Aux alentours de -1623

Premier peuplement autochtone

Quelques fouilles archéologiques réalisées lors de la construction du complexe de Port-Charles et de sa marina (près de Speightstown) prouvent que les premiers humains à visiter et à s'installer à la Barbade seraient arrivés à cette époque depuis l'actuel Venezuela, à bord de leurs canoës. Leurs traces sont extrêmement furtives. Il s'agit d'une première vague de peuples autochtones qui arriveront jusqu'ici.

IVe siècle - XVIe siècle

Arrivée des Taïnos et Kalinagos

Vers 350, d'autres Amérindiens débarquent à la Barbade. Tout d'abord ce sont les Taïnos, connus aussi sous le nom d'Arawaks, un peuple maîtrisant l'agriculture, qui s'implante. Vers 1200, les Kalinagos (Caribs), à la réputation plus guerrière, envahissent l'île. Ces deux peuples se sont dispersés à travers toutes les Caraïbes, mais avec l'arrivée des Européens, les maladies et les raids d'esclavagistes les ont quasiment exterminés. Si les Taïnos ont totalement disparu, les Kalinagos ont réussi à survivre à la Dominique.

Ichirouganaim (« la terre aux dents blanches », en référence aux récifs coralliens), tel est le nom que les Taïnos donnèrent à l'île de la Barbade.

1536

Arrivée des Portugais et disparition des Amérindiens

Les premiers Européens à arriver à la Barbade sont les Portugais, et plus précisément l'explorateur Pedro A. Campos dont le navire qui était en route pour le Brésil, tombe sur l'île par hasard. C'est lui qui donnera son nom actuel à la Barbade. Il la baptise Os Barbados, "les barbus", probablement à cause des racines aériennes des figuiers qui ressemblent... à des barbes.

Quelques années plus tard, la population amérindienne quitte l'île en masse. Harcelés par les raids espagnols en recherche d'esclaves, terre rendue stérile par la plantation excessive de cultures vivrières sont parmi les causes qui expliquent cette fuite vers d'autres îles.

1625-1639

Début de la colonisation britannique

Le 14 mai 1625, un premier navire britannique, l'Olive Blossom, accoste à la Barbade. Le commandant, John Powell, prend possession de l'île au nom du roi Jacques Ier d'Angleterre (James I Stuart). L'île est alors quasi inhabitée.

Deux ans plus tard, le 17 février 1627, la première colonie, dirigée par Henry, frère cadet de John Powell, s'établit sur le site de l'actuelle Holetown. En hommage au roi Jacques, elle est baptisée Jamestown. Ce premier petit groupe est constitué de 80 colons et d'une dizaine d'engagés.

Au départ, la Barbade était une proprietary colony, une sorte de propriété privée issue de concessions territoriales accordées par le roi à des lords afin d'en développer le potentiel. La plupart des profits générés par le travail des premiers colons revenaient à Sir William Courten, le lord proprietor de la Barbade. En échange, le lord proprietor payait un salaire et finançait la colonie et ses besoins. Suite à d'obscures manœuvres, le titre est transféré à James Hay, comte de Carlisle, un proche du roi. De suite, il choisit Henry Powell comme gouverneur. La baie où se trouve Bridgetown porte aujourd'hui son nom, la baie de Carlisle.

En 1639, Henry Powell, dans un geste d'apaisement vis-à-vis de colons qui ne voyaient pas tous sa nomination d'un bon œil, établit la House of Assembly qui existe toujours et constitue la chambre basse du parlement barbadien.

1640-1660

L'ère cromwellienne

En 1649, le roi Charles Ier est exécuté, exportant à la Barbade la guerre civile qui faisait rage en métropole depuis 1642. La politique de neutralité qui prévalait sur l'île avait réussi à maintenir la paix jusqu'à la mort du roi. Contrairement à d'autres colonies, la Barbade penchait du côté royaliste. Relevant Phillip Bell (le gouverneur qui avait divisé la Barbade en 11 paroisses, division administrative qui existe encore à ce jour), Francis Willoughby entre en service, envoyé par le 2e comte de Carlisle. Ce fervent royaliste tiendra tête au Commonwealth de Cromwell. En 1650, le Parlement édicte une loi interdisant le commerce entre l'Angleterre et la Barbade ainsi qu'un Navigation Act, qui stipule que seuls les navires anglais sont habilités à faire du commerce avec les colonies hollandaises voisines.

En 1651, une flotte parlementaire commandée par Sir George Ayscue accoste à la Barbade, exigeant la soumission de l'île. La milice barbadienne, bien que numériquement inférieure, oppose une résistance dans un premier temps. Cependant, face à une force militaire supérieure et à la menace d'une paralysie économique, l'île est contrainte de s'incliner devant l'autorité des parlementaires. La Charte de la Barbade est signée entre Willoughby et Ayscue, et ce dernier devient gouverneur de l'île. Sous Cromwell, de nombreux prisonniers, dont des milliers d'Irlandais, sont déportés à la Barbade pour travailler dans les champs de canne à sucre. Les engagés et prisonniers blancs sont surnommés Red Legs ou Poor Whites.

Début XVIIe siècle

Boom de la canne à sucre

Grâce à une énorme demande en Europe, la canne à sucre, introduite à la Barbade par les Hollandais via le Brésil, supplante rapidement le tabac, devenu moins rentable en raison de l'expansion de sa culture en Virginie. En quelques décennies, presque toute la surface de la Barbade est déboisée pour faire place aux champs de canne.
L'essor de la canne à sucre entraîna une demande croissante de main-d'œuvre. Pour répondre à ce besoin, les colonies britanniques des Caraïbes, dont la Barbade, attirèrent de nombreux candidats à l'aventure coloniale. Parmi eux, on trouvait des engagés, à qui l'on promettait une somme d'argent à la fin de leur contrat, ainsi que des criminels déportés. Au fur et à mesure que les engagés gagnaient leur liberté et que le nombre de plantations augmentait, la pénurie de main-d'œuvre se fit de plus en plus pressante. Face à cette situation, les propriétaires barbadiens se tournèrent de plus en plus vers l'esclavage.

1636

Début de l'esclavage

En 1636, le gouverneur Henry Hawley promulgua un décret officialisant l'esclavage à la Barbade, une première dans les colonies britanniques. Cette décision ouvrit la voie à l'arrivée massive d'esclaves africains, arrachés à leurs vies pour être vendus comme du bétail. Les conditions de vie des esclaves étaient effroyables, marquées par un travail exténuant, des châtiments corporels et une totale privation de liberté. En 1680, la population d'esclaves noirs à la Barbade dépassait déjà deux fois celle des Blancs, illustrant l'ampleur de ce système inhumain.
En 1661, le Code des esclaves de la Barbade fut publié, codifiant les droits des propriétaires d'esclaves et définissant les punitions infligées aux esclaves en cas de désobéissance. Ce Code servit de modèle aux autres colonies britanniques, y compris les colonies américaines, et inspira également le Code noir français.

XVIIIe siècle

Une économie florissante

L'économie basée sur la canne à sucre ne cesse de croître. Progressivement, un processus de consolidation s'opère, les grandes plantations absorbant les plus petites. En fait, les riches propriétaires (ou leurs représentants) détiennent véritablement le pouvoir politique à la Barbade, au point qu'on parle de « plantocratie ». Pour construire et décorer leurs demeures, les planteurs ne lésinent pas sur les dépenses, importent des matériaux et des meubles d'Europe.

C'est dans ce cadre d'opulence qu'en 1751, débarque le jeune George Washington. Le futur président des États-Unis, alors âgé de 19 ans, accompagnait son demi-frère, Lawrence, qui tentait de se soigner de sa tuberculose. Fréquentant souvent les officiers de la garnison toute proche, il gardera un goût pour la carrière militaire.

Au fur et à mesure que les engagés blancs terminent leur service, ils commencent à quitter la Barbade pour l'Amérique ou la Jamaïque, certains planteurs aussi, tandis que le nombre d'esclaves ne cesse d'augmenter. La composition démographique de l'île en sera profondément modifiée.

1780

Un ouragan d'une violence inouïe ravage toutes les Petites Antilles, y compris la Barbade, où plus de 4000 personnes perdent la vie.

1807-1838

Révoltes, rébellion de Bussa et fin de l'esclavage

En 1807, le Royaume-Uni met fin au commerce de l'esclavage, mais pas à sa pratique. Malgré quelques révoltes, comme celle de Bussa le 14 avril 1816, la vie sur les plantations continue. Bussa, un Igbo né libre et réduit en esclavage, ainsi que quelques compagnons (dont une femme, Nanny Briggs) mènent une rébellion simultanée dans plusieurs plantations le jour de Pâques. Plusieurs centaines de personnes sont impliquées et la milice locale ainsi que l'armée impériale mettront deux jours à réprimer la rébellion par les armes. Bussa lui-même sera tué pendant les combats. Il deviendra l'un des onze héros nationaux barbadiens.

Le 10 août 1831, un ouragan de catégorie 3 frappe durement la Barbade, laissant derrière lui de nombreux dégâts matériels et quelques 1500 morts.

En 1834, l'esclavage est aboli, mais les affranchis restent soumis à un régime d'apprentissage pendant quatre ans, avant d'obtenir leur pleine liberté en 1838.

1839-1930

Soubresauts

Durant le XIXe siècle, la canne à sucre continue de fournir une certaine richesse au pays, malgré plusieurs obstacles : l'émancipation des esclaves, la libéralisation du commerce et la concurrence européenne qui pouvait désormais fabriquer son sucre grâce à la betterave sucrière. Tant que les planteurs et les riches marchands étaient au pouvoir et qu'une main d'œuvre bon marché était assurée, le système continuait de fonctionner mais cela n'allait plus durer très longtemps. Frustrés par les bas salaires et les mauvaises conditions de vie, de nombreux habitants quittent la Barbade tandis que la révolte gronde chez ceux qui restent.

1854

Une épidémie de choléra dévaste Bridgetown, faisant plus de 20 000 victimes.

1930-1950

Grande Dépression et chemin vers l'indépendance

La Grande Dépression (et avec elle, la chute du commerce du sucre), combinée à la montée du socialisme et aux mouvements identitaires noirs comme celui du Jamaïcain Marcus Garvey, met le feu aux poudres de la contestation sociale. Les revendications ? De meilleures conditions de vie pour les travailleurs, la légalisation des syndicats et un droit de vote élargi (le droit de vote étant limité aux hommes avec un cens élevé qui excluait une grande majorité de la population).

Suite à plusieurs manifestations, la Grande-Bretagne se décide à monter la West Indies Royal Commission, ou Commission Moyne, qui va accéder à de nombreuses demandes, notamment la légalisation des syndicats. En 1942, le cens est abaissé et permet à une plus grande partie de la population de participer à la vie politique. En 1950, le suffrage universel est instauré.

1953-1966

Indépendance

L'année 1938 marque la fondation du Barbados Labour Party (BLP), sous l'impulsion de figures pionnières comme Grantley Herbert Adams. Ce dernier, devenu Premier ministre de la Barbade en 1953, laissera son nom à l'aéroport international de l'île. Son successeur, Hugh Gordon Cummings, membre du BLP également, dirigea le pays de 1958 à 1961.

Parallèlement, le mouvement indépendantiste s'intensifie. Une scission au sein du parti donne naissance au Democratic Labour Party (DLP) en 1955, incarnant une vision politique plus à gauche. En 1961, la Barbade franchit une étape cruciale en accédant à l'autogestion interne. Le DLP, mené par Errol Barrow, remporte les élections.

De 1958 à 1962, la Barbade s'intègre à la Fédération des Indes occidentales, réunissant les anciennes colonies britanniques de la région. Cependant, des divisions internes fragilisent la fédération, conduisant à son effondrement.
Le 30 novembre 1966, la Barbade proclame son indépendance, avec Errol Barrow comme Premier ministre. Sa statue trône fièrement sur la Place de l'Indépendance. Intégrée au Commonwealth, la Barbade reconnaît la Reine d'Angleterre comme sa souveraine, représentée par des gouverneurs-généraux.

1966-2018

Post-indépendance

Dans les années qui suivirent, le gouvernement dirigé par Barrow s'applique à s'affirmer sur la scène internationale (notamment en contribuant à lancer la CARICOM, un espace de coopération économique et politique) et à diversifier l'économie du pays, encore largement dépendante de la production de canne à sucre.

Malgré ces obstacles, le pays connaît une croissance notable dans les décennies qui suivent. L'industrie se développe, le tourisme aussi, devenant un secteur économique crucial, tandis que l'éducation et les services de santé s'améliorent considérablement.

Les années 1970 et 1980 sont un peu plus difficiles et marquées par des crises économiques et sociales. Pourtant, la jeune démocratie reste stable et les gouvernements dirigés par le DLP ou le BLP se succèdent. En 1976, Tom Adams (le fils de Grantley Adams) remporte les élections pour le BLP. Ses positions plus conservatrices et plus pro-occidentales font que la Barbade deviendra une plateforme pour l'invasion de la Grenade par les États-Unis en 1983, visant à renverser le gouvernement communiste arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'État.

En 2018, le BLP remporte les élections et sa dirigeante, Mia Mottley, devient la première femme Première Ministre.

2020-2021

L'instauration de la République

Le mouvement républicain à la Barbade ne date pas d'hier. Déjà sous le gouvernement BLP d'Owen Arthur, élu en 1994, un référendum sur la question avait été envisagé pour 2008. Cependant, il n'eut jamais lieu.

Le 15 septembre 2020, le gouvernement BLP, dirigé par Mia Mottley, annonce officiellement l'intention de la Barbade de rompre ses liens avec la monarchie britannique et de devenir une république, en restant membre du Commonwealth. La date choisie pour cette transition historique ? Le 30 novembre 2021, jour du 55e anniversaire de l'indépendance du pays.

Dame Sandra Mason, dernière gouverneure-générale de la Barbade, est désignée candidate à la présidence de la république par un vote réunissant tant le parti au pouvoir que l'opposition. Le 30 octobre 2021, elle est élue première Présidente de la Barbade.

Depuis, la Barbade poursuit sa mue.