Une éducation en demi-teinte
Le taux d'alphabétisation adulte atteignait les 88 % en 2024. Ce qui laisse donc 12 % d'illettrisme, qui frappe principalement les campagnes et les quartiers défavorisés des villes. Si la plupart des enfants jamaïcains sont scolarisés, l'école n'est pas pour autant obligatoire et les enseignants se trouvent fréquemment confrontés à des absences prolongées de la part de certains élèves, le plus souvent à la suite de dislocations familiales. Les professeurs doivent donc se montrer particulièrement attentifs. Avec l'arrivée des nouvelles technologies, l'accès à l'éducation semble plus facile : 96,5 % des jeunes de 15 à 24 ans ont un téléphone portable et 46,5 % utilisent internet.
Le fléau de la criminalité inquiétant
La criminalité, déjà très élevée depuis de nombreuses années, a atteint son paroxysme en 2023 avec 1 498 meurtres sur l'île, pour baisser en 2024 à 1 141 meurtres... soit 3 à 4 morts par jour. Elle détient le plus haut taux de criminalité d’Amérique du Sud et des Caraïbes, selon les données publiées par le Jamaïca Constabumary Force. La quasi-totalité des crimes touche les Jamaïcains vivant dans les ghettos de Kingston, Spanish Town et Montego Bay. On compte 8 100 armes à feu pour 100 000 habitants, causant la majorité des crimes lors d’affrontements, de gangs ennemis, pour le contrôle du trafic de drogue notamment. Le Premier Ministre Andrew Holness a lancé un plan de sécurité à long terme pour la Jamaïque, mais régulièrement des régions sont placées en état d'urgence : en premier lieu Kingston, Spanish Town, Montego Bay, mais aussi Savannah-la-Mar où sévissent les trafiquants.
Une société machiste et homophobe
La société jamaïcaine fait preuve d’un machisme endurant, et pourtant, la femme tient une place primordiale dans l’organisation de la société. Elles connaissent un taux de chômage presque deux fois plus élevé que chez les hommes. Pourtant, elles sont la force vive de l’île et on les trouve surtout dans les secteurs de l’éducation, des soins, de l’administration et de l’hôtellerie. Les hommes sont, eux, représentés dans le bâtiment, l’automobile et les travaux physiques. Si vous voyagez en couple, on s’adressera plus facilement au mari qu’à la femme. Les violences conjugales et les viols y sont très élevés. Un quart des femmes jamaïcaines ont connu des violences conjugales et 37% des violences sexuelles hors couple. Les faits divers de viols sont souvent associés à des féminicides ultra violents, toujours dans les quartiers pauvres.
Autre problème : l'homophobie. Qualifiée par le magazine Time, mais aussi par les Etats-Unis, comme le pays « le plus homophobe du monde », la Jamaïque assume son parti pris. Légalement, les Jamaïcains encourent près de 10 ans de prison pour « acte sexuel entre hommes ». L’Eglise a aussi son rôle, elle est le premier lobby à faire pression sur la population pour condamner moralement tout homosexuel. La courageuse association J-Flag, créée en 1998, milite pour les droits LGBT en Jamaïque, mais elle est sous le feu de la menace permanente. Les faits divers macabres font la une des journaux régulièrement. Les rastafaris, que l’on pourrait espérer plus tolérants étant eux-mêmes stigmatisés pour leur appartenance politique et religieuse, ne sont pas en reste non plus dans l’incitation à l’homophobie. Notamment les deux chanteurs iconiques du mouvement, Capleton et Sizzla, mais aussi Buju Banton, Bounty Killer, Beenie Man, Anthony B, Elephant Man...
Des familles nombreuses et une sexualité précoce
Certains Jamaïcains – femmes et hommes – connaissent parfois plusieurs mariages dans leur existence, ont souvent plusieurs enfants. Les familles se recomposent, et il est du coup souvent difficile de s’y retrouver dans les arbres généalogiques des familles. Il n’est pas rare qu’un ou une Jamaïcaine vivant sur l’île compte d’autres enfants ailleurs, souvent aux Etats-Unis ou en Angleterre, la disapora étant importante. De même, pour s’entraider, des familles accueillent sur du long terme des enfants d’autres familles. Le mariage est une pratique courante même si une partie de la société (notamment les rastas) le renie. Les campagnes de contraception n’ont pas toujours les effets escomptés. L’avortement est inaccessible. Par ailleurs, le taux de HIV/Sida est assez élevé (1,75 % de la population soit plus de 30 000 personnes infectées) mais l’épidémie stagne depuis des années. Les rapports sexuels sont courants dès l'adolescence, ce qui engendre des grossesses précoces et joue dans la déscolarisation des filles.
La musique partout, reggae et dance hall
Allumez la radio, vous tomberez forcément sur une radio qui passe un excellent reggae ou dance hall. Ouvrez votre vitre le soir en vous promenant dans la campagne pour débusquer un sound system de village, où l'accueil sera chaleureux avec les étrangers. Sortez à Kingston dans les soirées dance hall les plus chaudes de la capitale pour goûter à l'ambiance jamaïcaine, sapée, brulante et dansante comme jamais. Si vous croisez une fête de mariage, il y aura immanquablement un mur de son, la musique préférée des papis et mamies jamaïcains. Sur les plages publiques, la musique sera là aussi, et toujours en gros kilos de son. Vous l'aurez compris, la musique est partout et fait partie de l'ADN des Jamaïcains.
La « ganja » fumée partout et par tous
La possession de cannabis a été dépénalisée en 2015, alors qu’elle était auparavant considérée comme un crime. Les habitants peuvent désormais détenir 57 grammes (soit deux onces) et 5 plants chez eux, sans que ce soit considéré comme une infraction criminelle. Officiellement, la marijuana peut aussi être utilisée dans un contexte religieux en toute légalité par les membres du mouvement rastafari. Cependant, tous les rastafariens ne fument pas et ce sacrement est l’un des plus contestés de la religion. Le chalice, une pipe de corne de vache ou de chèvre ou un calumet de bambou ou de bois, est préparé avec de l’eau, le mélange tabac-herbe est fait dans un rituel rigoureux, accompagné de bénédictions et de récitations de prières.
Le touriste s’en voit régulièrement proposé par de petits vendeurs de rue, sur la plage, etc. Officiellement, il est censé avoir une prescription médicale qui l'y autorise (et les weed shops la font ad hoc aux clients), en pratique jamais la police ne va contrôler des Jamaïcains non rasta ou des touristes en train de fumer. Au pire, l'amende pour une possession de weed dans ordonnance médicale inférieure à 57 grammes est de... 3 US$ ! Au delà de cette limite déjà large, posséder plus de 2 onces de marijuana est une infraction pénale. Des coins fumeurs sont aménagés partout : sur les plages, dans les hôtels, dans les bars restaurants, et même dans les musées ! On peut fumer de la weed absolument partout ! En revanche la cigarette est très mal vue, en particulier des familles, qui s'accommodent très bien des volutes de ganjas mais pas de cigarettes.