À l’origine…
Le peuplement des Bahamas débute au Ier millénaire avec les Lucayans, un peuple taïno parlant l’arawak, arrivé dans les Caraïbes entre les années 500 et 800. Plus tard, la découverte de l’île de San Salvador par Christophe Colomb en 1492 marque le début de l’intérêt des Européens pour ces terres caribéennes. Les premières colonies anglaises permanentes s’installèrent ainsi aux Bahamas à partir de 1647, puis vinrent les loyalistes américains qui fuyaient alors la révolution américaine. Cette double vague d’émigration amena sur les îles deux catégories de colons : d’une part, les fermiers qui arrivèrent avec de larges familles et une centaine d’esclaves, et s’installèrent sur les îles extérieures ; d’autre part, les marchands et les militaires, hostiles à toute forme de promiscuité raciale, qui s’installèrent à Nassau espérant repartir en Amérique dès la fin de la guerre. Ce fut ensuite le tour des sudistes, qui débarquèrent après la guerre de Sécession. Beaucoup de ces colons arrivèrent avec leurs esclaves africains venus des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest et du Congo ; aujourd’hui, les descendants des planteurs et de leurs esclaves comptent parmi les plus anciennes familles de l’archipel.
Les hérédités de l’esclavage
Dans les villages des îles extérieures, vous constaterez certainement que les habitants portent le nom des plantations qu’occupèrent leurs ancêtres. Ainsi, certains villages ne comptent aujourd’hui qu’un nom de famille partagé par tous les villageois ! À Man o War par exemple (Abacos), tous les habitants s’appellent « Albright », à Spanish Wells (Eleuthera), la moitié de la population porte le nom de « Pinder », à Exumas les « Rolle » sont omniprésents. Ailleurs, « Saunders », « Malone », « Lowes », « Bethels » et autres « Alburys » sont autant de patronymes loyalistes que les familles sont fières de porter.
Une population jeune, urbaine et peu métissée
Les Bahamas s’enorgueillissaient jusqu’à très récemment du deuxième taux de natalité le plus élevé au monde. Résultat : près de 60 % de la population a aujourd’hui moins de 30 ans. Jeune, la population bahaméenne est aussi très urbaine. Entre les 289 000 résidents de Nassau et les quelque 60 000 habitants de Freeport, près de 85 % de la population se concentre en effet dans les grandes villes. Dans les îles extérieures, les Abacos, les Exumas et Eleuthera sont les principaux foyers habités ; les îles les plus méridionales quant à elles sont les moins peuplées, et certaines d’entre elles tendent même à se dépeupler. Au total, on compte environ 400 000 habitants aux Bahamas.
80 % de la population est noire, 10 % est blanche d’origine anglaise, irlandaise, grecque ou libanaise, et 10 % est métisse. Toute trace de la population amérindienne originelle a disparu depuis les premières années de la colonisation espagnole. Les relations intercommunautaires sont harmonieuses en apparence, même si les Bahaméens blancs souffrent d’un complexe de supériorité compte tenu de leur ascendance, et si les populations noires étrangères – les Haïtiens notamment – sont regardées avec un certain mépris.Une mosaïque de micro-communautés
La population bahaméenne compose une véritable mosaïque de micro-communautés, arrivées sur l’île en vagues bien distinctes en raison d’une activité économique particulière ou de remous politiques spécifiques. Les communautés de descendants des loyalistes américains sont fières de leur ascendance et se revendiquent comme les plus « vraies » des Bahaméens. On en rencontre sur Eleuthera et Harbour Island, à Spanish Wells et sur Harbour Island, sur les Abacos, à Marsh Harbour, à Cherokee Sound, à Green Turtle et à Treasure Cay… La plupart de ces établissements datent des vagues d’émigration loyaliste et sudiste. Les descendants blancs des premiers colons sont familièrement appelés les « Conchy Joes » et sont aisément identifiables à leur peau claire, leurs cheveux blonds et leurs yeux bleus ou verts. Leur accent est sensiblement différent de celui des Bahaméens noirs. D’une manière générale, les Bahaméens blancs ont des positions sociales élevées : hommes d’affaires, propriétaires terriens ou encore commerçants…
Vous pourrez vous étonner de découvrir sur les hauteurs de Nassau une église orthodoxe grecque traditionnelle. Et pourtant ! Il existe une communauté grecque très active dans cette ville. Son origine remonte au début du XXe siècle quand la pêche à l’éponge battait son plein. Après le déclin de cette activité, les Grecs se sont volontiers tournés vers des activités commerciales et nombre d’entre eux possèdent aujourd’hui des boutiques de duty free.
Les Cubains sont aussi présents, à Nassau notamment. L’émigration cubaine, liée aux problèmes politiques, sociaux et économiques de l’île voisine, est relativement récente.
La dernière communauté notable est celle des Haïtiens qui émigrent pour la plupart clandestinement dans l’espoir de trouver du travail et de meilleures conditions de vie. Les autorités bahaméennes sont très strictes à leur égard et les renvoient le plus souvent dans leur pays. Lorsqu’ils parviennent à rester, ils sont principalement employés pour des travaux pénibles que les Bahaméens refusent d’exécuter, tels que la construction et l’agriculture. Ils sont d’autant plus mal intégrés que la langue constitue une véritable barrière.
Enfin, une dernière communauté, très présente sur New Providence notamment, est à ne pas omettre : celle des retraités et résidents nord-américains, qui colonisent les condominiums et les villas de bord de mer. Affichant un pouvoir d’achat élevé, ils constituent une manne financière non négligeable et influencent notablement l’offre touristique et commerciale.« Broken english » et patois
Si l’anglais demeure la langue officielle des Bahamas, certains vocables sont adaptés avec inversion de lettres (« aks » pour « ask » par exemple), conférant aux Bahamas une vraie singularité linguistique. C’est ce que l’on appelle le « broken english ». Les vrais Bahaméens pratiquent par ailleurs un patois qui varie sensiblement d’une île à une autre, et dont l’origine remonte à la période de l’émigration des loyalistes et du parler typique qu’ils amenèrent avec eux. Les esclaves africains, les puritains anglais et autres émigrants ont eux aussi laissé leurs influences et contribué à la naissance de ce dialecte métisse.