Découvrez les Pouilles : Géographie

Les Pouilles, la Calabre et la Basilicate forment ensemble la partie la plus méridionale de la botte italienne. Chacune de ces trois régions peut être représentée de manière imagée en considérant que les Pouilles occupent le talon de la botte, la Calabre le pied et la Basilicate une partie de la cheville. Cerné par la Méditerranée, au carrefour entre Orient et Occident, le pied de la botte italienne est bordé par la mer Tyrrhénienne à l’ouest, par la mer Ionienne au sud et par la mer Adriatique à l’est. La mer est donc omniprésente et, le long des centaines de kilomètres de côtes, alternent de vastes plages de sable fin et des falaises escarpées. L’intérieur des terres offre également une grande diversité de paysages : plaines et collines couvertes d’oliviers dans les Pouilles, canyons autour de Matera, massifs montagneux des Apennins en Basilicate et en Calabre… Bref, un territoire qui réserve bien des surprises au curieux qui part à sa découverte.

Quelques données générales

Les Pouilles, la Calabre et la Basilicate sont trois régions d’Italie, qui en compte vingt au total. Chacune possède un chef-lieu et est elle-même divisée en provinces :

Les Pouilles ont pour chef-lieu Bari et comptent six provinces : Foggia, Barletta-Andria-Trani, Bari, Brindisi, Tarente et Lecce.

La Calabre possède cinq provinces : Cosenza, Crotone, Catanzaro (également chef-lieu de région), Vibo Valentia et Reggio di Calabria.

La Basilicate est divisée en deux provinces : Potenza et Matera. La ville de Potenza constitue également le chef-lieu de la région.

Les Pouilles demeurent la région la plus étendue avec 19 541 km2. La Calabre se positionne à la deuxième place avec 15 079 km2. La Basilicate couvre 9 992 km2. Les trois régions partagent une frontière commune avec la Campanie, et les Pouilles sont en outre bordées au nord par la région du Molise.

Les Pouilles : des kilomètres de côtes et des oliviers à perte de vue

La région des Pouilles est à la fois la plus orientale du pays, la moins montagneuse et celle présentant la plus longue face littorale d’Italie continentale avec 865 km de côtes. Elle est en effet baignée à l’ouest par la mer Ionienne et à l’est par la mer Adriatique. Le cap de Punta Palascia, près d’Otrante, constitue le point le plus oriental du pays : 80 km le séparent de l’Albanie. Plus de la moitié du territoire des Pouilles est plat et le Monte Cornacchia, le « toit des Pouilles », qui culmine à 1 152 m, se situe dans les 1,5 % de zone montagneuse que compte la région.

Le paysage des Pouilles s’avère donc essentiellement constitué de plaines et de basses collines, avec un important littoral méditerranéen. Néanmoins, entre le Gargano au nord et le Salento au sud, des différences subsistent et le paysage s’avère loin d’être homogène. Tout d’abord, les Pouilles se divisent en plusieurs sous-régions géographiques : le Gargano et la Daunia au nord, séparés par le Tavoliere ; les Murge et la Valle d’Itria au centre ; le Salento au sud. Le promontoire du Gargano est aussi appelé l’« éperon d’Italie » et correspond à cette sorte d’ergot qui s’avance dans la mer Adriatique. Il s’agit d’un massif calcaire montagneux culminant à 1 056 m au Monte Calvo et qui comprend le Parco nazionale del Gargano. Les monts de la Daunia, à l’extrémité nord-occidentale des Pouilles, constituent une chaîne montagneuse appartenant aux Apennins. Le Tavoliere, le « grenier » de la région, est une vaste plaine couverte de champs de blé et de pâturages autour de la ville de Foggia. Avec ses 4 810 km2, le Tavoliere représente la plaine la plus vaste d’Italie après celle du Pô. Le centre de la région est formé par un vaste plateau calcaire appelé Murge, parsemé de ravins, de dolines, de cavernes et de grottes, résultat de l’action souterraine des eaux. Très étendues, les Murge couvrent aussi une partie de la Basilicate et représentent le haut plateau karstique le plus vaste d’Italie. On y trouve le Parco nazionale dell’Alta Murgia. La Valle d’Itria constitue une zone de transition entre les Murge et le Salento. Ce territoire de douces collines est internationalement connu pour ses nombreux trulli. Enfin, la pointe du talon est occupée par le Salento, dont le relief est plus bas et la terre plus fertile que dans les Murge.

Plusieurs îles appartiennent au territoire des Pouilles : l’archipel des îles Tremiti, dans l’Adriatique, au nord du promontoire du Gargano ; les îles Cheradi au large de Tarente ; l’île de Sant’Andrea face à Gallipoli.

Ce panorama géographique des Pouilles serait incomplet sans un aperçu de son littoral aux paysages variés, où alternent côtes rocheuses, criques, plages de sable et falaises. Si les côtes du Gargano présentent un relief accidenté, on trouvera le long de la mer Ionienne et dans le golfe de Tarente de vastes étendues sablonneuses bordées de pinèdes.

La Calabre : entre mer et montagne

La géographie de la Calabre s’avère fort différente : là où les Pouilles se caractérisent par un relief assez uniforme, la Calabre se démarque par ses paysages tourmentés, où l’on peut passer très rapidement de la mer à la montagne, du littoral méditerranéen aux sommets couverts d’épineux présentant un décor presque alpin. La région est constituée pour moitié de collines, pour environ 40 % de montagnes et 9 % de plaines. Elle est traversée par l’Apennino calabro, extrémité méridionale de la chaîne montagneuse des Apennins, cette colonne vertébrale de la péninsule italienne. Entre deux horizons marins, tyrrhénien à l’ouest et ionien à l’est, la région possède six massifs discontinus, dont le haut plateau de la Sila est le pivot et l’Aspromonte le dernier sursaut méridional. Au nord, le massif du Pollino, que la région partage avec la Basilicate, possède les sommets les plus élevés du territoire, dont le mont Pollino, avec 2 248 m. Aucun lieu de la Calabre n’est distant de la mer de plus de 50 km ; la région, au profil allongé, présente en effet 780 km de côtes aux paysages diversifiés et au large desquelles émergent quelques îlots et écueils. Le long de la mer Tyrrhénienne, les derniers contreforts des Apennins plongent par endroits directement dans la grande bleue. Falaises à pic creusées de grottes alternent avec de longues plages de sables et de galets. Le relief laisse place à quelques plaines dont la plus étendue est celle de Gioia Tauro. De la côte tyrrhénienne, on aperçoit aussi les silhouettes des îles Eoliennes (qui appartiennent administrativement à la Sicile), et notamment le cône formé par le volcan Stromboli. La côte ionienne, ponctuée de quelques promontoires, offre des kilomètres de plages de sable fin, notamment entre Soverato et l’embouchure du Stilaro. Au sud-ouest, la Calabre est séparée de la Sicile par le détroit de Messine dont la plus petite largeur est de 3,2 km entre le cap Peloro, sur le territoire de Messine, et Punta Pezzo, au nord de Reggio di Calabria.

La Basilicate : des Dolomites lucaniennes aux gorges de Matera

Des trois régions, la Basilicate demeure la plus territoriale, cernée par la Campanie et la Calabre à l’ouest, par les Pouilles au nord et à l’est. Elle ne possède que deux modestes façades maritimes, vers la mer Ionienne au sud-est et vers la mer Tyrrhénienne à l’ouest. Le relief de la Basilicate se partage entre montagnes (47 %) et collines (45 %), les plaines occupant les 8 % restants. Le territoire montagneux est formé par l’Apennino lucano qui traverse la région du nord au sud. La Basilicate offre une grande diversité de paysages et on distingue six sous-régions géographiques. Au nord, le Vulture-Melfese tire son nom du mont Vulture, un volcan éteint, et de la ville de Melfi ; c’est une zone de haute et moyenne altitude couverte de grandes forêts. Au sud-est de Potenza, les Dolomiti lucane présentent des cimes rocheuses acérées. Au sud-ouest, le massif du Pollino s’étend sur la frontière avec la Calabre ; on y trouve la Serra Dolcedorme qui, avec 2 267 mètres, constitue le point culminant de la Basilicate. Le Val d’Agri, au centre-ouest, est une zone de haut plateau qui suit le cours du fleuve Agri. La Collina materana ou Murge de Matera, au centre-est, est une région plus aride au territoire accidenté. Elle forme l’un des paysages les plus caractéristiques de la Basilicate, un territoire désolé et solitaire, que le temps et les agents atmosphériques ont modelé en calanques, dunes, cônes d’argile et canyons, évoquant par moments la Cappadoce. Enfin, le Metapontino ou plaine de Métaponte, seule plaine étendue de la région, s’étire le long de la côte ionienne.

Des fleuves, des torrents et des lacs

La région des Pouilles demeure pauvre en lacs et rivières. Elle compte deux fleuves principaux : l’Ofanto et le Fortore. Le cours de l’Ofanto dessine une partie de la frontière entre les Pouilles et la Basilicate. Il prend sa source en Campanie et se jette dans l’Adriatique en province d’Andria-Barletta-Trani. Le Fortore suit le tracé de la frontière avec le Molise et son embouchure dans l’Adriatique se situe au nord du promontoire du Gargano. La région compte également quelques lacs côtiers, séparés de la mer par un cordon de sable : on les trouve essentiellement dans le Gargano (lacs de Lesina, de Varano, de Salso) et au nord d’Otranto (lacs Alimini). Les salines de Margherita di Savoia, au sud du Gargano, forment une aire naturelle protégée. Avec leur superficie de 3 871 ha, ce sont les salines les plus étendues d’Europe. Enfin, les Pouilles comptent un unique lac de montagne : le lac Pescara dans les monts de la Daunia.

Le cas de la Basilicate est un peu différent. Les principaux fleuves de la région, qui s’écoulent entre les Apennins et la plaine ionienne, sont le Bradano, le Basento, le Cavone, l’Agri et le Sinni. Ils se jettent tous dans la mer Ionienne après avoir suivi des parcours longs et tourmentés. On trouve également, dans la région, un nombre élevé de torrents ainsi que des lacs volcaniques, comme ceux de Monticchio, sans compter les bassins artificiels construits pour recevoir les eaux des fleuves, et utilisés pour l’irrigation et la production d’énergie électrique. Les bassins les plus importants sont ceux du Bradano, de l’Agri et du Pertusillo.

La Calabre n’est pas réellement une terre de zones humides, malgré ses multiples torrents de montagne au parcours assez bref. Ses deux fleuves principaux sont le Crati et le Neto. Le Crati prend sa source sur le haut plateau de la Sila, traverse Cosenza où il reçoit les eaux du Busento, et se jette dans la mer Ionienne. Le Neto naît lui aussi dans la Sila et traverse les provinces de Cosenza et Crotone avant d’atteindre la mer Ionienne. Toutefois, la plupart des cours d’eau de la Calabre suivent un régime torrentiel. Leurs lits, secs la majorité du temps, se remplissent soudainement lors de pluies orageuses et les eaux dévalent alors les pentes abruptes des massifs montagneux. Enfin, les principaux lacs calabrais sont artificiels et se situent sur le plateau de la Sila : les plus importants sont l'Ampollino, l'Arvo, le Cecita, l'Angitola et le Passante.

Un territoire en zone sismique

Les mouvements sismiques font partie des calamités naturelles des trois régions, comme d’une grande partie de l’Italie. Cela s’explique par le fait que le pays se situe à la rencontre entre deux plaques tectoniques, la plaque eurasienne et la plaque africaine. Cette dernière exerce une forte pression sur la première, le long d’une faille qui traverse le détroit de Messine et suit la chaîne des Apennins. L’activité sismique - et volcanique - est donc importante en Italie et, dans le sud, elle concerne surtout la Calabre et la Basilicate, les Pouilles demeurant davantage épargnées par le phénomène. Le dernier tremblement de terre destructeur a eu lieu en 1980 et a frappé la province de Potenza en Basilicate et une grande partie de la Campanie. Ce fut l’un des séismes les plus intenses et les plus dévastateurs qu’ait connu le territoire italien au XXe siècle, avec environ 300 villes et villages détruits et plus de 3 000 victimes. Mais le plus gros tremblement de terre jamais enregistré en Europe eut lieu en 1908 et dévasta les villes de Messine, en Sicile, et Reggio, en Calabre. Il a provoqué la mort de plus de 100 000 personnes sur les deux sites de la catastrophe. Plus d’un siècle auparavant, en 1783, un autre séisme avait frappé la Calabre tuant près de 50 000 personnes, tandis qu’en 1857, c’est la Basilicate qui subit à son tour les ravages d’un tremblement de terre occasionnant des milliers de victimes et des dégâts matériels considérables.

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