Une enfance sous le signe de la violence
Robyn Rihanna Fenty naît le 20 février 1988 dans la paroisse de St. Michael. Sa mère, Monica Braithwaite, est comptable et son père, Ronald Fenty, est superviseur d'entrepôt. Elle passe son enfance avec ses deux frères dans un quartier résidentiel du nord de Bridgetown, non loin du Shallow Draught, une marina où sont amarrés les catamarans de plaisance. Un quartier plutôt calme et modeste, où s'alignent les petites maisons traditionnelles en bois de style chattel house. Au bout de la rue se trouve le grand cimetière de Westbury, où la petite fille aime faire voler des cerfs-volants. Peut-être pour fuir l'ambiance de la maison ? Ronald, le père, est alcoolique, accro au crack et violent avec sa femme, et occasionnellement avec la petite fille. Ce cycle de maltraitance est enfin brisé lorsque les parents de Rihanna se séparent, mais entretiennent une relation intermittente jusqu'au divorce. Robyn a alors 14 ans. Pendant toutes ces années tumultueuses, elle souffre de violentes migraines qui laissent les médecins perplexes malgré les nombreux scanners, et qui s'arrêtent peu après le divorce. La jeune fille est une introvertie qui garde tout à l'intérieur et, avec le recul, la Rihanna adulte a attribué ces migraines au stress causé par la violence domestique. Monica se retrouve donc maman solo et travaille à plein temps pour soutenir financièrement la petite famille. Robyn, quant à elle, aide sa mère, surtout pour élever son plus jeune frère, Rajad.
La découverte par Evan Rogers
À l'école, Robyn est victime de harcèlement, notamment sur sa couleur de peau, plus claire que ses camarades. Mais la musique va l'aider à surmonter tout cela. En 2003, avec deux amies, elle crée un girl band. En 2004, sans avoir encore un nom pour leur groupe, elles vont auditionner pour le producteur new-yorkais Evan Rogers (producteur de Christina Aguilera notamment), qui était en vacances à la Barbade. Il est tout de suite frappé par le charisme de la jeune fille de 15 ans, mais sait-elle chanter ? C'est finalement lors de l'interprétation d'Emotion de Destiny's Child que Rogers est convaincu d'avoir trouvé une perle rare. Sa femme et lui réussissent à convaincre Monica du potentiel de sa fille. L'année qui suivra, toutes les deux feront des allers-retours entre la Barbade et le domicile des Rogers, pendant les vacances scolaires, pour peaufiner ses compétences et enregistrer deux démos : Pon De Replay et The Last Time. La même année, Robyn est signée par la société de production de Rogers et Carl Sturken, Syndicated Rhythm Productions, et sur le conseil des producteurs, utilise son deuxième prénom comme nom d'artiste. Robyn devient Rihanna.
Signature avec Def Jam et premiers albums
Rogers et Surken envoient les démos de Rihanna au label Def Jam Recordings, connu pour héberger de grands noms du hip-hop et du RnB. Elles finissent par atterrir entre les mains de Shawn Carter, alias Jay-Z, le CEO fraîchement nommé du label. À l'écoute, il est plutôt sceptique mais décide tout de même de faire venir Rihanna à New York pour l'auditionner avec un autre ponte du label, L.A. Reid. En plus de chanter ses démos, Rihanna les régale d'une reprise de Whitney Houston, For The Love Of You. Après l'audition, Reid recommande à Jay-Z de ne pas la laisser partir avant d'avoir signé un contrat... pour 6 albums.
Dans la foulée, Rihanna s'installe aux États-Unis pour vivre chez les Rogers (elle n'a que 17 ans et est encore mineure) et les trois mois qui suivent sont consacrés à l'enregistrement de son premier album, avec le duo Evans-Sturken à la production de la majorité des chansons. Tout s'enchaîne très vite. Pon De Replay est le premier single de l'album à sortir, car il est considéré comme idéal pour l'été. Il devient rapidement un succès, surtout dans les clubs. Dans la foulée, Rihanna sort son premier album studio, Music of the Sun, un mélange de dance-pop, dancehall et R&B. Si l'album connaît un succès modeste, il permet à Rihanna de se faire connaître du public international. Son deuxième album, A Girl Like Me (2006), avec le tube SOS, la propulse sur le devant de la scène.
La consécration avec Good Girl Gone Bad
Le 31 mai 2007, Good Girl Gone Bad arrive dans les bacs. Pour ce troisième album, en plus du duo Rogers-Sturken, Rihanna est entourée de grands noms à la production comme Tricky Stewart et Timbaland. Ce virage musical se traduit par un son résolument pop, dance et RnB, délaissant les sonorités caribéennes qui avaient marqué ses débuts. Lancé en éclaireur, le single Umbrella va propulser Rihanna sur orbite. La petite histoire de la musique raconte que la chanson avait été proposée à Britney Spears et Mary J. Blige avant d'atterrir chez Rihanna après leur refus. Résultat ? Le titre se hisse N°1 des charts dans 13 pays. Trois autres singles s'enchaînent : Shut Up and Drive, Hate That I Love You (avec Ne-Yo) et surtout Don't Stop the Music, un tube parfait pour les dancefloors avec un sample entêtant de Wanna Be Starting Something de Michael Jackson. En septembre 2007, Rihanna part en tournée et en 2008, remporte un Grammy Award de la meilleure performance Rap mélodique avec Jay-Z pour leur collaboration sur Umbrella.
Relation avec Chris Brown, « Rated R », « Loud », « Talk that talk »
En 2009, Rihanna vit une période difficile après l'agression par son petit ami de l'époque, Chris Brown. L'incident provoque une tempête médiatique. Un trauma qui est évoqué, sans le mentionner clairement dans son cinquième opus Rated R. Des cinq titres tirés de l'album, Rude Boy aura le plus de succès et de tous les albums sortis jusqu'ici, il sera celui qui jouira des meilleures critiques.
Rihanna revient en novembre 2010 avec Loud qui est un peu le contre-pied de Rated R, album plus sombre, et comprenant des collaborations avec Eminem, Nicki Minaj et Drake. Résolument dance-pop et RnB, l'album génère sept singles dont The Only Girl (in the World), qui remporte le Grammy Award du meilleur enregistrement dance, et S&M.
Son sixième album, Talk That Talk, sorti en 2011, poursuit la tendance dance de Loud et intègre des éléments électro, notamment grâce au DJ Calvin Harris. Le single We Found Love devient un énorme succès, atteignant le sommet du classement Billboard et remportant un Grammy Award pour le meilleur clip vidéo.
« Unapologetic », « Anti » et pause-carrière
En 2012, Unapologetic sera le premier album de Rihanna à atteindre directement le rang de n°1 dans les charts américains. Le Français David Guetta, qui a déjà collaboré avec la chanteuse, fait cette fois partie des producteurs. La perle de l'album (qui remporte le Grammy Award du meilleur album de musique urbaine), c'est « Diamond », un des titres les plus iconiques de l'artiste.
Après le succès d'Unapologetic, les années qui suivent sont consacrées à des collaborations (avec Shakira, Kanye West et Paul McCartney, entre autres). Elle quitte aussi Def Jam pour rejoindre le label que Jay-Z, son mentor, vient de fonder : Roc Nation. Fin janvier 2016, Anti sort enfin, au plus grand plaisir des fans, un album plus expérimental mêlant pop, dancehall, RnB alternatif et soul psychédélique, avec le hit Work co-interprété avec Drake.
Depuis la fin de la tournée mondiale suivant Anti, Rihanna se consacre à ses affaires et à sa vie privée. En couple avec ASAP Rocky depuis 2021, elle est désormais mère de deux enfants. Néanmoins, elle fait quelques réapparitions occasionnelles, en collaborant avec d'autres artistes, en sortant la chanson-phare de la bande originale du film Black Panther : Wakanda Forever (la très belle ballade Lift Me Up, nommée aux Golden Globes et aux Oscars) et en 2023, où c'est elle qui assure le spectacle de l'entracte lors du Super Bowl. En attendant la sortie d'un 9e album (que les fans ont surnommé « R9 »), il ne reste qu'à ronger son frein.
Rihanna, la femme d'affaires
Après avoir lancé une ligne de parfums et être devenue l'une des partenaires de Tidal, le service de streaming musical lancé par Jay-Z, Rihanna se lance en 2019 dans la mode avec son label Fenty, en collaboration avec le groupe LVMH. Cela fait d'elle la première femme et la première femme de couleur à être à la tête d'une maison liée au groupe. Malheureusement, en raison de la pandémie de Covid-19, Fenty ferme ses portes. Ce sera l'un des rares échecs de Rihanna dans le domaine de la mode. En 2017, elle avait lancé, toujours avec LVMH, Fenty Beauty (puis Fenty Skin), une ligne de cosmétiques inclusifs qui dès le départ, a lancé une gamme de 50 nuances de fond de teint pour s'accorder à toutes les carnations. Une petite révolution dans le monde de la beauté. Son label de lingerie, sportwear and loungewear, Savage x Fenty, suit la même ligne directrice : l'inclusivité. Tous les types de corps y sont célébrés, avec succès.
Apparition sur le petit et grand écran
On ne peut pas dire que la carrière cinématographique de Rihanna soit aussi brillante que sa carrière musicale, mais on peut signaler sa participation à Battleship (dans le rôle d'une militaire), Valérian et la Cité des Mille Planètes et surtout dans la version 100 % féminine d'Ocean's 11 : Ocean's 8 où elle interprète le rôle de la hackeuse de service. Côté série, on la retrouve dans la 5e et dernière saison de Bates Motel dans le rôle iconique de Marion Crane.
Rihanna, la philanthrope
En plus de partenariats avec l'UNICEF, Rihanna soutient de nombreuses causes, telles que la lutte contre le Sida, la lutte contre le cancer, l'éducation des filles et la protection de l'environnement. Mais c'est au travers de la Clara Lionel Foundation, créée en hommage à ses grands-parents maternels, Clara et Lionel Braithwaite, qu'elle joue un rôle actif dans le domaine de la philanthropie. La fondation apporte son soutien dans différents domaines : santé, éducation (notamment grâce à des programmes de bourses d'études) et à la résilience climatique à la Barbade et dans le monde.
Sur les traces de Rihanna à la Barbade
C'est bien simple, on ne peut pas l'éviter. Vous aurez à peine mis les pieds à la Barbade que vous entendrez l'une des chansons de Rihanna. À Bridgetown, vous rencontrerez son visage sur National Heroes Square puisque la chanteuse a eu l'honneur d'être désignée parmi les onze héros nationaux barbadiens. Un monument est érigé en son nom à l'intersection de la rue où elle a grandi (New Westbury Rd) et du cimetière de Westbury. C'est l'occasion de se plonger dans l'ambiance où la jeune Rihanna a passé son enfance. Plus loin dans la rue, nommée maintenant Rihanna Drive, vous pourrez même voir sa maison d'enfance. On ne peut pas la louper, elle est entourée d'une barrière. Même si cette enfance douce-amère est loin derrière elle et qu'elle est installée aux États-Unis depuis longtemps, Rihanna reste viscéralement attachée à la Barbade. Il se murmure qu'elle a un appartement dans le luxueux complexe de Sandy Lane, où elle viendrait prendre des vacances, et si vous êtes à la Barbade le jour du Grand Kadooment (le carnaval bajan), il y a des chances pour que vous la voyiez prendre part au défilé. Son attachement s'est traduit lors de son discours de nomination comme héroïne nationale : « Vous savez que nous, les Barbadiens, sommes fiers. Nous sommes le peuple le plus fier que je connaisse. Et peu importe où je vais dans le monde, j'emporte cette fierté avec moi. Peu importe où nous allons, le monde saura que nous sommes Bajans jusqu'à la moelle. Que ce soit avec notre accent, le fait que Chefette et le soleil nous manquent constamment, les gens... Vous êtes les vrais héros de la Barbade et vous êtes avec moi où que j'aille. »