Musiques

La Barbade ne serait pas La Barbade sans musique. Avec une très grande diversité de styles sur un si petit territoire, il est possible de passer de mélodies traditionnelles à l'opéra ou au soca en quelques mètres. Les ensembles de musique les plus répandus sont les tuk bands. Ceux-ci s'inspirent des rythmes et mélodies des militaires britanniques présents à la Barbade pendant la colonisation. On nomme cette forme musicale indigène, née à la Barbade, le tuk tuk (ou rukatuk).

Doté de plusieurs instruments comme les flûtes et les triangles, les tuk bands ont dû s'affranchir des tambours africains, interdits durant l'époque coloniale, et ont adopté les caisses claires et les double-tambours.

Populaire, le tuk tuk a un rôle important dans l'histoire du pays et son indépendance. Si les sonorités sont plutôt classiques car exécutées avec des instruments occidentaux, les rythmes, typiquement africains, changent la donne et en font une construction musicale inédite.

Pour illustrer les morceaux joués par les tuk bands, des personnages costumés se produisent aux côtés de danseurs sur échasses lors des démonstrations de tuk tuk. Communément, les deux personnages qui reviennent le plus souvent lors de cérémonies sont la Mère Sally (évoquant la fertilité des ancêtres et jouée par un homme masqué habillé en femme, même s'il arrive aujourd'hui qu'une femme endosse ce costume) et l'Ours hirsute acrobatique (faisant référence à un sorcier africain). Les danseurs sur échasses font écho à une tradition africaine qui fut ramenée à la Barbade par des esclaves arrivés au XVIIe siècle.

Parmi les autres styles musicaux nés à la Barbade, le spouge se développe dans les années 1960 et témoigne d'un mélange entre la dancehall jamaïcaine et le calypso. S'il n'est plus vraiment joué aujourd'hui, il fait entrer dans la musique des instruments électroniques. Son origine est associée à Jackie Opel, chanteur barbadien appartenant à un groupe nommé les Troubadours, parti répandre le spouge de son île en Jamaïque. On doit au musicien de nombreux tubes qui sont aujourd'hui des incontournables du karaoké barbadien.

La Barbade est le haut-lieu du calypso également, musique très populaire résultant aussi d'un mélange entre rythmes africains et balades inspirées d'Europe. Le calypso naît dans les Caraïbes au milieu du XXe siècle, et trouve notamment un ancrage à la Barbade avec des artistes comme Irving Burdie, à qui l'on attribue d'ailleurs la composition de l'hymne national du pays, ou encore Anthony Carter (surnommé « The Mighty Gabby »), Stedson Wiltshire (« The Red Plastic Bag ») et MacDonald Blenman (« The Mighty Grynner »). De jeunes chanteurs se font connaître chaque année lors du festival Crop Over. Ce dernier célèbre la fin de la saison de la canne à sucre survenue il y a plus de deux cents ans et met la Barbade en effervescence pendant six semaines entre juin et août avec des défilés, des spectacles de danse, des marchés et les fameux concours de chant qui donnent une visibilité aux chanteurs de calypso. Le concours qui est sans doute le plus médiatisé est le Pic-O-de-Crop. Il permet aux chanteurs et chanteuses qui le souhaitent de se produire sur scène, et éventuellement de voir leur carrière décoller en cas de victoire. Le calypso, dont l'origine semble venir de Trinidad, est réputé pour exprimer en chanson « les problèmes du peuple ».

Par la suite, le calypso donne naissance au soca, légèrement moins engagé et avec des mélodies plus douces. L'icône incontestable de ce style est Alison Hinds, devenue célèbre dans les années 1980 avec son groupe Square One. Elle est la première femme du pays à remporter les concours de chant du Crop over en 1997, l'introduisant directement dans l'histoire de la Barbade. Autre femme à avoir marqué le pays, Rihanna, Barbadienne devenue star internationale, a ainsi mis, au début des années 2000, un coup de projecteur sur son île natale.

La Barbade joue aussi un grand rôle dans la diffusion de styles reggae ou dancehall, dont les berceaux se trouvent en Jamaïque, grâce à de nombreux événements du genre (comme The Barbados reggae festival, Reggae on the Hill).

Le jazz a une place de choix à la Barbade : festivals, grands artistes, écoles de musique dédiées… l'activité s'est intensifiée au fil des décennies. Dans les années 1990, un festival de jazz de grande ampleur apparaît dans le paysage culturel avant de disparaître dix ans plus tard. Aujourd'hui, l'un des événements qui parvient à tirer son épingle du jeu est le Barbados jazz Excursion qui mêle concerts et parties de golf. Il a été créé par Elan Trotman, l'un des joueurs les plus talentueux du pays. Ce saxophoniste a été distingué notamment par les Barbados Music Awards et a fondé le Headstart Music Program, qui finance des cours de jazz pour les enfants de l'île. Autre jazzman natif de la Barbade, Arturo Tappin, est également saxophoniste, ambassadeur de sonorités caribéennes dans un jeu résolument jazz qu'il transporte avec lui à travers le monde.

La Barbade compte également la Barbados Jazz Society qui organise bon nombre de concerts de jazz chaque année et coordonne aussi des programmes d'enseignement de la discipline.

Le landship et le wukking up

La musique tuk tuk est étroitement liée à la danse landship, qui a émergé en même temps, pendant les années d'esclavage, au XVIIIe siècle. Interprétée aussi bien par les hommes que par les femmes, la danse landship (qui signifie « navire sur terre ») fait référence à la marine britannique. Les danseurs miment la conduite d'un navire de l'armée en empruntant les gestes des officiers et du personnel des bateaux, ainsi que leurs uniformes. Ils font aussi des processions comme le faisaient les Britanniques pendant la colonisation. Généralement, un des membres de la troupe donne des ordres aux autres membres de l'équipage et des saynètes sont jouées en fonction du scénario choisi.

Cette coutume chorégraphique est à prendre au second degré, elle témoigne d'une revendication et se sert de la moquerie pour faire passer ce message, manifestant par là un grand désir d'émancipation et d'indépendance.

La danse traditionnelle la plus répandue à la Barbade est sans doute le wukking up (ou wuk up). Elle consiste à faire tourner ses hanches dans un mouvement circulaire tout en gardant ses bras et ses jambes immobiles. Cette chorégraphie puise son origine en Afrique sub-saharienne ; la Barbade se l'est appropriée même s'il est possible d'en voir ailleurs, notamment lors de célébrations dans les Antilles anglophones.

Les Arts du spectacle

L'opéra et autres arts du spectacle se réunissent à la Barbade au printemps depuis 1993 à l'occasion du « Holders season », un événement international qui se déroule sur la colline de Holders Hill, dans la paroisse de Saint-James, propriété de la famille Kidd, organisatrice du festival. Entre mars et avril, des spectacles se déroulent durant deux semaines sous les yeux d'un public venu parfois de loin. Les programmations, pluridisciplinaires, s'inspirent de ce qui peut se faire aux États-Unis, notamment à Broadway : opéra, musique, danse, comédie… En 1997, l'événement reçoit Luciano Pavarotti, l'un des ténors d'opéra les plus célèbres au monde. Mais les têtes d'affiche ne sont pas les seules à s'y produire : beaucoup d'artistes locaux de la Barbade sont conviés à faire leurs premiers pas sur scène devant un public assidu et influent.

Dans un cadre naturel exceptionnel, au milieu des plantations de cannes à sucre, les spectacles se succèdent dans un petit théâtre de verdure. Le lieu est aussi réputé pour accueillir des matchs de polo à d'autres moments de l'année.

Le Grand Kadooment, le carnaval de la Barbade

Existe-t-il de meilleurs moments que le carnaval pour assister à tous types de spectacles typiquement barbadiens ? Le Grand Kadooment, nom du grand carnaval du pays, est le point d'orgue du Crop Over festival qui, comme évoqué précédemment, se déroule durant six semaines pour fêter la fin de la saison de la canne à sucre. Crop Over a pris la suite de Home Harvest, l'événement qui, dans la période coloniale, marquait la fin de la récolte.

Le Grand Kadooment, littéralement « le grand raffut » ou la « grande agitation », se déroule sur une journée entière et trouve son acmé dans un grand défilé populaire. Les carnavaliers (ainsi que Rihanna, qui dit ne jamais manquer une édition !) dansent derrière des chars ou des camions diffusant des airs de soca ou de calypso. Si chacun se dispute le prix du meilleur costume, de nombreux groupes d'artistes se produisent et proposent tous types de performances : danses folkloriques, spectacle social, spectacle religieux… tout est permis !

Dans chaque groupe, une femme ou un homme sert de porte-drapeau pour afficher les couleurs de sa communauté artistique, évoquée dans cette performance. La « flag person » précède son groupe dans le défilé et s'adonne bien souvent à l'exécution du fameux wukking up pour impressionner les membres du jury qui notent aussi la meilleure prestation.

Une autre fête équivalente, appelée le « Foreday Morning Jam », présente les mêmes caractéristiques de défilés spectaculaires. Seule différence : l'événement a lieu de 1h du matin au lever du soleil.