Découvrez la Barbade : A l'écran (Cinéma / TV)

Une île au soleil. Au-delà d'un simple constat tout à fait légitime sur ce petit coin de paradis, c'est aussi le titre de l'une des premières grosses productions internationales qui, en 1957, a choisi la Barbade comme lieu de tournage. Un fait plutôt rare, lorsqu'on sait que l'industrie cinématographique locale ne se développera que bien plus tard, au début des années 2000. Pourtant, c'est bien dans ces paysages que vous pourrez retrouver James Mason, Joan Fontaine ou encore Harry Belafonte. Et quelques décennies plus tard, Omar Sharif et Julie Andrews, dans le tout aussi intriguant Top Secret du britannique Blake Edwards.

Côté local, c'est le cricket que vous retrouverez sur les écrans dans Hit for Six, l'un des premiers longs métrages barbadiens fruit d'une jeune mais dynamique industrie. Un cinéma qui se développe, grâce notamment à de jeunes talents mis en avant par un festival très prisé, incontournable si vous tombez à la bonne période.

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Cinéma de la Barbade

Le septième art a, c'est un fait, mis du temps à se développer à la Barbade. Entre 1900 et 2000, les productions locales et nationales se comptent, de facto, sur les doigts de la main. Néanmoins, depuis le début du vingt-et-unième siècle et l'instauration d'incitants aux tournages et à la réalisation, plusieurs cinéastes commencent à faire parler d'eux dans les festivals, à coup de courts métrages ou d'initiatives marquantes.

Précurseur en la matière, le producteur-réalisateur Mahmood Patel est une des figures de proue du collectif The Film Group, association qui se spécialise dans la réalisation de films en atelier. Patel tourne ainsi son premier court métrage The Shoe en 2005. C'est également à cette période que les premières aides étatiques, longtemps attendues par les artistes locaux, commencent à voir le jour. En 2007 est fondé le premier bureau de soutien à la production cinématographique, et quatre ans plus tard naît la Barbados Film & Video Association, groupement qui va œuvrer pour une plus grande cohésion du secteur, mettant en avant les multiples bénéfices d'une industrie cinématographique forte pour la Barbade. En 2007, le film Hit for Six, réalisé par Alison Saunders-Franklyn fait un carton auprès de la population locale. Récit de retour en grâce d'un joueur de cricket déchu, le film met en scène avec brio ce sport si apprécié par les spectateurs barbadiens.

Depuis, les réalisateurs et réalisatrices du pays continuent à diffuser leurs créations sur les écrans locaux et internationaux. Et ce, quels que soient les formats. Récemment, le cinéaste barbadien Vonley Smith s'est ainsi distingué en remportant le prix du meilleur très court métrage au Green Screen Environmental Film Festival de Trinité-et-Tobago avec un film entièrement réalisé avec un smartphone. 1%, c'est le titre de cette production entre esthétique et écologie, a ensuite continué sa carrière en devenant le tout premier film barbadien à être projeté dans le métavers, en novembre 2022. Preuve en est que l'industrie du cinéma barbadien a, malgré des débuts tardifs, de belles perspectives d'avenir devant elle.

Tournages internationaux

Si le cinéma barbadien ne s'est pas développé plus tôt, c'est également parce que le nombre de tournages internationaux sur l'île est resté assez faible. Malgré tout, quelques films marquants ont tout de même pris place sur les plages de sable fin et dans les ruelles des cités barbadiennes. C'est notamment le cas de Une île au soleil, produit par le légendaire Darryl F. Zanuck, l'une des figures les plus éminentes d'Hollywood au vingtième siècle. Dans ce drame mettant en scène une île des Caraïbes sous la domination britannique, vous retrouverez de grandes personnalités de l'époque comme James Mason, précédemment vu dans Vingt mille lieues sous les mers, ou Joan Fontaine, l'une des actrices fétiches d'Alfred Hitchcock célèbre pour Soupçons ou encore Rebecca. Autre actrice marquante de cette production, l'américaine Dorothy Dandridge, qui tiendra également la vedette dans Porgy and Bess deux ans plus tard. Citons enfin la présence remarquable d'Harry Belafonte, icône de la chanson américaine qui n'est plus à présenter, et qui interprète dans le film la chanson Island in the Sun, composée pour cette production et devenue par la suite l'un de ses classiques. Mal reçu par la critique à sa sortie, Une île au soleil ne parvient pas à redorer le blason de son réalisateur Robert Rossen, l'une des figures les plus entachées par la chasse aux sorcières du maccarthysme, qui divise Hollywood en ce milieu des années 1950. Rossen, après avoir été poussé à témoigner contre d'anciens camarades, sera rejeté par ses pairs et finira sa carrière avec des productions mineures, dans un relatif anonymat.

À la Barbade, il faut attendre les années 1970 pour voir de nouveaux tournages internationaux d'ampleur débarquer sur l'île. En 1974, c'est le cinéaste Blake Edwards, réalisateur de la saga La Panthère Rose, qui y tourne Top Secret, un drame d'espionnage filmé en grande partie sur place. Porté par les prestations de Julie Andrews, Anthony Quayle et Omar Sharif, vous serez plongés dans la relation qui se développe entre un fonctionnaire britannique en vacances à la Barbade et une espionne russe, au plus profond de la Guerre Froide.

Plus proche de nous, c'est du côté du documentaire et de la série que l'on retrouve les plus grands succès internationaux tournés entièrement ou en partie dans le pays. En 2005, le film 500 ans plus tard, revenant sur les conséquences contemporaines de la traite des esclaves, et son impact sur les diasporas africaines, fait grand bruit dans les festivals aux États-Unis et en Europe. C'est également un documentaire, cette fois autour du cricket, qui défraie la chronique internationale en 2007, alors que sort la même année Hit for Six sur le territoire barbadien. Fire in Babylon raconte dans une veine plus épique mais avec un sous-texte similaire, la folle ascension de l'équipe de cricket des West Indies dans les années 1970, et son statut quasi invaincu dans la décennie qui suivra. Une histoire d'empouvoirement, sur fond de révolte contre l'ancien occupant britannique, et un film captivant.

Enfin, sur le petit écran, c'est la série Netflix Outer Banks qui a boosté l'industrie cinématographique barbadienne ces dernières années. Car si quelques épisodes de La croisière s'amuse ou de Amour, gloire et beauté avaient déjà été tournés sur place, cette superproduction est la première à s'implanter sur l'île pour plusieurs saisons, en 2020 et 2021 malgré la pandémie. De quoi offrir aux jeunes et moins jeunes spectateurs des plans magnifiques et des séquences trépidantes, pour une série qui nous fait voyager aux côtés d'adolescents s'improvisant chasseurs de trésor. De quoi enflammer votre imagination, alors que vous arpentez l'île.

Vivre le cinéma à la Barbade

Enfin, pour terminer votre périple de cinéma, rendez-vous face à l'un des écrans de l'île. Que ce soit en plein air au Globe Drive-In de Christ Church ou dans son multiplex, de nombreuses possibilités s'offrent à vous. Et, si le calendrier vous le permet, arrêtez-vous au Barbados Independent Film Festival, qui se déroule chaque année en janvier. Une belle occasion de découvrir cette jeune génération de cinéastes si prometteuse.

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