Histoire
La première projection de film en Écosse a lieu à l’Empire Palace Theater (aujourd’hui Empire Theater) d’Édimbourg, le 13 avril 1896, soit 4 mois après la première projection mondiale, qui s’est tenue en décembre 1895 à Paris par les frères Lumière. Le cinéma devient très rapidement populaire dans le pays, d’abord diffusé dans des endroits variés, allant des églises au music halls, les salles spécialisées prolifèrent jusqu’à ce que Glasgow atteigne la plus forte densité de salles de cinéma du royaume au sortir de la Première Guerre mondiale. La plus grande salle de Grande-Bretagne y ouvre ses portes en 1930 : le Green's Playhouse, aujourd’hui détruit. Cet engouement précoce pour le septième art conduit à la première édition du Festival international du film d’Édimbourg en 1947, ce qui en fait l’un des plus anciens au monde (celui de Cannes a débuté en 1946). Il est, à l’origine, consacré au documentaire, mais le festival gagnant en popularité s’est rapidement ouvert à la fiction. Il a été fondé par John Grierson (1898-1972), leader du British Documentary Movement.
La magie des îles et des Highlands
En 1986, le film culte Highlander (Russell Mulcahy), avec Sean Connery et Christophe Lambert met en scène des guerriers immortels. L'action se déroule à Eilean Donan Castle. Ce lieu féerique près de Kyle of Lochalsh servit également de toile de fond aux aventures de James Bond dans The World is not enough (Michael Apted,1999) tandis que Duart Castle, sur l’île de Mull, fut utilisé pour certaines scènes de Haute Voltige (Jon Amiel, 1999), avec Sean Connery et Catherine Zeta Jones. Les Highlands font à nouveau leur apparition dans Skyfall, un autre film de la saga James Bond, réalisé en 2012 par Sam Mendes, qui se voulait un retour aux sources du personnage. Le décor choisi pour représenter le manoir de la famille Bond, « Skyfall », dans le film, n’est autre que le manoir de Dalness, situé dans les Highlands, qui appartenait à la famille de Ian Fleming (1908-1964), l’écrivain de la célèbre saga dont les films sont tirés. La boucle était bouclée. Tourné dans les vallées des Highlands de Glen Nevis et Glen Coe, Braveheart (1995) raconte l’histoire du personnage historique William Wallace, interprété et réalisé par Mel Gibson, et qui déclencha une arrivée massive de touristes sur les lieux. Ce succès alla de pair avec celui de Rob Roy (Michael Caton-Jones) la même année, sur le fameux combattant des Trossachs interprété par Liam Neeson. Les tournages des épisodes de Harry Potter se sont aussi enchaînés depuis 2001, empruntant chacun plusieurs décors écossais pour servir la magie du film. L’une des premières scènes de Prometheus (2012) de Ridley Scott commence par des images de The Old Man of Storr sur l'île de Skye. Rebelle (Mark Andrews, 2012), un film d’animation des studios Pixar, raconte les tribulations d’une jeune princesse écossaise dans les terres sauvages et mystérieuses des Highlands. Plus récemment et toujours dans une perspective mêlant histoire et légende, le Macbeth (Justin Kurzel, 2015) avec Michael Fassbender et Marion Cotillard, propose aussi sa vision des paysages écossais comme champs de bataille hallucinatoires, dans la brume, le sang et les flammes. C’est encore et toujours ses somptueux paysages qui marquèrent les légendes celtes que l’on retrouve dans la série télévisée Outlander (Ronald D. Moore, 2014), qui relate le voyage dans le temps d’une femme au terme de la Seconde Guerre mondiale. Elle se retrouve transportée dans l’Écosse de 1743, en pleine rébellions jacobites. Le premier rôle masculin est d’ailleurs incarné par un acteur écossais : Sam Heughan. L'Écosse a également attiré Lars Von Trier, qui y signe Breaking the Waves (1996). Dans une petite bourgade du nord du pays, Bess épouse Jan, qui travaille sur une station pétrolière. Cette jeune femme, aussi pieuse que fragile, se heurte à la violence d’un monde gouverné par des hommes dont elle est la proie. Ce film se place vraiment à la frontière de ces deux expériences que l’on peut faire de l’Écosse au cinéma. Entre paysage mystique et décor industriel, la violence sociale met les légendes à mal. En 2021, le réalisateur belge Bouli Lanners choisit la belle île de Lewis pour le tournage de son film L'Ombre d'un mensonge.
Contre la féerie, un réalisme plus dur
Malgré ses paysages envoûtants, l’Écosse pâtit de conditions sociales parfois dures, que les cinéastes ont largement repris à leur compte. Ken Loach s’est toujours attaché à donner l’image d’une Grande-Bretagne industrielle et ouvrière, souvent paupérisée. L'Écosse est au cœur de plusieurs de ses films, dont les plus célèbres sont Sweet Sixteen (2003), Just a Kiss (2004), et La part des anges (2012). Paul Laverty, le scénariste de Sweet Sixteen a décroché le Prix du meilleur scénario à Cannes. Just a Kiss (2004), dont l’action se passe à Glasgow, raconte l’histoire d’amour entre un fils d’émigrés pakistanais et une jeune enseignante de religion catholique. La série des Trainspotting, dont le premier volet (1996) est désormais culte, pointe du doigt les ravages de la drogue à Édimbourg des années 1990 à aujourd’hui – pour le second volet (2017). Dans cette lignée d’œuvres sombres, Ordure ! (Jon S. Baird, 2013) raconte les déboires d’un policier dépressif dans la capitale. Il s’agit d’une adaptation d’un livre de l’écrivain écossais Irvine Welsh.
Le renouveau du cinéma écossais
Le début du XXIe siècle marque un renouveau pour le cinéma écossais. En 2001, la réalisatrice Lynne Ramsay est primée aux Oscars pour son film Morven Caller. Elle réalise en 2011, We Need to Talk about Kevin, avec Tilda Swinton dans le rôle principal. Le Dernier Roi d’Écosse (2007) de Kevin MacDonald raconte l’histoire vraie d’un jeune médecin écossais, incarné par James McAvoy parti en Ouganda, qui devient proche du roi Idi Amin Dada. Le geste le plus original du cinéma écossais reste peut-être le film quasi expérimental de Jonathan Glazer, Under the Skin (2013), dans lequel Scarlett Johansson incarne une alien anthropophage. Des banlieues aux grands espaces, nous traversons avec elle l’Écosse contemporaine. Le spectateur arpente ce territoire avec la froideur de l’alien dont il suit les aventures.
Quelques acteurs célèbres
Parmi les acteurs écossais les plus célèbres, on compte Sean Connery (1930-2020), connu (entre autres) pour son interprétation de l’agent secret anglais James Bond ; Robert Carlyle (1961), couronné par le succès de The Full Monty en 1997 ; et Ewan McGregor (1971), qui joua dans Trainspotting et incarna Obi-Wan Kenobi dans les épisodes I, II et III de Star Wars, et a également le premier rôle dans The Ghost Writer (Roman Polanski, 2010).