Un troisième label Unesco pour la Martinique
Avec cette inscription, la Martinique acquiert son troisième label Unesco, après celui de Réserve de Biosphère en 2021 et le classement en 2020 des bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine immatériel concernant la yole ronde, une embarcation traditionnelle. La France compte aujourd’hui 8 sites naturels et mixtes inscrits sur la liste du patrimoine mondial.
Ces inscriptions sont une reconnaissance de la grande responsabilité de conservation de la biodiversité portée par les territoires français d’outre-mer, qui abritent 80 % de la biodiversité en espèces de la France, ainsi que de nombreuses espèces endémiques, tant terrestres que marines.
Grâce à cette inscription, la collectivité territoriale de Martinique, en collaboration avec l'État et le soutien des structures et des opérateurs gestionnaires tels que le Parc naturel régional de la Martinique et l'Office national des forêts (ONF), s'est engagée à préserver la valeur universelle exceptionnelle et à renforcer la protection de la biodiversité du site.
La montagne Pelée, un volcan iconique
Le patrimoine naturel exceptionnel des Volcans et forêts de la montagne Pelée et des pitons du nord de la Martinique s'étend sur une superficie de 14 000 hectares, englobant les deux massifs volcaniques et forestiers situés dans le nord de l'île.
La montagne Pelée est témoin d'un événement capital dans l'histoire de la volcanologie : l'éruption du 8 mai 1902. Celle-ci est mondialement reconnue pour son apport à l'étude des sciences de la Terre.
Les pitons du Carbet constituent une expression tout à fait remarquable d'un phénomène géologique extrêmement rare à l'échelle mondiale.
Ces aires volcaniques abritent en effet le continuum forestier le plus diversifié et le mieux préservé des Petites Antilles (le terme « continuum forestier » fait référence à la notion d'une zone géographique où les forêts sont connectées de manière continue, sans interruption significative par des zones urbaines, agricoles ou d'autres types de terres. Cela signifie que les forêts s'étendent sur une grande superficie de manière ininterrompue, créant un habitat forestier continu pour la faune et la flore). Elles couvrent une superficie allant du littoral jusqu'aux sommets et intègrent des exemples de forêts humides très anciennes. La conservation du continuum forestier est importante pour la biodiversité, car elle permet aux espèces de se déplacer, de migrer et de s'adapter aux changements environnementaux.
Les forêts de la région abritent les types forestiers les plus représentatifs des Petites Antilles et près de 90 % de leurs espèces arborées. Le site héberge une flore et une faune d'exception, avec la plus grande diversité d'espèces végétales endémiques des Petites Antilles, ce qui confère une responsabilité mondiale en matière de conservation.
Situé au sein du Parc naturel régional de la Martinique, ce site bénéficie de mesures de protection, notamment trois réserves biologiques intégrales garantissant ainsi la préservation des massifs et la libre évolution des écosystèmes forestiers.
Volcanisme et écosystème d’exception
En Martinique, les volcans jouent un rôle essentiel dans l'enrichissement de la biodiversité de l'île. L'île est située au cœur des Petites Antilles, à la limite des mouvements de coulissement des plaques caribéennes et atlantiques.
L’activité sismique est liée à la dérive des continents, un jeu de plaques tectoniques qui, par effet de déplacements des unes par rapport aux autres, emmagasinent des tensions dans les roches qui, tôt ou tard, finissent par se relâcher et occasionner des séismes. Dans la région des Petites Antilles, le mouvement de convergence de la plaque atlantique avec la plaque caribéenne progresse à une vitesse de 2 cm par an : cette frontière, appelée zone de subduction, est le siège de séismes pouvant être importants.
L’activité volcanique de la Martinique a débuté il y a 50 millions d’années par un volcanisme sous-marin, faisant émerger les premières formations : les presqu'îles de la Caravelle et de Sainte-Anne, à l'est et au sud de l'île. Cette époque est appelée arc ancien ou arc externe : elle correspond à une période pendant laquelle le volcanisme était entièrement sous-marin. L'activité volcanique se poursuit ensuite par l'édification de volcans « boucliers », comme on peut voir dans la région du François constituée d’une multitude de mornes, vestiges de cette période.
Entre 6 et 1 millions d’années se mettent en place le morne Jacob, les pitons du Carbet, puis le mont Conil (entre 1 et 0,5 million d'années) et enfin montagne Pelée (autour de 0,5 million d'années).
L’histoire de Madinina a donc été marquée par ces nombreux épisodes d’activité volcanique, qui ont exercé une action souvent destructrice sur la faune et la flore. Contre toute attente, cette alternance entre phases d’activité volcanique et phases de repos a été propice à l’apparition de nouveaux écosystèmes.
Une végétation spécifique s’est installée sur les pentes volcaniques de la montagne Pelée et des pitons du Carbet. Les effets du volcanisme (gaz, chaleur) combinés à ceux de l’altitude (vent, variations météorologiques) contribuent ainsi à la diversité biologique et à la sélection d’espèces adaptées.