La Maison Césaire
La Maison Césaire, classée Monument historique depuis 2014, est située sur la route de Redoute. Elle a été acquise durant l’année 1960 par les époux Suzanne et Aimé Césaire. À la mort de l’auteur, elle a été vendue à la ville de Fort-de-France, et a obtenu le label Maison des illustres en 2019. Césaire y a vécu jusqu’à sa mort en 2008. C’est une maison créole basse, en périphérie de la ville, une véranda qui en fait le tour conduit sur un séjour-salle à manger, trois chambres, des salles d’eau. Un bureau comporte une grande armoire, des objets, ainsi qu'une multitude d’ouvrages variés montrant l’ouverture du poète au monde qui l’entourait.
Cette maison fait partie de celles retenues pour bénéficier du Loto du Patrimoine. Elle continue de transmettre à travers le lieu de vie qu’elle fut, l’œuvre de son honorable hôte. Elle montre l’auteur dans ses goûts artistiques, ses choix littéraires mais aussi dans son quotidien, tout aussi simplement dévoilé ici, le reflet de son intimité. Elle représente la pensée de Césaire qu’elle n’a jamais laissée s’en aller.
Pour une visite, s’adresser à la ville de Fort-de-France.
« La Maison Rouge »
Une autre maison qui a abrité des gens célèbres s’appelle la Maison rouge, elle se situe avant l’entrée de Cap Chevalier à Sainte-Anne. Y vécurent Anca et Alexandre Bertrand, respectivement journaliste et peintre, puis Salvat Etchart, écrivain français, directeur d’antenne sur RFO Martinique, né à Bordeaux le 18 février 1924, mort le 23 octobre 1985. Lauréat du Prix Renaudot en 1967 pour son ouvrage Le Monde tel qu’il est, il s'installe en 1955 à la Martinique mais suite à des prises de position politiques et ses violentes critiques il est mis à pied. Il devient soigneur de chevaux à la Maison Rouge pour survivre, puis il part en 1970 au Québec où il se suicide en 1985, laissant derrière lui de nombreux ouvrages : Une bonne à six, Les Nègres servent d'exemple, L'Homme empêché, L'Amour d'un fou.
La Maison Clément
Celui qui a dit que les murs n’ont pas d’oreilles se trompe. Les murs connaissent des secrets, qu’ils sont tenus de garder. Le jeudi 14 mars 1991, le président français François Mitterrand et le président américain George Bush ont été reçus à l’Habitation Clément au quartier Acajou au François, pour une rencontre au sommet, devant Aimé Césaire ainsi que des élus parlementaires et territoriaux martiniquais invités pour les accueillir. Cela faisait suite à la rencontre au sommet qui avait précédé le lundi 16 décembre 1974 et réuni le président français Valéry Giscard d’Estaing ainsi que le président américain Gerald Ford à l’hôtel Leyritz à Basse-Pointe. Tout comme son homologue du Leyritz, l’habitation du docteur, actuelle propriété du Groupement Bernard Hayot, aussi en sait des choses.
Homère Clément, mulâtre né à Trinité en 1852, mort à Paris en 1923, est distillateur et homme politique, maire du François de 1885 à 1923, conseiller général de 1887 à sa mort et président du Conseil général de 1900 à 1901 puis de 1906 à 1908. Il fut aussi député radical socialiste de la Martinique de 1902 à 1906. Lors de la fusillade de février 1900, qui fit dire à Lénine : « La Martinique, le pays des vaillants ouvriers du François », le maire Clément sortit indemne grâce à la vigilance de son cocher âgé de 25 ans, du nom d’Émilien Amusant surnommé Ti-Pol qui renonça à la vie en le couvrant héroïquement de son corps. « Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, la vie est un opprobre, et la mort un devoir » disait Voltaire.
La maison Clément, qui fut la résidence de l’ancien maire puis de sa famille de 1887 à 1986, est située sur l’ancienne Habitation dite de l'Acajou sur la commune du François en Martinique. Elle est environnée de toute part de cannes et aussi d’une vaste bananeraie sur une propriété de 160 hectares. C’est une bâtisse coloniale somptueuse, chargée d’histoire. Elle est en bois avec une grande véranda qui en fait le tour. L’intérieur reflète le cadre de vie des grands planteurs martiniquais, au tournant des XIXe et XXe siècles. Le cadre est bien préservé, la distillerie fondée par Homère Clément, ne fonctionne plus depuis qu’elle a été transférée à l’usine du Simon à Dostally, un autre quartier du François. Les lieux appartiennent désormais au Groupe Bernard Hayot dit GBH. Les nouveaux propriétaires au travers de la Fondation Clément ont fait de l’endroit un lieu touristique incontournable qui possède une bibliothèque privée contenant de livres rares que l’on peut consulter avec autorisation. La Fondation réalise régulièrement, des visites guidées dans l’ancienne distillerie où l’on parle, de la fabrication du rhum à partir de la canne à sucre. Elle procède aussi à des expositions d’art contemporain. On expose des sculptures d’art moderne dans les jardins environnants remplis d'essences tropicales rares.
La Maison Béthel au François
Frantz Fanon et son frère furent scolarisés tous deux au François, et séjournèrent dans la Maison Béthel où se trouve l’actuelle Médiathèque du François. Elle les accueillit durant deux ans à la demande de leur oncle Monsieur Eucher Fanon, enseignant, un des membres fondateurs du Club de football franciscain.
La Maison du Gaoulé
Elle se trouve à O’Mullane, un quartier du Diamant. Actuellement domaine privé. C’est une maison en pierres taillées, construite au XVIe siècle, classée Monument historique en 1988. La Maison du Gaoulé en a vu et entendu de bien belles. Elle est connue pour être le centre d'une rébellion des békés à l’initiative des colonels François Samuel Le Vassor de la Touche et Jean du Buc de L’Étang, dit Dubuc-l’Étang.
Le jeudi 7 janvier 1717, le gouverneur Antoine d'Arcy, seigneur de La Varenne, et son intendant Louis-Balthazar de Ricouart, tous les deux émissaires du régent Philippe d’Orléans, débarquent sur l’île. Ils ont pour mission d’interdire de nouvelles constructions de sucreries et d’empêcher le commerce du sucre avec les îles anglaises voisines. Ces visées n’arrangent pas trop les affaires des planteurs qui n’appréciaient pas les mesures du gouvernement central. Cependant, le gouverneur et l’intendant nouvellement débarqués, sont invités à manger sur l’habitation du même nom que ses propriétaires le sieur Etienne Bourgeot, un riche béké et son épouse. Les délégués du Régent s’y rendent sans méfiance. C’est alors qu’à l’improviste, d’autres békés débarquent chez les hôtes les Bourgeot, qui d’ailleurs semblent être de mèche, se saisissent de leurs deux invités, et les séquestrent. Ils les conduisent ensuite à l’habitation Anse Latouche, au Prêcheur, en zone de sable noir. Après des pourparlers entre le pouvoir colonial et les planteurs martiniquais, l’Assemblée coloniale va céder et donnera finalement gain de cause aux ravisseurs. La Varenne et Ricouart seront réembarqués, le lundi 24 mai 1717, dans un navire en partance pour la France. La mission aura été de très courte durée, l’affaire sera laissée sans suite et l’indifférence s’occupera du reste. De nos jours encore, les murs et la maison du Gaoulé rappellent ce complot de békés, ourdit contre le gouvernement du Régent qui venait contrecarrer certaines licences. Ils gardent vivante, la révolte qui s’ensuivit.
Le mot « gawoulé » renvoie aussi depuis à cet évènement historique où les békés se sont révoltés. Il faut ici préciser que c’est une tautologie de dire en français « la révolte du gaoulé », parce que le mot créole d’origine amérindienne gawoulé signifie déjà rébellion.
La Maison du bagnard
Des couleurs bigarrées, on dirait une pièce de jeu de foires, oubliée sur le sable par des saltimbanques pressés de s’en aller. Ne vous méprenez point, classée au patrimoine historique depuis 2006, c’est la maisonnette en bois de Médard Aribot qui est posée en bordure de rivage, et elle a toute une histoire.
Né en 1901 à Sainte-Luce, l’artiste a sculpté le buste du colonel Coppens. Suite à des élections électorales frauduleuses, la foule révoltée, va lors de l’hécatombe populairement nommée « la guerre du Diamant », brandir le buste du colonel, mort en ce dimanche 24 mai 1925, le même jour que Charles Zizine et Louis Désétages, tous trois conseillers généraux. Un bèlè chante pour mémoire : la guerre est déclarée au Diamant ! « Une guerre » qui a entraîné, des émeutes sanglantes où l’on va aussi déplorer des blessés anonymes.
Huit ans après ces troubles, Médard est officiellement condamné pour des faits de maraudage, d’autres indélicatesses et larcins, à 15 ans de travaux forcés à Saint-Laurent-du Maroni, en Guyane française.
Lors de la fermeture du bagne, en 1945, l’homme est libéré, et revient en Martinique en 1953, bossu avec les doigts déformés. La rumeur affirme qu'il subit ainsi la malédiction d’avoir réalisé l’effigie du colonel Coppens. Ses doigts qui l’avaient aidé payent désormais son incroyable audace.
Il construisit tout de même, et seul, cette maisonnette pittoresque, chamarrée, dite depuis la Maison du bagnard, ainsi qu’une autre du même genre, moins connue, à l’intérieur des terres diamantinoises, qui existe peut-être encore, si elle a pu survivre aux ravages du temps.
Méconnu, vivotant tant bien que mal, l’homme meurt au Diamant, dans le plus grand dénuement, en 1973, sa famille ne voulant entendre parler de lui. Désormais sa maisonnette vivante perpétue son style entre ciel mer et terre, au Diamant.