2879 à 258 av. J.-C

Dynastie semi-légendaire de Hông Bang

Au Viêt Nam, tout aurait commencé très précisément en 2879 av. J.-C. Le roi magicien Kinh Duong Vuong, descendant d’un souverain chinois, occupait le trône du pays marécageux des « Démons rouges » (xich quy) au sud de la Chine. Il épousa la fille du « Seigneur Dragon », divinité aquatique du lac de Tongting (dans l’actuelle province chinoise du Hunan). Ensemble, ils eurent un fils nommé Lac Long Quân (« Seigneur des Dragons aquatiques du pays des Lac »), qui succéda à son père à la tête de ce royaume dont le territoire recouvrait le sud de la Chine et le nord du Viêt Nam actuel. Lac Long Quân pacifia le pays, enseigna à ses sujets l’agriculture et la sériciculture. Il prit pour femme l’immortelle Âu-Co, divinité de la montagne. Leur union engendra une grappe de cent œufs d’où, quelques jours plus tard, surgirent cent garçons. Cinquante d’entre eux suivirent leur mère dans la montagne tandis que cinquante autres descendirent dans les régions maritimes habitées par leur père. Sous le nom de roi Hung (Hung vuong), l’aîné de ces cent garçons inaugura la dynastie de Hông-Bang. Il fonda le royaume de Van-Lang, à la tête duquel se succédèrent dix-huit souverains, qui régnèrent jusqu’en 258 av. J.-C.

Bien que l’archéologie tende à confirmer l’existence historique de ces rois, les circonstances de leur règne, qui aurait duré plusieurs siècles, n’ont pas été rapportées par écrit avant le XVe siècle de notre ère.

VIe-Ve siècle av. J.-C.

Culture de Dong Son

Découvert en 1893, le Tambour de Ngoc Lu est un témoignage exceptionnellement bien conservé de la culture du bronze de Dong Son (1000 av. J.-C.- Ier siècle), révélée par des fouilles conduites en 1925 sur le site éponyme en bordure de la rivière Ma (province de Thanh Hoa). Des tambours du même type se retrouvent sur un vaste territoire, qui s’étend du bassin du fleuve Rouge jusqu’à l’Asie du Sud-Est maritime, une aire de distribution qui ignorait les frontières des États actuels. Mystérieux, ces tambours livrent par leurs décors sophistiqués des indices sur une culture animiste qui précède l’arrivée en Asie du Sud-Est de nouvelles croyances : hindouisme et bouddhisme, puis christianisme et islamisme. Le tambour de Ngoc Lu est exposé au Musée national d’histoire à Hanoi.

257 av. J.-C.

An Duong, fondateur du royaume d’Au Lac, installe sa capitale à Cô Loa, à une vingtaine de kilomètres au nord de l’actuelle Hanoi. Il y bâtit une citadelle dont les vestiges des remparts, en forme de cercles concentriques, sont encore visibles aujourd’hui.

206 av. J.-C.

Le général chinois Zhao Tuo (Triêu Da) conquiert pour le compte de la dynastie Qin le royaume d’Au Lac. Il règne sur le Nanyue (Nam Viêt), « Pays des Viêt méridionaux », dont le territoire inclut les actuelles provinces chinoises du Guangdong, du Guangxi et du Yunnan, ainsi qu’une partie du nord de l’actuel Viêt Nam.

111 av. J.-C.

Conquête du Nam Viêt par un corps expéditionnaire chinois. Les Han intègrent le nord de l’actuel Viêt Nam à leur empire, qui pour plus de dix siècles (jusqu’en 938), se retrouve sous administration chinoise directe. Le pays prend le nom de gouvernement de Jiaozhi. L’administration chinoise devra faire face à de nombreux mouvements de révolte.

IIe-IIIe siècle

Implantation de la civilisation indienne dans la péninsule indochinoise, comme en témoigne la Stèle de Vo Canh, découverte en 1885 dans le village éponyme situé dans les faubourgs de Nha Trang. D’une hauteur de 2,5 m, la stèle porte la plus ancienne inscription en langue sanskrite mise au jour en Asie du Sud-Est. Elle est aujourd’hui conservée au Musée national d’histoire, à Hanoi.

40-43

Révolte des deux dames Trung (Hai Ba Trung)

En 34, Su Ding, le gouverneur chinois (dynastie des Han) du protectorat du Giao Chi (territoire correspondant au nord du Viêt Nam actuel) fit assassiner Thi Sach, représentant de l’aristocratie locale. Sa femme Trung Trac et Trung Nhi, la sœur de cette dernière, prennent la tête d’une révolte contre l’occupant. Victorieuses, elles se proclament reines à Me Linh (le site est situé dans le périmètre de Hanoi) en l’an 40. Mais 3 ans plus tard, elles sont défaites par les troupes chinoises du général Ma Yuan et réduites à la dernière extrémité, se jettent dans les eaux du Hat, au confluent du fleuve Rouge et du Day, le 6 de la deuxième lune de l’an 43. Héroïnes nationales, les sœurs Trung sont révérées en tant qu’instigatrices du premier mouvement de résistance anti-chinois.

938

Ngo Quyên, administrateur provincial, profite des troubles qui accompagnent la fin de la dynastie des Tang (936) pour conquérir son indépendance. En 938, lors de la bataille de l’estuaire du fleuve Bach Dang (à 20 km de l’actuelle Haïphong), il anéantit la flotte chinoise, se proclame roi en 939 et, renouant avec la tradition du royaume d’Au Lac, installe sa capitale à Co Loa.

939-967

Dynastie de Ngô à Co Loa. La mort de Ngo Quyên ouvre une période d’anarchie féodale : formation de 12 grandes seigneuries (su-quân).

968

Dinh Bô Linh unifie le pays (baptisé Dai Cô Viêt), se proclame roi et établit se capitale à Hoa Lu (actuelle province de Ninh Binh). Il fonde la dynastie des Dinh.

968-980

Dynastie des Dinh à Hoa Lu.

980-1009

Dynastie des Lê antérieurs à Hoa Lu.

982

Le roi Lê Dai Hanh monte une expédition contre le Champa. Il s’empare d’Indrapura (localisée à Dông Duong, à 50 km au sud de Da Nang), livrée aux flammes. La citadelle et les temples sont détruits.

1010-1225

Dynastie des Ly. Centralisation monarchique. À Thang Long, fondation du temple de la Littérature (1070). Instauration des premiers concours mandarinaux (1075). Le bouddhisme connaît son apogée. Le pays est baptisé Dai Viêt.

974-1028

Ly Thai Tô

Né Ly Công Uân. Orphelin, éduqué par des bonzes, il s’élève par son talent et ses mérites dans l’entourage militaire des rois Lê. La décadence de la dynastie lui permet de s’emparer du trône. Il prend le nom de règne de Thai Tô, fonde la dynastie des Ly et, au printemps 1010, transfert sa capitale sur l’emplacement de l’actuelle Hanoi. Elle est baptisée Thang Long, la « ville du Dragon qui s’élève ».

Statue de Ly Thai Tô à Hanoï © LSphotos91 - shutterstock.com.jpg

1077

Le généralissime Ly Thuong Kiêt stoppe l’avancée des troupes chinoises (dynastie Song) qui marchaient sur la capitale Thang Long lors de la bataille de Ngu Nguyêt qui se déroule sur les rives du fleuve éponyme (province de Bac Ninh).

(1019-1105)

Ly Thuong Kiêt

Héros national. L’un des plus grands généraux de l’histoire vietnamienne. En 1069, il conduit une expédition victorieuse contre le Champa, qui affermit les frontières méridionales du pays. À l’automne 1075, il conduit une guerre préventive en territoire chinois. En 1077, il stoppe les troupes chinoises qui marchaient sur la capitale sur les rives du fleuve Nguyêt. On lui attribue un poème fameux, considéré comme la première déclaration d’indépendance du Viêt Nam : « Sur les monts et les eaux du Sud règne l’empereur du Sud ; Tel est le destin fixé à jamais dans le livre céleste ; Comment les barbares osent-ils envahir notre sol ? Leur audace insensée verra leur déroute sanglante ! »

1226-1400

Dynastie des Trân. Ils poursuivent la politique de leurs prédécesseurs. Le pays subit les assauts des Mongols.

1228-1300

Trân Hung Dao

Né Trân Quôc Tuân. Grand général de la dynastie des Trân révéré comme un héros national. Il s’illustra dans la lutte contre les invasions mongoles. Nommé généralissime des armées du Dai Viêt, il remporta plusieurs batailles décisives, en particulier à Bach Dang (1288). Auteur d’un traité d’art militaire, il est considéré comme l’un des plus grands stratèges de l’histoire vietnamienne, dont les enseignements seront repris pendant les guerres du XXe siècle. Il fait également l’objet d’un culte populaire, associé à des rituels médiumniques.

Statue de Trân Hung Dao à Saigon © NDQ - shutterstock.com.jpg

1258-1308

Trân Nhân Tông

Troisième empereur de la dynastie des Trân. Son règne (1278-1293) est marqué par les victoires du généralissime Trân Hung Dao remportées contre les Mongols, qui montent plusieurs expéditions (1285 et 1288) contre le Dai Viêt. En 1300, Nhân Tông abdique en faveur de son fils, quitte le palais royal pour le sanctuaire de Yen Tu (province de Quang Ninh) et fonde l’École bouddhique Truc Lâm (« Forêt de bambou »).

1400-1407

Usurpation des Hô. La dynastie des Trân succombe à une révolution de palais. La Chine revient sur la scène vietnamienne à l’appel des partisans de la dynastie légitime.

1407

L’empereur chinois de la nouvelle dynastie Ming décide d’intégrer le Dai Viêt à l’Empire chinois et d’y rétablir une administration directe.

1385-1433

Lê Loi (Lê Thai Tô)

Originaire d’une famille de notables de Lam Son (actuelle province de Thanh Hoa). En 1418, secondé par le lettré Nguyên Trai, il prend la tête d’une insurrection contre les Ming. À l’issue d’une guerre d’indépendance de près de dix ans, défaite en 1427 de l’armée chinoise à la passe de Chi Lang (près de l’actuelle Lang Son). Lê Loi entre dans la capitale, Thang Long, en 1428 et se proclame empereur sous le nom de Lê Thai Tô. Il est le fondateur de la dynastie des Lê postérieurs, qui régna presque sans interruption de 1428 à 1788. Lê Loi est associé à la légende du lac Hoan Kiêm, situé au cœur de Hanoi. En 1418, une tortue d’or, surgie du lac lui aurait confié l’épée qui aurait permis à l’insurrection de triompher. Après la victoire, de retour sur les lieux, l’épée jaillit de son fourreau et revint à la tortue qui disparut dans les profondeurs du lac, rebaptisé lac de l’Épée restituée (Hoan Kiêm).

1428-1788

Dynastie des Lê postérieurs.

1380-1442

Nguyên Trai

Homme d’État, stratège, diplomate et poète. Mandarin à la cour des Hô, il rejoint Lê Loi en 1417 et devient son conseiller diplomatique et stratégique. Modèle du patriotisme lettré, il est l’auteur d’œuvres importantes, dont les Écrits à l’armée et la Proclamation sur la pacification des Ngô. Victime d’une cabale de cour, sa concubine est accusée d’avoir empoisonné l’empereur Lê Thai Tông, qui a succédé à Lê Loi. Nguyên Trai et sa famille sont exécutés. Sa mémoire sera réhabilitée par Lê Thanh Tông, 4e roi de la dynastie des Lê postérieurs.

Nguyên Trai © Mitrofanov Alexander - shutterstock.com.jpg

1471

Les troupes viêt de l’empereur Lê Thanh Tông s’emparent de Vijaya (au sud de l’actuelle province de Binh Dinh), centre politique et religieux du Champa, désormais incapable de s’opposer à la marche des Viêt vers le sud-est de la péninsule indochinoise.

1527-1592

À Thang Long, usurpation des Mac. La dynastie légitime des Lê est contrainte de s’établir au sud, dans la province de Thanh Hoa. En 1592, les Lê sont nominalement rétablis sur le trône de Thang Long, mais la décadence de la dynastie attise les prétentions au sein même du parti légitimiste. Deux grandes lignées se distinguent, les Trinh et les Nguyên.

1620

À partir de 1620 et jusqu’en 1777 (insurrection des Tây Son), le pays se scinde en deux fiefs séparés. Les Trinh exercent leur pouvoir à Thang Long où ils ont mis la dynastie Lê sous tutelle. Au sud de la porte d’Annam, dans les anciennes provinces septentrionales du Champa, les seigneurs Nguyên profitent de l’éloignement de la capitale pour se constituer en principauté indépendante. Ces deux « royaumes » furent respectivement appelés Tonkin et Cochinchine par les premiers voyageurs européens.

1627-1672

Guerres entre les Trinh et les Nguyên.

1591-1660

Alexandre de Rhodes

Missionnaire jésuite, né en Avignon, alors soumis à la souveraineté pontificale. Entre 1626 et 1647, A. de Rhodes effectue plusieurs séjours au Tonkin et en Cochinchine, la plupart du temps dans la clandestinité, du fait de l’hostilité des autorités locales. On lui doit un Dictionarium Annamiticum Lusitanum et Latinum, un dictionnaire trilingue vietnamien-portugais-latin édité à Rome en 1651 par la Sacrée congrégation pour la propagation de la foi. Alexandre de Rhodes contribua en s’appuyant sur les travaux des missionnaires jésuites portugais à la mise au point du quôc ngu (littéralement « langue nationale »), un système de transcription de la langue vietnamienne parlée en caractères latins plutôt qu’à l’aide de signes syllabiques dérivés du système chinois. A. de Rhodes est mort à Ispahan (Perse) en novembre 1660.

1687

Phu Xuân, l’actuelle Huê, devient la capitale des seigneurs Nguyên.

1708

Les Nguyên ont achevé la conquête du sud. Leur domination s’étend jusqu’à la marche de Ha Tiên, dans le golfe de Siam.

1771

Insurrection des Tây Son

En 1771, trois frères originaires d’un village du sud (actuelle province de Binh Dinh), fomentent une insurrection qui, dans un contexte de crise économique, s’étend aux provinces voisines. Les insurgés s’emparent de Gia Dinh (actuelle Saigon) en 1777 et massacrent les membres de la famille des seigneurs Nguyên. Seul en réchappe le prince Nguyên Anh, le futur empereur Gia Long, qui trouve refuge dans les îlots du golfe du Siam où, grâce à la protection de Mgr Pigneau de Béhaine, vicaire apostolique de la Cochinchine, il noue des liens avec les réseaux de missionnaires et de marchands. L’évêque français va devenir son protecteur et lui fournir une aide décisive pour son entreprise de reconquête du pays perdu.

1762-1820

Empereur Gia Long

Né prince Nguyên Phuc Anh. Miraculé des luttes contre les Tây Son, il se réfugie au Siam avant de solliciter l’aide française par l’entremise de Mgr Pigneau de Béhaine, vicaire apostolique de la Cochinchine. En 1788, il reprend l’offensive avec de l’artillerie lourde et une nouvelle flotte dont plusieurs vaisseaux de type européen, construits grâce à des marins français, compagnons de Mgr Pigneau. En 1802, il s’empare de Thang Long (Hanoi). Il se proclame empereur et prend le nom de règne de Gia Long, combinaison de « Gia », de « Gia Dinh », l’ancien nom de Saigon et « Long », de « Thang Long », l’ancien nom de Hanoi. Le pays qui s’étend désormais du delta du fleuve Rouge à celui du Mékong est rebaptisé Viêt Nam. Roi unificateur, fondateur d’une nouvelle dynastie, celle des Nguyên, Gia Long édicta un code civil qui sera à l’origine de l’ossature administrative du Viêt Nam contemporain. Il échouera cependant à moderniser le pays, ce qui ouvrira la porte à l’expansion européenne.

Tombeau de l'empreur Gia Long © Mohammed Moses - shutterstock.com.jpg

28 novembre 1787

Signature du traité de Versailles

Le 21 octobre 1786, Mgr Pigneau, vicaire apostolique de la Cochinchine, du Cambodge et du Champa, embarque sur le Malabar. Il se rend à Versailles pour plaider auprès du roi Louis XVI la cause du seigneur Nguyên Anh (futur empereur Gia Long) qui sollicite une aide de la France dans sa lutte contre les Tây Son. Il est accompagné du fils de celui-ci, le prince Canh. Le traité de Versailles constitue le premier acte officiel dans les relations de la France et du Viêt Nam. Le souverain français s’y engage à faire « rentrer... le Roy de la Cochinchine... dans la possession et jouissance de ses États », dont il a « été dépouillé ». En contrepartie, il reçoit la propriété et la souveraineté exclusives des îles de Hôi-Han et de Poulo-Condor, ainsi que la propriété concurrente du port de Tourane. Dans les faits, le traité de Versailles ne sera jamais exécuté et Mgr Pigneau qui ralliera un groupe de jeunes officiers de la marine française, organisera par ses propres moyens l’aide au seigneur Nguyên.

1788

 Nguyên Huê, le cadet des Tây Son s’empare de Thang Long et se proclame empereur sous le nom de Quang Trung. Au sud, le prince Nguyên Anh, entame une longue reconquête.

1789

Les troupes chinoises marchent sur Thang Long sous le prétexte de restaurer la dynastie légitime des Lê. L’empereur Quang Trung lance la contre-offensive et obtient la victoire à Dông Da (au sud de l’actuelle Hanoi).

22 juillet 1802

Le prince Nguyên Anh s’empare de Thang Long. Il se proclame empereur sous le nom de Gia Long et décide de transférer la capitale à Huê.

1802-1945

Dynastie des Nguyên. Les successeurs de Gia Long renouent avec une politique d’isolement et de rejet des influences étrangères. La persécution des missionnaires poussera la France à intervenir.

31 août 1858

La flotte française bombarde Tourane (Da Nang).

1865

La Cochinchine devient colonie française.

1882

Prise de Hanoi par Henri Rivière.

6 juin 1884

Protectorat français sur le Tonkin (Traité Patenôtre). À la fin des années 1880, les Français ont conquis l’empire du Viêt Nam, divisé en trois parties (la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin), au sein d’un État colonial indochinois aux côtés du Cambodge et du Laos.

1885-1896

Mouvement des lettrés, résistance contre l’occupation. Édit « Servir le Roi » [Cân Vuong] qui appelle le peuple à l’aider pour chasser l’envahisseur.

Phan Bôi Châu (1867-1940) Phan Châu Trinh (1872-1926)

Avant Hô Chi Minh et la création du parti communiste, ces deux lettrés incarnent le nationalisme vietnamien. Amis, ils divergent cependant sur les formes de la lutte. Le premier, Phan Bôi Châu veut conquérir l’indépendance par la lutte armée, avec le soutien d’une puissance asiatique voisine qui pourrait être le Japon. Le second, Phan Châu Trinh, rejette la violence et se méfie des tentations impérialistes du Japon. Nationaliste réformateur, il incarne l’idéal démocratique et appelle la puissance coloniale à des réformes qui soient en cohérence avec l’idéal républicain.

Statue de Phan Bôi Châu à Huế © beibaoke - shutterstock.com.jpg

5 novembre 1925

Fils de l’empereur Khai Dinh de la dynastie des Nguyên, Bao Dai (1913-1997) succède à son père. Il poursuit ses études en France jusqu’à son retour dans le protectorat d’Annam en septembre 1932. La monarchie vietnamienne n’assume plus qu’un rôle symbolique et ne parvient pas à s’émanciper de la tutelle coloniale.

3 février 1930

À Hong Kong, Nguyên Ai Quôc (Hô Chi Minh) fonde le Parti communiste vietnamien rebaptisé en octobre, sur ordre de Moscou, Parti communiste indochinois (PCI).

10 février 1930

Mutinerie de la garnison de Yên Bai. Des soldats vietnamiens intégrés à la garnison de Yên Bai se retournent contre leurs supérieurs français. Treize d’entre eux seront guillotinés le 17 juin 1930.

Septembre 1930

Dans le centre du pays (provinces du Nghê An et de Ha Tinh), mouvement insurrectionnel des « Soviets du Nghe Tinh » durement réprimé par les autorités coloniales.

27-31 mars 1935

À Macao, 1er congrès national du PCI. Nguyên Ai Quôc (Hô Chi Minh) est élu représentant du Parti auprès de l’Internationale communiste, et Lê Hông Phong, secrétaire général du Parti.

1863-1943

Alexandre Yersin

Médecin et bactériologiste français d’origine suisse. En 1890, il embarque pour l’Indochine. Il découvre le plateau du Lang Biang où s’élèvera plus tard la ville de Dalat. Le 20 juin 1894, lors d’une mission à Hong Kong, il identifie le bacille de la peste (Yersinia pestis). Il introduit l’arbre à caoutchouc et l’arbre à quinine (utilisée contre le paludisme) en Indochine, fonde les Instituts Pasteur de Hanoi, Saigon, Da Lat et Nha Trang. Il meurt le 28 février 1943 dans sa maison de Nha Trang pendant l’occupation japonaise. Au Viêt Nam, Alexandre Yersin est vénéré comme un bienfaiteur. Rues et lycées continuent à porter son nom. Sa biographie a fait l’objet d’un joli roman, Peste & choléra, de P. Deville (Éditions du Seuil, 2012).

Statue de Alexendre Yersin à Nha Trang © Taushka2014 - shutterstock.com.jpg

1940

Le Japon envahit l’Indochine, mais la France continue de gouverner.

19 mai 1941

Création de la Ligue pour l’Indépendance du Viêt Nam (dite ligue Viêt Minh).

9 mars 1945

L’Empire du Japon prend le contrôle total de l’Indochine française, que son armée occupait depuis 1940. L’administration coloniale est détruite, des milliers de Français sont tués ou placés en captivité.

25 août 1945

Bao Dai, dernier empereur de la dynastie des Nguyên, est contraint d’abdiquer. Dans l’acte d’abdication, il indique : « Mieux vaut être citoyen d’un pays indépendant que d’être roi d’un pays esclave ». En novembre, devenu le « citoyen Vinh Thuy », il devient « conseiller suprême » du gouvernement dirigé par Hồ Chí Minh.

2 septembre 1945

Signature par le Japon de sa capitulation. À Hanoi, sur la place Ba Dinh, devant une foule en liesse, Hô proclame l’indépendance du pays et la création de la République démocratique du Viêt Nam (RDV). Son discours débute par l’invocation des droits de l’homme en se référant à la Déclaration de l’indépendance américaine (4 juillet 1776) et à la Déclaration française (26 août 1789) : « Tous les hommes sont nés égaux. Le Créateur nous a donné des droits inviolables : le droit de vivre, le droit d’être libre et le droit de réaliser notre bonheur ».

1890-1969

Hô Chi Minh

De son vrai nom, Nguyên Sinh Cung. Fils d’un mandarin déclassé par le pouvoir colonial, il est originaire de la province du Nghê An, dans le Centre du pays. En 1911, il s’embarque à bord de l’Amiral Latouche-Tréville, comme aide-cuisinier. Il voyage en Europe où il vit de petits métiers. Vivant à Paris, il adhère à la SFIO et, lors du congrès de Tours de 1920, il est l’un des fondateurs de la section française de l’Internationale communiste, qui deviendra le Parti communiste français. Il signe plusieurs articles sur la question coloniale, dont un pamphlet, Le procès de la colonisation française, sous le pseudonyme de Nguyên Ai Quôc (« Nguyên le Patriote »). Invité à Moscou, il est formé par le Komintern et effectue plusieurs voyages en Asie. À Hong Kong, en février 1930, il fonde le Parti communiste indochinois (PCI). En 1941, il retourne au Viêt Nam après une absence de trente ans. Dans le nord du Tonkin, où il vit dans la clandestinité, il prend le nom de Hô Chí Minh (« Celui qui éclaire »). En juin 1941, il fonde la Ligue pour l’Indépendance du Viêt Nam (« Viêt Minh »), laquelle combat à la fois les occupants japonais et la puissance coloniale. Il obtient même l’appui de l’Office of Strategic Services américain qui lui procure armes et munitions. Le Japon élimine la présence française lors du coup de force du 9 mars 1945. Les indépendantistes vietnamiens y voient l’opportunité de libérer définitivement leur pays. Le soulèvement conduit à la Révolution d’août et le 2 septembre 1945, à Hanoi, sur la place Ba Dinh, Hô proclame l’indépendance du pays et la création de la République démocratique du Viêt Nam (RDV). Alors que la France souhaite reprendre la main sur l’Indochine, le Viêt Minh de Hô Chi Minh, soutenu par la Chine et l’URSS, s’engage dans une longue guerre de résistance qui conduira à la victoire de Diên Biên Phu (7 mai 1954). La France signe les accords de Genève (21 juillet 1954) qui aboutissent à une partition du Viêt Nam au 17e parallèle. Hô Chi Minh n’aura alors de cesse de s’activer en vue d’une réunification du pays. Il soutient la création du Front national de Libération du Sud-Viêt Nam (FNL, ou Viêt Cong). Il meurt le 2 septembre 1969. Considéré comme le « père de la nation », son corps embaumé repose aujourd’hui dans un mausolée à Hanoi. L’« Oncle Hô » fait malgré lui l’objet d’un culte de la personnalité organisé par ses successeurs alors qu’il avait souhaité être incinéré.

Statue de Hô Chi Minh à Saigon © Christian Wittmann - shutterstock.com.jpg

5 octobre 1945

Les troupes du général Leclerc débarquent à Saigon.

Novembre 1946

Bombardement français de Haiphong, la guerre est généralisée à tout le pays.

Avril 1949

Retour de Bao Dai au Viêt Nam (Dalat). Le 1er juillet 1949, il constitue solennellement l’État du Vietnam, associé à la France dans le cadre de l’Union française et qui regroupe le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine.

Septembre-octobre 1950

Bataille de la Route coloniale n°4 (RC4). Les troupes françaises et les forces du général Giap s’affrontent dans ce qui est la première bataille d’envergure de cette guerre. Un désastre pour les Français.

11-19 février 1951

Deuxième congrès du Parti communiste indochinois qui devient le Parti des travailleurs du Viêt Nam dont Truong Chinh est le Secrétaire général.

13 mars -7 mai 1954

Bataille de Diên Biên Phu

À 300 km (à vol d’oiseau) au nord-ouest de Hanoi, le site de la vallée de Diên Biên Phu a été choisi par le commandement français pour y constituer une base aéroterrestre destinée à barrer la route du Laos aux bataillons viêt minh. Les parachutistes s’y positionnent en novembre 1953, lors de l’opération Castor. Néanmoins, il apparaît rapidement qu’il est impossible de conduire des actions offensives depuis la vallée qui se transforme en camp retranché. Les généraux français ont sous-estimé le Viêt Minh, qui, grâce à l’aide chinoise, dispose d’une capacité de DCA (Défense contre avions) massive et de batteries d’artillerie ingénieusement disposées au prix d’efforts considérables sur les hauteurs cernant la vallée. La bataille s’engage le 13 mars. En trois jours, les forces du général Giap détruisent les défenses de la piste d’atterrissage. Le pont aérien entre Hanoi et la vallée sera chaque jour amoindri davantage. Pendant 56 jours, le corps expéditionnaire et les alliés vietnamiens font face à l’artillerie viêt minh qui pilonne leurs positions très mal protégées. Les contre-attaques se succèdent, mais le 7 mai, en fin d’après-midi, la défaite est consommée.

1911-2013

Général Vô Nguyên Giap

Issu d’une famille de lettrés originaire de la province de Quang Binh (Centre). Il s’engage très tôt dans la lutte anticoloniale. Il adhère au PCI en 1940. Sous l’autorité de Hô Chi Minh, il crée en décembre 1944 la « Brigade de propagande armée » qui deviendra l’Armée populaire vietnamienne. Surtout connu comme le vainqueur de Diên Biên Phu, Giap se définira comme « un général autodidacte ». Francophone, admirateur de Napoléon, il enseigna brièvement l’histoire dans un lycée privé de Hanoi. En tant que stratège, Giap est reconnu comme un génie de la logistique. Il organisa l’acheminement des pièces d’artillerie surplombant le camp retranché de Diên Biên Phu et qui assurèrent la victoire. Dans les années 1960, il fut également à l’origine de la « piste Hô Chi Minh » permettant de contourner le dispositif américain à travers les jungles du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge, et d’assurer le ravitaillement des forces du Viêt Công au Sud. Nommé général d’armée en 1948, il affronta l’armée française, l’armée américaine, les Khmers rouges (décembre 1978) et l’armée chinoise (février 1979).

21 juillet 1954

Accords de Genève

Armistice et cessez-le-feu entre l’armée française et l’Armée populaire de la République démocratique du Viêt Nam. Le Viêt Nam est temporairement partagé en deux États séparés par le 17e parallèle, avec une zone démilitarisée de cinq kilomètres de part et d’autre. L’autorité d’Hô Chi Minh est reconnue sur le nord, qui devient officiellement une république « démocratique » sous gouvernement communiste (capitale : Hanoi). Le sud (capitale : Saigon) a pour chef d’État l’ex-empereur d’Annam, Bao Dai, qui a confié le gouvernement Ngô Dinh Diem, issu d’une famille mandarinale convertie au catholicisme. La réunification entre les deux zones est envisagée pour 1956 après référendum en vue de permettre aux Vietnamiens de choisir leur régime politique dans le cadre d’un Viêt Nam réunifié. Les élections prévues n’eurent jamais lieu. La rupture des accords va déboucher sur une deuxième guerre d’Indochine qui opposera le Nord et le Sud, avec la participation active des États-Unis, dans le cadre de la guerre froide.

20-23 octobre 1955

Suite à un référendum douteux, le chef du gouvernement, Ngô Dinh Diêm, qui bénéficie de l’aide américaine, dépose l’ex-empereur Bao Dai et instaure un régime autoritaire et népotique. La répression exercée, en particulier contre les bouddhistes, alimente la contestation.

1956

Au nord, la réforme agraire entraîne mécontentements et révoltes.

28 avril 1956

À Saigon, dissolution du corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient (CEFEO), présent depuis 1945. Presque un siècle après leur arrivée, les Français quittent l’Indochine.

5-10 septembre 1960

À Hanoi, troisième congrès du parti des Travailleurs du Viêt Nam. Le Congrès décide d’orienter le Nord vers le socialisme, de libérer le Sud et appelle à « la réunification pacifique » du pays. Hô Chi Minh est réélu Président du Parti. Lê Duân est élu Premier secrétaire.

20 décembre 1960

Création au Sud-Vietnam du Front national de libération (FNL) dont les militants et les combattants seront désignés sous le nom de Viêt Cong.

10 août 1961

L’armée américaine répand pour la première fois de l’agent orange, un herbicide contenant de la dioxine, dans le Viêt Nam du Sud. Au Viêt Nam, le 10 août est devenu la journée de commémoration des victimes de l’agent orange.

2 novembre 1963

Coup d’État. Une junte militaire dirigée par les généraux Duong Van Minh et Ton That Dinh cerne le palais présidentiel. Le président Ngô Dinh Diêm ainsi que son frère, Ngô Dinh Nhu, chef de la police politique, sont exécutés.

22 novembre 1963

Assassinat à Dallas de J. F. Kennedy, remplacé par le vice-président Lyndon B. Johnson, réélu en 1964. Sous sa présidence, les États-Unis vont intervenir de plus en plus massivement au Viêt Nam.

2 et 4 août 1964

Incidents du golfe du Tonkin

Dans le golfe du Tonkin, des « incidents » entre navires nord-vietnamiens et américains, sont le prétexte au premier raid aérien américain contre le Nord-Viêt Nam (5 août) et au vote, le 7, de la résolution dite « du golfe du Tonkin » par le Congrès américain, qui autorise le président à riposter à sa guise à toute agression nord-vietnamienne.

1965

Début de l’intervention massive directe des soldats américains au Sud. Début des bombardements intensifs et systématiques sur le Nord (Opération Rolling Thunder).

30 janvier 1968

Offensive du Têt

Au début de 1968, les forces américaines au Viêt Nam s’élèvent à plus de 550 000 hommes. En novembre 1967, le général Westmoreland, commandant les forces américaines au Viêt Nam, a affirmé que les communistes étaient incapables de monter une offensive majeure. Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1968, alors que des troupes sud-vietnamiennes sont démobilisées pour participer aux fêtes du Nouvel An lunaire (Têt), l’armée nord-vietnamienne et le Front national de libération (FLN) du Viêt Nam du Sud (Viêt Cong) lancent une série d’offensives militaires simultanées contre plus de 100 villes du Viêt Nam du Sud. Les combats se poursuivent pendant deux mois et se soldent par une importante défaite militaire du FLN et de l’armée nord-vietnamienne. Échec sur le plan militaire, cette offensive spectaculaire est néanmoins une victoire politique et diplomatique du fait de l’effet psychologique puissant qu’elle exerce sur l’opinion publique américaine et mondiale. Le 31 mars, le président américain Lyndon B. Johnson annonce qu’il ne sollicitera pas un autre mandat à l’automne. Richard Nixon, élu président des États-Unis le 5 novembre 1968, va amorcer la « désescalade » (retrait progressif des troupes américaines) et ouvrir à Paris les négociations de paix.

1969-1972

« Vietnamisation » de la guerre : retrait graduel des forces américaines avec, en parallèle, un renforcement de l’armée sudiste.

2 septembre 1969

Mort de Hô Chi Minh. Sa mort est officiellement annoncée comme ayant eu lieu le 3 septembre pour ne pas ternir la fête nationale de l’indépendance du 2 septembre.

18-29 décembre 1972

Opération Linebacker 2 (Diên Biên Phu aérien)

Douze jours et douze nuits pendant lesquels l’aviation américaine conduit la plus grande série de frappes aériennes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le but de forcer le gouvernement nord-vietnamien à mener à son terme les négociations menant aux accords de paix de Paris ; le 29 décembre, celui-ci retournera à la table de conférence. Plus de 1 500 civils nord-vietnamiens périrent sous les bombardements des B-52. Mais au moins 30 pilotes américains furent abattus par la défense antiaérienne de Hanoi, dotée de missiles sol-air SAM et de MIG-21 soviétiques. Plus de 20 pilotes furent portés disparus (MIA) et d’autres furent capturés après s’être éjectés. Les défenseurs de Hanoi considèrent donc eux qu’ils ont tenu l’aviation américaine en échec et évoquent un « Diên Biên Phu aérien ».

27 janvier 1973

Accords de Paris

Le 27 janvier 1973, à Paris, Américains et Vietnamiens annoncent la signature d’un accord qui met officiellement fin au conflit vietnamien et à deux guerres : celle entre les États-Unis et le Nord-Viêt Nam et celle opposant au Sud-Viêt Nam, le régime de Saigon au Front de libération nationale du Sud-Viêt Nam (F.N.L). Les Américains s’engagent à retirer leurs troupes dans les 60 jours cependant que les Nord-Vietnamiens s’engagent à libérer leurs prisonniers américains. C’en est fini de l’intervention militaire de Washington dans le conflit entre le Nord- et le Sud-Viêt Nam. La guerre ne s’en poursuit pas moins entre communistes et pro-Occidentaux jusqu’à la chute de Saigon et la réunification du pays sous l’égide du Nord. Les principaux artisans des accords de Paris, Lê Duc Tho (Nord-Vietnam) et Henry Kissinger (États-Unis) seront récompensés par le Prix Nobel de la paix en octobre 1973, mais le premier refusa le prix et le second n’assista pas à la cérémonie de remise du prix.

19 janvier 1974

Bataille des îles Paracels (Hoang Sa)

La marine chinoise appuyée par des avions venus de Hainan prend le contrôle des îles Paracels au terme d’une bataille livrée contre les forces navales de la République du Viêt Nam. Illégale dans son principe, la conquête militaire des îles par la Chine se heurte aux revendications du Viêt Nam qui dispose des preuves historiques et des bases juridiques suffisantes pour affirmer sa souveraineté sur les deux archipels de Hoang Sa (Paracels) et Truong Sa (Spratleys).

30 avril 1975

Les troupes du Nord entrent dans Saigon. Fin de la guerre. 8 744 000 militaires américains ont participé entre 1955 et 1975, à un moment ou à un autre du conflit. Le bilan pour les forces armées américaines est estimé à 58 177 soldats tués et 153 303 blessés. En 1995, le Viêt Nam a annoncé qu’un total d’1,1 million de combattants et de 2 millions de civils avaient été tués durant la guerre.

1975-1991

Le drame des boat people

Après 1975, un nombre croissant de Vietnamiens quittent leur pays du fait de la répression politique et de la situation économique catastrophique. Ils embarquent sur des bateaux de fortune et affrontent les dangers d’un périple en mer où ils sont souvent victimes de naufrages, de pillages et d’actes de piraterie. Selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés, on estime à 1 million le nombre d’exilés entre 1975 et 1991, sans compter les milliers de morts durant les traversées, s’élevant jusqu’à 250 000. Aujourd’hui, ces gens et leurs descendants, appelés Viêt Kieu (Vietnamiens d’outre-mer), forment une importante diaspora, éparpillée des États-Unis à la France, en passant par le Canada, l’Australie ou divers pays européens avec une population d’environ 3 millions d’individus.

2 juillet 1976

L’Assemblée nationale proclame la réunification du pays et la création de la République socialiste du Viêt Nam (RSV). Embargo américain. Saigon est rebaptisée Hô Chi Minh-Ville.

14-20 décembre 1976

4e congrès qui décide de changer le nom du Parti des Travailleurs du Viêt Nam en celui de Parti communiste du Viêt Nam. Lê Duân est élu Secrétaire général du PCV.

2 novembre 1978

Le Viêt Nam et l’URSS signent un traité d’amitié et de coopération.

Décembre 1978-janvier 1979

Suite aux incursions meurtrières des Khmers rouges sur son territoire, le Viêt Nam envahit le Cambodge et renverse le régime génocidaire de Pol Pot. Les occupants instaurent un gouvernement qui leur est favorable. Les troupes vietnamiennes, soutenues par l’URSS, doivent faire face à des mouvements de résistance appuyés par la Chine et les États-Unis.

17 février-16 mars 1979

Guerre sino-vietnamienne

L’origine de ce conflit s’inscrit dans le cadre de la rupture sino-soviétique, le Viêt Nam communiste étant soutenu par l’Union soviétique. En réponse à l’invasion et l’occupation du Cambodge par le Viêt Nam en 1978 (ce qui mit fin au règne des Khmers rouges, appuyés par la Chine), Deng Xiaoping décide d’administrer une « leçon » au Viêt Nam. Le 17 février 1979, près de 600 000 militaires chinois franchissent la frontière dans les six provinces du nord du Viêt Nam et rasent plusieurs villes. Mais les vagues de fantassins chinois se heurtent à la défense et aux réseaux de fortifications mis en place par l’Armée populaire du Viêt Nam. Le 6 mars 1979, la Chine déclare que sa mission punitive est désormais accomplie. Malgré l’absence de chiffres officiels, les archives historiques établissent le nombre des victimes à près de 26 000 morts et 37 000 blessés du côté chinois, et 30 000 morts et 32 000 blessés côté vietnamien. Les escarmouches à la frontière se poursuivront jusqu’en 1990.

27-31 mars 1982

5e congrès du PCV. Le Duan est réélu Secrétaire général du PCV.

15-18 décembre 1986

6e congrès du PCV. Nguyên Van Linh est élu Secrétaire général du PCV. La direction du PCV fait son autocritique, notamment sur son mode de pensée dogmatiste, et propose le « Renouveau » (Dôi moi), avec l’amorce d’un processus de libéralisation économique.

14 mars 1988

En mer Orientale, dans l’archipel des Spratleys, la marine chinoise s’empare par la force du récif de Gac Ma (Johnson Reef) en massacrant la garnison vietnamienne. 64 soldats vietnamiens sont tués, dont la plupart n’étaient pas armés.

Septembre 1989

Le Viêt Nam retire ses troupes du Cambodge.

24-27 juin 1991

7e congrès national du PCV. Dô Muoi est élu Secrétaire général du PCV.

Novembre 1991

Normalisation des relations entre le Viêt Nam et la Chine.

9-10 février 1993

Visite officielle du président français François Mitterrand, le premier chef d’État français à se rendre au Viêt Nam depuis 1945. Le 10, après avoir déclaré que la guerre d’Indochine avait été une « erreur », il se rend à Diên Biên Phu afin d’honorer la mémoire des soldats français morts durant la bataille.

3 février 1994

Bill Clinton, le président des États-Unis, annonce la levée de l’embargo commercial américain contre le Viêt Nam qui avait été décrété en 1975.

28 juillet 1995

Admission du Viêt Nam dans l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), organisation fondée en 1967 à Bangkok dans le contexte de la guerre froide et dont la vocation première était de faire barrage aux mouvements communistes.

28 juin-1er juillet 1996

8congrès du PCV. Dô Muoi est réélu Secrétaire général du PCV.

Avril-juillet 1997

Dans la province de Thai Binh, importantes manifestations contre des taxes indues et la corruption des fonctionnaires locaux.

Octobre 1997

Confronté aux effets de la crise asiatique, le Viêt Nam est contraint de dévaluer le dông, la monnaie nationale.

1998

Le Viêt Nam intègre l’APEC [Asia Pacific Economic Cooperation] un nouveau jalon dans le processus d’intégration internationale du pays. Établie en 1989, l’APEC est un forum économique intergouvernemental visant à faciliter la croissance économique, la coopération, les échanges et l’investissement de la région Asie Pacifique. Elle se réunit chaque année.

Juillet 2000

Création de la 1re bourse du pays à Hô Chi Minh-Ville.

16-19 novembre 2000

Visite officielle du président américain Bill Clinton au Viêt Nam, la première visite d’un président américain depuis la fin de la guerre, en 1975.

Février 2001

Sur les hauts plateaux, révolte des minorités ethniques qui demandent la restitution de leurs terres transformées en plantations de café par les migrants Kinh et revendiquent le droit de pratiquer librement leur foi protestante.

19-22 avril 2001

9e congrès du Parti communiste vietnamien. Nông Duc Manh est élu Secrétaire général du PCV.

Décembre 2001

L’accord commercial bilatéral entre les États-Unis et le Viêt Nam entre en vigueur. Il permet au Viêt Nam de quitter un groupe restreint de pays – parmi lesquels l’Afghanistan, Cuba, la Corée du Nord ou la Serbie – ne bénéficiant pas de relations commerciales normales avec les États-Unis. Les taxes américaines sur les exportations vietnamiennes sont réduites de 40 % en moyenne à environ 4 %. En échange, les sociétés américaines obtiennent un accès accru au marché vietnamien et la protection de leurs droits de propriété intellectuelle.

2 mai 2002

Les Russes quittent la baie de Cam Ranh où ils maintenaient une base de personnels d’écoute et de transmission de la marine.

Avril 2004

Sur les hauts plateaux, manifestations massives des minorités ethniques pour exiger le retour de terres ancestrales confisquées par l’État ainsi qu’une plus grande liberté religieuse. Elles sont durement réprimées par le gouvernement.

8-9 octobre 2004

À Hanoi, 5rencontre Asie-Europe (ASEM 5) précédée de la visite officielle du président français, Jacques Chirac.

Juin 2005

Visite officielle aux États-Unis du Premier ministre vietnamien, Phan Van Khai, reçu par le président américain, George W. Bush. Première visite officielle d’un dirigeant vietnamien aux États-Unis depuis la fin de la guerre entre les deux pays.

18-25 avril 2006

10e congrès du Parti communiste vietnamien. Nông Duc Manh est réélu Secrétaire général du PCV. En visite à Hanoi, Bill Gates, le fondateur de Microsoft reçoit un accueil enthousiaste des autorités et des étudiants vietnamiens.

18-19 novembre 2006

À Hanoi, le Viêt Nam accueille le sommet de l’APEC [Asia Pacific Economic Cooperation] auquel participent le président américain G.W. Bush, le président russe V. Poutine, le président chinois Hu Jintao…

11 janvier 2007

Douze ans après s’être déclaré candidat, le Viêt Nam, « étoile montante du commerce international », devient le 150e membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

1er-4 octobre 2007

Visite officielle du Premier ministre Nguyên Tân Dung en France.

31 décembre 2008

Achèvement de la démarcation de la frontière terrestre sino-vietnamienne.

27 février 2009

La Cour suprême des États-Unis confirme l’irrecevabilité de la plainte des victimes vietnamiennes de l’agent orange, herbicide cancérigène et tératogène utilisé par l’armée des États-Unis lors de la guerre du Viêt Nam.

12-14 novembre 2009

Visite de F. Fillon au Viêt Nam, première visite officielle d’un Premier ministre français depuis l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

10 octobre 2010

Hanoi célèbre son millénaire.

12-19 janvier 2011

11e Congrès du PCV. Nguyên Phu Trong est élu Secrétaire général du PCV.

Été 2011

Vives tensions entre la Chine et le Viêt Nam à propos des litiges de souveraineté en mer Orientale.

25 septembre 2013

Lors de la visite officielle en France du Premier ministre vietnamien Nguyên Tan Dung, les deux pays signent une déclaration de Partenariat stratégique, qui a pour objectif le renforcement de la relation dans tous les domaines (politique, défense, économie, éducation, culture).

4 octobre 2013

Mort du général Giap à l’âge de 102 ans. Une foule immense rend hommage au vainqueur de Diên Biên Phu.

2 mai - 16 juillet 2014

L’installation d’une plate-forme pétrolière chinoise dans les eaux vietnamiennes suscite une grave crise entre les deux pays. Au Viêt Nam, des émeutes anti-chinoises font plusieurs victimes. Les tensions aboutissent à un rapprochement entre le Viêt Nam et les États-Unis qui allègent l’embargo sur les ventes d’armes au Viêt Nam.

6-10 juillet 2015

Visite historique du secrétaire général du PCV Nguyên Phu Trong à Washington où il est reçu à la Maison Blanche par le président Obama.

19 janvier 2016

Mort de la tortue du lac Hoan Kiêm

Cette tortue à carapace molle (200 kg), d’un âge indéterminé et d’une espèce (Rafetus swinhoe) qui ne compte que quelques spécimens dans le monde, avait une forte valeur symbolique. Tous les écoliers vietnamiens connaissent la légende selon laquelle la tortue sacrée du lac Hoan Kiêm est le gardien de l’épée magique de Le Loi, chef rebelle du XVe siècle, fondateur de la dynastie des Lê, qui avait vaincu les envahisseurs chinois et défendu l’indépendance vietnamienne.

20-28 janvier 2016

12e congrès national du PCV. Nguyên Phu Trong est réélu Secrétaire général du PCV.

Avril 2016

Catastrophe de Formosa

Fin avril 2016, des millions de poissons morts recouvrent les côtes du centre du pays. Les soupçons se portent immédiatement sur l’aciérie Formosa, une entreprise taïwanaise installée dans la province de Ha Tinh, à 430 km au sud de Hanoi, accusée d’avoir rejeté en mer des eaux usées contenant phénol et cyanure. Sur les réseaux sociaux, l’opinion publique s’enflamme. Des manifestations sont organisées, d’abord dans le centre du pays, puis à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville. En juin 2016, l’entreprise Formosa reconnaît sa responsabilité et s’engage à verser 500 millions de dollars US de dédommagements. L’affaire est loin d’être close. Le rétablissement des écosystèmes marins prendra des années. La contamination des fruits de mer suscite de nombreuses questions. Pour le gouvernement, l’affaire constitue un avertissement sévère. Elle met en lumière la corruption de certaines autorités, incapables de faire respecter les réglementations environnementales. Elle se situe également à la convergence de plusieurs problématiques (environnement, sécurité alimentaire...) qui suscitent des mobilisations de plus en plus vives de l’opinion publique.

23-25 mai 2016

Visite officielle du président américain Barack Obama au Viêt Nam. Il annonce la levée de l’embargo sur les ventes d’armes létales américaines au Viêt Nam.

12 juillet 2016

La Cour permanente d’arbitrage de La Haye, saisie par les Philippines, estime que la Chine n’a pas de « droits historiques » sur la majorité des eaux de la mer de Chine méridionale. La Chine déclare aussitôt qu’elle « ne reconnaît pas et n’accepte pas » cette décision d’arbitrage.

5-7 septembre 2016

Visite officielle au Viêt Nam du président François Hollande. Annonce de la vente de 40 avions Airbus à 3 compagnies vietnamiennes pour un montant de 6,5 milliards de dollars US.

6-11 novembre 2017

À Da Nang, le Viêt Nam accueille le sommet de l’APEC [Asia Pacific Economic Cooperation] auquel participent le président chinois Xi Jinping, le président russe Vladimir Poutine, le président des États-Unis, Donald Trump…

25-27 mars 2018

Visite en France du Secrétaire général du PCV Nguyên Phu Trong.

Juin 2018

Le Viêt Nam connaît une vague de manifestations et d’émeutes anti-chinoises qui touchent plusieurs villes du pays en réaction au projet du gouvernement d’accorder à des sociétés étrangères opérant dans les zones économiques spéciales des baux à long terme pouvant aller jusqu’à 99 ans.

23 octobre 2018

Suite à la mort du président Trân Dai Quang (21 septembre 2018), Nguyên Phu Trong (74 ans), secrétaire général du PCV, est élu président de la République par l’Assemblée nationale. Il est le premier à cumuler les deux postes depuis Hô Chi Minh.

1-4 novembre 2018

Visite officielle au Viêt Nam du Premier ministre Édouard Philippe à l’occasion du double anniversaire des 45 ans des relations diplomatiques et des 5 ans du partenariat stratégique entre la France et le Viêt Nam. Plus de 10 milliards d’euros de contrats sont signés. Le 3 novembre 2018, 25 ans après le président François Mitterrand, le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné d’anciens combattants, s’est rendu sur le site de la bataille de Diên Biên Phu, où il a fleuri les deux mémoriaux, français et vietnamien.

12 novembre 2018

L’Assemblée nationale vietnamienne ratifie l’accord de partenariat transpacifique global et intégral, le CPTPP, un accord de libre-échange qui inclut 11 pays (mais pas les États-Unis) qui constitueront un bloc commercial représentant 495 millions de consommateurs et 13,5 % du PIB mondial.

1er janvier 2019

Entrée en vigueur d’une loi obligeant les entreprises de l’Internet à supprimer tout contenu jugé « toxique » par les autorités communistes.

27-28 février 2019

Hanoi accueille le président Donald Trump et le dirigeant suprême Kim Jong-Un dans le cadre du deuxième sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord.

Été-automne 2019

Dans sa Zone économique exclusive en mer Orientale, le Viêt Nam est confronté aux incursions d’Haiyang 8, un navire de prospection appartenant au Service géologique chinois, et accompagné de nombreux bâtiments d’escorte.

5 avril 2021

M. Nguyên Xuân Phuc est élu Président de l'État et choisi M. Pham Minh Chinh pour occuper le poste de Premier ministre. M. Nguyên Phu Trong (né en 1944) occupe toujours le poste de secrétaire général du Parti.