Une île soumise aux risques
La Réunion associe des caractéristiques liées à l'insularité, au climat tropical, mais aussi au volcanisme et aux reliefs. Ces traits ont façonné des écosystèmes remarquables : hautes montagnes, forêts primaires sèches et humides, massifs coralliens. Cette situation biogéographique expose cependant le territoire à un certain nombre de risques naturels majeurs : cyclones, inondations, mouvements de terrain, feux de forêt, séismes, houles, marée de tempête et tsunamis. À ces contraintes géographiques et climatiques s'ajoutent les pressions anthropiques. L'île voit sa démographie progresser de manière importante et sa densité y est élevée. Cette progression pourrait atteindre un million d'habitants à l'horizon 2030, concentrée en majeure partie sur le littoral, ce qui contribue à accentuer la pression sur un milieu naturel contraint et fragile.
Des risques liés à la monoculture de la canne à sucre
La culture de la canne à sucre représente 56 % de la surface agricole utile de l'île. Les plantations sont adaptées pour résister aux conditions climatiques de la côte « au vent » et sont considérées comme des éléments qui contribuent à freiner l'érosion. Les résidus de production ou bagasses sont utilisés comme biomasse pour produire de la vapeur électricité dans des centrales bagasse/charbon. La culture de canne à sucre est cependant associée à l’utilisation de près de quinze produits phytosanitaires (herbicides, raticides, etc.), dont certains ont été retirés du marché européen mais bénéficient encore de dérogations par le ministère de l'Agriculture. Des mesures officielles ont révélé des pollutions des eaux de surface et souterraines aux pesticides, parmi lesquels des substances utilisées dans la culture de la canne à sucre dont certaines affichent un dépassement des valeurs seuil. Une étude publiée par Santé publique France en 2019 (dans le cadre du projet MatPhyto DOM) montre qu'en 2014 « 50 % des pesticides utilisés sur la canne sont potentiellement cancérogènes, reprotoxiques ou induisant une perturbation endocrinienne ». Outre la question préoccupante de la contamination des milieux aux pesticides, la culture subventionnée de la canne à sucre fragilise le territoire, qui dépend des exportations de cette monoculture, développée au détriment de cultures vivrières. L'île importe notamment des quantités importantes de riz, base de l'alimentation dans l’océan Indien. Des expérimentations pour mettre en place une filière de riz bio sont cependant en cours de mise en place dans l'île.
Une consommation énergétique croissante et une forte dépendance aux énergies fossiles
La Réunion est largement dépendante des importations d'énergies fossiles (pétrole, charbon). Zone non interconnectée (au réseau de transport d'électricité de l'Hexagone), son taux de dépendance énergétique était de 85,8 % en 2022. La consommation énergétique est aussi en augmentation, dans un territoire où les transports en commun sont peu développés et les alternatives au tout voiture encore très marginales. Un projet de tram-train a été abandonné en 2010 suite à un changement politique à la tête du conseil régional. Les fonds destinés au projet ont été finalement investis dans la construction d'une… voie rapide, la nouvelle route du Littoral. L'isolement du territoire rend par ailleurs inévitable l'utilisation de l'avion pour les déplacements hors de l'île. Le transport de marchandises sur l'île (routier) ou à l'extérieur (avion ou liaison maritime) est lui aussi fortement énergivore et carboné. La croissance démographique et le développement touristique (près de 500 000 touristes en 2022) tendent à augmenter les besoins énergétiques et le bilan carbone du territoire. On conseillera donc au voyageur une certaine sobriété en matière de consommation de ressources.
Des orientations pour atteindre la neutralité carbone
L'île s'est engagée, en vertu des accords de Paris, à atteindre sa neutralité carbone en 2030. Cet engagement nécessite des actions fortes visant à la fois la diminution des consommations énergétiques et la production d'une énergie locale, peu émettrice de gaz à effet de serre. Les leviers d'action mis en avant sont la maîtrise des consommations énergétiques (réduction des consommations, efficacité énergétique des bâtiments, sensibilisation de la population), le développement d'une mobilité bas carbone (tramway, plan régional vélo) et la production des énergies renouvelables. Le territoire possède des centrales hydroélectriques. Il mise également sur la valorisation de la biomasse (bagasses ou développement de la culture de canne fibre, méthanisation du compost). Le territoire réfléchit également au développement de fermes solaires ou éoliennes (avec la problématique du rendement aléatoire de ce type d'énergies). Des projets de géothermie ont vu le jour par le passé, mais n'ont pas été finalisés jusqu'ici.
Des efforts en matière de gestion des déchets
La gestion des déchets est une question centrale en matière d'environnement sur l'île de La Réunion. Les chiffres sont éloquents : les Réunionnais génèrent environ 694 kg de déchets par an et par habitant (contre 450 en métropole, où de nombreux efforts restent aussi à faire). Seulement 30 % des déchets sont recyclés et l'enfouissement est pour l'instant le principal débouché des déchets. Les installations existantes seront saturées d'ici 2023 et les décharges sauvages ne sont pas un épiphénomène. D'autre part, la réglementation impose des restrictions en matière de stockage ultime des déchets (loi sur la transition énergétique). Les alternatives à l'enfouissement font l'objet de réticences (notamment la construction d'un incinérateur) et peu d'actions concrètes de grande ampleur voient le jour. La région s'est cependant engagée dans une ambitieuse politique en matière de prévention des déchets depuis 2018, à savoir une démarche d'économie circulaire (« zéro déchet »). Un plan d'action vise d'ici 2030 une réduction de 27 % des déchets ménagers et assimilés, via notamment des actions de réduction à la source, la structuration de filières de réemploi, réutilisation et recyclage (ateliers de réparation, valorisation des biodéchets), ainsi que des actions de sensibilisation (lutte contre le gaspillage alimentaire, par exemple). Des initiatives de la société civile voient également le jour, à l'image de l'association Terra Océana qui organise des ramassages de déchets sur les plages et sensibilise le grand public à la pollution plastique. Un documentaire diffusé en 2019, L'Éveil péi, met en lumière les démarches locales engagées sur l'île en faveur de l'environnement.
Protection des milieux naturels
Les principales menaces pour les écosystèmes sont d'origine anthropique. Dès la colonisation du XVIIe siècle, la chasse, puis plus tard l'urbanisation, ont entraîné la disparition d'espèces et d'habitats naturels. La déforestation et l'introduction d'espèces invasives (goyavier, vigne marrone) fragilisent également les espèces endémiques, dont certaines sont menacées d'extinction (bois de senteur blanc).
Parc national de La Réunion. Créé en 2007, le parc national de La Réunion protège l'ensemble des écosystèmes remarquables terrestres de l'île. Ses pitons, cirques et remparts font partie intégrante du patrimoine mondial de l'humanité depuis 2010, pour leur « valeur universelle et exceptionnelle ». Le parc abrite en effet des paysages et une biodiversité uniques mais fragiles. Il protège des espèces endémiques et menacées d'extinction, telles que le pétrel de Barau ou le gecko vert de Bourbon, et des écosystèmes remarquables tels que les forêts primaires sèches et humides. La forêt primaire dans son intégrité est vitale pour le maintien de la dynamique évolutive du vivant. Elle couvre encore aujourd'hui 30 % du territoire de l'île. Sa régression est liée à la déforestation mais aussi à l'introduction d'espèces exotiques invasives. « Préserver la forêt, c'est l'affaire de tous », s'attache à montrer le parc national de La Réunion. Il assure en effet, outre des missions de protection, des actions de diffusion des connaissances auprès du grand public et de sensibilisation à l'environnement. Les heureux randonneurs qui pourront fouler ses espaces grandioses sont donc appelés à ne pas sortir des sentiers afin de préserver la faune et la flore.
Réserve naturelle marine de La Réunion. Cette aire marine protégée de 3 500 ha a vu le jour en 2007. Elle vise à préserver la biodiversité récifale, elle aussi menacée par les activités humaines (pollutions, surpêche, braconnage, eaux résiduaires). Les missions de la réserve sont de développer la connaissance et la surveillance du massif corallien, et de sensibiliser le plus grand nombre à la fragilité du milieu. Les plongeurs et autres observateurs marins sont invités à participer au réseau de surveillance, et des visites sont organisées tout au long de l'année pour faire découvrir aux curieux le lagon de l'Ermitage. On estime aujourd'hui que 15 % des coraux de l'île sont menacés. Les visiteurs sont invités à se renseigner sur les alternatives (sûres et saines) aux crèmes solaires à base de filtres chimiques. Ces filtres présentent en effet des risques pour les massifs coralliens.
Enfin sachez que, de manière générale, la biodiversité marine (poissons, tortues, mammifères) est fragile et menacée. Une charte d'approche a été conçue pour permettre d'observer les mammifères (baleines, dauphins, etc.) et les tortues dans le respect du vivant (www.reunion.fr).
Le musée Kélonia, situé à Saint-Leu, observatoire des tortues marines, constitue une excellente introduction aux enjeux et à la préservation des milieux et des espèces. Vous pourrez aussi y observer ces dames, toutes d'écailles vêtues.