Découvrez le Suriname : Environnement

Discret, petit, peu peuplé… Qui se douterait que le Suriname est l’un des leaders écologiques mondiaux, et ce, à bien des égards ? Pourtant, il réussit l’impossible en matière de bilan carbone, bat tous les records concernant la gestion de ses forêts, qu’il protège de longue date grâce à différentes réserves, met à l’épreuve les esprits affûtés de ses universitaires pour inspirer des solutions innovantes face à ses problématiques environnementales les plus complexes… Ce n’est donc pas pour rien, si après une visite officielle au Suriname en 2022, António Guterres, secrétaire général à la tête des Nations unies, a déclaré : « Ce que j'ai vu ici au Suriname me donne de l'espoir et m'inspire. » Mais ses terres si généreuses et abondantes lui offrent parfois tant de richesses, qu’elles attirent trop de convoitises, et voilà que le Suriname doit à nouveau faire face à un défi de taille : celui de l’orpaillage illégal.

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Un bilan carbone négatif

A l’échelle mondiale, seuls trois pays ont un bilan carbone négatif. Le Bhoutan, le Panama et le Suriname absorbent donc plus de CO2, qu’ils n’en émettent. Leur point commun : un dense couvert forestier. Les arbres ont en effet cette faculté exceptionnelle de piéger le dioxyde de carbone. Tant mieux : ils recouvrent 93 % de la surface du Suriname. Mais il ne serait pas possible pour la forêt d’absorber plus de CO2 que le pays n’en produit, si elle n’était pas aidée par des politiques nationales de réduction des émissions, et notamment une utilisation importante d’énergies renouvelables et faibles en émissions de carbone. Fort de ces efforts, mais aussi de sa petite population d’un peu plus de 600 000 habitants, il fait partie des pays qui émettent le moins de carbone au monde.

Record de la plus grande surface forestière

Avec un impressionnant score de 93 % du territoire recouvert de forêt, le Suriname détient le record mondial de la plus grande proportion d’un territoire national couverte de forêt. En termes de surface brute de forêt, il arrive même à se hisser à la 37e position mondiale, avec 153 000 km² de forêt, alors même qu’il compte parmi les plus petits pays au monde.

La forêt qui recouvre le Suriname est d’autant plus précieuse qu’elle fait partie des rares reliques de forêts primaires dans le monde, c’est-à-dire celles n’ayant souffert d’aucune altération par l’Homme. Mieux encore, elle fait partie de l’immense forêt amazonienne, qui représente l’écosystème le plus riche au monde.

Un littoral en proie à l’érosion

S’il trône en première place des pays avec le plus vaste couvert forestier au monde, c’est aussi que plus de 90 % de la population du pays vit sur le littoral, et non dans les terres. Cela entraîne toutefois d’autres problématiques, et notamment celle d’encourager l’érosion, à laquelle la côte surinamaise est naturellement très sensible.

Pourtant, il s’agit là d’écosystèmes particulièrement précieux, qui comprennent notamment des mangroves. Ces forêts tropicales semi-immergées sont des habitats de choix pour nombre d’espèces. Plus encore, elles jouent un rôle clef face à l’érosion, alors que les racines s’ancrent dans le sol, et l’empêchent ainsi de s’effondrer.

Malheureusement, très sensibles au changement climatique, elles disparaissent à l’échelle mondiale, et le Suriname ne fait pas exception. La zone de Weg Naar Zee, au nord de la capitale Paramaribo, en est un excellent exemple, alors qu’elle souffre d’une érosion extrême. Le pays, soutenu par l’ONU, déploie de grands efforts pour endiguer le problème. L’Université Anton de Kom a ainsi développé un système basé sur des techniques ancestrales. Le long des côtes, et particulièrement de celles de Weg Naar Zee, elle place des pièges à sédiments, pour fixer le sol, et replante de nouveaux végétaux, pour lutter contre l’effet destructeur des vagues. Depuis son implantation en 2016, cette méthode innovante et prometteuse est déjà suivie de près par les universitaires du monde entier, pour peut-être l’appliquer à d’autres littoraux érodés du monde entier…

La bauxite : un cadeau empoisonné

La forêt surinamaise n’est pas seulement riche en espèces vivantes. Son sol cache un autre trésor, dont elle se serait bien passée : la bauxite. C’est cette roche, l’un des composants principaux de la production d’aluminium, qui soutient l’industrie minière surinamaise. Ce secteur économique représente à lui seul plus d’un tiers du PIB national.

L’exploitation des précieux minerais représente un risque majeur pour la forêt tropicale. Ses galeries et carrières mènent donc à la destruction d’habitats sauvages d’une richesse incomparable. En plus de cela, elle provoque une importante pollution de l’eau, notamment par l’utilisation de mercure. On retrouve ainsi des concentrations anormalement élevées du métal toxique dans le bassin du fleuve Maroni. Ce fleuve, qui marque la frontière entre le Suriname et la Guyane française, est depuis ses deux rives, le théâtre d’un important orpaillage illégal d’or. Mais la France et le Suriname ont récemment signé un accord, salué par les ONG de protection de l’environnement, pour mettre fin à ce trafic.

Les parcs naturels : barrières essentielles face à l’orpaillage

Le Suriname compte un parc et onze réserves naturelles. Ils sont d’autant plus importants, qu’ils représentent des zones de protection face à l’exploitation minière. Créé en 1970, le parc naturel de Brownsberg en est l’exemple parfait. Brownsberg, comme on l’appelle localement, est en effet un ancien site d’exploitation, et tire même son nom d’un des premiers orpailleurs à l’avoir exploité, John Brown. Le parc est aujourd’hui encore la cible des orpailleurs illégaux d’or, qui étaient estimés à au moins 1 500 à y avoir établi leurs quartiers en 2012. Mais sa protection légale permet de limiter les dégâts.

Le petit pays compte aussi l’une des plus vastes réserves naturelles au monde : la réserve naturelle du Suriname Central. Avec plus d’1,6 million d’ha de superficie, elle représente plus de 10 % de la surface du pays. Elle est composée d’une mosaïque d’écosystèmes très divers et particulièrement bien préservés, entre reliefs et réseau hydrographique très développé, qui lui confèrent une biodiversité d’une richesse inestimable. Jaguars, tatous géants, tapirs, paresseux et primates composent avec plus de 5 000 espèces de plantes. La réserve naturelle du Suriname Central est si précieuse, qu’elle est reconnue par l’UNESCO, qui l’a inscrite au patrimoine mondial, pour sa richesse écologique.

Les dix autres réserves du pays sont, elles aussi, autant d’enclaves de biodiversité, et témoignent de la volonté du Suriname de protéger son environnement. La réserve privée de Pepperpot en est témoin, elle qui était ainsi une ancienne plantation de café et de cacao, reconvertie en corridor écologique à 10 minutes seulement de la capitale. La Coppenamemonding, réserve naturelle, quant à elle, était listée dans le Code pénal comme une zone d’intérêt particulier dès 1915, jusqu’à devenir en 1961 une réserve naturelle. Aujourd’hui, elle est l’un des principaux réservoirs ornithologiques du pays.

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