Dans les vestiges de la Grande Guerre en Vénétie
On dénombre près d’une soixantaine de vias ferratas dans les Dolomites. Certaines sont véritablement emblématiques et légendaires, d’autres tombées dans l’oubli des siècles passés et à l’abandon. La plupart se réalisent en une bonne journée de marche. En Vénétie, ces voies tracées par des montagnards explorateurs au XIXe siècle ont particulièrement été utilisées pendant la Grande Guerre. De véritables musées à ciel ouvert, cicatrices dans la roche et témoins de l’histoire, se trouvent dans ces sommets. Beaucoup d’expéditions sont organisables depuis la capitale des sports d’hiver des Dolomites frioulanes de Vénétie : Cortina d’Ampezzo.
Tout d’abord, l’incontournable et magnifique via ferrata Ivano Dibona, qui part de Cortina et grimpe jusqu’au sommet du merveilleux mont Cristallo à près de 3 000 mètres d’altitude. Elle passe par une ligne de crête de col en col au gré des escaliers en fer et de dénivelés câblés, garantissant une vue imprenable sur les sommets alentour. Mais aussi par un abri militaire de la Grande Guerre (Buffa di Perrero), et surtout par une passerelle en bois de 27 mètres suspendue au-dessus du vide : le « Ponte Cristallo » utilisé par Sylvester Stallone dans Cliffhanger. Frissons garantis !
Toujours dans les environs de Cortina d’Ampezzo, la via ferrata Giovanni Lipella elle est aussi un grand classique. Sa principale originalité ? Un parcours qui emprunte des galeries militaires creusées pendant la Grande Guerre dans les entrailles du mont Tofane. Puis la principale difficulté : l’ascension de la fameuse paroi W avant d’arriver dans un vaste amphithéâtre. La montée jusqu’à l’antécime tapissée de neiges éternelles puis du sommet encapuchonné de blanc lui aussi, Tofana di Rozès, à 3 225 mètres d’altitude, est câblée et impressionnante. Le panorama est grandiose.
Toujours dans cette même région, la via ferrata Luca-Innerkofler est emblématique, mais cette fois autour des fameuses Tre Cime « les Trois cimes », trois montagnes iconiques des Dolomites qu’on a tout le loisir d’approcher de très près pendant cette excursion. Elle passe là encore par une ligne de défense militaire constituée de galeries souterraines qui opposa pendant la Grande Guerre les généraux autrichien Innerkofler et italien Luca. Les paysages sont monumentaux et la via ferrata en elle-même est très ludique, car elle est constituée d’une succession de goulottes et vires câblées jusqu’au Monte Paterno (2 745 m).
Des panoramas vertigineux dans le Trentin-Haut-Adige
Dans les Dolomites du Trentin-Haut-Adige, la région la plus septentrionale de l’Italie, proche de la frontière autrichienne, se trouvent d’autres vias ferratas d’exception pour découvrir les plus hauts sommets de la région en version panoramique.
Parmi eux, la « Reine des Dolomites », le mont Marmolada, point culminant du massif. Un tracé permet de tutoyer ce précieux sommet, « la via ferrata della Cresta Occidentale » qui grimpe jusqu’en haut à 3 343 mètres d’altitude. Le dénivelé est intense (plus de 400 mètres) et le tracé part du joli lac de Fedaia (2 056 m). Le must est la partie sur le glacier crevassé.
Autre montagne bien connue de cette région, le magnifique mont Sella, réputé pour son panorama, été comme hiver. La via ferrata Brigata Tridentina est appréciée pour son passage câblé autour d’une dent rocheuse dans la forêt et un passage par un petit pont suspendu. La vue depuis le sommet du mont Sella à 2 585 mètres est spectaculaire.
Enfin, l’une des attractions majeures des Dolomites en été est le superbe lac de Carezza et ses eaux turquoise glacées. Une via ferrata permet d’en admirer les beautés depuis les sommets : la via ferrata Passo Santner. Une fois le parcours sous les falaises du Catinaccio réalisé suivant des passages câblés, le refuge fait face aux Trois Tours du Vajolet.
Bien préparer son expédition
La signalétique des vias ferratas est moins explicite en Italie qu’en France, quelquefois un laconique « solo per esperti », ou « seulement pour les experts », annonce une via ferrata difficile et mal balisée. Outre les passages en échelle ferrée directement plantée dans la roche, beaucoup d’entre elles nécessitent des passages « câblés », c’est-à-dire avec une corde reliée au baudrier et à un solide anneau planté là aussi à flanc de roche. Si vous n’en avez jamais fait, ne vous lancez pas à l’aveugle, prenez un guide local pour assurer votre sécurité, le matériel sera fourni avec l’expédition. Et si vous êtes débutant, prenez une via ferrata au dénivelé facile et fréquentée, vérifiez son état (éboulements éventuels, balisage, etc.). Les cartes IGN ou topo-guides sont vraiment indispensables en auto-guidage. On peut louer le matériel : casque, gants, lampe, kit de via ferrata (baudrier, mousquetons et absorbeur) en station de ski, ouvertes en été aux randonneurs. Se renseigner sur les conditions météo, instables en haute montagne. La plupart des vias ferratas sont tracées près de refuges où il fait bon faire une pause en journée et même une nuit pour certains, quand cela est possible. Plus d’infos sur les sites en italien et en anglais www.ferrate365.it ou www.viaferrate.it