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Des volcans endormis mais pas toujours...

Occupant une position géographique charnière entre l’Europe et l’Afrique, les Canaries reposent sur la plaque africaine même si elles font partie de la région naturelle de la Macaronésie, avec Madère, le Cap-Vert et les Açores. De par son caractère insulaire, le territoire des Canaries est très complexe. Avec près de 30 millions d’années, ces îles demeurent malgré tout un archipel volcanique très récent, au plan géologique, toujours actif. Et peut-être aurez-vous le rare privilège d’assister à l’un de ses réveils épisodiques, ou de découvrir le tout jeune Volcan de Tajogaite, à La Palma. C’est cette île qui a été la dernière à faire l’objet d’une éruption volcanique, le 19 septembre 2021. Elle aura duré 85 jours, la plus longue de l’histoire sur l’île et la troisième sur l’archipel. Avant cela, l’île de El Hierro a connu quant à elle une éruption volcanique sous-marine, le 12 octobre 2011, au large des côtes du village de la Restinga. Pour les précédentes, c’est sur le volcan de Teneguía, à la pointe sud de la Palma qu’a eu lieu l’avant-dernière éruption, en 1971. En 1909 pour Tenerife, avec le volcan Chinyero, à une dizaine de km en contrebas du Teide et en 1824 à Lanzarote. Faible comparée à l’éruption dévastatrice qui entre 1730 et 1736 a englouti sous la lave le tiers de l’île dans la région de Timanfaya. Côté éruptions volcaniques terrestres plus anciennes, El Hierro n’a connu qu’une seule éruption en 1793, celle du volcan de Lomo Negro, à l’ouest de l’île. Beaucoup plus anciennes, d’autres éruptions ont pu être datées, approximativement, grâce aux témoignages des Guanches. Pour Tenerife, trois dates ont été rapportées, en 1341, incertaine en 1393-1394, et la troisième en 1430, dans la vallée de la Orotava. Une analyse des cendres au carbone 14 situe en 1480 une éruption du volcan Tacande, à La Palma.

Au fil des îles

Lanzarote. C’est la plus orientale de l’archipel avec un volcanisme récent et encore actif. Séparée de l’île de Fuerteventura, au sud, par l’île aux loups et par le détroit de La Bocaina, elle occupe une superficie de 845 km² dont la majeure partie est un champ de volcans actifs, avec une altitude maximale de 670 mètres pour les Peñas de Chache, au nord. Au total, elle compte 110 volcans, aux courbes rondes, car très érodées, surtout situés dans le Parc national de Timanfaya. Si elle compte 191 km de côtes, ce sont surtout des criques, puisque toute la côte nord a été engloutie par la lave du Timanfaya. C’est à sa pointe sud que se situe Papagayo, sa plus belle plage de sable blanc.

Fuerteventura. C’est la plus africaine, mais aussi la plus saharienne, avec un paysage marqué par des dunes côtières de sable blond (52 km) qui surpassent celles de la Grande Canarie. La majeure partie de cette île de 1 690 km² présente des collines sèches, uniformément arides qui donneront un avant-goût de l’Atlas marocain ou de la sierra mexicaine, avec quelques palmiers et des cactus omniprésents. Sans éruption répertoriée, le volcanisme n’est pas absent des paysages puisque les vastes horizons sont souvent interrompus par de petits cônes isolés, aux pentes rouges et sèches. Plutôt plate dans son ensemble, elle culmine à 807 mètres dans la péninsule de Jandía.

Grande Canarie. C’est la troisième île par sa taille (1 530 km²), derrière Tenerife et Fuerteventura. Elle culmine à 1 949 m au pic de las Nieves et forme un cercle de près de 50 km de diamètre et de 235 km de circonférence. Avec, au centre, le massif montagneux de la Cumbre (le sommet, la crête) qui descend en pentes régulières, entaillées de profonds barrancos (ravins) vers toutes les côtes. D’origine volcanique, mais de formation ancienne, cette cumbre est probablement inactive depuis au moins 3 000 ans. De part et d’autre de cet ensemble, les paysages sont contrastés, avec un nord plus vert du fait des nombreux nuages s’accrochant aux monts et un sud plutôt aride et ensoleillé. Beaucoup plus basses, les côtes du sud abritent de belles plages naturelles de sable blanc dont Maspalomas avec son champ de dunes protégées.

Tenerife. Avec une superficie de 2 034 km², c’est la plus grande île et celle qui abrite le Teide, le point le plus haut d’Espagne. De forme triangulaire, cette île montagneuse est aussi celle qui présente la plus grande complexité géologique. Son noyau central est occupé par les Cañadas des Teide, de grands ravins volcaniques, et son relief s’organise autour de deux autres massifs, Anaga-Teno-Adeje et la dorsale de San Pedro. Celui de l’Anaga, au nord-est, abrite des vallées profondes et communique avec la dorsale de Pedro Gil via la dépression de la Vega de La Laguna. Sur plus de 350 km de côtes, elle compte plus de 225 km de falaises dont la plus spectaculaire est celle des Gigantes. Parmi les 50 km de plages disséminées autour de l’île, 35 km sont constitués de galets et de gravier. Ce qui ne l’empêche pas d’abriter de magnifiques criques au sable noir scintillant comme des bijoux au soleil.

La Gomera. C’est l’île à la forme la plus ronde, entièrement occupée par un massif ancien qui n’a connu aucune manifestation volcanique durant tout le quaternaire. D’une superficie de 350 km², elle culmine à 1 487 mètres dans le haut Garajonay et se caractérise essentiellement par la profondeur de ces ravins et sa côte faite pour l’essentiel de falaises, de 100 à 300 mètres. Les plages y sont quasi inexistantes à l’exception de quelques très belles plages de sable noir comme celle de la Valle Gran Rey, parfois dangereuses.

La Palma. Après Tenerife, c’est l’île qui possède le sommet le plus élevé des Canaries, avec le Roque de los Muchachos qui abrite l’un des observatoires astronomiques les plus importants au monde. C’est aussi elle qui a enregistré les éruptions volcaniques les plus récentes, le Tajogaite, municipalité d’El Paso,  en 2021 et le Teneguía, dans la pointe sud, en 1971. Avec une superficie de 708 km², elle présente une histoire géologique assez longue avec au nord le massif le plus ancien et une côte faite de nombreuses falaises. C’est aussi la plus humide et la plus boisée des îles. On y appréciera aussi quelques plages de sable noir et des piscines naturelles, appelées charcos.

El Hierro. C’est la plus occidentale et aussi la plus jeune. Avec une superficie de 264 km², elle est traversée d’est en ouest par une dorsale formée de nombreuses montagnes et culmine à 1 501 mètres, au pic de Malpaso.