. Cet alcool est tout autant apprécié avec un zeste de citron parfois sans sucre ou avec sucre ou du sirop. Il s’appelle alors punch, ti-punch, feu, tafia, péta (pétard) tifé, décollage, partante, déchirante et toutes les autres variantes pittoresques bien connues des « pratiquants ».
Le rhum paille. Sa couleur lui donne son nom, il reste en fût de 12 à 18 mois, il a un goût un peu plus prononcé que le rhum blanc.
Le rhum ambré épicé est quelquefois utilisé en cuisine, c’est un mélange de rhum paille et de rhum vieux.
Le rhum vieux, c’est le rhum de qualité par excellence, celui des connaisseurs. Il est fabriqué avec du rhum blanc mis en fûts spécifiques pendant plus de 3 ans. Les caractéristiques différentes de la préparation demeurent le grand secret de chacune des marques.
A noter que le planteur n’est pas un rhum c’est un cocktail à base de jus d’orange, d’ananas, et de rhum blanc, versé sur de la glace pilée. Si l’on veut garder sa lucidité, on doit rester beaucoup plus vigilant en dégustant ce mélange offert dans un plus grand verre et en plus grande quantité.
Le rhum de mélasse, rhum de sucrerie, ou rhum industriel
Le rhum industriel, également appelé rhum de sucrerie ou rhum traditionnel, ou rhum de mélasse est un rhum fait d’alcool de sucre de canne, il est produit à partir de résidu de sucre. Il est plus particulièrement produit dans les régions d'influence anglaise ou espagnole.
Le processus de fabrication est quasiment le même que pour le rhum agricole, sauf que l’on va obtenir d'une part du sucre de canne et de l'autre la mélasse, résidu de fabrication du sucre de canne en faisant chauffer le vesou. C’est un liquide de couleur marron foncé qui a une très forte teneur en sucre. On va ajouter de l'eau et des levures à la mélasse que l’on va distiller pour obtenir un alcool qui s'appelle aussi rhum, mais qui n’a pas systématiquement le même goût.
Genèse
En 1635 les colons français cultivent la canne à sucre pour la production de sucre uniquement. Cette culture n'est pas très rentable car seule une partie du jus est utilisée. On s'aperçoit alors que le jus fermenté par la chaleur et les levures naturelles donne une boisson alcoolisée.
Fabriqué dès le XVIIe siècle, cet alcool de canne portait différents noms. On prétend que ce serait le père Labat (botaniste, colonisateur, explorateur, ethnographe, militaire, propriétaire terrien, technicien, écrivain auteur de nombreux récits de voyage, dominicain, missionnaire possédant des esclaves) le factotum parfait donc, qui en 1694 aurait crée une eau-de-vie qui évoluera et deviendra le rhum. Les mauvaises langues affirment de nos jours encore, que l’alcool obtenu aurait été tout simplement conçu dans l’idée de panser les plaies des animaux blessés par les bats. Immédiatement les sucreries ajoutent à leur installation une distillerie pour fabriquer elles aussi du rhum. On l’appela tue-diable ou guildive (kill-devil en anglais) ; tafia on le nomme ainsi aussi en créole. On l’appelle aussi en créole alòloy ou pété pié (littéralement péter pied : qui va te faire cogner les orteils, perdre l’équilibre) ou encore pétwol (pétrole) peut-être parce que certains le considère comme un carburant efficace, on lui donne toute une foultitude d’appellations comme : Dékolaj, Partant, Déchirant, Tisek, Tet-maré, Zépol-karé, une surabondance de vocabulaire qui montre bien la réelle proximité sociale d’avec ce produit. C'est à la fin de ce siècle que le mot rhum (rum en anglais) se généralise chez les Français.
En 1767, la Martinique compte 450 sucreries-distilleries et avec le service gratuit de la main-d’œuvre esclave, la canne occupe 57 % des surfaces agricoles du territoire.
Concurrencé par le sucre de betterave imposé sur le continent à partir du décret de Napoléon Ier, l'effondrement des cours du sucre va pousser les planteurs à trouver d'autres débouchés, c’est ainsi que va naître l'industrie du rhum agricole. Puis, l'éruption de la montagne Pelée en 1902 va venir réduire la production martiniquaise qui sera relancée par la suite, lorsque l’on enverra du rhum sur le front pour le ravitaillement des armées, cette boisson avec laquelle on va soutenir le moral, renforcer le courage des Poilus durant la Première Guerre mondiale servira aussi à fabriquer des explosifs.
Dans les années 1960, la production de rhum agricole égale presque le niveau de production du rhum industriel mais, concurrencées par la banane, le glas de la filière canne et de bon nombre d’usines sucrières commence à se faire entendre. Au début des années 1970, la production de rhum agricole quoiqu’en déclin dépasse celle du rhum industriel. Les grands propriétaires terriens se voient obligés pour survivre de reconvertir leurs deniers en les plaçant dans les centres commerciaux, qui commencent à fleurir un peu partout ainsi que dans les usines à confitures diverses dans lesquelles ils sont les principaux actionnaires.