Williamsburg, Greenpoint et Bushwick
Williamsburg. Un quartier à visiter avant que la gentrification, phénomène d’embourgeoisement, ne finisse de le transformer. Hélas, il est peut-être déjà trop tard pour vraiment apprécier ce qu’était encore Williamsburg à la fin des années 2000, un quartier paisible la journée, vibrant la nuit ! Dangereux dans les années 1970 comme l’atteste le film Serpico, de Sidney Lumet, Williamsburg est devenu bohème à partir de la fin des années 1980 lorsque tous les artistes du Lower East Side et de Greenwich Village ont été contraints de s’installer à Brooklyn suite à l’explosion du prix des loyers à Manhattan. Mais depuis quelques années, Williamsburg ressemble de plus en plus à une annexe de Manhattan tant au niveau des prix du logement et des restaurants que de l’architecture. Peu à peu, les vieux bâtiments en briques rouges sont remplacés par condominiums ultra-modernes. Trois gratte-ciel ont notamment été construits au bord de l’East River, et en appellent d’autres. Les buildings modernes aux couleurs criardes fleurissent et rendent le quartier de plus en plus banal, comme une copie conforme de certaines zones de Midtown, à Manhattan. Les restaurants mexicains et delis ont laissé place aux galeries d’art et bistrots modernes. La transformation visuelle du quartier n’a heureusement pas que du mauvais. Les bords de l’East River ont été magnifiquement réaménagés et il est aujourd’hui possible de se balader le long de la rivière et de profiter de la superbe vue sur Manhattan. Malgré la rapide évolution du quartier, Williamsburg reste la partie de Brooklyn la plus animée et la plus branchée. À chaque rue, son petit restaurant rustique, idéal pour prendre un brunch le week-end, boire un verre le soir ou sortir. Dans ce quartier bohème plein de hipsters, la moyenne d’âge ne dépasse pas la trentaine. Et on y trouve très peu de familles qui, elles, préfèrent le calme de Park Slope. Il est très agréable de s’y promener le week-end, même si le quartier est de plus en plus couru, en s’attardant devant les étals de fripes dans la rue, en s’arrêtant dans l’un de ses nombreux cafés ou encore en flânant dans l’une de ses galeries. L’ambiance est très relax. Quelques-unes des meilleures adresses de Brunch se trouvent à Williamsburg. Et, bonne nouvelle, quelques restaurants et cafés pas trop chers subsistent dans le quartier.
Greenpoint. Juste au nord de Williamsburg se trouve le quartier étendu de Greenpoint, où se trouve notamment une forte communauté polonaise. Il s’agit d’un quartier résidentiel plutôt joli, calme, qui prend de la valeur année après année. Son seul défaut – mais qui est aussi un avantage puisqu’il empêche une importante flambée des prix – est son éloignement du métro. Une seule ligne traverse le quartier, la G, qui va du Queens à Downtown Brooklyn, mais qui ne passe pas par Manhattan. Devant la flambée des prix de l’immobilier à Williamsburg, de nombreux bars et petits restaurants y ont trouvé refuge et font de Greenpoint, un nouveau lieu de la nuit à Brooklyn.
Bushwick. Depuis 2010, le quartier de Bushwick, à l’est de Williamsburg, se "gentrifie" lui-aussi. Les enseignes mexicaines laissent place aux restaurants gastronomiques et aux bars. D’un point de vue architectural néanmoins, le quartier a peu changé, contrairement à Williamsburg. Les grands entrepôts sont toujours là, mais abritent aujourd’hui des salles de concert ou d’immenses bars plutôt que du matériel de construction. Bushwick est aujourd’hui privilégié par les artistes et les étudiants pour sa relative proximité avec Manhattan, sa vie nocturne animée, et des prix de logement encore assez décents pour New York.
Bedford-Stuyvesant (BedStuy). Jouxtant Williamsburg par Flushing Avenue, Bushwick le long de Broadway et délimité au sud par Atlantic Avenue, le quartier de BedStuy (prononcez « Bèdstaï »), longtemps négligé, attire depuis quelques années de plus en plus de New-Yorkais cherchant à se loger pour moins cher tout en restant connectés au reste de la ville (Manhattan est à 20 minutes de métro). Quelques très bons restaurants et bars fleurissent ici et là, en particulier le long de Malcom X Boulevard. Au-dessus de cette artère, on trouve d’ailleurs une zone résidentielle cossue abritant d’impressionnantes villas.
DUMBO - Brooklyn Heights - Downtown
Brooklyn Heights. À la fin du XIXe siècle, des banquiers, traversant l’East River, s’installèrent sur la rive occidentale de Brooklyn, face à Manhattan dont ils souhaitaient apprécier le charme de loin sans en connaître les inconvénients. Afin d’éviter à leurs enfants les traquenards de la City, réservés aux gosses d’immigrants, ils se firent construire de superbes maisons.
Beaucoup de rues furent rebaptisées de leurs noms de famille (contre monnaie sonnante et trébuchante auprès de la mairie) : Clarck, Remsen, etc. Une riche excentrique décida de contrer leurs plans et de rebaptiser d’autres rues du quartier par des noms de fruits : Orange, Cranberry ou Pineapple. Aujourd’hui, le quartier est le plus huppé de Brooklyn grâce aux charmes de ses vieilles bâtisses et de ses rues pavées. S’il n’y a pas vraiment de lieux touristiques à découvrir, il s’agit d’un des plus agréables quartiers pour se perdre et flâner à l’inconnu. Une jolie façon de rejoindre cette rive incontournable consiste à traverser le Brooklyn Bridge depuis Manhattan et de s’y rendre au coucher du soleil…DUMBO jouxte Brooklyn Heights au nord, juste de l’autre côté du pont de Brooklyn. C’est un tout autre paysage. Acronyme de Down Under the Manhattan Bridge Overpass, DUMBO, le quartier compte d’anciens entrepôts, une vieille ligne de chemin de fer et fut colonisé par les start-up dans les années 1990. Aujourd’hui, l’ensemble reste assez bobo et le quartier accueille les familles qui ne renient pas le côté branché de Williamsburg, mais qui ont besoin désormais de plus de tranquillité et de verdure. Depuis sa rive, s’offre l’une des plus belles vues de la skyline de Manhattan.
Downtown Brooklyn, juste au sud de DUMBO, est à Brooklyn ce que le Financial District est à Manhattan : un quartier d’affaires assez bruyant en journée et pas forcément agréable pour un touriste, si ce n’est pour les fans de basket-ball qui peuvent se rendre au Barclays Center pour voir un match des Brooklyn Nets.
Red Hook - BoCoCa
BoCoCa. Au sud de Downtown Brooklyn se trouve BoCoCa, réunion de trois quartiers adjacents : Boerum Hill, Cobble Hill et Carroll Gardens. À Caroll Gardens, vous découvrirez un coquet quartier résidentiel peuplé de petites maisons avec jardinets. Certains amoureux de la vie nocturne à Brooklyn se donnent rendez-vous sur Smith Street qui s’étend de Cobble Hill à Boerum Hill, vers Carroll Gardens (M° Bergen Street, lignes F et G). Dans cette longue rue (près d’un kilomètre) avec bars, et restaurants, l’ambiance est authentique et festive, mais plus familiale qu’à Williamsburg. Depuis Smith Street, on accède aux rues calmes et ombragées de Carroll Gardens. On trouve aussi dans ce quartier une forte communauté française qui s’est regroupée autour des deux écoles primaires bilingues français-anglais. Si la communauté française n’est pas particulièrement visible (il y a peu de restaurants français par exemple), il n’est pas rare d’entendre parler la langue de Molière aux alentours de l’International School of Brooklyn et de PS 58, une école publique située à un block de l’arrêt Carroll Street sur la ligne G.
Red Hook. Un peu plus au sud, de l’autre côté de l’autoroute, on est à Red Hook, un ancien quartier industriel et portuaire très mal relié en métro. On y accède grâce au taxi boat depuis 34th Street ou grâce au bateau Ikea qui part du Pier 11 à Wall Street (gratuit le week-end). Si l’on aime marcher, on peut prendre le métro et descendre à Carroll Street. On peut s’y promener face à l’océan ou le long du Gowanus Canal, avec ses vieux entrepôts ; la vue sur la statue de la Liberté est imprenable. Le coin est de plus en plus prisé par les artistes qui ne peuvent plus payer les loyers de Williamsburg ou de Prospect Park. D’où la croissance phénoménale du nombre de galeries dans le quartier. Red Hook abrite également une forte population liée à l’industrie du cinéma. C’est en effet dans ce quartier que se trouvent quelques-uns des studios de cinéma de New York où ont été tournés entre autres plusieurs épisodes des séries Masters of Sex et Rescue Me, et de nombreux clips du groupe Fun et de Lana del Rey notamment.
Autour de Prospect Park
Les alentours de Prospect Park sont peut-être les plus emblématiques de Brooklyn, puisque d’une avenue à l’autre, la population y est totalement différente, preuve d’un melting-pot, mais aussi d’un communautarisme important, et du fossé qui sépare les populations pauvres et riches du borough.
Park Slope. Alimentation bio, petits cafés, recyclage, magasins de fripes… Promenez-vous à Park Slope (le quartier jouxte Prospect Park à l’ouest et se trouve non loin du Brooklyn Museum of Art) et ses jolies brownstones. C’est là que vivent Paul Auster et à peu près toutes les jeunes familles qui ont des moyens et qui préfèrent Brooklyn à Manhattan.
Prospect Heights. Au nord de Prospect Park, entre Flatbush Avenue à l’est et Washington Avenue à l’ouest se trouve l’un des quartiers les plus huppés de Brooklyn, Prospect Heights. Ici, peu d’appartements en dessous d’un million de dollars, et une population à très forte majorité blanche.
Crown Heights. À l’est de Washington Avenue commence Crown Heights. Si les premières rues adjacentes font encore penser à Prospect Heights, plus l’on se déplace vers l’ouest, plus la population noire y est importante. Le quartier, fortement déconseillé il y a encore cinq ans pour sa dangerosité le soir, est aujourd’hui beaucoup plus sûr. N’hésitez pas à y faire un tour le week-end pour un brunch ou pour les petits marchés locaux.
Flatbush. À l’est et au sud de Prospect Park, Flatbush, un quartier assez pauvre où s’est installée notamment la communauté haïtienne et où il n’est pas rare d’entendre parler français sur les trottoirs.
Ditmas Park. Situé au sud de Prospect Park, le quartier a longtemps été ignoré, car il n’est pas particulièrement bien desservi en métro. C’est d’ailleurs un quartier où habitent de nombreux chauffeurs de taxi, qui eux connaissent bien toute la ville. D’un point de vue architectural, on est ici plus proche de San Francisco que de New York. Sur des dizaines de rues très larges ont été construites au début du XXe siècle de vieilles bâtisses victoriennes colorées avec leur patio et leur petit gazon devant la porte d’entrée, à la Desperate housewives. Un quartier dépaysant, calme, qui ressemble à une banlieue américaine huppée bien que l’on ne soit pas dans une zone bourgeoise.
Coney Island - Brighton Beach
Vous pourrez pousser jusqu’à l’extrême sud de Brooklyn, à Coney Island et Brighton Beach (M° lignes B, D, F ou N). Deux quartiers bien distincts du reste de Brooklyn, avec leurs plages, leur passé et leur présent. Les deux quartiers ont beaucoup souffert du passage de l’ouragan Sandy, d’où la présence constante depuis plusieurs années de tracteurs et grues pour reconstruire les dunes de sable, la promenade de bord de mer, et de nouveaux lotissements.
Coney Island. Malgré la présence du New York Aquarium, qui attire les foules, Coney Island n’est plus que le fantôme de la villégiature qu’elle fut, quand les New-Yorkais découvraient les plaisirs de l’océan Atlantique et les premiers hot dogs. La communauté russe y est dominante, avec ses épiceries et ses cabarets où vous pourrez voir un performeur interpréter les succès de John Lennon avec un accent… surprenant. Dépaysement et exotisme garantis. Loin de Manhattan et présentant donc assez peu d’intérêt pour les promoteurs immobiliers malgré la proximité avec la plage, le quartier n’a pas vraiment changé d’un point de vue visuel depuis les années 1960-70 lorsque de grandes tours HLM ont été construites et c’est ce qui fait aujourd’hui son charme. On est ici dans le vieux New York, parfois un peu glauque, délabré, inattendu et en même temps terriblement dépaysant quand on vient d’Europe. Gangréné par la drogue et les gangs jusqu’à la fin des années 1980, le quartier est aujourd’hui plus calme. À Coney Island, les week-ends estivaux sont chargés avec bien sûr le très vieux parc d’attractions de bord de mer. Maintes fois menacé de fermeture pour des questions de vétusté notamment, le Luna Park est toujours là et attire encore touristes et New-Yorkais. La visite du parc désert en hiver vaut aussi le détour, pour des photos étonnantes d’attractions à l’abandon. Et si vous n’êtes pas amateur de sensations fortes, la balade le long de l’océan est de toute façon assez agréable, avec, l’hiver, de la neige sur la plage.
A Brighton Beach, promenez-vous dans Little Odessa (M° lignes D et Q). Une atmosphère slave vous attend en bordure de l’Atlantique (et non de la mer Noire !). On trouve de nombreux restaurants typiques, des voix roulantes, de forts effluves de vodka, et la chaleur d’une importante communauté d’immigrés.