shutterstock_2175204203.jpg
Musée acadien du Québec à Bonaventure © Yingna Cai - Shutterstock.com .jpg

Une mosaïque ethnique

À l'image de son histoire, la population canadienne est d'une grande diversité ethnoculturelle. Le Canada est d'ailleurs l'un des pays ayant le plus haut taux d'immigration au monde par habitant. Reconnu pour ses élans humanitaires, le Canada est aussi le seul pays à avoir reçu le Prix Nansen, lequel est décerné par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Le Canada s'est façonné ce visage au fil des nombreuses vagues migratoires, à commencer par les autochtones dont la présence est millénaire. Puis vinrent les premiers Européens avec la colonisation, principalement de France et des îles britanniques. Ce n'est qu'à partir de la seconde moitié du XIXe siècle que l'immigration va se diversifier, avec l'arrivée de communautés chinoises, japonaises, hollandaises, ukrainiennes, italiennes, finlandaises, hongroises, caribéennes, chiliennes, vietnamiennes, iraniennes, indiennes, syriennes, etc. Face à la nécessité d'une intégration de chaque Canadien, le gouvernement a mis en place dès les années 1970 une politique fédérale du multiculturalisme. Aujourd'hui, dans un pays où au moins un tiers de la population n'est ni d'origine française ni d'origine britannique, la continuation et l'actualisation d'une telle politique est nécessaire, afin que descendants de Français et Britanniques, autochtones et nouveaux immigrants puissent participer de la même manière à la vie de leur pays.
Sans surprise, le Canada est aussi une véritable mosaïque linguistique, avec plus de 200 langues parlées par les différentes communautés installées au pays. Ne soyez donc pas surpris d'y entendre des langues des quatre coins du monde. Parmi les langues les plus parlées dans les foyers canadiens, outre les deux langues officielles et les langues autochtones, notons le mandarin, le cantonais, le pendjabi, le tagalog (filipino), l'espagnol, l'arabe, l'italien, l'allemand, l'ourdou et le portugais.

Les peuples autochtones

Selon les données du dernier recensement (2016), 4,9 % de la population canadienne est d'origine autochtone, soit 1 673 780 personnes d'ascendance autochtone, métis ou inuite enregistrées auprès du gouvernement fédéral (résidents et non-résidents). Les autochtones sont composés des peuples des Premières Nations, des Métis et des Inuit, répartis d'un océan à l'autre dans plus de 600 communautés. Une journée leur est d'ailleurs dédiée : le 21 juin, Journée nationale des autochtones.
La plus importante population autochtone du pays se trouve en Ontario, suivie des provinces de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et du Manitoba qui ont toutes une population supérieure à 200 000 personnes. Dans les provinces canadiennes, c'est dans la région de Thunder Bay en Ontario que l'on retrouve la proportion d'autochtones la plus élevée au Canada. Quant aux trois territoires, les autochtones comptent pour près du quart de la population au Yukon, la moitié dans les Territoires du Nord-Ouest et la quasi-totalité (85 %) au Nunavut. À savoir qu'on recense également plus de 70 langues autochtones, lesquelles sont regroupées au sein d'une douzaine de familles linguistiques. Les langues algonquiennes, parlées de l'Alberta à la Nouvelle-Écosse, viennent en tête de liste, suivies des langues inuites, athabascanes, salishennes, siouennes, iroquoiennes, tsimshennes et wakashanes, puis du Mitchif, Haïda, Tlingit et Kutenai. Pour plonger au cœur de la culture et des traditions autochtones, des sites d'interprétation, des musées et galeries d'art, des boutiques d'art traditionnel et toute une panoplie d'expériences authentiques (nuitée en tipi, expédition en canoë, atelier sur les plantes médicinales, construction d'igloo, initiation à la trappe, etc.) sont proposés par les différentes nations du pays.
Il faut toutefois savoir que le clivage perdure entre les autochtones et les blancs, accentué par une méconnaissance réciproque. Les Premières Nations, par exemple, ont un statut fiscal privilégié et bénéficient de certains avantages particuliers, notamment un statut dérogatoire pour la chasse et la pêche. Mais lorsqu'on prend le temps de lire la Loi sur les Indiens, on découvre que la vie sous un statut d'autochtone est loin d'être rose. Une vie au crochet de l'État où le décrochage scolaire, l'alcoolisme et la violence font tristement partie de la routine quotidienne. Une vie où pendant des siècles, on a tenté de faire disparaître toute trace de culture, de langue et les coutumes chez les peuples autochtones. Le Canada actuel s'efforce, plus que par le passé, de se préoccuper des autochtones. Une Commission de vérité et réconciliation s'est conclue en mai 2015 au sujet des pensionnats autochtones, enjoignant le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations de la Commission, notamment celle d'appuyer sans restriction la Déclaration sur les droits des peuples autochtones de l'ONU, abandonnant ainsi la position d'objecteur permanent qu'il maintenait jusqu'à maintenant. Ce qu'il a fait. Et après des années de pression auprès de l'ancien gouvernement, les Libéraux de Justin Trudeau ont mené une enquête nationale indépendante sur les quelque 1 200 femmes et filles autochtones disparues ou assassinées. Son rapport coup de poing, rendu public en juin 2019, conclut que de « nombreuses violations des droits des femmes et des filles autochtones » sont survenues au pays, utilisant même des dizaines de fois le mot « génocide » à travers le rapport final de quelque 1 200 pages. Plus récemment, en 2021, des centaines de restes d'enfants ont été retrouvés enfouis sur les sites d'anciens pensionnats. Des fouilles sont alors lancées d'un océan à l'autre, avec le support des gouvernements.

Les communautés francophones et acadiennes

Si le Québec est considéré comme le bastion francophone d'Amérique du Nord, il ne faut surtout pas croire que le français ne rayonne pas ailleurs dans le pays. Dans chaque province et territoire canadien, des communautés francophones en situation minoritaire perpétuent la langue de Molière et leur héritage culturel. Plusieurs sont descendants de colons venus s'établir aux quatre coins du pays il y a quelques siècles, alors que d'autres, notamment les personnes issues de l'immigration, choisissent de faire leur vie en français au sein de ces communautés.
Dans l'est du pays, on retrouve les Acadiens, descendants de colons français venus s'établir dans l'actuelle Nouvelle-Écosse durant la première moitié du XVIIe siècle, pour la plupart recrutés dans le centre et l'ouest de la France (en Touraine, dans le Berry mais surtout en Poitou-Charentes). Si on les définit dorénavant comme les francophones des provinces de l'Atlantique, avec le Nouveau-Brunswick en tête de pont, on retrouve la diaspora acadienne à d'autres endroits sur le continent. En effet, de 1755 à 1763 a eu lieu le Grand Dérangement, soit la déportation des Acadiens vers les colonies américaines, l'Angleterre et la France. S'ils ont pu revenir vivre en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick suite à la loi de 1840 permettant leur retour officiel, nombre de descendants de ces Acadiens se trouvent aujourd'hui au Québec, à Saint-Pierre-et-Miquelon ou encore en Louisiane. Peuple à l'identité forte, ils possèdent leur propre drapeau et célèbrent leur fête nationale le 15 août. Pour se familiariser avec l'histoire et la culture acadiennes, on recommande la visite du Musée acadien du Québec à Bonaventure, du Village historique acadien à Bertrand au Nouveau-Brunswick, du Musée acadien de l'Île-du-Prince-Édouard à Miscouche, et du Village historique acadien de la Nouvelle-Écosse à Pubnico. La francophonie canadienne hors Québec se découvre aussi en quelques clics sur le site web de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (fcfa.ca/carte-interactive).

Quelques particularités linguistiques

Le français québécois. On l'appelle « français québécois », mais aussi « français du Québec », « québécois » et même « français canadien ». Toutes ces dénominations représentent la variété de la langue française parlée par la majorité des francophones du Canada, principalement par les Québécois. Elle est toutefois à différencier de celle de l'Acadie et de Terre-Neuve. Si son origine puise dans la langue parisienne du XVIIIe siècle, le français québécois a sans conteste conservé des éléments issus des langues d'oïl régionales comme le normand, le saintongeais ou encore le gallo.
Ce qui frappe en arrivant au Québec, c'est bien sûr l'accent, mais également la prononciation, les expressions particulières et la syntaxe parfois étonnante. Et comme partout ailleurs dans la francophonie, ces éléments varient d'une région à l'autre. Mais sachez que tous apprennent le même français à l'école, peu importe le pays, ce qui s'applique également au Québec. Ensuite, s'ajoute une certaine couleur locale. À ce sujet, position géographique oblige, les Québécois utilisent beaucoup d'anglicismes tout en prônant la défense de la langue française. Si certains mots ont carrément été inventés afin d'éviter d'employer un mot anglais, comme magasinage au lieu de shopping, les anglicismes sont monnaie courante : anyway, chill, cocktail, fun, gang, grilled-cheese, joke, legging, party... Plusieurs se sont même taillé une place à l'Office québécois de la langue française avec l'adoption de la Politique des emprunts linguistiques. Tout un paradoxe !

Le français acadien et le chiac. Parlé par les Acadiens dans les provinces maritimes, certaines régions du Québec (Gaspésie, Îles de la Madeleine et Basse-Côte-Nord) et la vallée de la rivière Saint-Jean dans l'État du Maine (États-Unis), l'origine du français acadien divise les linguistes. Contrairement au français québécois qui puise son origine dans la langue parisienne du XVIIIe siècle, le français acadien est associé aux langues d'oïl du Grand Ouest (l'angevin, le manceau, le tourangeau et le poitevin-saintongeais), sans oublier sa forte ressemblance avec le jersiais dans la conjugaison au plus-que-parfait de la première personne du pluriel. C'est aussi l'ancêtre du français cadien, une langue régionale parlée en Louisiane. Certaines des spécificités de l'acadien : le "r" alvéolaire roulé qui n'est pas sans charme, et la prononciation de la syllabe finale sous la forme plurielle du verbe à la troisième personne. À savoir que les autres francophones du Canada ont souvent de la difficulté à comprendre le français acadien.

Quant au chiac, c'est du « franglais » parlé principalement par les jeunes du Nouveau-Brunswick, notamment à Moncton et dans les environs. Ce dialecte emploie la syntaxe française avec du vocabulaire et des expressions anglaises, résultat du mélange des populations francophones et anglophones dans cette province. Pour avoir un bon exemple, il suffit d'écouter quelques morceaux du groupe Radio Radio ou encore de la chanteuse folk Lisa LeBlanc.