500 000 - 6000 avant notre ère
Préhistoire
La présence humaine est attestée dans le sud de l’Italie à partir du Paléolithique inférieur. Dans les Pouilles, les répertoires les plus anciens proviennent du Gargano, où l’on a découvert des instruments lithiques et des restes d’Homo erectus et de l’Homme de Néandertal. La Basilicate a, elle aussi, été occupée par l’Homme à une époque reculée, comme l’indiquent les fouilles archéologiques effectuées dans la région de Venosa : l’Homo erectus était établi le long des rivières et des bassins lacustres qui existaient alors. Il y cohabitait avec le tigre à dents de sabre. La présence de l’Homo erectus est également attestée en Calabre. Au Paléolithique supérieur (à partir de 35 000 ans avant notre ère), l’Homo sapiens fait son apparition et l’art figuratif se développe. Quelques sites majeurs :
- La grotte de Paglicci, dans le Gargano, a été fréquentée par l’Homo erectus, l’Homme de Néandertal, puis l’Homo sapiens. Elle a livré des instruments lithiques, des peintures pariétales, des restes humains.
- La grotte de Lamalunga, près d’Altamura, a restitué, en 1993, le squelette complet d’un individu adulte ayant vécu il y a 200 000 ans ; il est actuellement conservé au musée archéologique.
- En Calabre, la grotte du Romito, située dans les collines de la province de Cosenza, constitue l’un des sites paléolithiques les plus importants du Mezzogiorno. Cette grotte, fréquentée durant des milliers d’années, constituait un camp de base pour les chasseurs ; elle a livré des armes, des sépultures humaines, ainsi que la gravure rupestre d’un profil d’auroch à l’anatomie et aux proportions détaillées.
Des statuettes féminines sculptées dans des os de cheval ont été découvertes à Parabita, dans le Salento. Retrouvées dans la Grotte des Vénus, elles indiquent l’existence d’un culte de la fertilité. Elles sont conservées au musée archéologique national de Tarente.
v. 6000 - 2000 av. J.-C
Néolithique
Les populations se sédentarisent, pratiquent l’agriculture et l’élevage et produisent une céramique décorée d’impressions ou peinte. D’importantes traces d’établissements composés de villages de cabanes ont été mises en évidence dans la zone du Tavoliere (Pouilles), particulièrement fertile. En Basilicate, des traces de villages néolithiques ont été découvertes sur tout le territoire, de Melfi à Métaponte en passant par la Murgia materana. En Calabre, elles ont été mises au jour dans les plaines côtières de Locres, Crotone, Sybaris, Gioia Tauro.
2000 - IXe siècle av. J.-C
Âge du bronze
A partir de l'âge du bronze moyen (vers 1600 av. J.-C.), l’Italie méridionale entre dans une période de bouleversements : les villages se fortifient et le commerce maritime se développe. Le Mezzogiorno entre en contact avec les civilisations de la Méditerranée orientale et en particulier avec le monde égéen. Une céramique italo-mycénienne produite localement imite les modèles mycéniens. De l’âge du bronze datent également les monuments mégalithiques des Pouilles (dolmen de la Chianca à Bisceglie, dolmen Placa dans le Salento). Le sud de l’Italie voit aussi l’arrivée de nouvelles populations indo-européennes issues des Balkans, qui s’établissent dans la péninsule après avoir franchi la mer Adriatique. Des identités régionales se dessinent, dont les noms nous sont connus par les sources épigraphiques grecques et latines postérieures. Dans les Pouilles, les Lapyges (Apuli en latin), peuple d’origine illyrienne (des Balkans), se divisent en Dauniens au nord, Peucétiens au centre et Messapiens au sud. Les Lyki, provenant d’Anatolie, s’établissent en Lucanie (ancien nom de la Basilicate) autour de 1300-1200 avant notre ère. La Calabre est occupée par les Oenôtres le long de la côte ionienne et sur les hauteurs, et par les Ausoniens sur la côte tyrrhénienne. Vers 1200, la région est traversée par les Sicules qui s’implantent en Sicile.
730 av. J.-C.
La colonisation grecque
Les Chalcidiens, issus de l’île d’Eubée en Grèce, fondent Rhegion (Reggio Calabria) sur le détroit de Messine. C’est le premier jalon de la colonisation grecque dans le sud de l’Italie continentale, un phénomène qui va toucher l’ensemble de l’Italie méridionale et la Sicile, à l’origine de la civilisation de la Magna Grecia (Grande Grèce). La puissante et riche ville de Tarente, fondée par des colons grecs provenant de Sparte et de Laconie, étendra son influence sur les villes voisines. Le long des rivages ioniens, les cités de Métaponte et Siris en Basilicate, de Sybaris, Crotone et Locres en Calabre, sont les reflets de la splendeur de la culture grecque.
Ve - IVe siècle av. J.-C
Les Lucaniens et les Bruttiens
Ces populations italiques d’origine osque sabellienne s’implantent en Basilicate et en Calabre et s’emparent de plusieurs colonies grecques. Les Lucaniens occupent presque l’entièreté du territoire de la Basilicate actuelle, ainsi que Paestum. Les Bruttiens s’emparent de Crotone sur la mer Ionienne, d’Hipponion (Vibo Valentia) et de Metauros (Gioia Tauro) sur la mer Tyrrhénienne. S’ils imposent leur hégémonie sur la région, leurs cultes et rites religieux sont en grande partie issues des coutumes grecques ; leur art, composé essentiellement de céramiques et de monnaies, apparaît largement inspiré par les modèles de la Magna Grecia.
IVe - IIIe siècle av. J.-C
Les Romains
Ces derniers se lancent dans la conquête du sud de la péninsule, d’abord lors des Guerres samnites (343-290 av. J.-C.) puis lors des combats contre Pyrrhus, roi d'Épire, appelé par Tarente qui se sent menacée. En 275 av. J.-C., Pyrrhus est vaincu par les Romains à la bataille de Bénévent et repart dans son royaume. Résultat de l’affrontement : le sud de la péninsule passe sous domination romaine et Tarente est soumise en 272 avant notre ère.
2 août 216 av. J.-C
Lors de la deuxième guerre punique, le général carthaginois Hannibal Barca remporte la victoire contre les Romains, pourtant en supériorité numérique, à la bataille de Cannes dans les Pouilles. Les manœuvres tactiques adoptées par les Carthaginois au cours du combat sont considérées comme un modèle du genre et sont encore étudiées de nos jours dans les écoles militaires.
190 av. J.-C
Le port de Brindisi est désormais relié à Bénévent et, de là, à la capitale romaine par la Via Appia. Celle-ci traverse Venosa, Gravina et Tarente.
132 av. J.-C
La Via Popilia relie Reghium (Reggio di Calabria ) à Capoue en traversant le port de Scyllaeum (Scilla) et les villes de Valentia (Vibo Valentia) et Consentia (Cosenza).
7 ap. J.-C
Sous l’empereur Auguste, le territoire de la péninsule est réorganisé administrativement en onze regiones. La Regio II Apulia et Calabria correspond aux territoires des Pouilles actuelles, au nord-est de la Basilicate et à une petite partie de la Campanie et du Molise. L’Apulie se réfère alors aux régions peuplées par les Dauniens et les Peucétiens, tandis que la Calabre correspond au territoire des Messapiens (le sud des Pouilles). La Regio III Lucania et Bruttii englobe la Calabre actuelle, la majeure partie de la Basilicate et une frange de la Campanie, zones historiquement peuplées par les Lucaniens et les Bruttiens. La capitale administrative de la Regio II est Canusium (Canosa), celle de la Regio III est Rhegium (Reggio di Calabria).
109 ap. J.-C
La Via Traiana est inaugurée. Elle relie Bénévent à Brindisi en suivant un parcours alternatif à celui de la Via Appia, plus proche de la côte adriatique puisqu’il passe par Troia, Canosa, Bari et Egnazia, et donc plus accessible en hiver.
476 ap. J.-C
C’est la chute de l’Empire romain d’Occident. Le dernier empereur, Romulus Augustule, est déposé par le barbare Odoacre. Le sud de l’Italie entre dans l’orbite byzantine et n’est pas épargné par les guerres qui opposent Ostrogoths et Byzantins et qui ravagent l’ensemble de la péninsule. Le redoutable Totila fait même de Tarente l’une de ses places fortes.
VIIe siècle
Les Lombards
Arrivés en Italie en 568 après avoir franchi les cols alpins, ils étendent leur domination sur la péninsule. Ils fondent le duché de Bénévent, qui inclut la Lucanie, et conquièrent Bari, Brindisi et Tarente. Le Salento reste aux mains des Byzantins qui y instaurent un duché de Calabre ayant pour capitale Otrante et englobant également le Bruzio (ancien nom de la Calabre). C’est à cette occasion que le toponyme « Calabre » est transféré et finit par désigner la région calabraise actuelle.
VIIIe - IXe siècle
Les Byzantins ne parviennent pas à endiguer les attaques des pirates sarrasins le long des côtes du duché de Calabre. L’habitat se retranche sur les hauteurs et les promontoires pour se protéger des incursions. En 840, Tarente est même conquise par les Arabes et devient leur port d’attache à partir duquel ils lancent des raids le long des côtes du sud de l’Italie.
2e/2 du IXe siècle
Byzance, qui souhaite réaffirmer son hégémonie sur la région, conquiert les territoires perdus et y encourage l’émigration de Byzantins, en particulier dans le Salento. Ce phénomène est à l’origine de l’actuelle Grecìa salentina, un territoire de neuf communes de la province de Lecce où l’on parle le griko, un dialecte dérivé du grec.
A partir de l’an Mille
Les Normands
L’Italie du Sud connaît une arrivée très progressive des Normands. Ceux-ci se rendent en pèlerinage au sanctuaire de Monte Sant’Angelo dans le Gargano. Ils sont aussi engagés comme mercenaires par les potentats locaux.
1042
Le normand Guillaume Ier de Hauteville fonde le Comté d’Apulie, qui s’étend du sud de la Campanie au centre des Pouilles et possède comme capitale Melfi.
1059
Un autre membre de la famille de Hauteville, Robert Guiscard, poursuit la conquête du sud de l’Italie en s’emparant de la Calabre. Il prête serment de fidélité au pape Nicolas II qui lui confère le titre de duc d’Apulie et de Calabre. Quelques années plus tard, son frère Roger et lui traversent le détroit de Messine et conquièrent la Sicile.
1130
Roger II, le neveu de Robert Guiscard, réunit toutes les possessions normandes et fonde le royaume de Sicile dont la capitale est Palerme. La domination normande correspond à une période de stabilité politique et de prospérité pour le sud de l’Italie : le commerce est florissant grâce aux échanges avec Venise et avec l’Orient, les ports sont fréquentés par les marchands, pèlerins et croisés en route pour la Terre Sainte. Les Normands instaurent un système féodal : le territoire est composé de fiefs dirigés par des barons auxquels le roi a distribué des terres, et les châteaux fleurissent dans l’ensemble du royaume. Cette domination n’est pas toujours acceptée par les habitants et des révoltes citadines éclatent, qui sont réprimées dans le sang ; en 1156, Bari est partiellement détruite après une insurrection de ses habitants contre le roi Guillaume Ier dit le Mauvais.
1190
Guillaume II dit le Bon meurt sans héritier et ses conseillers désignent Tancrède de Lecce comme successeur. Ce dernier, bien qu’enfant illégitime, appartient en effet à la lignée des Hauteville. Or, l’empereur germanique Henri VI, qui vient à peine de succéder à son père Frédéric Barberousse, revendique le royaume des Normands au nom de son épouse Constance de Hauteville, la fille de l’ancien roi normand Roger II. Henri VI se lance dans la conquête du sud de l’Italie.
1194
Henri VI est couronné roi de Sicile ; l’ancien royaume normand passe sous la domination de la dynastie des Hohenstaufen.
1215-1250
L’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, Stupor Mundi
La première moitié du XIIIe siècle est marquée par l’une des figures les plus fascinantes et controversées du Moyen Âge : l’empereur germanique Frédéric II. Le fils d’Henri VI est à la tête d’un empire s’étendant de la mer du Nord à la Sicile. Particulièrement attaché au sud de l’Italie, il érige la ville de Foggia en capitale et fait de Naples un important centre intellectuel, avec la fondation d’une université en 1224. Frédéric II encourage les arts et les lettres, c’est un érudit qui parle le grec, le latin, l’arabe et s’entoure de lettrés et de scientifiques. Il entretient avec la papauté des relations sulfureuses et est même excommunié à deux reprises ! Il est aussi l’un des premiers souverains à se doter, en 1231, d’un corps de lois laïques, les Constitutions de Melfi. On lui doit la plupart des châteaux des Pouilles, de la Calabre et de la Basilicate, dont l’impressionnant Castel del Monte.
1266
Les Angevins
A la bataille de Bénévent, Manfred, le successeur de Frédéric II, est vaincu par les armées de Charles d’Anjou (le frère du roi de France Louis IX), soutenu par le pape, et meurt au combat. Le sud de l’Italie passe sous domination angevine et la capitale est transférée à Naples.
1282
Les Angevins doivent très vite affronter l’opposition du peuple sicilien qui, lors des Vêpres siciliennes, organise le massacre des Français. La Sicile passe aux mains des Aragonais, les Angevins conservant le royaume de Naples qui comprend le sud de l’Italie continentale.
1442
Les Aragonais
Alphonse d’Aragon dit le Magnanime prend possession du royaume de Naples et chasse les Angevins, constituant ainsi l’une des principales puissances du bassin méditerranéen.
1478
Des communautés albanaises, fuyant face à l’envahisseur turc, sont accueillies par le roi Ferrante d’Aragon et autorisées à s’installer en Calabre afin de repeupler des zones abandonnées par leurs habitants. C’est ainsi que naît la communauté des Arberèches, une minorité ethnolinguistique qui suit le rite liturgique gréco-catholique et occupe plusieurs communes de la province de Cosenza, mais aussi d’autres régions d’Italie dont les Pouilles et la Basilicate.
Juillet 1480
La ville d’Otrante est assiégée par une flotte turque sous les ordres de Mehmed II, le sultan qui, en 1453, s’était emparé de Constantinople. Les Turcs ont en effet pour ambition de s’implanter en Apulie avant de se lancer dans la conquête du royaume de Naples. Ils se heurtent cependant à une farouche résistance de la part des habitants d’Otrante. L’assaut dure quinze jours et se solde par la victoire des musulmans, qui pénètrent dans la ville, la pillent, tuent les garçons de plus de 15 ans et réduisent les femmes en esclavage. Ils décapitent 800 habitants refusant de se convertir à l'islam, et dont les ossements sont précieusement conservés dans la cathédrale d’Otrante. A partir du port d’Otrante, les Turcs lancent des expéditions le long des côtes jusqu’au promontoire du Gargano et à Tarente. Finalement, la ville est libérée l’année suivante par un front anti-turc soutenu par le pape Sixte IV et dirigé par Alphonse de Calabre.
1484
La République de Venise convoite elle aussi les ports d’Apulie, mais ses intérêts sont avant tout commerciaux. Elle s’empare de Monopoli, Trani, Brindisi, Otrante et Gallipoli, mais sa domination sur ces villes ne dure que quelques années.
1495
Le roi de France Charles VIII revendique l’héritage angevin et s’empare de la couronne de Naples en 1495, mais son règne ne dure que trois mois.
XVIe - XVIIe siècle
Dans l’orbite espagnole
Sous la domination espagnole, le sud de l’Italie devient une zone périphérique en déclin. Les intérêts commerciaux se sont déplacés vers l’Atlantique depuis la découverte de l’Amérique en 1492. En 1571, la bataille de Lépante, remportée par la Sainte Ligue chrétienne contre les Turcs, marque l’arrêt de l’expansion ottomane en Méditerranée et un retour au calme. Mais la pression fiscale, les exactions de la noblesse locale qui possède les terres agricoles, le dépeuplement des campagnes, les tremblements de terre, la peste de 1656 qui décime le royaume de Naples entravent la vie sociale et économique des régions du sud de la péninsule.
1707
Au cours de la guerre de succession d’Espagne que se livrent les maisons des Habsbourg et des Bourbons, l’armée autrichienne traverse la péninsule et se rend maîtresse du Mezzogiorno. Le traité d’Utrecht, signé en 1713, consacre le recul de l’Espagne en Italie au profit de Charles VI du rameau autrichien des Habsbourg. Celui-ci gouverne le royaume de Naples et la Sardaigne (qu’il échange contre la Sicile avec le duché de Savoie).
1734
Les Bourbons d’Espagne
Les Habsbourg sont défaits par les Bourbons d’Espagne à la bataille de Bitonto, près de Bari, et Naples, la Sicile et les trois régions du Sud italien repassent sous la domination espagnole. Un obélisque est érigé à Bitonto pour commémorer la victoire. Charles de Bourbon est couronné roi de Naples et de Sicile (1734-1759). Depuis Naples, les premières réformes voient le jour sous l’impulsion du roi et de ses ministres, inspirés par l’esprit des Lumières qui se diffuse auprès des cours européennes au XVIIIe siècle. Les idées nouvelles se répandent chez les citoyens les plus instruits et, dans les Pouilles, le réseau routier est amélioré et les ports se développent. Toutefois, l’action réformatrice, visant à renforcer le pouvoir central et à améliorer les conditions de vie des citoyens, ne produit que des effets modestes du fait de la forte résistance qu’y oppose la noblesse d’origine féodale et le clergé, attachés à leurs anciens privilèges. La Calabre est, en outre, frappée par une série de calamités : d’abord, l’épidémie de peste de 1743 qui se répand des deux côtés du détroit de Messine, ensuite le séisme dévastateur de 1783 qui cause la mort de 50 000 personnes et détruit entièrement la ville de Reggio di Calabria.
1805-1815
L’intermède napoléonien
Le royaume de Naples passe sous le sceptre de Joseph Bonaparte, le frère de Napoléon, puis de Joachim Murat. La cour du roi Ferdinand IV se réfugie en Sicile, seul territoire italien qui, avec la Sardaigne, ne connaîtra pas la domination napoléonienne. Les réformes prévoient l’abolition de la féodalité et une meilleure distribution des terres, mais la défaite de Waterloo, en 1815, signe la fin des ambitions françaises en Italie.
1816-1860
Ferdinand IV revient à Naples où il devient roi des Deux-Siciles sous le nom de Ferdinand Ier. Le retour à l’ordre ancien est très mal perçu par la population. Une partie de la bourgeoisie des Pouilles, de Basilicate et de Calabre fait entendre sa voix et adhère aux mouvements de libération, les « Carbonari ». Partout, l’extrême indigence du petit peuple alimente le phénomène du brigandage.
Septembre 1860
Garibaldi entre triomphalement à Naples au terme de l’Expédition des Mille qui débarque en Sicile en mai 1860 et traverse le détroit de Messine le 19 août. En 1861, le royaume de Naples intègre officiellement le royaume d’Italie sous le règne de Victor-Emmanuel II.
1861-1918
Les premières décennies de l’Etat unitaire sont difficiles pour le Mezzogiorno. En Basilicate et en Calabre, le brigandage continue à faire des ravages et les tremblements de terre se multiplient. Les deux régions atteignent un seuil intolérable de pauvreté et deviennent des foyers d’émigration. Dans les Pouilles, toutefois, les paysans et les petits propriétaires profitent de la paix et de l’amélioration de leurs conditions de vie pour bonifier la terre. La région s’enrichit et commence à exporter ses produits (vin et huile d'olive notamment).
1919-1947
Dans la tourmente du fascisme et de la guerre
En mars 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Mussolini fonde à Milan les Faisceaux italiens de combat. Le fascisme se nourrit des problèmes socio-économiques. Les troubles sociaux, la violence, les carences évidentes du régime parlementaire, l'instabilité gouvernementale profitent à Mussolini qui, le 28 octobre 1922, organise, avec ses Chemises noires, la Marche sur Rome. Le 30 octobre, le roi Victor-Emmanuel III appelle Mussolini au pouvoir. Respectant tout d'abord le régime parlementaire, Mussolini organise, en 1924, des élections qui renforcent sa suprématie. La dictature fasciste commence. La politique intérieure de Mussolini ne prend pas en compte la misère du Mezzogiorno. L’action du Duce dans la région est en effet essentiellement centrée sur l’éradication de la mafia. Ce qui explique probablement qu’en 1943, Matera est la première province du Sud à se rebeller contre l’occupation nazie et contre le régime fasciste. Si le débarquement des Alliés en Sicile et à Salerne provoque des combats extrêmement durs, la Seconde Guerre mondiale n’affecte pas directement les trois régions. Celles-ci constituent toutefois une base pour les opérations italiennes ; les Pouilles sont ainsi utilisées pour la campagne de la Grèce, puis pour le secteur oriental. En septembre 1943, Brindisi, libérée des Allemands, accueille le roi Victor-Emmanuel III et le maréchal Pietro Badoglio, et devient le siège du gouvernement italien jusqu’en février 1944.
2 juin 1946
Après la Seconde Guerre mondiale, un référendum institutionnel abolit la monarchie et entérine la naissance de la République italienne.
Années 1950
Après la guerre vient le temps de la reconstruction. Le Sud accuse toujours un retard par rapport au Nord et le gouvernement cherche à rééquilibrer la situation avec la création d’une caisse pour le Mezzogiorno en 1950. Cependant, le phénomène d’émigration qui touche le Sud se poursuit jusqu’au début des années 1970.
2019-2021
Crise politique italienne sur fond de pandémie
Le Gouvernement Conte II, en fonction depuis le 5 septembre 2019, est formé par une coalition composée du Parti Démocrate, du Mouvement Cinq Étoiles et du Parti Italia Viva, créé par Matteo Renzi en 2019 à la suite de son départ du Parti Démocrate. Le 13 janvier 2021, à la suite de désaccords sur le plan de relance, Renzi annonce le retrait d’Italia Viva du gouvernement qui perd ainsi sa majorité au Parlement. Le président du Conseil Giuseppe Conte se voit contraint d’annoncer sa démission deux semaines plus tard. Les tentatives pour reformer le gouvernement sortant échouent, aussi le président de la République Sergio Mattarella se tourne vers l’ancien président de la Banque Centrale européenne, Mario Draghi, l’homme providentiel qui a sauvé la zone euro en 2012. Draghi est chargé de former un nouveau gouvernement. Cette profonde crise politique intervient en pleine pandémie, alors que l’économie italienne est exsangue et que le pays compte sur des fonds européens pour financer un plan de relance. Draghi reçoit le soutien de la majorité des partis du Parlement et accepte le poste de président du Conseil des ministres. Le 13 février 2021, le gouvernement Draghi est proclamé : il est constitué d’une coalition de partis aux orientations très diverses : Mouvement Cinq Étoiles, Lega, Parti Démocrate, Forza Italia, Italia Viva et Libres et Égaux.
25 septembre 2022
A l’issue d’une nouvelle crise gouvernementale entraînant la démission de Mario Draghi, les Italiens sont appelés aux urnes en vue de nouvelles élections parlementaires. La victoire est remportée par une coalition de centre droit formée entre autres par la Lega de Matteo Salvini, par le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et par le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi. Giorgio Meloni, la dirigeante du parti Fratelli d’Italia, devient Présidente du Conseil des Ministres ; elle est la première femme à occuper ce poste en Italie.