Du 17 au 20 septembre 2015, s'est tenue la 1ère édition des journées françaises en Artsakh (Haut Karabagh), un festival qui a pour objectif de promouvoir la richesse de la langue et de la culture françaises auprès de la population karabaghiote. Une importante délégation, de plus de 200 personnes, composée notamment de responsables politiques et élus français, de délégations des villes partenaires et du cercle d'amitié France-Karabagh, investie dans la consolidation de la paix et du dialogue entre les peuples au Caucase du Sud, s'est rendue au Karabagh à cette occasion. Parmi les temps forts, un concert exceptionnel du chanteur Patrick Fiori, d'origine arménienne et corse, qui a rassemblé plus de 4 000 spectateurs à Stepanakert sur la place de la Renaissance. Encore ému par ce concert, il nous a accordé un entretien juste après les derniers applaudissements.
Quelles sont vos impressions après ce concert à Stepanakert ?
C'était un plaisir immense de chanter ce soir au Karabagh. Ici, je suis chez moi car je suis sur la terre de mes anciens. J'ai beaucoup de respect pour les gens qui travaillent ici, qui avancent et qui ont tous beaucoup de courage malgré les difficultés de ce pays qui est encore meurtri par la guerre avec l'Azerbaïdjan. Je suis venu il y a 10 ans et j'ai bien compris que personne n'avait rien lâché, que la population avait envie de se relever et de rendre la vie plus belle malgré tout. Moi qui suis Arménien de France, je suis fier. Je suis content de voir que ça a changé dans le bon sens. Vraiment tant mieux et cela donne du baume au coeur.
Avez-vous le sentiment d'avoir apporté votre petite pierre à cette construction du Karabagh ?
On a toujours l'impression d'avoir apporté sa petite pierre mais moi la petite pierre, ce sont d'autres qui me l'ont donnée. A l'époque, nous avons mené des actions avec l'association Provence-Arménie que dirigeait Agopik Katchadourian, un grand monsieur qui nous a quittés et à qui j'ai tenu à rendre hommage ce soir. C'est vrai qu'en ce temps-là je ne parlais pas de mes actions car je voulais vraiment comprendre ce qu'était mon Arménie et faire ce chemin seul, loin des médias. Avec mon père d'origine arménienne, qui était chauffeur poids-lourd, aujourd'hui à la retraite, on a transporté, il y a 10 ans, une dizaine de containers depuis la France vers le Karabagh pour aider les habitants de ce pays qui sortait d'une guerre avec l'Azerbaïdjan. Et ce n'était pas simple d'accomplir cette mission mais on a réussi grâce à cette solidarité des Arméniens de France. Nous sommes allés donner, nous-mêmes, ces containers dans les villages. On les a remis en main propre aux habitants. Malgré quelques difficultés avec la douane, on a réussi ! On est resté presque 17 jours et on est allé dans tous les villages. On leur a donné de tout : des cahiers, des stylos, des meubles, des livres... Et tout était neuf.
Pourtant la République du Karabagh est difficile d'accès, enclavée dans les montagnes, et il faut en moyenne 7h de route pour arriver jusqu'ici... Alors qu'est-ce qui vous a poussé à revenir jusque dans cette république qui semble au bout du monde ?
Ce n'est pas le bout du monde, il y a encore beaucoup de gens qui vivent ici et qui ont l'intelligence de cultiver les champs, de vivre de leur terre mais aussi de tendre la main à celui qui arrive de l'extérieur et d'accepter de l'aide. On a tous besoin d'aide à un moment donné. Et c'est une sagesse d'accepter cette aide. Alors moi je dirai, au contraire, que le monde continue au Karabagh.
Représentation du Haut Karabagh en France
Site de l'office de tourime du Haut Karabagh