Xe siècle
Premiers peuplements par les Lucayans
Les premiers peuplements de l’actuel archipel des Bahamas remontent au tournant du Xe siècle avec les Indiens lucayans, qui arrivèrent au cours de plusieurs vagues d’immigration. Venus des îles caraïbes au sud de l’archipel, ils fuient alors les Petites Antilles et la menace des Indiens caraïbes. Aujourd’hui encore, on ne sait que peu de choses sur les habitants originels de l’archipel : aucun de ces groupes ethniques ne laissa de trace écrite de leur civilisation. Les seuls témoignages de leur culture sont des fragments de poteries, des dessins et autres outils de pierre ou d’os mis au jour par de récentes recherches archéologiques.
12 octobre 1492
Débarquement de Christophe Colomb à San Salvador
Après trente-trois jours d’une navigation incertaine, Christophe Colomb pose pied sur l’archipel le 12 octobre 1492 lors du premier de ses quatre voyages de découverte des Indes. Il découvre d’abord Guanahani, à l’est de l’archipel, qu’il baptise San Salvador ; puis Santa Maria de la Concepcion, devenue aujourd’hui Crooked Island ; Fernandina, aujourd’hui Long Island ; et enfin Isabela, désormais connue sous le nom de Long Cay. L’archipel surprend le Grand Amiral par la faible profondeur de ses eaux ; il est donc baptisé « Las Islas de Baja Mar », littéralement « les îles de la mer basse », et deviendra rapidement « Bahamas ».
1495
Établissement de Colomb à Cat Island, la première colonie d’Espagnols sur les îles
Cette base servira de plate-forme à l’embarquement de milliers de Lucayans, la première triade moderne des esclaves. À cette époque, on estime à environ 40 000 le nombre d’Indiens lucayans qui vivent dans les « îles de la mer basse ». La colonisation sera si brutale qu’elle ne permettra de conserver aucune trace ni aucun enseignement de cette culture précolombienne.
1495-1520
Déportation et extinction progressive du peuple lucayan
Pendant 25 ans, les Lucayans sont embarqués pour l’île voisine d’Hispaniola, le principal établissement des Espagnols, pour y servir de main-d’œuvre dans les mines d’or et d’argent. La population indigène sera très vite décimée par des conditions de travail inhumaines, les suicides et les maladies transmises par les Européens contre lesquelles elle n’est pas immunisée. Moins de trente années suffiront à la disparition totale de cette ethnie.
1629
Le roi Charles Ier d’Angleterre cède les îles, avec une partie des nouvelles colonies nord-américaines, au gouverneur Robert Heath.
1647
Établissement des premiers colons anglais
À cette époque, seules seront colonisées les îles possédant de l’eau. Les « Eleutheran Adventurers » – « aventuriers d’Eleuthera » – fondent un premier établissement sur l’île d’Abaco, puis sur l’île de Cigatoo qu’ils baptisent Eleuthera, du grec « liberté ». Ces puritains anglais fuient les persécutions religieuses et la guerre civile en Angleterre ; ils cherchent un havre de paix pour pratiquer librement leur religion.
1648
William Sayle, ex-gouverneur des Bermudes, débarque sur Eleuthera avec 80 puritains anglais. Un an plus tard, ils organisent la première démocratie du Nouveau Monde et proclament une république indépendante.
1666
Fondation de Charles Town, la future Nassau, sur l’île de New Providence.
1681
Charles II d’Angleterre, qui ne reconnaît pas la minuscule République d’Eleuthera, répartit les îles entre six gros propriétaires de Caroline.
1695
Charles Town est rebaptisée Nassau et devient rapidement un repaire de pirates
Appointés par le gouvernement anglais, qui voit en eux une façon de harceler et de combattre les ennemis français et espagnols, les corsaires portent une lettre de marque qui garantit leur statut. Jusqu’en 1701, Nassau sera détruite à quatre reprises par les Espagnols.
1701-1714
Guerre de Succession d’Espagne et République des Corsaires
En 1703, Nassau est de nouveau détruite par la flotte franco-espagnole en représailles aux attaques et aux pillages permanents des corsaires anglais, qui y instaurent d’ailleurs leur République pirate en 1706. Il faudra attendre 1714 et la signature du traité d’Utrecht pour sceller la paix entre les Anglais et les Espagnols.
1718
Les Bahamas deviennent colonie royale de l’Empire britannique, fin de la République des Corsaires
Le roi Georges II nomme un premier gouverneur royal des Bahamas : le capitaine Woodes Rogers. N’en ayant plus l’usage, l’Angleterre cesse sa protection aux pirates, qui deviennent hors-la-loi. Le nouveau gouverneur œuvre alors pour réinstaurer l’ordre, chasser les pirates, et poser les bases d’une première assemblée, qui sera officiellement établie en 1729.
1773
Les Bahamas sont déclarées en faillite par le gouvernement britannique
Dignes héritiers des pirates et des corsaires, les Bahaméens se livrent désormais, et jusqu’à la moitié du XIXe siècle, à l’échouage des navires et au pillage des épaves.
1775
Arrivée des loyalistes américains sur les îles
Poussés par la Révolution, les « loyalistes » pro-anglais quittent la toute jeune nation américaine pour rester fidèles à la bannière anglaise et rejoindre les premiers émigrants.
1782
Excédée par les pillages à répétition de leurs navires, une coalition franco-hispano-américaine attaque de nouveau Nassau ; l’Espagne reprend possession des Bahamas.
1783
Les Bahamas sont officiellement rendues à l’Angleterre par le traité de Versailles.
De 1783 à 1785
Troisième vague migratoire avec les colons sudistes
Après la guerre d’Indépendance des États-Unis, plus de 8 000 émigrants sudistes – des planteurs de Caroline – fuient l’Amérique et affluent aux Bahamas, le plus souvent avec leurs esclaves. La population des îles triple. Ces nouveaux colons arrivent pour planter et exploiter des champs de coton, et leurs talents d’agriculteurs et de charpentiers influencent très vite la vie locale. Malheureusement, leur implantation ne connaîtra pas le succès escompté, car la terre bahaméenne, relativement pauvre, se prête mal à la culture : les plantations périclitent.
1807
L’Angleterre abolit le trafic des esclaves.
1er août 1834
Abolition de l’esclavage
De nombreux loyalistes préfèrent quitter les Bahamas et répartissent leurs terres parmi leurs anciens esclaves. Mais l’économie locale sombre rapidement.
1861-1865
La Guerre de Sécession américaine entraîne un véritable boom du commerce avec les États sudistes.
1898
L’établissement d’une loi favorisant les services de bateaux et l’hôtellerie marque le début du développement touristique des Bahamas.
1919-1934
La prohibition américaine s’impose comme une véritable manne pour l’économie bahaméenne. C’est le retour du trafic et du maraudage sur les îles, une nouvelle ère de piraterie.
1938
Chute de l’industrie de la pêche à l’éponge et essor du tourisme
Après la fin de la prohibition en 1934, la chute de l’industrie de la pêche à l’éponge marque un deuxième coup fatal pour l’économie locale. Le destin des Bahamas se tourne alors vers l’industrie du tourisme. À partir de 1940, le duc et la duchesse de Windsor, Edouard VIII et Wallis Simpson, nouveaux représentants du gouvernement britannique sur l’île, encouragent le tourisme nord-américain et canadien.
1939-1945
Seconde Guerre mondiale
Les Bahamas servent de plate-forme aérienne et maritime à l’armée américaine. Des bases américaines et anglaises sont établies sur les îles favorisant les séjours des étrangers.
1953-1958
Création des premiers partis politiques
Au gré de l’enrichissement des îles et de l’essor d’une classe moyenne noire, le PLP (Parti libéral progressiste) est créé en 1953 par Lynden Pindling. Devant la « menace » croissante de se voir perdre l’hégémonie politique, la minorité blanche et aisée qui dominait le Parlement des Bahamas au début des années 1950, réplique en fondant le Parti bahaméen uni (UBP) en 1958. Son chef le plus emblématique est Roland Symonette.
1959
Création du BNT, le Bahamas National Trust, ayant pour objet le développement et la gestion du réseau des parcs nationaux des Bahamas.
1959-1961
Révolution cubaine et redéploiement de l’industrie touristique
Les Bahamas sauront tirer parti de la révolution cubaine de 1959 qui chasse les touristes américains de l’île voisine, désormais communiste. Capitalisant sur la proximité avec les États-Unis, l’archipel décide d’un vaste programme d’aménagements touristiques dès 1961 ; un nouvel aéroport international est construit sur l’emplacement de la base américaine de Nassau ; le port de Nassau est par ailleurs aménagé de façon à pouvoir recevoir jusqu’à six bateaux de croisière, un pont reliant Nassau à Paradise Island est érigé, de nouveaux hôtels voient le jour, la ville de Freeport sur Grand Bahama Island sort de terre, et de grandes campagnes de communication sont menées…
1962
Le suffrage universel est concédé ; les femmes bahaméennes elles aussi, peuvent voter.
1963
Grève générale soutenue par le PLP. Les élections amènent au poste de Premier ministre le Bahaméen blanc Roland Symonette, leader de l’UBP.
1964
La Grande-Bretagne accorde l’autonomie interne aux Bahamas au terme d’une série de démarches constitutionnelles et politiques complexes.
27 avril 1965
« Mardi noir ». Le leader de l’opposition Lynden Pindling demande le pouvoir au peuple.
1967
Le Parti libéral progressiste (PLP) remporte les élections, et son leader est nommé Premier ministre, position que Pindling gardera durant 25 années.
10 juillet 1973
Proclamation de l’indépendance complète des Bahamas
Les Bahamas deviennent membre indépendant du Commonwealth des nations, mettant un terme à 325 années de domination britannique. Une nouvelle constitution est adoptée, conférant aux Bahamas une autonomie totale et fixant clairement le rôle de la Grande-Bretagne. Le monarque britannique est reconnu comme le souverain et chef d’État officiel ; il nomme un premier Gouverneur général en la personne de Sir Milo Butler.
Le drapeau bahaméen, composé de trois bandes horizontales (deux bleu outremer pour la mer, une jaune pour le soleil) et d’un triangle noir équilatéral pour symboliser la population des îles, est hissé pour la première fois. Les armoiries de l’archipel représentent quant à elles un marlin bleu, une conque, un flamant rose et la caravelle Santa Maria de Christophe Colomb sous un soleil étincelant. La devise nationale est « Forward, upward, onward, together » (plus loin, plus haut, plus avant, ensemble). Enfin, l’oiseau national est le flamant rose et la fleur nationale le yellow elder, une fleur jaune délicate de la famille des hibiscus.
1974
Création de la Banque centrale des Bahamas.
1975
Création du programme « People-to-People », permettant aux visiteurs de vivre leur expérience de voyage aux côtés des habitants.
1984
Aidé des Américains, le gouvernement des Bahamas met un coup d’arrêt au trafic de drogue qui transite par les îles, après la révélation scandaleuse de la corruption d’éminents membres du gouvernement par les cartels colombiens de la drogue. Pindling, qui a été anobli par la reine en 1983, reste au pouvoir jusqu’en 1992, mais chômage et corruption sapent son autorité et mettent un terme à ses 25 années de « règne ».
1986
Les Bahamas interdisent la pêche sur les récifs coralliens.
1992
Les élections sont remportées par le Parti conservateur FNM (Mouvement national libre) dont le leader Hubert Ingraham devient Premier ministre.
Le nouveau gouvernement accroît la confiance du public envers l’Administration et le secteur financier. Le FNM, à qui l’on doit notamment un ambitieux plan de privatisation, sera d’ailleurs réélu en 1997.
1993
Création de la BREEF, Bahamas Reef Environment Educational Foundation, dont la vocation est la protection des eaux de l’archipel.
1996
Création des 21 gouvernements locaux de district.
1998
Ouverture du Resort Atlantis Paradise Island, construit par l’homme d’affaires sud-africain Sol Kerzner.
2002
Les élections amènent Perry Christie au pouvoir et son parti d’opposition libéral-progressiste (PLP).
2007
Hubert Ingraham redevient Premier ministre après la victoire de son parti, le Mouvement national libre (FNM), aux élections législatives.
26 novembre 2007
Les Bahamas ratifient le Traité d’Interdiction Complète des Essais Nucléaires (TICEN).
1er septembre 2009
Modification de la loi sur la pêche, offrant une protection complète à toutes les tortues marines en interdisant notamment la récolte, la possession, l’achat et la vente de ses œufs.
5 juillet 2011
La pêche aux requins est interdite aux Bahamas ; l’interdiction s’applique également dans ses eaux territoriales (630 000 km²).
25 février 2012
Le Premier ministre Hubert Ingraham inaugure le stade national de Nassau, conçu et financé par la Chine, et construit par des travailleurs chinois – un projet vivement dénoncé par l’opposition à l’heure où le pays connaît un taux de chômage proche des 14 %.
8 mai 2012
L’ancien Premier ministre Perry Christie (2002-2007) conduit le principal parti d’opposition (PLP) à la victoire aux élections nationales.
11 mai 2017
Dernières élections législatives : le FNM l’emporte et Hubert Minnis devient Premier ministre.
28 juin 2019
Son excellence Sir Cornelius Smith est nommé 10e Gouverneur général des Bahamas ; il succède ainsi à Dame Marguerite Pindling, en poste depuis 2014.
1er septembre 2019
Un ouragan dévastateur
L’ouragan Dorian s’abat sur les Abacos et sur Grand Bahama Island. Avec des vents enregistrés jusqu’à 364 km/h, il est le plus violent que le pays n’ait jamais connu.
1er janvier 2020
Adoption de la mesure du zéro plastique et zéro polystyrène dans tout l'archipel.
17 septembre 2021
Dernières élections législatives : le PLP, Parti Libéral Progressiste remporte les élections législatives et Philip Davis devient Premier ministre.
19 juin 2022
Suppression du passeport de santé qui était obligatoire pour arriver aux Bahamas depuis le début de la pandémie de Covid-19.