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Une mosaïque ethnique

À l’image de son histoire, la population québécoise est d’une grande diversité ethnoculturelle, un visage qu’elle s’est façonné au fil des nombreuses vagues migratoires, à commencer par les Autochtones dont la présence est millénaire. Puis vinrent les premiers Européens avec la colonisation, principalement de France et des îles britanniques. Ce n’est qu’à partir des premières décennies du XXe siècle que l’immigration va se diversifier, avec l’arrivée de communautés italiennes, polonaises, portugaises et ukrainiennes. De 1930 à 1950, l’immigration est fortement ralentie par la dépression et la Seconde Guerre mondiale avant de reprendre avec un afflux d’immigrants venus du Bassin méditerranéen et d’Europe centrale. Il fut suivi, dans les années 1970, d’un important groupe d’Asie du Sud-Est et, dans les années 1980, de Latino-Américains, de Haïtiens et de Libanais. Depuis les années 1990, l’Europe de l’Est, la Chine, l’Asie du Sud, le Moyen-Orient, le Maghreb et l’Afrique subsaharienne viennent ajouter leur touche au caractère cosmopolite et multiethnique du Québec.

Les peuples autochtones

Selon les données du dernier recensement (2021), 2,3 % de la population québécoise est d’origine autochtone, soit 193 365 personnes d’ascendance amérindienne, métisse ou inuite enregistrées auprès du gouvernement fédéral (résidents et non-résidents). Les Autochtones sont composés des peuples des Premières Nations (Amérindiens), des Métis et des Inuit. Une journée leur est d’ailleurs dédiée d’un océan à l’autre au pays : le 21 juin, Journée nationale des Autochtones.

Onze nations divisées en trois grandes familles linguistiques représentent les Autochtones du Québec : les Algonquins de la forêt boréale, les Iroquois de la plaine du Saint-Laurent et les Inuit du Nunavik. Les Algonquins, les plus nombreux, regroupent les Anishinabes, les Cris, les Micmacs, les Malécites, les Innus (ou Montagnais, à ne pas confondre avec les Inuit), les Naskapis, les Abénakis et les Atikamekw. Les Iroquois sont représentés par les Hurons-Wendat et les Mohawks. Ces onze nations autochtones sont réparties dans une soixantaine de communautés dispersées sur l’ensemble du territoire du Québec, certaines d’entre elles comptant moins de 200 habitants, d’autres plus de 5 000, situées près des grands centres urbains ou bien en milieu éloigné. Dans la péninsule d’Ungava, au nord du 55e parallèle, une quinzaine de villages inuits peuplent le territoire du Nunavik au cœur de la toundra arctique.

Le Canada actuel s’efforce, plus que par le passé, de se préoccuper des Autochtones. Une Commission de vérité et réconciliation s’est conclue en mai 2015 au sujet des pensionnats autochtones (et de l’acculturation qui en a découlé depuis la fin du XIXe siècle), enjoignant le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations de la Commission, notamment celle d’appuyer sans restriction la Déclaration sur les droits des peuples autochtones de l’ONU, ce qu’il a fait. Et après des années de pression auprès de l’ancien gouvernement, les Libéraux de Justin Trudeau ont mené une enquête nationale indépendante sur les quelque 1 200 femmes et filles autochtones disparues ou assassinées. Son rapport coup-de-poing, rendu public en juin 2019, conclut que de « nombreuses violations des droits des femmes et des filles autochtones » sont survenues dans le pays, notamment au Québec, utilisant même des dizaines de fois le mot « génocide » à travers le rapport final de quelque 1 200 pages.

La communauté anglophone

Bien que l’anglais soit en position dominante en Amérique du Nord, les quelque 840 000 anglophones du Québec sont en situation minoritaire dans la province. C’est suite à la Conquête de 1759-60 que les immigrants originaires des îles britanniques sont devenus les premiers Québécois anglophones de la colonie. Étant sujets de l’Empire britannique, ces derniers ont bénéficié d’un statut privilégié leur permettant d’être en marge des institutions francophones contrôlées par l’Église catholique jusqu’au XXe siècle. Ils ont ainsi fondé et maintenu de nombreuses institutions publiques et privées de langue anglaise : ils ont leurs propres commissions scolaires réunies sous la Québec English School Boards Association, sans oublier les collèges et universités, instituts privés, hôpitaux et cliniques, centres communautaires et autres lieux dédiés à la communauté. Les anglophones du Québec demeurent principalement dans le sud-ouest de la province, notamment près de la frontière américaine et sur la rive nord de la rivière des Outaouais, ainsi que sur la Basse-Côte-Nord près du Labrador. Bien qu’il y ait encore des descendants d’immigrants originaires des îles britanniques, c’est l’immigration récente qui compose dorénavant la majorité de la population anglo-québécoise.

Le français québécois

On l’appelle « français québécois », mais aussi « français du Québec », « québécois » et même « français canadien ». Toutes ces dénominations représentent la variété de la langue française parlée par la majorité des francophones du Canada, principalement par les Québécois (elle est toutefois à différencier de l'acadien). Si son origine puise dans la langue parisienne du XVIIIe siècle, le français québécois a sans conteste conservé des éléments issus des langues d’oïl régionales comme le normand, le saintongeais ou encore le gallo.

Ce qui frappe en arrivant au Québec, c’est bien sûr l’accent, mais également la prononciation, les expressions particulières et la syntaxe parfois étonnante. Et comme partout ailleurs dans la Francophonie, ces éléments varient d’une région à l’autre. Ensuite s’ajoute une certaine couleur locale. À ce sujet, position géographique oblige, les Québécois utilisent beaucoup d’anglicismes tout en prônant la défense de la langue française. Si certains mots ont carrément été inventés afin d’éviter d’employer un mot anglais, comme « magasinage » au lieu de shopping, « traversier » au lieu de ferry ou « fin de semaine » plutôt que week-end, les anglicismes sont monnaie courante. Plusieurs se sont même taillé une place à l’Office québécois de la langue française avec l’adoption de la Politique des emprunts linguistiques. Tout un paradoxe !