Découvrez l'Ecosse : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

Lorsque l’on dit « Écosse », beaucoup répondent lacs, kilts ou encore cornemuse… Sans se prendre les pieds dans les clichés, l’Écosse est effectivement restée particulièrement proche de ses traditions, y compris musicales, et il est plus que fréquent d’entendre résonner dans le pays son instrument emblématique, que ce soit lors de concours qui lui sont dédiés ou dans les « ceilidh », les bals traditionnels. Bien que la tradition musicale écossaise ait traversé les époques et se soit mariée à tous les genres ou presque – donnant par exemple naissance au très prolifique « rock celtique » –, il serait dommage de ne pas regarder au-delà. Comme tous les éléments du Royaume-Uni, l’effervescence musicale a dégorgé ici aussi, alimentant une scène intarissable de pop, rock ou musique électronique. Avec le silence des Highlands, contraste en Écosse le bourdonnement de la vie musicale. Les musiques restent traditionnelles dans les îles.

La musique traditionnelle

Loin d’être réduite au folklore, la musique traditionnelle écossaise est bien vivante et résonne fréquemment dans tout le pays. À commencer par l’emblématique cornemuse, fierté nationale dont la musique emplit les rues à la moindre occasion. Cette dernière est intimement liée à la culture gaélique et se divise en deux styles traditionnels principaux : Ceòl Mór et Ceòl Beag (littéralement « grande musique » et « petite musique »). Le premier, Ceòl Mór, comprend le style pibroch, une forme lente et plus classique de la musique traditionnelle de cornemuse. Le second, Ceòl Beag, comprend les musiques de danse comme les gigues, les reels, les strathspeys et les slow airs.

À noter qu’il existe des concours de cornemuse, bonne occasion d’entendre la fine fleur des cornemuseurs, en solo comme en pipe bands (les groupes). Les ensembles écossais Glasgow Police Pipe Band et Shotts and Dykehead Caledonia Pipe Band sont d’ailleurs les grands champions mondiaux du genre avec respectivement 20 et 16 victoires sur l’ensemble des World Pipe Band Championships. Côté solistes, deux grands cornemuseurs écossais à retenir sont Gordon Duncan et Fred Morrison.

Presque aussi célèbre et emblématique que la cornemuse, la harpe celtique (appelée clàrsach en gaélique écossais) est également considérée comme un instrument national. Jusqu’à la fin du Moyen Âge, la clàrsach était même l’instrument le plus populaire en Écosse, et les harpistes, des personnages d’importance souvent employés par les rois. Depuis, l’instrument a connu des vagues successives d’affection et désintérêt mais semble bien, ces dernières décennies, être revenu pour de bon dans le cœur des Écossais. La dernière génération d’harpistes propose d’ailleurs quelques noms très intéressants pour se faire une idée sur l’instrument comme Savourna Stevenson, Maggie MacInnes ou le groupe Sileas.

Dernier instrument traditionnel parmi les plus courants, le fiddle n’est autre que le violon écossais. Apparu dans le pays à la fin du XVIIe siècle, il a acquis ici plusieurs particularités avec le temps comme le fait d’être joué sur plusieurs cordes simultanément ou encore d’être tenu souvent sur le coude ou la poitrine, au lieu du menton. Aly Bain et Alasdair Fraser sont les deux grands représentants écossais du fiddle.

Une des meilleures occasions – car hyper authentique – de croiser les traditions musicales écossaises, sont les ceilidh (à prononcer « keïli »). Qualifiant à l’origine des rassemblements au cours desquels on contait des histoires, jouait de la musique et dansait, ce mot gaélique décrit de nos jours des bals de danses et musiques traditionnelles jouant un rôle primordial dans la vie sociale et culturelle des Écossais. On les voit essentiellement dans les pubs en été ou parfois dans la rue. Une autre bonne occasion de voir des ceilidhs est l’Arran Folk Festival à Brodick qui durant trois jours début juin organise des concerts autour de ces derniers. Autrement quelques rendez-vous très populaires de musiques traditionnelles sont le Shetland Folk Festival de Lerwick (entre fin avril et début mai) ou le Celtic Connections Festival de Glasgow (deux dernières semaines de janvier) qui consacrent plus largement la musique celtique à travers toute sa diversité, un peu comme l’Hebridean Celtic Festival sur l’île de Lewis. Sur l’île de Skye, on trouve également deux rendez-vous intéressants : le Feis An Eilean Skye durant deux mois (!) ainsi que l’Accordion & Fiddle Festival qui pendant un week-end en mai place l’accordéon et le violon sur un piédestal. Plus axé sur la danse, citons également le Highlands & Islands Music & Dance Festival, principalement basé à Oban.

Le folk

Dans les années 1950 et 1960, une vague de folk revivaliste s’empare de l’Écosse. Additionnant au format « voix + guitare » des thèmes ou motifs mélodiques traditionnels, voire parfois du gaélique, ce folk écossais a d’abord été porté par Kenneth McKellar (1927-2010), Moira Anderson (née en 1938) et Andy Stewart (1933-1993) – qui chantaient des ballades sentimentales accompagnés d’accordéons et de cornemuses. Des artistes qui ont largement bénéficié du développement de la radio et de la télévision dans le pays. À la même époque, un duo star émerge, Robin Hall & Jimmy McGregor, considérés comme les premières vraies grandes vedettes du folk écossais et s’exportant dans tout le Royaume-Uni. Dans les années 1970, des groupes comme les Irlando-Écossais The Boys of the Lough commencent à mélanger folk traditionnel et rock, rapidement suivis par Battlefield Band et Runrig puis Capercaillie un peu plus tard.

Ce sont ces groupes qui petit à petit forgent un genre nouveau, le « rock celtique » qui, comme son nom l’indique, est un rock incorporant des instrumentations ou thèmes celtiques et qui a massivement contribué à promouvoir une culture panceltique. En Écosse, JSD The Natural Acoustic Band et surtout Five Hand Reel ont été des pionniers du genre, ouvrant la voie à d’autres gros groupes comme Big Country ou Wolfstone dans les années 1980. Si les vagues punk et new wave ont amoindri l’intérêt du public pour le rock celtique, l’esprit du genre a traversé les générations et fait des petits-enfants. D’abord dans les années 1990 avec des groupes tels que Shooglenifty et Peatbog Faeries puis plus récemment avec Mànran ou Tide Lines qui ont fait revivre l’esprit du rock celtique en l’adaptant aux canons pop-rock actuels.

La musique classique

Contrairement au voisin anglais, rares sont les compositeurs écossais qui ont acquis une renommée internationale. Le premier ayant réellement marqué l’histoire musicale est sans conteste Robert Carver (1485-1570) resté célèbre pour sa musique chorale polyphonique. Plus tard, vers la moitié du XIXe siècle, les visites de Chopin et de Mendelssohn vont susciter un réveil de la musique classique écossaise. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, se distingue clairement une école nationale de musique orchestrale et d’opéra en Écosse dont les principaux compositeurs sont Alexander Mackenzie (1847-1935), William Wallace (1860-1940), Learmont Drysdale (1866-1909) et Hamish MacCunn (1868-1916). Le premier, Mackenzie, est sans doute le plus illustre. Après avoir étudié en Allemagne et en Italie, il mélange des thèmes écossais au romantisme allemand et produit quelques grandes œuvres de son époque comme les trois Rhapsodies écossaises (1879, 1880, 1911), Pibroch pour violon et orchestre (1889) et le Concerto écossais pour piano (1897), incluant toutes des thèmes écossais et des mélodies folkloriques. Une œuvre prolifique et charnière qui installe Mackenzie comme l’un des pères de la renaissance musicale britannique de cette fin de siècle. L’œuvre de William Wallace, tenait quant à elle plus du romantisme, particulièrement influencée par Liszt et Wagner, celle de Drysdale était gorgée de thèmes écossais tout comme celle de Hamish MacCunn, très inspirée des chants populaires du pays. Un grand pianiste à mentionner fut Frédéric Lamond (1868-1948), élève de Liszt et un de ses meilleurs interprètes.

Après la Première Guerre mondiale, les trois grands noms de la composition écossaise sont l’organiste Robin Orr (1909-2006) et Cedric Thorpe Davie (1913-1983) tous deux influencés par le modernisme et les cadences musicales écossaises, ainsi, qu’Erik Chisholm à la démarche proche de Béla Bartók. Après la Seconde Guerre mondiale, la création du Festival d’Édimbourg en 1947 engendre une expansion de la musique classique en Écosse conduisant à la fondation du Scottish Opera en 1960.

Parmi les compositeurs écossais influencés par Karlheinz Stockhausen (1928-2007), on compte le très prolifique Iain Hamilton (1922-2000) et Thea Musgrave, qui fut également élève de Nadia Boulanger. Plus récemment, James MacMillan (né en 1959) s’est imposé comme l’un des principaux compositeurs écossais, très influencé par la musique folklorique nationale, aux côtés de Craig Armstrong (né en 1959) auteur de nombreuses musiques de film dont Moulin Rouge (2001), Love Actually (2003) ou Gatsby le Magnifique (2013). Citons également, William Sweeney dont l’œuvre est particulièrement influencée par la musique traditionnelle écossaise mais aussi Leoš Janáček. Chez les contemporains, les grands noms sont James Dillon (1950), affilié au mouvement de la « Nouvelle Complexité » ou la compositrice Helen Grime (1981) dont la musique est jouée par quelques-uns des plus grands orchestres mondiaux.

L'Écosse possède deux grands orchestres symphoniques, le Royal Scottish National Orchestra, dirigé par le Danois Thomas Søndergård, ainsi que le BBC Scottish Symphony Orchestra, dirigé par l’Écossais Donald Runnicles. Deux orchestres résidant à Glasgow et se produisant régulièrement sur les deux scènes importantes de la ville : le Théâtre Royal et le Royal Conservatoire of Scotland, la salle de spectacle la plus active d’Écosse, avec pas moins de 500 représentations par an. À Édimbourg, les grandes scènes sont le Usher Hall, accueillant opéras et pointures de la musique contemporaine ainsi que le Queen’s Hall, où réside à l’année le Scottish Chamber Orchestra. N’oublions pas de mentionner le Festival international d'Édimbourg, un des plus grands au monde dans sa catégorie.

Pop, rock et électro

Avec le succès des Beatles et des Rolling Stones à l’aube des années 1960, le Royaume-Uni apparaît comme le centre du monde (de la pop). Une aura qui dégorge chez les voisins, comme l’Écosse, dont les scènes musicales se dynamisent et se peuplent d’artistes importants. À la même époque que les géants susmentionnés, apparaît également Donovan, le « Bob Dylan écossais » dont le folk dépourvu d’éléments traditionnels s’installe dans les prémices du folk psychédélique à venir. C’est aussi le cas de Bert Jansch, guitariste écossais d’avant-garde dont le folk inspirera Jimmy Page ou Neil Young.

Si, dans les années 1970, quelques groupes locaux de pop commencent à connaître un succès commercial hors de leurs frontières, c’est dans les années 1980 que l’Écosse va particulièrement briller sur la scène internationale, voyant certains de ses ressortissants écrire les grandes heures du rock et de la pop. Un casting de rêve comprenant Iain Anderson, leader de Jethro Tull, Annie Lennox d’Eurythmics, Mark Knopfler guitariste fabuleux et fondateur du groupe Dire Straits ainsi que des géants du post-punk et de la new wave comme The Jesus and Mary Chain, Tears for Fears, Cocteau Twins, Primal Scream ou encore Wet Wet Wet et Simple Minds.

Les années 1990 écossaises ont également été traversées par de grands noms comme les groupes de rock Teenage Fanclub et Mogwai, Belle & Sebastian et sa belle pop indé ou encore The KLF, des pionniers de l’acid house. Depuis 2000, la production musicale cultive une richesse similaire avec des gros cartons comme le revival rock de Franz Ferdinand, Biffy Clyro ou The Fratellis et des icônes comme Shirley Manson leader de Garbage. Citons également Calvin Harris, affublé du titre de roi de l’électro-pop, disque d’or au Royaume-Uni dès son premier album en 2007.

Joesef est la nouvelle étoile montante de la néo-soul. Jeune musicien écossais, il vient de sortir son premier album Permanent Damage le 13 janvier 2023. Il a déjà conquis la Grande-Bretagne avec sa voix mélodieuse.

Édimbourg n’a pas à jalouser les grandes capitales européennes et possède également de nombreuses scènes de qualité. Une des préférées de la jeunesse locale est sans conteste The Liquid Room, pouvant accueillir jusqu’à 800 personnes sur deux étages, aimée pour sa programmation pointue. Autre lieu couru, The Hive se distingue par sa disposition en labyrinthe souterrain et sa ligne artistique très variée : pop, indie, électro, rock ou electro. Quelques autres salles où voir de bons concerts : Cabaret Voltaire conviant de très bon DJs, The Voodoo Rooms et sa très belle décoration d’époque victorienne, 3th Note, véritable place to be pour les groupes indépendants ou encore le SGW3, grand hangar réaménagé dans le sud avec une programmation chiadée.

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