Découvrez les Pouilles : A l'écran (Cinéma / TV)

Les Pouilles, la Calabre et la Basilicate ont sans doute fourni davantage de décors au cinéma que de cinéastes et d’acteurs, la star américano-apulienne Rudolph Valentino étant bien sûr une exception. C’est aussi de Calabre qu’est originaire la famille de Francis Ford Coppola, mais c’est tout pour les célébrités. Les difficultés sociales de l’Italie, avec en toile de fond la pauvreté des paysans et la désertification des campagnes du Sud, ont abondamment inspiré le cinéma néo-réaliste d’après-guerre. Les cinéastes comme Roberto Rossellini, Vittorio De Sica, Giuseppe De Santis dénoncent, dans les premières années de leur carrière (dans les années 1940), les plaies du sous-développement de l’Italie. Ces régions, qui forment le sud du Mezzogiorno, restent encore aujourd’hui plus pauvres que celles du Nord, mais les paysages et les décors qu’elles offrent sont parmi les plus beaux du pays, et ont su inspirer de grands cinéastes.

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Les Pouilles de Rudolph Valentino

Des trois régions, il s’agit de la moins représentée à l’écran. Alessandro Piva la met cependant à l’honneur avec La Capa Gira (1999), tourné dans la ville de Bari. Deux jeunes malfrats ne trouvent pas le paquet de drogue qu’ils avaient pour mission de récupérer… Le film suit leurs péripéties dans les rues labyrinthiques de cette ville marquée par toutes sortes de trafics et où se parle encore un dialecte ancestral, qui lui donne sa musicalité.

Classique de par sa période et sa facture, L’Age de l’amour (1953), de Lionello de Felice, raconte un amour adolescent dans une petite ville de cette région pauvre. Retenons également Il racconto dei racconti (2015), un film fantastique de Matteo Garrone en partie tourné dans les Pouilles. Changement radical de registre pour le réalisateur de Gomorra, avec Salma Hayek dans le rôle principal. Le film était en sélection officielle à Cannes à sa sortie.

La star du cinéma muet Rudolph Valentino est originaire des Pouilles et a le nom le plus long de l’histoire du cinéma (Rodolfo Alfonso Raffaello Piero Filiberto Guglielmi di Valentina d’Antoguolla !). Il naît à Castellaneta en 1895, l’année même qui voit l’invention du septième art. En 1913, il quitte l’Italie pour les États-Unis. C’est l’acteur Norman Kerry qui le persuade de tenter sa chance dans le cinéma. Après quelques apparitions sur grand écran, son premier grand succès, en 1921, sera The Four Horsemen of the Apocalypse, dont la scénariste, June Mathis, l’avait repéré dans The Eyes of Youth (1919). Une star est née, ce que son rôle dans The Sheik viendra confirmer, la même année. Dans Blood and Sand (Arènes sanglantes, 1922), il joue aux côtés d’une autre star du cinéma muet, Nita Naldi.

En 1925, sortent ses deux plus grands succès : The Eagle et The Son of the Sheik. Longtemps critiqué aux États-Unis en raison d’une image qui féminiserait l’homme américain, il n’en garde pas moins l’allure d’un sex-symbol androgyne.

Sombre Calabre

Le plus mythique des films tournés dans la région, situant son action dans les montagnes de Calabre, La Lupa (La Louve de Calabre, 1953), d’Alberto Lattuada, évoque les superstitions du Mezzogiorno en même temps qu’il raconte le drame de la jalousie entre une mère et une fille. Le film est l’adaptation d’un récit de la fin du XIXe siècle, écrit par Giovanni Verga.

Le film de Luigi Comencini Un enfant de Calabre (1987) a connu un certain succès. Il narre l’aventure sportive d’un jeune coureur qui souhaite devenir marathonien, et qui s’efforce de réaliser son rêve contre l’avis familial.

Plus récemment, Gomorra (2008) de Matteo Garrone eut un succès retentissant. Il s’agit de l’adaptation du livre éponyme du Napolitain Roberto Saviano, sorti aux éditions Gallimard en 2007. Certaines scènes de cette enquête explosive sur la violence de la mafia du sud de l’Italie ont été tournées dans les panoramas magnifiques de Reggio de Calabre, près du détroit de Messine. Dans la même veine, en 2013, Fabio Mollo fait de l'Italie du Sud et de Reggio Calabria la toile de fond de son film Il Sud è niente. Un univers qui montre que la loi du silence de la mafia calabraise, la tristement célèbre ‘Ndrangheta, règne toujours dans la culture de cette région.

On retiendra aussi quelques documentaires, à l’image d’Un village de Calabre (2016), signé Shu Aiello et Catherine Catella. L’action se tient à Riace, à l’heure des élections municipales. C’est l’un des premiers villages à avoir pu accueillir des réfugiés grâce à des logements sociaux introduits par une mairie engagée. Mais l’ombre xénophobe de l’opposition plane à ce moment charnière, et les réalisateurs s’attachent à dépeindre avec humanité le quotidien villageois. Le film est plusieurs fois récompensé, notamment au festival Visions du Réel de Nyon, en Suisse, internationalement reconnu pour les documentaires de création. Citons également Calabria (2016) de Pierre-François Sauter. Suite à la mort d’un ouvrier calabrais en Suisse, ses deux amis et collègues décident de ramener son corps en voiture dans sa province natale. Un road-trip atypique du nord au sud de l’Italie.

Basilicate, terre sacrée

En 1960, dans son chef-d'œuvre Rocco et ses frères, Luchino Visconti décrit la rude acclimatation à la vie urbaine et froide d’une famille pauvre de la Basilicate émigrée à Milan. Mais quel est le visage de la région aujourd’hui ? Basilicata Coast to Coast (2013), de Rocco Papaleo et avec Max Gazze, a l’originalité de proposer un road movie à pied à travers la région. Un petit groupe d’amis décide de remonter l’orchestre de leur jeunesse afin de participer à un festival. Au départ de la ville portuaire de Maratea, ils décident de rejoindre Scanzano Jonico à pied. Leur périple donne au spectateur un beau portrait régional qui se décline de la côte tyrrhénienne, à l’ouest, à la mer Ionienne, à l’est. Ils traversent les villes de Trecchina, Lauria, Tramutola, Aliano et Craco. Cette dernière, ville fantôme perchée sur les falaises, a d’ailleurs nourri les décors de quelques séquences de superproduction, à l’image de Quantum of Solace (2008) ou de Wonder Woman (2017). Le Christ s’est arrêté à Eboli y fut également tourné en 1979 par Francesco Rosi, adaptant alors le roman éponyme de Carlo Levi.

On ne peut oublier La Passion du Christ (2004), de Mel Gibson, tourné à Matera, en Basilicate, qui donne même lieu à des circuits touristiques dans la région pour se rendre sur les sites du tournage. Aux environs de la ville de Matera, Craco a servi de décor pour la scène de la pendaison de Judas. L'Evangile selon saint Matthieu (1964) de Pier Paolo Pasolini fut aussi tourné dans cette ville troglodyte, qui fait office de Jérusalem pour les besoins du film. Catherine Hardwicke choisit aussi Matera comme cadre de sa Nativité, tout comme un remake de Ben Hur produit par la MGM y a été tourné.

La Basilicate est la terre ancestrale de la famille Coppola, quittée par le grand-père du célèbre réalisateur parti de Bernalda pour tenter sa chance en Amérique. Francis Ford Coppola a récemment fait son retour sur la terre familiale et y a récemment inauguré son Palazzo Margherita, palace à la thématique familiale, gastronomique et, bien sûr, cinématographique.
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