-500 000 à -40 000.
Les premières civilisations
Des bifaces, outils de pierre sculptés sur leurs deux faces afin d’en aiguiser la pointe, ont été retrouvés à Nagaur dans le Marwar (Rajasthan). La culture acheuléenne cède la place au paléolithique moyen. Les outils de pierre se multiplient et s’affinent.
-40 000 à -3500.
Durant le paléolithique supérieur, les colonies se multiplient. Des regroupements humains se constituent en petites communautés semi-nomades d’une centaine de personnes. Les principaux sites se trouvent autour des vallées fluviales, où se trouvent eau et nourriture. Des coquilles d’oie ont été retrouvées au Rajasthan, permettant d’attester de l’adaptation du volatile au climat de la région.
-3300 à -1900.
La première civilisation marquante du nord de l’Inde s’épanouit à partir de 3300 av. J.-C. La civilisation Harappan se forme dans la plaine de l’Indus (au Pakistan) et occupe progressivement un large bassin qui s'étend jusqu’au pied de l’Himalaya au nord et au Gujarat au sud. La civilisation Harappan se distingue par son urbanisme planifié, ses systèmes d’irrigation et d’approvisionnement en eau, ses maisons aux fondations de brique, son artisanat élaboré. La civilisation compte 5 centres urbains majeurs, dont Rakhigarhi (Haryana) et Dholavira (Gujarat), classé à l’Unesco en 2021.
- 3000 à -1300.
Parallèlement, 3 civilisations se succèdent sur le plateau central de Malwa, à cheval sur les États du Rajasthan, du Madhya Pradesh et du Maharashtra. La culture Kayatha est la première connue à pratiquer l’agriculture grâce à une maîtrise avancée de la métallurgie et de la taille de la pierre. La culture Ahar se développe autour de la rivière Banas et de ses tributaires. Elle se distingue par ses poteries rouge et noir décorées de lignes et de points blancs. La culture Malwa est la plus avancée de toutes, mêlant pastoralisme et agriculture, planification urbaine des villes principales, échanges avec d’autres communautés et croyances religieuses. Des idoles et autels ont été retrouvés sur plusieurs sites.
- 1500 à -1000.
La période védique
Les Aryens, un peuple venu d’Iran, arrivent par le nord-ouest de l’Inde. Ils colonisent progressivement le Cachemire et le Pendjab. Ils introduisent une nouvelle religion inscrite dans leur livre sacré, le Veda. En quête de nouveaux pâturages pour leurs troupeaux, ils descendent progressivement vers la plaine indo-gangétique.
-1000 à -600.
Les Aryens colonisent tout le nord de l’Inde. De petits royaumes de type monarchie héréditaire se mettent en place. La démocratie s’exerce au sein d’un conseil des sages (sabha) et d’une assemblée populaire (samiti). Les femmes disposent des mêmes droits que les hommes. Les loisirs tels que la course de char ou les jeux de dés font leur apparition. La mise au point d’outils en fer perfectionnés permet de développer l’agriculture.
-600 à -500.
La fin de la période védique voit naître l’apparition du système de castes. Le varna divise la société en 4 catégories. Les Brahmanes rassemblent les prêtres et les professions intellectuelles (enseignants, hommes de loi...). Les Kshatriyas sont ceux chargés d’administrer et de défendre la population (rois, nobles et guerriers). Les Vaishyas rassemblent les commerçants, les négociants, les agriculteurs et les bergers. La caste des Shudras est composée de serfs. Les femmes perdent leurs droits politiques et les mariages d’enfants apparaissent.
-600 à -345.
Les premières dynasties indiennes
Magadha est une région située dans le sud du Bihar et à l’est de la plaine du Gange. Elle est administrée par trois dynasties différentes, entre 682 av. J.-C. et 345 av. J.-C. Le Mahajanapada, ou « Grand Royaume », se distingue des 15 autres du nord de l’Inde par le rejet de certains rites védiques. Le sacrifice animal et l’organisation sociale sont remis en cause. C’est dans cette région qu’apparaissent le jaïnisme et le bouddhisme. La caste des Kshatriyas est placée au-dessus de celle des Brahmanes. Le roi Bimbisara, qui régna de 553 av. J.-C. à 492 av. J.-C., devient le premier roi bouddhiste. C’est à cette période qu’est écrit le Mahābhārata, un poème épique fondateur de la culture indienne.
-345 à -322.
De grands mouvements militaires au nord-ouest de l’Inde permettent aux Nanda d’occuper la plaine indo-gangétique et une large portion traversant le Madhya Pradesh jusqu’au Gujarat. Ils s’emparent de la région de Magadha en 345 av. J.-C., ce qui marque l’apogée de leur royaume.
-322 av à -297.
L’instabilité politique provoquée par la dynastie Nanda permet à Chandragupta Maurya de lever une armée et de défaire l’empire Nanda. Sa puissance et son génie militaire le poussent toujours plus à l’ouest, faisant tomber les Satrappes d’Alexandre le Grand dans la région de l’Indus, puis les Séleucides, occupants de vastes territoires en Afghanistan et au Baloutchistan. L’empire Maurya est considéré comme l’un des plus évolués de cette période.
-297 à -232.
Bindusara succède à son père et étend les frontières de l’empire vers le sud, jusqu’au Karnataka. Le royaume de Kalinga (actuel Odisha) résiste. C’est l’empereur Ashoka qui l’ajoute à l’empire en 261 av. J.-C. Après sa conquête de Kalinga, Ashoka, converti au bouddhisme, renonce à la guerre et à la violence. Il émet des principes moraux destinés à résoudre des problèmes sociaux complexes. Ceux-ci sont gravés sur des piliers ou de gros rochers dispersés aux quatre coins de l’Empire. Ils sont connus sous le nom d'Édits d’Ashoka. L’empire connaît une période de stabilité florissante.
-232 à -185.
Dasharatha succède à son grand-père sur le trône, mais ne connaît pas le même destin. L’empire commence à s’effriter sous son règne et d’anciens petits royaumes reprennent des couleurs. Pushyamitra profite de l’assassinat de Birhadratha Maurya par un de ses généraux pour s’emparer du trône.
-185 à -73.
Pushyamitra fonde la dynastie Shunga et constitue un empire qui correspond peu ou prou aux frontières de Magadha. L’abandon de la passe de Khyber dans l’Himalaya pakistanais permet au roi gréco-bactrien Démétrius de conquérir les contrées éloignées de l’ancien empire Maurya, à l’ouest et au nord. Durant un siècle, l’empire indo-grec et la dynastie Shunga se partagent le nord de l’Inde.
-73 à 320.
Les Scythes, un peuple originaire des steppes de l'Eurasie, sont chassés du nord de l’Afghanistan. Ils se déplacent vers le sud-est et remplacent les Indo-Grecs, avant d’être chassés à leur tour par les Kushan. Leur empire s’étend de l’Ouzbékistan au Gujarat et au plateau de Malwa, au nord-ouest de l’Inde actuelle.
320 à 455.
De l’empire Gupta au Sultanat de Delhi
Un nouvel empire se forme au Magadha sous l’impulsion de Chandragupta. Son successeur, Samudragupta, adjoint le Cachemire, le Rajasthan, le Pendjab, Malwa et Kalinga à son empire. En 415, le territoire comprend les contreforts de l’Himalaya et le Cachemire, la vallée de l’Indus, le Gujarat, le plateau du Deccan, la plaine du Gange jusqu’à l’embouchure et une large bande côtière au Tamil Nadu.
455 à 650.
La période de l’empire Gupta est synonyme d’épanouissement, notamment dans les domaines culturels. De grands artistes produisent des œuvres majeures tant dans la littérature que la peinture, la sculpture ou l’architecture. L’influence de l’empire s’étend auprès de ses partenaires commerciaux à travers l’Asie du Sud-Est. Le déclin s’amorce à partir de 467. Des attaques continues des Huns font s’effondrer l’empire.
650 à 711.
Il ne reste que des cendres de l’empire Gupta et de son formidable rayonnement. Le territoire est éclaté en de multiples petits royaumes qui s’affrontent. Aucun chef n’émerge pour faire naître un nouvel empire de taille. L’hindouisme et les traditions védiques connaissent un nouveau souffle face au bouddhisme et au jaïnisme. Cet élan religieux se traduit par une production artistique d’une grande finesse qui s’exprime dans les temples et les statuaires.
711 à 1173.
La première incursion musulmane en terres indiennes revient à Muhammad ibn al-Qasim, un commandant militaire venu de Taïf (Arabie saoudite). Il s’empare du Sind (ouest du Gujarat au Pakistan) en 711 et en devient le gouverneur. En 1001, Mahmoud de Ghazni, gouverneur du Khorassan (nord de l’Iran) met à sac une partie du Rajasthan. La région fait régulièrement l’objet de raids éclairs et de pillages tout en restant aux mains des souverains rajpoutes.
1173 à 1206.
Muhammad de Ghor règne sur l’Afghanistan et étend ses conquêtes vers l’est. Il pénètre au Gujarat en 1178 et progresse jusqu’au Mont Abu (Rajasthan). En 1186, il occupe le Pendjab et la vallée de l’Indus. En 1192, il défait le roi rajpoute Prithviraj Chauhan à Tarain au Rajasthan. Il confie alors ses conquêtes territoriales indiennes à ses généraux-esclaves pour se concentrer sur l’Asie Centrale. En 1206, les généraux ont progressé jusqu’au Bengale.
1206 à 1526.
À la mort de Muhammad de Ghor, ses généraux se partagent le territoire, ce qui ne fera qu’aviver rivalités et tensions entre leurs propres successeurs. Le nord de l’Inde est soumis à la tutelle du Sultanat de Delhi. Durant cette période, cinq dynasties vont se succéder, qui n’auront de cesse d’agrandir leur emprise sur l’Inde. En 1335, le Sultanat de Delhi est à son apogée, mené par la dynastie des Tughlaq. Ils contrôlent la quasi-totalité de l’Inde et du Pakistan actuels, à l’exception du Kalinga, du Kerala et des hauteurs de l’Himalaya. Le Sultanat s’étiole sous les deux dynasties suivantes des Sayyid et des Lodi.
1526 à 1556.
L’avènement moghol
Babur, souverain de Fergana (Ouzbékistan), rend hommage à ses illustres ancêtres Timur et Gengis Khan en multipliant les conquêtes. En 1526, il se tourne vers l’Inde après avoir soumis Samarcande et l’Afghanistan. Il défait Ibrahim Lodi à Panipat et fonde l’empire moghol. Dans la foulée, il réussit à faire tomber le Rajasthan. Il décède à Agra en 1530. Son fils Humayun lui succède mais se voit contester le trône par ses frères. Le sultan du Gujarat et Sher Shah Suri qui règne au Bihar profitent des querelles intestines pour faire tomber Humayun. Celui-ci se réfugie en Perse en 1540 avant de reconquérir son empire 15 ans plus tard, en agrandissant son territoire. Il meurt en 1556 d’une chute dans les escaliers.
1605 à 1627.
Jahangir hérite d’un empire relativement consolidé et son règne sera plus marqué par le développement commercial et artistique que les conquêtes militaires. Il réussit néanmoins à soumettre le royaume du Mewar au Rajasthan une bonne fois pour toutes. En 1616, il reçoit le premier ambassadeur britannique de la Compagnie des Indes Orientales (CIO), Sir Thomas Roe, qui tentera, en vain, d’obtenir une permission d’installer un entrepôt à Surat (Gujarat). Résidant pendant 3 ans à la cour, Roe initiera l’empereur aux plaisirs du vin. Ce dernier, passionné de peinture, encourage la production des portraits et miniatures, qu’il fait soigneusement répertorier, léguant un héritage précieux pour les générations futures.
1628 à 1658.
Lorsque le prince Khurram accède au trône, il prend humblement le nom de « roi du monde », Shah Jahan. Il a démontré ses qualités de chef militaire en participant activement à la chute du roi du Mewar en 1615. Il hérite d’un empire incroyablement riche et c’est sous son règne que l’art moghol atteint son apogée. Il fait établir une nouvelle capitale à Delhi et entreprend la construction du Fort Rouge et de la Jama Masjid. Il fait également ériger le Fort Rouge d’Agra, mais surtout le Taj Mahal, un mausolée de marbre blanc en souvenir de son épouse préférée.
1658 à 1707.
Aurangzeb accède au trône après avoir fait emprisonner son père Shah Jahan sur la fin de ses jours. Il est réputé pour son intolérance religieuse, la mise en place de la charia, la destruction de temples hindous, la conversion forcée, l’exécution arbitraire de ses opposants. Il fait également rétablir 80 taxes, dont certaines ne s’appliquent qu’aux non-musulmans. La politique d’Aurangzeb conduit au soulèvement de princes et de rois alliés. Les campagnes militaires reprennent et l’empereur parvient à soumettre la quasi-totalité du territoire indien à sa férule, y compris le sud.
1707 à 1719.
Chute de l’empire moghol
Après un siècle et demi de règne glorieux, d’expansion et de conquêtes, et d’enrichissement inouï, l’empire moghol perd de son faste. Les luttes fratricides de succession au trône, courantes dans le monde musulman où aucun ordre n’est établi, font vaciller le socle de l’empire. Six souverains se succèdent en 12 ans. Les Anglais profitent de cette instabilité pour renforcer leur présence commerciale et militaire. La CIO obtient enfin un permis de résidence et de libre-échange en 1717 et s’installe au Bengale.
1719 à 1757.
L’instabilité provoquée par le règne autoritaire d’Aurangzeb n’a de cesse de progresser. Des révoltes et déclarations d’autonomie se succèdent au Rajasthan, au Bengale, au Bundelkhand et à Panna (Madhya Pradesh). Les Marathes s’emparent des territoires du sud, tandis que l’empereur d’Iran Nader Shah emporte la bataille décisive de Karnal (Haryana) et met Delhi à sac.
1757 à 1764.
La CIO remporte la bataille de Plassey en 1757 contre le nawab du Bengale, soutenu par l’armée française. Une seconde bataille remportée à Buxar (Bihar) renforce son emprise au nord de l’Inde. L’empereur Shah Alam II nomme Robert Clive gouverneur du Bengale, du Bihar et de l’Odisha. La CIO contrôle désormais de larges portions de territoire et les empereurs qui se succèdent à la tête de l’empire indien sont en réalité adoubés par elle.
1764 à 1857.
La CIO gère les opérations commerciales pour le compte de la Couronne d’Angleterre et dispose d’une armée pour « protéger ses opérations ». En réalité, elle mène des guerres d’expansion territoriales. En 1856, elle gère administrativement les provinces du Nord-Ouest, Delhi, l’Assam, le Pendjab et le Cachemire. La CIO conclut également des traités de domination économique avec les princes de nombreux États indépendants. En retour, elle garantit sécurité et intégrité des territoires. À la fin du XIXe siècle, ces traités représentent une emprise des deux tiers du territoire indien.
1857
Une révolte éclate dans les rangs de l’armée à Meerut (Uttar Pradesh), menée par Mangal Pandey. Les nouvelles cartouches fournies par la CIO seraient graissées avec du suif de vache ou de porc. La vache est un animal sacré pour les hindous. Le porc est impur pour les musulmans. La rumeur se propage comme une traînée de poudre parmi les rangs. Les soldats se mutinent, massacrent les colons britanniques et se lancent sur Delhi. La révolte s’étend à presque tout le nord de l’Inde.
1858
Le Raj, l’empire britannique aux Indes
La CIO peine à réprimer la révolte des Cipayes. Elle n’y parvient qu’avec l’aide des Sikhs du Pendjab, des guerriers féroces, au prix d’un an de lutte acharnée et de nombreux morts. L’empereur Bahadur Shah II qui a pris le parti des Cipayes se réfugie à Rangoon (Birmanie). La Couronne d'Angleterre, excédée par l’incapacité de la CIO de contrôler un territoire aussi vaste, place l’Inde sous sa tutelle directe.
1858 à 1868
Les Britanniques réorganisent l’armée en intégrant plus d’indigènes dans ses rangs et en créant des régiments composés intégralement d’Indiens. Les princes n’ayant pas participé à la Révolte se voient intégrés au système politique anglo-indien. Ils tirent profit de la pax britannica et les plus habiles s’enrichissent incroyablement. Certains se font construire des palais inouïs, commandités à des architectes britanniques de renom. Les Britanniques s’engagent à ne pas initier de grandes réformes sociales dans une société aux traditions ancrées et rigides et hostile aux changements.
1877
La reine Victoria prend le titre d’Impératrice des Indes dans un pays en pleine évolution structurelle. Le réseau routier et ferré est étendu afin d’acheminer plus rapidement les biens vers les ports. Des canaux d'irrigation sont construits permettant de développer l’agriculture, sans pour autant empêcher une grande famine en 1878.
1880 à 1883
Une classe moyenne aisée émerge. Certains de ses enfants sont admis dans les écoles et universités fondées par les Britanniques à Calcutta, Madras ou Bombay. Malgré l’apparence d’une assimilation, les inégalités entre Britanniques et Indiens ne sont que plus criantes. Discrimination raciale, enrôlement des troupes indiennes dans les conflits menés par la Couronne ou muselage de la presse locale ne font qu’exacerber un sentiment d’injustice.
1883 à 1900
En 1883, Sir Ilbert tente de faire passer une loi qui autoriserait les magistrats indiens à poursuivre des sujets britanniques en Inde. Cette mesure défraye la chronique à Londres et exacerbe les tensions raciales. Elle ne sera adoptée qu’en 1884, pratiquement vidée de son sens. La classe moyenne indienne très éduquée s’empare du débat pour en faire une cause politique. Le Congrès national indien voit le jour le 28 décembre 1885. Fondé par 70 membres, il s'attèle dans un premier temps à débattre de la politique du Raj en Inde et conclut progressivement à un pillage de la richesse du pays par les Britanniques.
1900-1905
Le parti du Congrès se structure et propose des réformes sociales, comme l’autorisation du remariage pour les veuves hindoues. Une scission s’opère au sein du parti, les membres les plus extrêmes reprochant aux réformateurs sociaux de se laisser distraire de l’objectif premier : le nationalisme. Côté britannique, le vice-roi Lord Curzon entreprend des réformes sur tous les fronts : aménagement du territoire, fouilles et préservation des sites archéologiques, désendettement des paysans, stabilisation de la monnaie, etc.
1905-1909
En route pour l’indépendance
Lord Curzon entreprend la partition du Bengale, le plus grand des États de l’Inde. Il crée la province du Bengale oriental et de l’Assam, à majorité musulmane, et le Bengale occidental, à majorité hindoue. Cette stratégie destinée à affaiblir le mouvement nationaliste se révèle un échec total. Les musulmans s’organisent politiquement et fondent le parti de la Ligue musulmane en décembre 1906 à Dhaka.
1909-1914
Une loi ouvre des sièges aux représentants indiens dans les conseils nationaux et provinciaux. Les musulmans se voient attribuer le double de sièges par rapport aux hindous. En 1911, le roi George V se fait introniser empereur des Indes à Delhi. Il annonce la réunification du Bengale et le déplacement de la capitale de Calcutta à Delhi. Des groupes révolutionnaires intentent des actions, réprimées aussitôt avec l’aval des politiciens indiens opposés à la violence.
1915-1917
Mohandas Karamchand Gandhi revient en Inde, après avoir passé plusieurs années en Afrique du Sud. C’est là qu’il a forgé sa technique de satyagraha, une résistance active et non violente. En 1917, il rejoint un mouvement de paysans mécontents au Bihar et lance son premier satyagraha sur le sol indien. Il n’est que peu suivi par les paysans, qui n’adhèrent pas encore à sa vision d’autonomisation par l’éducation.
1917-1919
Un projet est à l’étude pour accorder plus de place aux Indiens dans la gouvernance du pays. Une loi est votée en décembre 1919. Elle élargit le nombre de représentants indigènes dans les assemblées nationales et provinciales. Le 13 avril 1919, une manifestation pacifiste se tient à Amritsar. L’armée accule les manifestants dans un cul-de-sac et tire à vue. Le gouvernement admet 379 morts et 1 100 blessés, le triple selon le parti du Congrès. Le massacre d'Amritsar entérine la nécessité du départ des Britanniques dans l’opinion publique indienne.
1920-1931
Le Congrès accentue la pression sur le gouvernement britannique en vue d’une indépendance. En 1930, Gandhi lance une campagne de non-coopération qui invite les fonctionnaires à démissionner de l’administration. En 1929, Jawaharlal Nehru prononce le discours du Purna Swaraj, « l’indépendance totale », à Lahore. Dans la foulée, Gandhi entame une marche de 387 km à travers le Gujarat. À l’arrivée, il contrevient à la loi de monopole britannique sur le sel. S’ensuivent des actes de désobéissance civile pacifiques dans tout le pays. Gandhi est arrêté, puis relâché en 1931 pour entamer des négociations sur l’autonomie à Londres.
1931-1939
Les tables rondes débouchent sur une loi autorisant la constitution d’assemblées législatives dans toutes les provinces indiennes et la création d’un gouvernement central. Le parti du Congrès obtient une victoire écrasante lors des premières élections régionales. Ce résultat surprend les autorités britanniques qui ne voyaient dans le parti qu’un rassemblement élitiste d’Indiens des classes intellectuelles.
1939-1945
Alors que la guerre éclate une nouvelle fois en Europe, le vice-roi Linlithgow déclare l’Inde en guerre, sans consultation des leaders politiques indiens, ce qui provoque un tollé. Inquiète de la popularité du Congrès, la Ligue musulmane prend une résolution à Lahore le 24 mars 1940 réclamant la création d’un État musulman souverain, autonome et indépendant de l’entité hindoue. En juillet 1942, le parti du Congrès exige le départ immédiat des Britanniques et lance le mouvement de contestation « Quittez l’Inde ». Le 8 août, le Raj fait arrêter tous les leaders politiques du Congrès et les emprisonne jusqu’en 1945.
1945-1947
La Ligue musulmane et le parti du Congrès sont en désaccord quant à une partition de l’Inde. Le 16 août 1946, Jinnah, le leader de la Ligue proclame le Jour d’action directe, visant à obtenir une terre musulmane indépendante. Cette déclaration met le feu aux poudres entre hindous et musulmans. Les Britanniques annoncent l’indépendance de l’Inde pour l’année suivante, avec pour conséquence d'accroître les tensions communautaires. En juin 1947, Ligue musulmane, Congrès, représentant des intouchables et représentant des Sikhs parviennent à un accord de partition, au grand dam de Gandhi.
14 et 15 août 1947
Mountbatten transfère le pouvoir à Muhammad Ali Jinnah à Karachi le 14 août et à Jawaharlal Nehru à Delhi le 15 août. Le pays est divisé entre dominion du Pakistan (qui comprend le Bengale oriental) et dominion de l’Inde. L’indépendance dans l’urgence engendre 20 millions de déplacés. Cet exode s’accompagne de massacres qui font entre 250 000 et 500 000 morts.
1947-1950
La dynastie Nehru
Les États princiers se rallient un à un à l’Union indienne. Seul le Cachemire hésite. Cet État à majorité musulmane est soumis à l’autorité d’un prince hindou. Ce dernier tergiverse espérant obtenir son indépendance et n’appartenir ni à l’Inde, ni au Pakistan. La population se retourne contre le maharaja. Un accord est passé avec Nehru, et le Cachemire opte pour l’Inde avec la garantie d’un statut spécial lui accordant plus d’autonomie. La Constitution du pays entre en vigueur le 26 janvier 1950, créant une Union fédérale dotée d’un système parlementaire. L'histoire de l’Inde du Nord se fond dans celle de l’Inde.
1950-1964
Les premières élections ont lieu en 1952 et confortent Nehru à la tête du pays. Le Premier ministre engage l’Inde dans la modernisation. Cela passe par la mise en place de plans quinquennaux destinés à développer l’industrie et les infrastructures. Il entreprend une vaste réforme de redistribution des terres qui se heurte à l’opposition farouche des élites rurales. Sur le plan international, il porte la thèse du non-alignement, refusant de prendre parti entre les Occidentaux et l’URSS. En 1961, il fait entrer l’armée dans Goa, un territoire portugais qui échappe à l’Union, et l’annexe. La même année, il renforce les avant-postes militaires dans l’Himalaya, dans des zones contestées avec la Chine. La République populaire attaque une Inde mal préparée à la guerre fin 1962. Après un mois de conflit, l’Inde capitule et cède des portions de son territoire au nord du pays. Affaibli physiquement, Nehru décède le 27 mai 1964.
1964-1977
Les élections de 1966 sont à nouveau remportées par le parti du Congrès, dirigé cette fois par Indira Gandhi, la fille de Jawaharlal Nehru. Elle procède à la nationalisation des plus grandes banques du pays et supprime les rentes versées aux maharajas des États princiers. En 1971, elle lance la « révolution verte » destinée à assurer la sécurité alimentaire du pays. Ces réformes populaires lui assurent une victoire éclatante aux élections de 1972. Le choc pétrolier de 1973 provoque une grave crise inflationniste et Indira Gandhi place le pays sous état d’urgence en 1975, afin de museler l'opposition. L’année suivante, elle projette une réforme de la Constitution tandis que son fils Sanjay est associé à une campagne de restriction des naissances accompagnée d’une stérilisation forcée qui soulève une vague d’impopularité.
1977-1984
Indira Gandhi poursuit sa politique de réforme tandis qu’une opposition toujours plus virulente menace sa position. En 1984, elle fait pénétrer l’armée dans le temple sikh d’Amritsar où se sont repliés des terroristes. L’opération « Étoile bleue » fait 1 000 victimes, détruit presque intégralement les abords du temple et provoque l’ire des Sikhs. Ils ne pardonneront pas à leur Première ministre d’avoir fait intervenir l’armée dans leur temple le plus sacré. Le 31 octobre, Indira Gandhi est assassinée par deux hommes sikhs, membres de sa garde rapprochée.
1984 - 1991
Rajiv Gandhi succède à sa mère à la tête du parti du Congrès, puis du pays. Il fait face à des mouvements de sédition au Pendjab et en Assam, qu’il parvient à apaiser. Il fait intervenir l’armée indienne dans la guérilla qui oppose tamouls et cinghalais au Sri Lanka. Un accord de paix est vite conclu, mais la guérilla perdure. En interne, le parti du Congrès fait face à des accusations croissantes de corruption. Affaibli, il perd les élections de 1989. Une coalition entre le BJP, le parti nationaliste hindou, et un ancien membre du Congrès, V.P. Singh, prend la tête du pays. Elle s’effondre 2 ans plus tard et de nouvelles élections sont convoquées. Rajiv Gandhi est assassiné par un nationaliste tamoul lors d’un meeting de campagne. Les élections sont remportées par Rao, le nouveau leader du parti du Congrès.
1991 - 1999
Glissement vers le nationalisme hindou
Rao entame une série de réformes économiques destinées à sauver l’Inde de la faillite. Il allège le contrôle sur les entreprises privées et autorise les investissements étrangers. Ces réformes portent leurs fruits et replacent le pays sur les rails. La croissance explose, frisant les 2 chiffres. Malgré cela, Rao perd les élections suivantes, son parti étant aux prises de nombreuses affaires de corruption. S’ensuit une crise politique majeure, qui voit se succéder les gouvernements de coalition de courte durée. Durant cette période, l’Inde entre dans le cercle fermé des puissances nucléaires, ce qui ravive les tensions avec le Pakistan.
1999 - 2014
En 2003, un cessez-le-feu est conclu avec le Pakistan et un processus de normalisation des relations s’enclenche. Les relations avec la Chine s’améliorent également et des accords économiques sont conclus. Le parti du Congrès revient au pouvoir en 2004. C’est l’époque où Al-Qaida ébranle le monde et 3 attentats majeurs ont lieu en Inde, sans que cela ne ravive les tensions entre communautés hindoues et musulmanes. En revanche, le Cachemire continue d’empoisonner les relations entre Inde et Pakistan. Une succession de provocations, d’attaques et d’attentats empêchent de parvenir à une paix durable.
2014 - 2019
Une victoire éclatante sur fond de rejet de la corruption porte le BJP au pouvoir. Narendra Modi, un nationaliste hindou de la ligne « dure » devient Premier ministre, provoquant l’émoi de la communauté internationale. Son visage s’affiche en 4x3 partout dans le pays pour promouvoir des campagnes d’hygiène ou d’aide à l’acquisition des produits de première nécessité pour les plus pauvres. De grands travaux d’aménagement du territoire sont lancés avec la construction d’autoroutes et un projet de ligne à grande vitesse reliant Mumbai à Ahmedabad. Modi tourne le dos à une politique sociale protectionniste pour faire entrer l’Inde dans le grand bain capitaliste.
2019 - 2023
Le BJP remporte les élections de 2019, avec moins d’éclat. La campagne est menée sur fond de soupçon de corruption dans la passation d’un marché d’armement avec la France. Le gouvernement de Modi multiplie les provocations à l’encontre de la communauté musulmane. Une de ses premières mesures consiste à supprimer le statut spécial du Cachemire. La région est interdite d’accès pendant de nombreux mois, Internet est coupé et de nombreux opposants sont jetés en prison. Modi tente de lancer une grande réforme du système agraire, mais échoue, après une occupation de Delhi par les agriculteurs venus de tout le pays pendant plusieurs mois. L’épidémie de Covid plonge la partie de la population la plus précaire dans une misère insoutenable. Le pays est placé en confinement du jour au lendemain pendant 7 mois. L’Inde rouvre ses frontières fin 2021 et la croissance économique repart.