Guide du Suriname : Histoire

Figures historiques

George Henry Barnet Lyon (1849-1918). Homme du gouvernement et avocat qui s'est occupé des immigrants indiens et javanais. Né à Paramaribo le 7 janvier 1849, il passe une partie de son enfance à Bruxelles avant d'étudier le droit aux Pays-Bas en 1871. Il rejoint ensuite son père au Suriname afin de l'aider dans la gestion et l'administration de ses plantations. Il devient membre temporaire de la Cour de justice de Paramaribo de 1878 à 1880, puis avocat général et sous-procureur général de 1883 à 1886. En 1891, il succèdera à Cateau Johan van Rosevelt en tant qu'agent général de l'immigration, avant de devenir chef du département de l'immigration. C'est à cette même période qu'une immigration massive d'Hindous et de Javanais a lieu, afin de travailler dans les plantations. Il décèdera en 1918 à l'âge de 69 ans à La Haye. Le 7 janvier 1908, un buste en son honneur est financé par la communauté indienne : il est visible à Paramaribo, à l'angle des rues Henck Arronstraat et Grote Combeweg.

Johan Adolf Pengel (1916-1970). Politicien populaire du Suriname, d'origine afro-surinamaise, né le 20 janvier 1916 à Paramaribo. Il commença en tant que leader des travailleurs syndicaux du Suriname, puis, au sein du National Party of Suriname, il fut l'un des politiciens les plus influents du moment. Il occupa le poste de Premier ministre de 1963 à 1969 pour ce même parti. Il était très proche de Lachmon et de son parti VHP, le plus grand parti hindou. Il a donc mené une politique de fraternisation afin que les deux partis apprennent à se comprendre mutuellement. Il a aussi été le premier homme politique à demander réparation à l'ancien régime colonial, et à donner un sentiment de dignité au Suriname, d'où sa popularité. Sous son gouvernement, les infrastructures du Suriname ont été largement développées : des routes et des hôpitaux furent construits et les infrastructures déjà installées ont été améliorées. Il fut aussi ministre des Finances, mais rapidement, il sera accusé d'exercer son pouvoir de manière paternaliste. De plus en plus critiqué, une grève de l'éducation a lieu en 1969 et provoque sa démission immédiate. Il s'éteindra un an après, le 5 juin 1970. Sa statue se trouve en face du ministère des Finances à Paramaribo. Erigée en 1974, c'était la première statue coulée en bronze du Suriname. Son nom a aussi été donné à l'aéroport international, non loin de la capitale.

Jagernath Lachmon (1916-2001). Homme politique surinamais d'origine indienne, fondateur du parti politique progressiste Hindustani (VHP). Né le 21 septembre 1916 dans le district de Nickerie, ses parents faisaient partie de la première vague d'immigration des Indes anglaises. Il décide de faire des études de droit et est formé par l'avocat créole Julius Caesar de Miranda. Surpris qu'un Créole vienne en aide à un Hindou, Lachmon s'efforcera par la suite à aider la réconciliation entre les différentes communautés ethniques. Il devient avocat en 1940 et c'est aussi l'un des fondateurs du parti politique progressiste Hindustani (VHP) en 1947. C'est le plus grand parti politique hindou du Suriname et Lachmon en sera le président jusqu'à sa mort. Il devient député au Parlement en 1949. En 1987, son parti VHP arrive enfin au gouvernement et Lachmon devient président de l'Assemblée nationale. Au total, il sera président du Parlement cinq fois. En juin 1999, il sera inclus dans le Livre Guinness des Records comme parlementaire le plus ancien dans le monde. Il décédera en 2001 lors d'une visite officielle aux Pays-Bas.

Son plus grand souhait était de faire du Suriname un modèle pour le monde entier, où toutes les cultures et religions se côtoieraient dans la paix et le respect. Sa statue se trouve sur la place de l'Indépendance à Paramaribo.

Ronald Venetiaan (1936-). Poète et homme politique surinamais, il fut le sixième président de la République du Suriname, le 7 septembre 1991. Suite à la situation politique instable instaurée par Desiré Bouterse, il a pu rétablir la démocratie au Suriname. Il a été le président de la République à trois reprises, d'une part entre 1991 et 1996 puis de 2000 à 2010.

Il a étudié les mathématiques et la physique à l'Université de Leiden aux Pays-Bas. En 1964, il obtient sa maîtrise puis revient au Suriname, où il travaille comme professeur de mathématiques et de physique. A partir de 1969, il devient directeur de l'École secondaire générale.

En 1973, il occupe les fonctions de ministre de l'Éducation, dans le gouvernement de Henck Arron. Il cesse ses fonctions politiques suite au coup d'Etat mené par le sergent Desi Bouterse en 1980 contre le gouvernement Arron. Il devient alors professeur à la faculté technique de l'Université Anton de Kom.
Suite aux élections de 1987, la démocratie est restaurée, Venetiaan est à nouveau ministre de l'Éducation, avant le nouveau coup d'Etat du 24 décembre 1990.
Hostile aux militaires, il devient le chef de file d'une coalition multi-ethnique issue de la société civile. En 1991, il candidate à la présidentielle pour le Nouveau Front, pour la démocratie et le développement. Il a été élu le 7 septembre et réussit à remplacer Bouterse par un officier loyal. L'année suivante, les accords de Kourou sont signés : la paix est établie entre la guérilla et le gouvernement surinamais, ce qui permet à des milliers de réfugiés de revenir. Si les relations avec les Pays-Bas reprennent, l'économie surinamaise, elle, continue à baisser.
En 1996, c'est Jules Wijdenbosch, soutenu par Desi Bouterse, qui remporte les élections. Venetiaan reste membre de l'Assemblée nationale et l'ensemble du gouvernement Wijdenbosch doit faire face à une hyper inflation et à de violentes manifestations. Ce contexte difficile lui est favorable et lui permet d'être réélu, toujours pour le Nouveau Front, le 12 août 2000. Il présidera jusqu'en 2010, succédé cette fois par Dési Bouterse et le Parti démocratique national. Il représentera toujours le Parti national du Suriname (NPS) à l'Assemblée nationale jusqu'en octobre 2013, où il déclare renoncer à son siège.

Il est récompensé de deux grands prix en 1978 : le prix néerlandais Commandeur de l'Ordre d'honneur de l'Etoile jaune en 1978 et Grand Maître du même ordre en 1991.
Depuis ses années d'études, Venetiaan s'affirme aussi en tant que poète, souvent sous le pseudonyme de Vene. Il publie notamment Mamjo (1963) et Moetete (1968). Marié avec Liesbeth Vanenburg, il a quatre enfants.

La colonie néerlandaise

Les premiers habitants du Suriname étaient les Indiens caraïbes. Le premier établissement européen dans cette région est celui des colons de la Barbade, amenés par lord Willoughby (1651). Ils mettent en place des plantations de canne à sucre et de tabac sur les rives ouest de la rivière du Suriname et fondent la localité appelée aujourd'hui Paramaribo. Le Zélandais Abraham Crijnssen envahit la colonie de Willoughby et les Néerlandais se font céder cette colonie à la paix de Bréda (1667), cession confirmée par le traité de Westminster (1674) en échange d'une de leur colonie, l'actuelle New York. La population, fort cosmopolite (Anglais, Néerlandais, Allemands, Français, Marranes), se consacre aux plantations de canne à sucre. Mais difficile de résister aux assauts des Européens. Les Zélandais vendent la colonie à la Compagnie des Indes orientales néerlandaises et à la famille Van Aerssen Van Sommelsdijk en 1683. Le chef de famille, Cornelis Van Aerssen Van Sommelsdijk (Corneille Van Aarssen), devient gouverneur du Suriname. Van Aerssen améliore la sécurité dans les plantations. Il est tué par ses troupes lors d'une mutinerie en 1688.

Chronologie

Entre 3000 et 1100 av. J.-C > Arrivée au Suriname, et plus largement sur le plateau des Guyanes, des premières ethnies amérindiennes : les paléo-indiens. Les Arawaks n'arrivent qu'au Ier siècle après J.-C., puis vers l'an 900, c'est au tour des Caraïbes et enfin les Tupis.

1500 > Expéditions espagnoles qui permettent de découvrir les côtes du Suriname.

1600 > Installation des Amérindiens dans le village de Parmarbo, non loin de l'actuel Paramaribo.

1595-1616 > Expéditions britanniques (Walter Raleigh...) au Suriname et découverte des Amérindiens.

1613 > Installation de commerçants zélandais et construction au bord du fleuve d'un poste de commerce entouré d'une palissade, qui deviendra Fort Zeelandia.

1616-1626 > Installation de colonies permanentes néerlandaises sur les estuaires de la rivière Essequibo, de la Berbice puis de la Demara (l'actuel Guyana).

1630 > Implantation des Britanniques à l'embouchure du fleuve Suriname.

1644 > Occupation française, réalisation du premier fort en bois à la place du poste de commerce.

1651 > Lord Willoughby, gouverneur de la Barbade, s'installe dans la région et occupe le fort, appelé Fort Willoughby. Arrivée de colons britanniques et d'esclaves noirs de la Barbade, pour travailler dans les premières plantations créées.

1667 > Traité de Breda : Le Suriname devient hollandais et le fort est renommé Fort Zeelandia.

1667 à fin du XVIIIe siècle > Les Néerlandais deviennent les maîtres du littoral des Guyanes, du Maroni à l'Essequibo (soit Suriname et Guyana). Administration des quatre colonies permanentes par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales dont la ville d'Amsterdam devient propriétaire en 1770. Création des polders (sujets actuellement à la montée des eaux maritimes).

1674 > Traité de Westminster suite à la troisième Guerre anglo-néerlandaise, où la Grande Bretagne reprend puis perd le Suriname. Les conditions du traité de Breda sont entérinées : les Pays-Bas échangent l'une de leur colonie dans l'Amérique du Nord, New Amsterdam, l'actuelle New York, contre le Suriname.

1683 > La " société du Suriname " est instaurée avec trois participants, qui se partagent à parts égales les profits de la société : la ville d'Amsterdam, la famille Van Aerssen van Sommelsdijck et la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Cette société prendra fin en 1795 lorsque ce genre d'échange et de commerce ne sera plus valable

1760-1767 > Après un siècle de révoltes et fuites d'esclaves (marronnage) du fait des très dures conditions de ces derniers, le traité d'Auca est signé entre les planteurs colons, sous gouvernement hollandais, et les Ndjuka, esclaves noirs-marrons entrés en résistance. Ils deviennent ainsi le premier peuple sur le continent américain à avoir obtenu son indépendance des colons européens.

1783 > Les Néerlandais signent ensuite un traité avec le chef des révoltés Aluku Nengé, surnommé Boni, reconnaissant une véritable autonomie aux Noirs-Marrons réfugiés dans les zones forestières.

1799 > Reprise des colonies et donc du Suriname par les Britanniques.

1814-1815 > Traités par lesquels les trois colonies de l'Essequibo, Berbice et Demara restent à la Grande-Bretagne, et celle du Suriname aux Pays-Bas.

1816 > Les colonies passent sous l'administration des Pays-Bas, faisant ainsi perdre tous leurs privilèges à la Compagnie des Indes occidentales et à la ville d'Amsterdam. Nomination d'un gouverneur par La Haye.

1821 > Un violent incendie ravage la ville de Paramaribo : 400 maisons et autres bâtiments sont détruits autour de la place de l'Indépendance et Waterkant.

1832 > Second incendie à Paramaribo, 46 maisons sont détruites. La Jodensavanne est dévastée et abandonnée.

1863 > Abolition tardive de l'esclavage (1794 puis 1848 dans les colonies françaises) libérant ainsi les 33 000 esclaves. Les colons font venir dans les plantations des travailleurs hindoustanis (accord avec Londres), javanais, et chinois.

1866 > Le Suriname possède son propre parlement.

1873 > Libération effective des esclaves. Entre temps, les planteurs avaient fait venir de nombreux travailleurs des Indes orientales néerlandaises, essentiellement des Chinois. Après 1873, on fit venir également des Indiens.

1915 > Début de l'exploitation de la bauxite par la compagnie américaine Suralco, gérée par l'alliance d'Alcoa and Alumina Ltd.

1916 > Gandhi met fin à l'arrivée massive de travailleurs indiens au Suriname.

1920 > Première mine de bauxite à Moengo.

1938 > Essor de la bauxite au Suriname avec les compagnies américaines implantées dans l'intérieur des terres. L'aluminium extrait servira à construire des avions et ainsi alimenter les forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale.

1940-1945 > Les Pays-Bas sont sous occupation allemande.

1941 > Les Etats-Unis envoient 3 000 hommes pour protéger les mines de bauxite.

1950 > Les Surinamais obtiennent des Pays-Bas le suffrage universel et le régime parlementaire.

1954 > La colonie du Suriname reçoit de la couronne néerlandaise un statut d'autonomie interne : les domaines de la défense et des affaires étrangères restent sous le contrôle des Pays-Bas.

1961-1966 > Créations des réserves naturelles de Wia Wia, Brinckheuvel et Coppename Monding.

1969 > Création de la réserve naturelle de Galibi.

1970 > Création du parc national de Brownsberg.

1972 > Création des réserves naturelles de Sipaliwini et Hertenrits.

25 novembre 1975 > Acte d'indépendance adopté par le parlement surinamais. Johan Ferrier fut le premier président du Suriname indépendant, avec Heck Arron, du Parti national du Suriname, comme Premier ministre. Exode des Hindoustanis surtout : un tiers de la population du Suriname émigre aux Pays-Bas.

25 février 1980 > Coup d'État militaire du sergent Desiré Bouterse contre le gouvernement Arron.
Interdiction des partis politiques au Suriname.

8 décembre 1982 > Assassinat de 15 opposants au régime militaire dans le Fort Zeelandia. Les Pays-Bas et les Etats-Unis cessent le versement de l'aide au développement. L'économie s'effondre et l'émigration vers les Pays-Bas s'accélère (environ 400 000 en 2010).

1985 > L'interdiction des partis politiques est levée. Rédaction d'une nouvelle Constitution.

1986-1987 > Création des réserves naturelles de Copi, Boven Coesewijne, Wanekreek, Peruvia et Bigi Pan.

1986 > Révolte des Bushinengés conduits par Ronnie Brunswijk, un des gardes du corps de Bouterse. Début de la guerre civile du Suriname et massacre par les forces gouvernementales d'une trentaine de civils dans le village Bushi Nengé de Moiwana, proche de la frontière avec la Guyane française. Pression internationale vers un processus de démocratisation.

1987 > Elections remportées à 40 puis 51 sièges par le Front pour la démocratie et le développement, coalition anti Bouterse. Adoption d'une nouvelle Constitution.

24 décembre 1990 > Un coup d'Etat mené par Bouterse a lieu et un nouveau gouvernement soutenu par l'armée prend le pouvoir, avec Johan Kraag comme président.

7 septembre 1991 > De nouveau, Bouterse s'efforce de gagner le soutien de la population, mais il perd devant Ronald Venetiaan qui est élu président de la République. La démocratie est rétablie. L'aide néerlandaise est reprise.

1992 > Accords de Kourou, la paix est signée entre le gouvernement surinamais et la guérilla.

4 juillet 1995 > Intégration du Suriname à la Communauté caribéenne (CARICOM), qui a pour objectif de renforcer les liens interétatiques dans les Caraïbes.

1995 > Le Musée national du Suriname reprend possession du Fort Zeelandia devenu une prison pendant l'occupation militaire. Ouverture des portes du fort au grand public le 25 novembre 1995.

1996 > Jules Wijdenbosch, soutenu par Bouterse, est élu président de la République par l'Assemblée.

1998 > Création de la réserve naturelle du Suriname central.

1999 > Ce dernier est destitué suite à de nombreuses grèves liées aux difficultés économiques que rencontre le pays.

2000 > La réserve naturelle du Suriname central est inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Mai 2000 > Ronald Venetiaan remporte les élections présidentielles.

2002 > Le centre ville historique de Paramaribo est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

8 décembre 2004 > Déclaration de Cusco et création de l'UNASUR, l'Union des nations sud-américaines, dans laquelle est intégré le Suriname. Cette organisation intergouvernementale intègre deux unions douanières présentes dans la région : le Marché commun du Sud (Mercosur) et la Communauté andine (CAN), dans le cadre d'une intégration continue de l'Amérique du Sud.

12 août 2005 > Ronald Venetiaan remporte à nouveau les élections (coalition de 8 partis, 29 députés sur 51).

1er janvier 2006 > Participation du Suriname au marché unique du CARICOM.

1er décembre 2007 > Début du procès des auteurs présumés des " Massacres de décembre 1982 " (24 suspects dont Desi Bouterse).

23 mai 2008 > Le traité constitutif de l'UNASUR est signé lors du Troisième Sommet des chefs d'État qui se tient à Brasilia (Brésil).

2010 > Population locale : 520 000 habitants, outre de nombreux étrangers (40 000 Brésiliens, 10 000 Haïtiens...) ; émigrés aux Pays-Bas : environ 350 000.

Mai 2010 > Élections générales qui placent la coalition de Desi Bouterse en tête, mais sans majorité absolue. Celui-ci est néanmoins élu président de la République le 12 août 2010.

30 août 2013 > La septième rencontre des dirigeants de l'UNASUR se tient au Suriname. Parallèlement, le fils du président Bouterse, Dino, est arrêté par les autorités américaines pendant un voyage au Panama, pour trafic d'armes et de stupéfiants.

3 mars 2015 > Abolition de la peine de mort par le Parlement du Suriname.

25 mai 2015 > La Megacombinatie, la grande coalition de Desi Bouterse, remporte les élections législatives. Il est réélu à la présidence du pays le 14 juillet 2015.

L'esclavagisme dans les plantations

Pour améliorer le rendement dans les plantations, la Hollande fait venir des Noirs africains, réduits ensuite en esclavage. Ces esclaves dépassaient numériquement les Européens dans les plantations. Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, ils s'échappent des plantations pour vivre dans la forêt. Ces réfugiés sont appelés " Marrons ". Beaucoup sont revenus dans les plantations et les ont attaquées.

Les gouverneurs Mauritius et Crommelin ont réussi à signer des accords de paix avec certaines tribus de Marrons. Le Suriname fut ensuite occupé par les Anglais en 1799 après que la Hollande fut devenue un bout de la France (la République batave). Excepté la période allant de 1802 à 1804, le Suriname est resté territoire anglais jusqu'en 1816. Les Britanniques en effet occupent les colonies de la Hollande lors des guerres de la Révolution et de l'Empire. Ils abolissent la traite des esclaves en 1808 et améliorent la situation des esclaves.

Après la défaite de Napoléon, les Pays-Bas récupèrent leur colonie. Les Britanniques restituent alors le Suriname au Royaume des Pays-Bas (1816) à la suite de la convention de Londres (13 août 1814) et du second traité de Paris (20 novembre 1815). Le 1er juillet 1863, les Hollandais sont les derniers des Européens à abolir l'esclavage. Quelques années auparavant, afin de pallier le manque de main-d'oeuvre dans les plantations, les propriétaires des plantations avaient commencé l'importation de travailleurs d'autres continents. Parmi eux, des Indiens (principalement du Bengale Occidental), des Indonésiens, des Chinois, des Portugais et des Libanais.

L'accession à l'indépendance

Le déclin irrémédiable des plantations fait dépendre l'économie locale de la bauxite, dont l'essor date de 1916, date de l'arrivée de l'entreprise américaine Suralco. Et c'est ainsi que la bauxite du Suriname aura sa place et profitera aux Forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale : l'aluminium fait à partir de la bauxite était très important dans la construction des avions. Le Suriname était alors livré à lui-même pendant l'occupation allemande des Pays-Bas (1940-1945). A cette même période, les Allemands avaient un énorme bateau, le Goslar à Paramaribo. Avant qu'il ne soit pris par les autorités surinamaises, il fut coulé par son capitaine. On y voit encore les vestiges dans le port de Paramaribo. Après la guerre, le statut politique des colonies hollandaises a changé. En 1950, le Suriname reçoit des Pays-Bas le régime parlementaire et le suffrage universel. La Constitution de 1954, qui octroie l'autonomie, prévoit que les ministres sont responsables devant le Conseil législatif, élu pour cinq ans.

Après une période où gouvernent surtout les conservateurs, créoles (1963-1969) ou hindoustanis (1969-1973), le parti progressiste NPK (Nationale Partij Kombinatie) emporte les élections de 1973. Son leader, Henck Arron, devient alors Premier ministre et négocie avec le gouvernement des Pays-Bas l'accession à l'indépendance. Celle-ci devient effective en novembre 1975 et une Constitution de type parlementaire est votée ; Dr Johan Ferrier devient le premier président du Suriname indépendant, avec Henck Arron comme Premier ministre.

Instabilité politique et guerre civile

Les difficultés économiques, l'émigration vers les Pays-Bas de 140 000 indiens (appelés hindoustanis au Suriname) et une vie politique où s'affrontent une multitude de petits partis souvent construits sur une base ethnique provoquent le coup d'Etat de février 1980. Un Conseil national militaire est créé et un médecin, Hendrik R. Chin A Sen, devient d'abord Premier ministre puis, après un nouveau coup d'Etat en août 1980, cumule ses fonctions avec celle de président de la République. Le nouveau pouvoir, une dictature militaire menée par le lieutenant-colonel Dési Bouterse, provoque la dissolution du Parlement, la suspension de la Constitution et l'interdiction des partis politiques...

Une tentative de coup d'Etat en mars 1982, destinée à restaurer un régime parlementaire pro-occidental, échoue ; le président Chin A Sen est destitué. Dési Bouterse, homme fort du pays, liquide tous ses opposants.

Le 8 décembre 1982 est une date importante : l'exécution de quinze intellectuels (avocats, journalistes, militaires), opposants au régime militaire, a lieu dans le Fort Zeelandia à Paramaribo. Il faudra de nombreuses années avant que les autorités du Suriname entreprennent les premières étapes judiciaires afin d'éclaircir l'affaire. En 1983, les proches de huit victimes ont introduit une requête auprès du Comité des droits de l'Homme des Nations unies : un an après, un rapporteur spécial de ce Comité se rend au Suriname et aux Pays-Bas afin de mener l'enquête, et conclut qu'au cours de la nuit du 8 au 9 décembre 1982, " des exécutions sommaires et arbitraires ont eu lieu [qui] avaient eu un effet traumatisant " sur la population surinamaise. En effet, les " Massacres de décembre 1982 " ont profondément marqué et divisé le peuple surinamais. En protestation, le gouvernement des Pays-Bas gela l'aide au développement du Suriname à l'époque.

La confusion politique se double d'une grave agitation sociale. Le régime est également menacé de déstabilisation par le développement de la guérilla dans le Sud et l'Est du pays. Un processus de démocratisation est engagé en 1985 ; il aboutit à l'adoption par référendum d'une nouvelle Constitution (le 30 septembre 1987). L'Assemblée nationale, issue des élections du 25 novembre, élit à la présidence de la République (janvier 1988) le candidat de l'opposition, Ramsewak Shankar. Ce dernier, en 1989, négocie avec la guérilla un accord de paix qui ouvre la voie du retour pour des milliers de réfugiés. Mais en 1990, les militaires reprennent le pouvoir et Ronald Venetiaan, candidat d'une coalition multiethnique hostile aux militaires, est élu chef de l'Etat en 1991. En 1992, un accord de paix est signé entre le gouvernement et la guérilla.

Les « Massacres de décembre 1982 »

Le 8 décembre 1982 on exécute quinze intellectuels (avocats, journalistes, militaires), opposants au régime militaire dans le Fort Zeelandia, à Paramaribo. Ces évènements ont profondément marqué et divisé le peuple surinamais, et les responsables n'ont toujours pas été jugés, l'enquête juridique étant toujours en cours. Les militaires ayant procédé à l'exécution par arme à feu étaient sous les ordres de Dési Bouterse, mais les circonstances exactes du massacre n'ont toujours pas été élucidées à ce jour, d'autant qu'à l'époque, les corps furent enterrés sans autopsie. Il faudra de nombreuses années avant que les autorités du Suriname entreprennent les premières étapes juridiques afin d'éclaircir l'affaire. La direction de l'armée justifie cette exécution par le fait que les quinze personnes " étaient en fuite ", alors que d'autres versions parlent de torture, de meurtre, d'exécutions sommaires ainsi que de la présence de Dési Bouterse lui-même lors des exactions.

En 1983, les proches de huit victimes ont introduit une requête auprès du Comité des droits de l'Homme des Nations unies. Un an après, un rapporteur spécial de ce Comité se rend au Suriname et aux Pays-Bas afin de mener l'enquête, et conclut qu'au cours de la nuit du 8 au 9 décembre 1982, " des exécutions sommaires et arbitraires ont eu lieu [et ont] eu un effet traumatisant " sur la population surinamaise. Il faudra tout de même attendre jusqu'en 2007 pour que débute le procès des auteurs présumés de ces massacres. En tout, 24 personnes sont suspectées, dont Dési Bouterse, qui dément avoir été personnellement présent lors de ces événements, mais admet être " politiquement responsable " de ces meurtres. Depuis le début du procès, ce dernier refuse de se présenter devant le tribunal et plaide pour une amnistie pour les auteurs et leurs complices.

En octobre 2007, suite à une déclaration de deux témoins oculaires, il fut admis que Bouterse était présent à Fort Zeelandia durant ces massacres, et qu'il ait reçu les victimes dans son bureau peu avant leur mort. Les meurtres auraient été préparés déjà un mois avant. Initialement le régime Bouterse avait prévu d'exécuter les opposants en mer. Ce plan fut ensuite écarté.

Le procès commença le 30 novembre 2007 sur la base navale de Box à Domburg. Parmi les suspects, Marcel Zeeuw, Etienne Boerenveen et Arthy Gorré étaient présents. Le suspect principal Dési Bouterse ne se présenta pas. Son avocat, Irwin Kanhai argumenta que son client ne devait pas paraître devant une Cour martiale, mais devait être jugé devant un tribunal. Le procès fut suspendu en avril 2008. Jusqu'alors il y avait eu cinq séances au cours desquelles les avocats des suspects avaient fait des tentatives pour faire déclarer la Cour martiale incompétente pour juger l'affaire.

Le procès reprit le 3 juillet 2008. Aux côtés des militaires Etienne Boerenveen et Arthy Gorré, comparaissaient Dick de Bie et Iwan Krolis convoqués comme suspects. Quelques dizaines de personnes furent appelées à témoigner. Eleonora Graanoogst, ancienne secrétaire de Dési Bouterse aurait déposé un témoignage accablant contre Bouterse.

Une nouvelle suspension eut cependant lieu après que l'avocat de Dési Boutersé ait déposé une requête en récusation à l'encontre de la présidente de la Cour martiale, Cynthia Valstein-Montnor. Deux autres requêtes en récusation furent déposées mais déclarées non recevables.

Le 23 mars 2012 Ruben Rozendaal, ancien confident de Bouterse, déclara sous serment qu'à l'époque Dési Bouterse avait personnellement tiré mortellement sur Cyrill Daal et Surendre Rambocus. Juste après cette déclaration, le 4 avril 2012, l'Assemblée nationale adopte, avec 28 voix contre 12, une proposition controversée de modification de la loi d'amnistie : la période sur laquelle la loi porte ne commence plus à partir du 1er janvier 1985, mais dorénavant à partir du 1er avril 1980. Cette loi modificative empêche les suspects des massacres de décembre 1982 d'être poursuivis.

Pour ne jamais oublier cet évènement tragique et demeurant impuni, un mémorial a été inauguré le 8 décembre 2009 par le président Ronald Venetiaan sur les lieux du massacre à Fort Zeelandia. Les " Massacres de décembre 1982 " continuent encore de faire couler beaucoup d'encre dans la presse mais aussi dans la littérature surinamaise : Edgar Cairo écrivit sur ce sujet dans son roman De smaak van Sranan Libre (Le goût de Sranan Libre), qui ne fut édité que fin 2007 par les éditions In de Knipscheer.

Le Suriname aujourd'hui

Le 4 juillet 1995, le Suriname intègre la Communauté caribéenne (CARICOM), qui a pour objectif de renforcer les liens interétatiques dans les Caraïbes. Cette même année, le Musée national du Suriname reprend possession du Fort Zeelandia, qui était une prison pendant l'occupation militaire. Le fort ouvrira ses portes au grand public le 25 novembre 1995.

En 1996, Jules Wijdenbosch, soutenu par Dési Bouterse, est élu président de la République. En 1999, le entre-ville historique de Paramaribo est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, en raison de " la fusion progressive de l'architecture et des techniques de construction européennes avec les matériaux et les artisanats indigènes sud-américains, qui a fini par donner naissance à un nouveau langage architectural ". En 2004 a lieu la déclaration de Cusco et la création de l'UNASUR, l'Union des nations sud-américaines, dans laquelle est aussi intégré le Suriname. Quatre ans après cette déclaration a lieu le traité constitutif de l'UNASUR, signé lors du Troisième Sommet des chefs d'États qui se tient à Brasilia (Brésil). Son objectif premier est de " construire une identité et une citoyenneté sud-américaine et [de] développer un espace régional intégré ". Cette organisation intergouvernementale intègre deux unions douanières présentes dans la région : le Marché commun du Sud (Mercosur) et la Communauté andine (CAN), dans le cadre d'une intégration continue de l'Amérique du Sud. Le 1er janvier 2006 est par ailleurs le début de la participation du Suriname au marché unique du CARICOM, avec le Guyana. Ce n'est qu'en 2007 que débute le procès des auteurs présumés des " Massacres de décembre 1982 ", procès qui n'a toujours pas abouti à ce jour. En 2010, la population du Suriname atteint les 520 000 habitants, dont de nombreux étrangers (40 000 Brésiliens, 10 000 Haïtiens, etc.). La diaspora émigrée aux Pays-Bas, quant à elle, est d'environ 350 000 personnes. En mai 2010 ont lieu les élections générales qui placent la coalition de Dési Bouterse en tête, mais sans majorité absolue. Celui-ci est néanmoins élu président de la République le 12 août 2010. Au Suriname le vote n'est pas considéré comme un droit, mais bien comme un devoir. Les habitants de cette jeune république sont très engagés politiquement. Durant la période de ces élections, de nombreux débats, sereins, ont vu le jour. C'était une grande première pour ce pays, montrant l'avancée de la démocratie. Aujourd'hui, de nombreux partis politiques existent au Suriname : le parti Méga Combinaison (De Mega Combinatie), la Coalition du Nouveau Front (NF), le Parti Démocratique (DP), le Parti National Démocratique (NDP), le Parti Progressiste Réformé (HPP), le Parti pour le renouveau et la démocratisation (BVD), le Parti Démocratique Alternatif - 91 (DA-91), l'Alliance du peuple... Le 30 août 2013 a eu lieu la septième rencontre des dirigeants de l'UNASUR, à Paramaribo. La présidence pro tempore est exercée cette année par le Suriname. Cette rencontre sera entachée par un incident diplomatique important : le fils du président Bouterse, Dino, est arrêté par les autorités américaines pendant un voyage au Panama, pour trafic d'armes et de stupéfiants.

Malgré tout, c'est la coalition de Desi Bouterse, la Mega Combinatie, qui remporte les dernières élections législatives de mai 2015. Cependant la coalition n'obtient pas les 2/3 des sièges indispensables pour la réélection de l'ancien dictateur. Celui-ci forme alors des alliances et il est réélu à la présidence par l'Assemblée nationale le 14 juillet 2015. Le président est à la fois le chef de l'Etat et le chef du gouvernement. Ce dernier remporte la présidentielle le mois suivant. La situation économique du pays se détériore en 2016 et le dollar surinamais, autrefois indexé sur le dollar américain, est fortement dévalué. Le poids de l'économie informelle reste considérable (environ 30 % du PIB), notamment celui des activités à la limite de la légalité (casinos, maisons de change pour 200 000 touristes, contrebande, trafic de drogue, prostitution).

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