814 av. J.-C.
La Tunisie punique (814-146 av. J.-C.)
La Tunisie entre véritablement dans l'histoire avec l'arrivée des colons phéniciens qui installent des comptoirs sur ses côtes : Utique d'abord, en 1100 av. J.-C., puis Hadrumète (Sousse), Thapsus (Ras Dimas) et Kerkouane. Selon la légende, Carthage aurait été fondée par la reine Elyssa de Tyr, fille du roi de Tyr, Belus, et que Virgile appelle Didon et qui a été honorée dans de très nombreuses œuvres d'art. Elyssa serait originaire de l'actuel Liban, elle se serait immolée par le feu pour ne pas avoir à se marier avec Hiarbas, le souverain des lieux.
332 av. J.-C.
A la suite de la destruction de Tyr par Alexandre le Grand, en 332 av. J.-C., Carthage est à la tête d’un empire aussi vaste que la Tunisie actuelle. Le monopole qu’elle acquiert dans le domaine du commerce maritime en Méditerranée occidentale fait d’elle un obstacle à toute expansion étrangère. Cependant, les Grecs, établis dans le sud de l’Italie et en Sicile, voient cette domination d’un mauvais oeil. Carthage triomphe en effet à plusieurs reprises, notamment en 535 av. J.-C., les empêchant ainsi de s’installer en Corse.
480 av. J.-C.
Première défaite de Carthage
Carthage connaît sa première défaite contre les Grecs, à Himère en Sicile en 480 av. J.-C. Cette bataille marque le dernier affrontement entre les deux peuples.
264-146 av. J.-C.
Guerre romano-puniques
La première guerre romano-punique (264-241 av. J.-C.) contraint Carthage à évacuer la Sicile. La Rome antique s'est opposée à la civilisation carthaginoise pendant plus d'un siècle. Carthaginois se dit Pœni en latin, d'où le mot français "punique". La deuxième guerre (218-202 av. J.-C.) est sans doute la plus pénible pour Rome. Amilcar le père et Hannibal le fils, célèbres pour avoir traversé l'Espagne et les Alpes avec plusieurs dizaines de milliers d'hommes et des éléphants pour attaquer Rome, tentèrent toute leur vie de sauver la puissance de Carthage. Malgré la victoire des Romains à Mylès, en 260 av. J.-C., Amilcar put sauver, pour un temps, Carthage de la destruction. La troisième et ultime guerre punique (149-146 av. J.-C.) scelle brutalement et définitivement le sort de Carthage. Au terme d'un siège de 3 ans, les Romains, sur l'ordre du Sénat, anéantissent complètement la ville en 146 av. J.-C.
146 av. J.-C.-439
La Tunisie romaine
La bataille de Thapsus (près de Mahdia) en 46 av. J.-C. met fin à la « guerre civile romaine » opposant Jules César à Pompée et à ses alliés ; César annexe le royaume numide (situé au nord du Maghreb) dont le souverain, Juba, s'était allié à ses adversaires. C'est une riche période, une romanisation en douceur, où Carthage, refondée par Jules César, devient la troisième cité de l'empire romain.
Le déclin de l'Empire romain commence vers la fin du règne des Sévères. Aux IVe et Ve siècles, la région connaît une grande période de troubles, tant au niveau politique que religieux.
429-647
La Tunisie vandale et byzantine
En 429, les Vandales, une tribu germanique, passent le détroit de Gibraltar et s'emparent de Carthage. Leur chef, Genséric, y établit un régime militaire très oppressif jusqu'en 477, date de sa mort. Ensuite, l'effondrement de leur puissance est rapide. Une partie de l'Empire romain qui s'était établie à Byzance (actuelle Istanbul) profite d'un affaiblissement du pouvoir des Vandales pour reconquérir l'Afrique du Nord.
En 533, l'empereur byzantin Justinien confie à son général Bélisaire le commandement d'une expédition contre les Vandales. Au bout d'un an, l'Empire romain s'établit de nouveau à Carthage, mais pour peu de temps. L'armée byzantine est en effet obligée de construire hâtivement une ligne de défense afin de parer à la menace des tribus berbères et de se protéger contre d'éventuelles invasions par la mer. On peut voir d'ailleurs, encore aujourd'hui, un grand nombre de ces ouvrages défensifs byzantins sur le sol tunisien.
647-800
En 647, c'est une province très affaiblie qui est attaquée par les Arabes musulmans. Mais Carthage, défendue par les Berbères, ne tombe qu'en 698. Une femme s'est particulièrement démarquée à cette époque : la Kahena. Fière reine berbère des montagnes de l'Aurès algérien, elle avait entrepris de résister à l'avancée des Arabes qui voulaient convertir le pays à l'islam. Elle fut finalement vaincue au tout début du VIIIe siècle, mais reste un exemple pour tous les peuples berbères.
En 670, Okba ibn-Nafi fonde Kairouan, ville sainte et forteresse de l'islam, résidence du gouverneur omeyyade qui règne sur tout le Maghreb.
800-909
La Tunisie aghlabide
Après une période troublée où la résistance berbère, s'exprimant dans le kharidjisme, manque de renverser complètement la domination arabe, la Tunisie devient pratiquement indépendante des califes de Bagdad sous la dynastie arabe des Aghlabides (800-909). Ces derniers conquièrent la Sicile (à partir de 827) et font de Kairouan un grand centre de culture islamique d'où le malékisme, tendance de l'islam propre à la Tunisie, va se répandre sur tout l'Occident arabe. C'est durant ce court règne des Aghlabides que l'Ifriqiya, territoire qui s'étend du nord-est de l'Algérie au nord-ouest de la Libye, connaît sa période faste. En effet, l'amélioration de l'irrigation, l'intensification de l'exploitation agricole, le développement de l'artisanat, l'épanouissement du commerce transsaharien avec le Soudan et les succès militaires à l'étranger font de l'époque aghlabide une grande ère de prospérité.
909-1148
La Tunisie fatimide et ziride
Indignés par le comportement léger et la vie dissolue des Aghlabides, les Isméliens, chiites, convertissent un grand nombre de Berbères et les persuadent progressivement de se joindre à eux pour mettre un terme au règne aghlabide. En 909, les Aghlabides sont renversés par les Chiites. Obaïd Allah, chef de ces derniers, se proclame calife et fonde la dynastie des Fatimides (« fatimide » vient de Fatima, la fille du Prophète, dont il revendique la descendance).
Mahdia, la nouvelle capitale fondée en 916, sert de point de départ pour de nouvelles conquêtes. Sous El Moez (953-975), l'Egypte devient fatimide et Le Caire est promulgué capitale du califat à partir de 969. L'administration de l'Ifriqiya est confiée aux alliés berbères, les Zirides. La région connaît de nouveau une période de prospérité et de paix. Mais, en 1048, les Zirides se détournent du pouvoir fatimide du Caire. En représailles, les Fatimides dépêchent les tribus bédouines des Banu Hilal qui provoquent des désastres immenses dans le pays (1052-1057) et propagent ruine et misère.
Profitant de ces troubles, les Normands, qui s'étaient emparés de la Sicile en 1072, occupent les principaux ports tunisiens (1143-1148), et expulsent définitivement les Zirides de Mahdia. Mais cette domination normande prend fin dès 1159, date à laquelle le grand conquérant almohade Abd el Moumin, venu du Maroc, achève l'unification du Maghreb par la conquête de la Tunisie.
1159-1534
La Tunisie hafside
Au XIIIe siècle, les Almohades désignent un gouverneur, Abou Zakariyya (1229-1249), qui proclame l'indépendance, se fait nommer émir et fonde le royaume hafside (1236-1534), qui établit sa capitale à Tunis. Sous la dynastie des Hafsides, la Tunisie (qui commence alors seulement à porter son nom actuel) connaît son apogée, aussi bien sur le plan politique qu'économique. Elle représente à cette époque, aux yeux des Européens, la principale puissance du Maghreb. Ses échanges avec les pays européens et avec l'Afrique de l'Ouest se développent. Mais, tout en intensifiant le commerce des produits agricoles et artisanaux, les Hafsides encouragent la piraterie.
Parallèlement, l'arrivée des Andalous au Maghreb fuyant une Espagne de plus en plus christianisée est bénéfique au royaume. Ils s'installent à Tunis et dans la région du cap Bon, apportant avec eux des nouvelles techniques agricoles et une culture raffinée permettant ainsi à toute la zone un développement agricole important et un renouveau artistique. Après l'essor des premiers règnes, la dynastie commence à décliner et s'effondre complètement en 1534.
1535-1710
Le sultan hafside est rétabli sous la protection de Charles Quint et le pays passe alors sous la tutelle du royaume d'Espagne. Puis en 1574, Tunis est reprise par les Ottomans, qui font de la Tunisie une province de l'empire en 1575, même si les gouverneurs turcs ne gouvernent que depuis les ports où ils sont retranchés. En 1581, Philippe II d'Espagne reconnaît comme possession turque la régence de Tunis, qui devient pour les chrétiens les « régences barbaresques ». L'Angleterre et la France prennent ensuite le relais de l'Espagne en Méditerranée occidentale et bombardent tour à tour les bases barbaresques.
1710-1881
La Tunisie husseinite
Au début du règne des Husseinites, l'économie prospère, grâce au commerce des denrées agricoles dont les beys, le terme utilisé pour désigner les souverains ottomans, ont le monopole, et surtout aux actes de piraterie qui vont bon train. Un grand effort est fait, par ailleurs, pour organiser l'enseignement de l'université coranique de Tunis, la Zitouna. Accueillant les étrangers, la Tunisie voit se constituer une classe de commerçants bourgeois, instruits, où se mêlent Turcs, Andalous et Juifs venus d'Espagne ou d'Italie, et qui stimulent une certaine activité économique.
Hammouda Pacha (1777-1813) fait également construire de beaux palais, comme celui de la Manouba. À la fin du XVIIIe siècle, le bey est presque un souverain de l'Empire ottoman. L'intérêt porté à la Tunisie par la France s'accroît quand celle-ci occupe Alger, en 1830, et Constantine, en 1837. Elle met fin aux activités des pirates barbaresques. Parallèlement, la multiplication des famines et des épidémies affaiblit la régence. Pour rétablir la situation, les beys font appel à des conseillers étrangers, qui réorganisent l'armée, créent des réseaux télégraphiques et ferroviaires et tentent de moderniser les institutions.
Mais, pour faire face à ces dépenses excessives, le pays doit augmenter les impôts, ce qui provoque la révolte de 1864. La Tunisie, qui s'endette progressivement auprès des puissances occidentales, se voit bientôt contrainte de se placer sous la tutelle d'une commission financière anglo-franco-italienne, chargée d'assurer le paiement de ses dettes, ce qui fait d'elle rapidement une proie potentielle pour chacun de ces trois pays européens.
1881
Le protectorat français (1881-1956)
La France, qui gouverne l’Algérie, envahit la Tunisie et lui impose son protectorat. Prenant prétexte d’incursions à la frontière algérienne, Jules Ferry dépêche une expédition punitive en Tunisie et les troupes françaises imposent au bey le traité du Bardo (12 mai 1881) « pour assurer le rétablissement de l’ordre et la sécurité de la frontière et du littoral algérien ».
1883
La convention de La Marsa précise que le bey doit abandonner à la France la défense nationale et la politique étrangère, et lui donner liberté pour reformer l’administration. Le pays passe bientôt intégralement sous contrôle français. Un secrétaire général est placé aux côtés du bey et du Premier ministre afin de contrôler leurs décisions.
1907-1957
Le mouvement national tunisien et l'entrée en scène de Bourguiba
La résistance tunisienne se manifeste dès 1907 par la naissance du parti des « jeunes Tunisiens », premier mouvement national à caractère revendicatif, puis surtout en 1920, avec la création du parti libéral constitutionnel (ou Destour). Malgré quelques évolutions, celui-ci ne peut que constater son inefficacité dans sa campagne pour l'indépendance.
C'est à ce moment qu'Habib Bourguiba, bien décidé à réformer le pays et à restaurer la culture islamique, entre en scène, en prenant part en 1922 à une manifestation dirigée contre le résident général de France à Tunis. En 1924, il part étudier à Paris. Durant trois ans, il touche du doigt la puissance qui impose un protectorat à la Tunisie et, à son retour, son engagement indépendantiste prend forme. Il oriente le parti dans un sens purement tunisien, libéral et laïc. Mais à la suite de désaccords au sein du parti, Bourguiba quitte le Destour et forme le néo-Destour (mars 1934). Six mois après, les Français le déclarent illégal et arrêtent Bourguiba. Il passe alors deux ans en prison. Libéré en 1936 par le gouvernement Léon Blum, il est de nouveau arrêté en 1938, à la suite d'une manifestation qui tourne à l'émeute, puis déporté en France jusqu'en 1942, date à laquelle il est libéré par les Allemands. Il se rend en 1945 au Caire, où la Ligue arabe vient d'être fondée, puis parcourt le monde dans le but de trouver des soutiens à sa cause.
En septembre 1949, il rentre en Tunisie où un accueil triomphal lui est réservé. Pourtant, alors qu'ils étaient prêts, en 1950, à entamer des négociations avec Bourguiba, les Français changent brutalement d'avis, refusant catégoriquement de prendre en considération ses revendications.
Cette volte-face provoque la rupture. Bourguiba appelle le peuple à la lutte armée et les manifestations se multiplient à Tunis. Il est encore arrêté puis emprisonné en 1952, ce qui ne stoppe en rien les violences.
1954
Le 31 juillet 1954, Pierre Mendès-France reconnaît dans son « discours de Carthage » l'autonomie interne de l’État tunisien.
20 mars 1956
La France reconnaît l'indépendance totale de la Tunisie.
Dès 1956, Bourguiba promulgue un Code du statut personnel, sa « plus belle œuvre », abolissant la polygamie et établissant le principe d'égalité entre l'homme et la femme devant la loi. Fini également la répudiation. Avec ce code, Bourguiba réalise ce qu'aucun leader musulman arabe n'a jamais osé : l'émancipation de la femme.
1957-1987
Les années Bourguiba, le « Combattant Suprême »
Proclamation de la République le 25 juillet 1957. Habib Bourguiba est président.
Bien qu'il ait refusé en 1958 la présidence à vie, ce dernier l'a acceptée en 1975. Les années passent, le culte de la personnalité transforme le « bonhomme ». Ses erreurs sont de plus en plus nombreuses et ses hésitations politiques pénalisent le pays, qui se révolte. Les émeutes deviennent sanglantes et terribles. En 1978 puis en 1984, Bourguiba tente de sauver la situation en renvoyant son Premier ministre. Le 7 novembre 1987 un groupe de sept médecins signe un rapport disposant que le président Bourguiba se trouve dans l'incapacité de gouverner. Cette mise en retraite forcée résonne comme un véritable « coup d'Etat médical » : le Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali vient de déposer Bourguiba.
1987-2011
Les années Ben Ali
Dès sa prise de fonction le 7 novembre 1987, le nouveau président annonce « une ère nouvelle pour la Tunisie », « une société juste, équilibrée, démocratique ». Les premières mesures semblent aller dans ce sens. La Constitution est amendée pour supprimer la présidence à vie.
Le Code électoral est modifié, l'opposition entre pour la première fois à la Chambre des députés en 1994.
Par ailleurs, Ben Ali fait de la lutte contre l'intégrisme son cheval de bataille. Il affirme son attachement à l'émancipation de la femme, annonce sa non-acceptation définitive du parti islamiste tunisien, et adopte une attitude répressive implacable contre l'intégrisme, ce qui lui valut durant tout son règne l'appui des Occidentaux et notamment de la France.
12 juillet 1988
Suppression de la présidence à vie. Ben Ali sera néanmoins réélu plusieurs fois : en 1994 pour un second mandat, en novembre 1999 pour son troisième mandat, en octobre 2004 à une écrasante majorité pour son quatrième mandat, et le 25 octobre 2009 pour un cinquième mandat consécutif.
1995-2000
La Tunisie adhère au processus de paix au Proche-Orient et ouvre un bureau de liaison avec Israël en 1995. Fermeture de la représentation tunisienne à Tel Aviv et du bureau israélien à Tunis en 2000.
Juin 2008
Emeutes sociales lourdement réprimées dans le bassin minier de Gafsa
Alors que les habitants du bassin minier de Gafsa, situé dans le sud-ouest de la Tunisie, se révoltent de manière pacifique, le gouvernement tunisien leur répond avec violence. Ce dernier refuse alors l'ouverture de négociations sur l'avenir économique de la région.
Début le 17 décembre 2010
La révolution de Jasmin et la chute de Ben Ali
En janvier 2011, la Tunisie vit un bouleversement historique. Des manifestations populaires virulentes, débutées en décembre 2010, prennent tant d’ampleur qu’elles conduisent, le 14 janvier 2011, à la chute du président Ben Ali, qui quitte précipitamment le pays après 23 années passées à la tête du pouvoir. Le premier souffle de contestation naît à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010, dans le centre du pays, l’une des régions les plus déshéritées de Tunisie, suite à la protestation d’un marchand de fruits et légumes Mohamed Bouazizi, qui s’immole par le feu pour dénoncer la saisie de ses produits par la police.
14 janvier 2011
Début du printemps arabe
Des manifestations de soutien dans les autres villes du centre du pays (Gafsa, Kasserine, Gabès, etc.) prennent forme spontanément, condamnant chômage, injustice sociale, népotisme et corruption. En quelques jours, ces manifestations isolées se propagent dans tout le pays (Sousse, Sfax puis Tunis). Pour enrayer les émeutes, les forces de police, bras armé du régime de Ben Ali, mènent une répression violente qui fait plusieurs centaines de morts (il y en aura plus de 238 au total).
C’est à ce moment-là que Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Défense, propose une aide logistique à la police tunisienne, aide qui sera interprétée comme un soutien de la France au régime de Ben Ali... Mais les revendications continuent, et se transforment en une véritable révolution dénonçant le régime Ben Ali. Les manifestants demandent explicitement la démission du président. Pas même les promesses de celui-ci, qui assure qu’il quittera le pouvoir à la fin de son mandat, qu’il entreprendra des réformes pour l’emploi ou qu’il organisera des élections législatives anticipées, n’apaisent l’insurrection. Ben Ali ordonne à l’armée d’intervenir et de tirer sur la foule, ce que refuse le général Rachid Ammar en se rangeant aux côtés des manifestants.
La situation pousse alors le dirigeant à fuir précipitamment Tunis le 14 janvier 2011, pour s’exiler en Arabie saoudite. Le président déchu laisse derrière lui un pays exultant, qui crie avoir retrouvé sa liberté, mais qui reste sous tension. La révolution tunisienne vient d’avoir lieu, montrant la voie à suivre aux autres peuples arabes.
Le Printemps arabe vient de commencer.
23 octobre 2011
Une transition sous tension
Les premières élections libres du pays, celles du 23 octobre 2011 visant à définir la composition de l’Assemblée constituante, ont abouti à une majorité en faveur du parti islamiste Ennahda.
12 décembre 2011
Moncef Marzouki est élu président de la république et prend ses fonctions le lendemain. Le 24 décembre, Hamadi Jebali est nommé Premier ministre à la suite de la victoire des islamistes d'Ennahda aux premières législatives.
14 septembre 2012
Attaque de l’ambassade américaine à Tunis suite à des manifestations islamistes contre un film islamophobe faisant au moins 4 morts et 46 blessés.
13 mars 2013
Le Premier ministre Hamadi Jebali démissionne à la suite du meurtre du militant Chokri Belkaïd, qui prenait position contre la montée de l’islam intégriste. Il est remplacé par Ali Larayedh, également membre du parti islamiste Ennadha.
26 janvier 2014
La nouvelle Constitution tunisienne est adoptée.
Composée de 217 membres, l'Assemblée constituante est élue pour élaborer la nouvelle Constitution. Deux ans et trois mois de travail laborieux et d'accords difficiles aboutiront finalement à l'adoption, le 26 janvier 2014, de ce texte tant attendu, succédant à la loi constitutive du 16 décembre 2011, qui organisait provisoirement les pouvoirs publics après la suspension de la Constitution de 1959. Un nouveau cap pour la Tunisie, qui s'accompagne du départ à la tête du gouvernement d'Ali Larayedh, remplacé par Mehdi Jomaa, indépendant.
Quant aux élections législatives et présidentielle, après avoir été repoussées à plusieurs reprises, elles sont finalement fixées fin 2014.
29 janvier 2014
Ali Larayedh, à la tête du gouvernement depuis dix mois, cède sa place de Premier ministre à Mehdi Jomaa, indépendant.
2014-2018
Les élections de 2014 sont organisées dans de bonnes conditions : élections législatives du 26 octobre 2014, remportées par Nidaa Tounès, et élection présidentielle des 23 novembre et 21 décembre 2014 que remporte Beji Caïd Essebsi.
Le président Essebsi nomme d'abord Habib Essid, une personnalité indépendante, à la tête d'un gouvernement de coalition avec Ennahda, puis Youssef Chahed, à la tête d'un gouvernement d'union nationale en août 2016. Youssef Chahed fait un important remaniement ministériel le 6 septembre 2017 pour préserver un équilibre entre les deux formations politiques, Nida Tounès et Ennahda.
Cependant, à partir d'octobre 2015, le parti du président Essebsi, Nidaa Tounès, est en crise : une trentaine de députés de Nidaa Tounès a en effet quitté l'Assemblée des représentants. La coalition gouvernementale n'est pas remise en cause pour autant mais place Ennahda en première position à l'Assemblée des représentants. Les premières élections municipales depuis la Révolution sont prévues le 6 mai 2018.
Mars-Novembre 2015
Attentats au Musée du Bardo à Tunis le 18 mars 2015 puis à Port el Kantaoui, une station balnéaire. Ces attentats sont revendiqués par l'État Islamique (EI). Une loi anti-terroriste est adoptée et 80 mosquées rattachées à la mouvance salafiste sont fermées.
14 janvier 2018
Le septième anniversaire de la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2018, est marqué par des manifestations pour protester contre la vie chère et la loi de finances, entrée en vigueur le 1er janvier. Une aide pour soutenir les ménages les plus pauvres a été annoncée en janvier 2018 par le gouvernement tunisien.
31 janvier 2017-2 février 2018
Première visite officielle du président français Emmanuel Macron.
Le bilan de la visite du président est considéré comme mitigé en Tunisie. Le pays durement frappé par la crise a en effet favorablement accueilli les promesses d'investissement et d'aide de la France (ex : 1,2 milliard d'euros entre 2016 et 2020 pour financer différents dispositifs d'aide) mais les Tunisiens espéraient un soutien financier et des investissements plus conséquents de la part de la France.
2019
Suite au décès le 25 juillet 2019 du président Béji Caïd Essebsi, le président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, assure l'intérim.
Le 23 octobre 2019, Kaïs Saïed remporte l'élection présidentielle face à Nabil Karoui au second tour. C'est le premier président indépendant élu.
2020
Le Covid-19
Le 2 mars 2020, le premier cas de Covid-19 est enregistré en Tunisie. Des mesures drastiques sont prises pour empêcher la propagation, dont la suspension des prières collectives dans les mosquées, la fermeture des cafés et restaurants...
Le 20 mars est annoncé le confinement général à partir du 22 mars, qui durera jusqu'au 4 mai.
Démission du chef de gouvernement Elyes Fakhfakh le 15 juillet à la demande du président Kaïs Saïed. Un nouveau gouvernement est formé par le ministre de l'Intérieur Hichem Mechichi à la demande du chef de l'État.
Fin 2020. Un couvre-feu national est instauré pour faire face à la propagation du virus.
25 juillet 2021
Les pleins pouvoirs pour Kaïs Saïed
Le président suspend le Parlement et prend les pleins pouvoirs après une journée de manifestations. Il fait fermer les chaînes de télévision TV qatarie Al Jazeera et expulse les journalistes.
Entre septembre et décembre 2021, Kaïs Saïed suspend de nombreux chapitres de la Constitution et dissout l'instance provisoire en charge du contrôle de constitutionnalité des projets de loi.
Des élections législatives sont annoncées pour le 17 décembre 2022 avec une nouvelle loi électorale et un référendum sur la future nouvelle Constitution pour le 25 juillet 2022.
L'ancien président Moncef Marzouki, qui s'est opposé aux réformes de Kaïs Saïed, est condamné par contumace à 4 ans de prison.
2022
Manifestations en janvier 2022 contre les mesures prises par Kaïs Saïed.
En avril 2022, un navire pétrolier fait naufrage au large de la Tunisie. Il transportait 700 tonnes de pétrole, faisant craindre une marée noire dans le golfe de Gabès.
Le 26 juillet 2022, vote par référendum de la nouvelle Constitution. Cette dernière est adoptée à la majorité avec un fort taux d'abstention. Selon Amnesty International, "la nouvelle Constitution démantèle un grand nombre des garanties relatives à l'indépendance du pouvoir judiciaire, supprime les protections empêchant que des personnes civiles ne soient jugées par des tribunaux militaires, et accorde aux autorités le pouvoir de restreindre les droits humains ou de revenir sur des engagements internationaux relatifs aux droits humains au nom de la religion."
2024
La Tunisie est dans l'impasse concernant la question des migrants venus d'Afrique subsaharienne et souhaitant se rendre en Europe : Sfax est l'un des principaux points de départ. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de migrants subsahariens rapatriés de Tunisie vers leur pays connaît une forte augmentation depuis 2023. Un porte-parole de l'OIM explique : "entre le 1er janvier et le 25 juin, l'OIM a facilité le retour volontaire d'environ 3 500 personnes depuis la Tunisie vers leur pays d'origine, soit une augmentation de 200 % par rapport à 2023 à la même période".
À l'approche de l'élection présidentielle, Kaïs Saïed opère un mouvement, qualifié de “purge” dans le corps des gouverneurs. Dans ce climat de peur et d'étouffement des libertés, le président sortant est réélu en octobre 2024 avec 89 % des voix et un fort taux d'abstention.