Découvrez les Bahamas : Littérature

N’allons pas croire que vivre dans un décor paradisiaque exempte de s’intéresser aux questions culturelles, preuve s’il en est besoin l’inscription en 2014 de Nassau au réseau des villes créatives référencées par l’Unesco. Outre la célébration du fameux Carnaval de Junkanoo et la sauvegarde de l’art de la paille, la capitale s’ingénie aussi à faire vivre sa littérature et a organisé en 2018 une première, le festival SeaWords Bahamas. Certes, l’histoire – et peut-être même la géographie d’un archipel particulièrement étendu et finalement assez peuplé – n’ont pas à ce jour favorisé l’émergence d’écrivains ayant accédé à une renommée internationale, pour autant le XXe siècle se montre propice aux nouvelles plumes qui, si elles restent inconnues par-delà les frontières, ont le double attrait d’être en majorité féminine et de représenter la multi-culturalité d’un pays qui a toujours été au carrefour des civilisations.

Voir le top 10 associé à ce dossier : Lecture

D’hier…

Avant d’entrer de plain-pied dans le XXe siècle, accordons-nous une embardée dans le passé, l’histoire est trop belle. Du passage de Christophe Colomb en 1492 à l’indépendance accordée par la Grande-Bretagne en 1973, les Bahamas ont été l’enjeu d’une double revendication par les Espagnols et par les Anglais. Ces derniers, pour asseoir leur position, les offrent au XVIIe à huit lords ayant soutenu le roi Charles II durant la Restauration. Ils n’y mettront jamais les pieds et devront renoncer à leur propriété – contre rémunération – quand le nouveau souverain, Jacques II, arrive au pouvoir. L’affaire en reste là jusqu’à ce qu’en 1714 George 1er, à son tour en charge de la couronne royale, décide d’installer un gouverneur sur place, son choix se porte sur Woodes Rogers, corsaire et écrivain à ses heures perdues. Ce dernier raconte ainsi dans son récit autobiographique A crusing voyage round the world comment il a, par exemple, secouru en 1709 Alexandre Selkirk qui avait été débarqué, seul, sur l’île Más a Tierra de l’archipel chilien Juan Fernández quatre ans auparavant. Une histoire qui inspira à un autre auteur, Daniel Defoe, un célèbre roman, Robinson Crusoé. Fermons là ce chapitre, car pour l’heure, Woodes Rogers a fort à faire. L’archipel est en effet la proie des pirates, en ses eaux naviguent Jack Rackham, qui inspirera à Hergé le personnage Rackham le Rouge, et son équipage non moins légendaire auquel appartiennent deux femmes qui deviendront elles aussi héroïnes de papier, Anne Bonny et Mary Read. Toutes deux ont la particularité de s’être fait passer pour des hommes pour embrasser leur carrière, et elles n’avaient absolument rien à leur envier en matière de bravoure. Elles prendront place dans le roman en deux tomes de Mireille Calmel, Lady Pirate, à découvrir aux éditions XO. L’histoire s’acheva par la mort des forbans et si les Bahamas furent ensuite témoin d’autres conflits, seul son XIXe siècle inspira à nouveau un écrivain français, Maurice Denuzière, qui y campa une trilogie portant le nom de l’archipel. Dans celle-ci, Charles Ambroise Desteyrac arrive sur place pour construire un pont, s’il tombe fou amoureux d’une belle métisse qu’il épouse, il est par ailleurs confronté à l’évolution des questions sociétales, conséquence directe de la guerre civile américaine. Cette grande fresque romanesque, riche de passions, n’oublie donc rien de la réalité historique.

…à aujourd’hui

Avec le siècle naît à Trinidad, le 4 mai 1900, une femme qui aura une influence majeure sur la culture bahaméenne, Meta Davis Cumberbatch. Elle s’installe dans l’archipel avec son mari en 1926 et rapidement s’investit dans les questions politiques, celle du racisme, qui est loin d’être résolue, puis celle du droit des femmes. En parallèle, elle s’efforce de mettre en avant le patrimoine immatériel local en initiant le Festival of Arts and Crafts à Nassau, contribue à développer celui-ci en promulguant cours de théâtre et de piano, et l’enrichit par le biais de ses propres œuvres musicales et poétiques, à l’instar de son poème A Child of nature (Negro of the Caribbean). Un engagement qui lui vaudra de devenir Mother of Arts et qui sera salué par la Reine d’Angleterre qui la fera membre de l’Ordre de l’Empire britannique lors de sa visite en 1966. Trois ans plus tard, débarque aux Bahamas un écrivain atypique, Canadien mais Anglais de naissance, ancien de la Royal Air Force, Arthur Hailey qui excellera dans l’art du roman catastrophe, dont le plus célèbre – Airport – sera adapté au cinéma dans un film éponyme où apparaissent Burt Lancaster et Dean Martin. Malgré son immense succès, il vendra des millions d’exemplaires en maintes langues, ses titres – Détective, News, Le Destin d’une femme, Bank… – sont désormais épuisés dans leur traduction française.

Au mitant du siècle apparaît une génération native particulièrement féconde. Ainsi, Telcine Turner-Rolle (1944-2012) porte la voix des étudiants qu’elle accueille durant ses cours d’écriture créative, mais publie également un recueil de poèmes pour enfants, Song of the Surreys, et se fait tout particulièrement remarquer dans le domaine du théâtre. Elle est l’auteure de la pièce Woman Take Two primée par l’Université des Antilles, et s’exercera à la mise en scène au sein de la compagnie Bahama Drama Circle. C’est dans ce même milieu qu’évolue Winston Saunders, président du Dundas Center for the Performing Arts de 1975 à 1998, acteur et dramaturge célébré pour ses textes, notamment Them et You can lead a horse to water. Il était l’époux de Gail North-Saunders qui a créé les Archives nationales et écrit des livres consacrés à l’histoire des Bahamas, elle fut, tout comme Meta Davis Cumberbatch, honorée par l’Ordre de l’Empire britannique en 2003. Quant à elle, Marion Bethel, née en 1953, publie jusqu’aux États-Unis où elle est reprise dans des anthologies poétiques. En plus de ses recueils, dont Guanahani ou Bougainvillea Ringplay, elle trouve le temps de prendre la caméra et a été récompensée pour son documentaire Womanish Ways consacré au droit de vote des Bahaméennes. Enfin, Patricia Glinton-Meicholas, qui a vu le jour en 1950 sur Cat Island a été la première lauréate du Bahamas Cacique Award for Writing en 1998. Très active, elle a participé à la création de l’Association des études culturelles, édité la revue Yinna et cofondé la maison d’édition Guanima Press avec son mari Neko. Leurs publications reflètent la force d’une littérature en devenir et l’amour pour leur pays.

Top 10 : Lecture

La littérature des Bahamas

Le paradis terrestre semble susciter chez les auteurs l’envie d’écrire de belles histoires d’amour ou, plus étrangement, de sombres romans policiers. Mais les Bahamas sont aussi le territoire des pirates et des aventuriers, ce que rappelle la littérature enfantine. À défaut de découvrir des écrivains locaux, focus sur des lectures idéales pour les vacances.

Suspense

Mauvais coucheur. Un couple en voyage de noces repêche un bras en Floride ! Une enquête qui mènera l’ex-inspecteur Andrew Yancy jusqu’aux Bahamas. Carl Hiaasen, Éditions 10-18.

Thriller

Dernière escale. Katherine Dunne décide de s’offrir une croisière avec ses trois enfants pour fuir les tensions familiales, mais le bateau fait naufrage… les Dunne ont-ils survécu ? James Patterson, Éditions Le Livre de Poche.

Saga historique

Bahamas. La célèbre trilogie s’attache aux pas de Charles Ambroise Desteyrac, ingénieur qui, en ce fougueux XVIIe siècle, est chargé de construire un pont qui résistera aux ouragans. Maurice Denuzière, Éditions Le Livre de Poche.
02 © Gallimard - coll. Folio.jpg

Classique

Le Vieil homme et la mer. Un marlin de 250 kg pêché aux abords des Îles Bimini aurait inspiré à l’écrivain ce standard de la littérature américaine. Ernest Hemingway, Éditions Folio.

Tour du monde

Voyage aux Amériques. Chanteur et navigateur, Antoine se souvient de ses voyages qui l’ont mené jusqu’aux tropiques, rafraîchissant ! Antoine, Éditions Arthaud.
03 Gallimard.jpg

Espionnage

Heures charnelles. Nathan Heller pensait juste s’acquitter d’un sale boulot en suivant un couple illégitime, il n’aurait jamais cru que cela le conduirait à frayer avec la mafia bahaméenne. Max Allan Collins, Éditions Gallimard.
Editions des Terres Rouges.jpg

Littérature DYS

Jack et l’île du crâne. Jack Rackham et son équipage doivent débarquer en urgence sur une île des Bahamas, une palpitante aventure pour les petits lecteurs DYS. Calista Moon, Éditions des Terres rouges.
l’école des loisirs.jpg

Roman ado

Chasseur de cyclones. Le collège fait moins rêver que des vacances aux Bahamas, mais quand un cyclone se profile, Élise saura-t-elle rester raisonnable ? Christine Avel, Éditions L’École des Loisirs.

Sentimental

Coup de foudre aux Bahamas. Une île paradisiaque pour se reposer, Delia pensait trouver la sérénité… mais le charismatique Texan Marcus Cerrera a peut-être une autre idée en tête. Diana Palmer, Éditions Harlequin.
Écosociété et Catherine D'amours.jpg

Essai

Paradis fiscaux : la filière canadienne. Parce que les paradis ont parfois leur face sombre, l’auteur canadien démontre comment depuis les années 50 son pays a contribué à l’offshorisation du monde. Alain Deneault, Éditions Écosociété.
Organisez votre voyage avec nos partenaires aux Bahamas
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place
Envoyer une réponse