Découvrez la Californie : Hollywood et le rêve américain

Une terre d'opportunités où chacun peut réussir quel que soit son genre, ses origines, sa couleur, son milieu social : bienvenue dans l'« American Dream ». Intrinsèquement liée à la culture états-unienne, cette notion a trouvé son symbole dans Hollywood, l'industrie du cinéma devenue « usine à rêves » qui confère à Los Angeles son aura mystique. Un milieu fascinant, tant par l'imaginaire collectif qu'il suscite depuis plus d'un siècle que par le miroir qu'il offre sur la société. De la censure caractéristique des années 1930 à l'avènement des effets spéciaux inhérent aux avancées technologiques en passant par les deux guerres mondiales et le mouvement de libération sexuelle de la fin des années 1960, Hollywood aura su évoluer avec son époque. Ébranlé par l'affaire Weinstein en 2017, le cinéma américain se remet sérieusement en question : c'est le point de départ du révolutionnaire mouvement #MeToo, qui tend désormais à toucher tous les milieux.

La naissance de Hollywood

À l'origine petite communauté agricole, Hollywood obtient le statut de ville en 1903, avant de fusionner avec Los Angeles quelques années plus tard. Séduits par les grands espaces californiens et l'ensoleillement propices au tournage, les studios de cinéma quittent la côte Est dès 1909 pour s'installer dans ce quartier en plein développement. Puis, en 1911, une première société de production ouvre ses portes sur Sunset Boulevard : il s'agit de la Nestor Film Company. Elle sera vite suivie par d'autres, parmi lesquelles se démarque l'ancêtre de Paramount Pictures : Lasky Feature Play Company, fondée par l'emblématique Cecil B. DeMille, avec Jesse Lasky et Samuel Goldwyn.

La naissance de Hollywood est marquée par des films muets incontournables, tels que le drame The Birth of a Nation (1915), de D. W. Griffith, et la comédie The Kid (1921), de Charlie Chaplin. Rapidement, l'engouement qu'ils suscitent dépasse l'échelle nationale. S'ensuivront une quinzaine d'années synonymes de grande croissance, d'expérimentation et d'avancées dans l'industrie du cinéma, donnant à Hollywood le prestige international et les stars qu'on lui connaît aujourd'hui.

À l'époque, cinq studios surnommés « The Big Five » dominent le milieu : Warner Bros., RKO, Fox, Metro Goldwyn Mayer (MGM) et Paramount Studios. Si le système leur profite, ils ne pourront pas échapper aux films de propagande après que W. Wilson a officiellement déclaré la guerre à l'Empire allemand en avril 1917. À l'inverse, de plus petits studios voient le jour, à l'instar de Columbia Pictures, Universal et United Artists. Créé par les pionniers Douglas Fairbanks, Mary Pickford, D.W. Griffith et Charlie Chaplin, ce dernier répond à une volonté de s'affranchir des grandes enseignes. D'abord destiné à la distribution et la production des œuvres de ses fondateurs, United Artists se diversifiera avec les réalisations d'autres indépendants.

Grâce à l'introduction du son au milieu des années 1920, une variété intéressante de genres s'ouvre aux producteurs : le western, la comédie musicale, l'horreur, la romance et le documentaire, notamment. Récompensées par les Oscars dès 1929, les stars sont encore plus idéalisées ; Hollywood s'assoit comme la terre de l'opulence et de la gloire.

Le Golden Age

Néanmoins, la consécration de Hollywood comme capitale mondiale du cinéma aura réellement lieu à partir du milieu des années 1930. Car, lorsque l'on pense à l'âge d'or de Hollywood, on visualise le clinquant et le glamour popularisés à cette époque, et ce jusqu'au début des années 1960. Malgré la Grande Dépression qui frappe les États-Unis dès octobre 1929, 80 millions d'Américains se rendent au cinéma chaque semaine. Plusieurs films à succès marqueront l'Histoire : Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) – le premier long-métrage d'animation, sonorisé et en couleurs, que l'on doit à Walt Disney – A Star is Born (1937), L'Insoumise (1938), Monsieur Smith au Sénat (1939), Autant en emporte le vent (1939) – qui explose le box-office – Le Magicien d'Oz (1939), La Chevauchée fantastique (1939) et Les Hauts de Hurlevent (1939).

Alors que la Seconde Guerre mondiale éclate, Hollywood se donne la mission de faire rire le grand public : c'est l'avènement de comédiens tels que Bud Abbott, Lou Costello, Bob Hope et Jack Benny. Cela dit, impossible d'échapper au conflit international : des courts-métrages documentaires emmènent les réalités et la violence de la guerre en Californie. En parallèle, les studios doivent se conformer à la sécurité civile, leur imposant d'ériger des abris anti-bombes élaborés. De la même manière, filmer près de l'océan ou à proximité d'installations militaires est interdit, tandis que les coupures électriques imposées chaque soir empêchent les tournages de nuit. Créé en 1942, l'organisme « War Production Board » fixera même un budget maximal de 5 000 dollars pour les nouveaux plateaux, forçant les studios à limiter leurs dépenses, recycler costumes et accessoires, ainsi qu'à trouver des manières créatives et peu coûteuses de produire des films.

Reflet du reste de la société américaine, Hollywood cède à la paranoïa ambiante dès les débuts de la Guerre froide, en 1947. Rapidement, le comité d'enquête nommé « House Un-American Activities Committee » dirige ses investigations sur le communisme dans les films : plus de 40 personnes de l'industrie du cinéma  sont appelées pour témoigner. Plus largement, des centaines d'artistes – acteurs, musiciens, écrivains, producteurs et metteurs en scène – se voient blacklistés. Citons notamment Lena Horne, Charlie Chaplin, Lloyd Bridges, Burl Ives et Anne Revere.

Pour autant, l'usine à rêves continuera à fabriquer des icônes. Elles seront vénérées comme des déesses et des dieux, de Marlon Brando – Un tramway nommé Désir, en 1951 – à Marilyn Monroe – Les hommes préfèrent les blondes, en 1953 – en passant par Audrey Hepburn – Breakfast at Tiffany's, en 1961 – Alfred Hitchcock – Fenêtre sur cour, en 1954 – et Orson Welles – Citizen Kane, en 1941.

Du « New Hollywood » à l'avènement des effets spéciaux

Un vent de renouveau souffle sur Hollywood dès le milieu des années 1960, peu de temps après que son âge d'or ait touché à son terme. Très vite, le règne des studios est remplacé par l'avènement de jeunes réalisateurs talentueux : Martin Scorsese, Stanley Kubrick, Mike Nichols, ou encore Francis Ford Coppola. Exit le « family-friendly » et la censure du code Hays – une autorégulation imposée par les sociétés de production elles-mêmes – en vigueur de 1934 à 1966.

Sur fond de guerre du Vietnam et de libération sexuelle inhérente au Summer of Love de 1967, la révolution des mœurs fait entrer le cinéma dans une époque plus moderne, où l'on s'attache à reproduire moins pudiquement la réalité des mentalités : c'est le « New Hollywood ». Un mouvement particulièrement bien dépeint dans Once Upon a Time... in Hollywood (2019), où l'on suit la star de la télévision Rick Dalton – Leonardo DiCaprio – et sa doublure Cliff Booth – Brad Pitt – tenter de poursuivre leurs carrières respectives en 1969, dans une industrie cinématographique en pleine mutation.

Cette contre-culture est portée à l'écran par des films emblématiques, tels que Bonnie and Clyde (1967), Le Lauréat (1967), Easy Rider (1969), 2001: A Space Odyssey (1968), Conversation secrète (1974), Mean Streets (1973), Le Parrain (1972) et Les Hommes du président (1976). Injustice sociale, inégalités, crimes, violence, histoires d'amour… Les réalisateurs représentent un éventail de sujets jusqu'alors peu exploités.

Rapidement, ce courant est talonné par l'avènement des effets spéciaux, d'abord dans Les Dents de la mer en 1975, puis avec Star Wars: Episode IV – A New Hope, en 1977. C'est la naissance de deux monstres sacrés du cinéma : Steven Spielberg et George Lucas, à qui l'on doit également – et respectivement – E.T., l'extra-terrestre (1982) et la saga mettant en scène l'inénarrable Indiana Jones – dont le premier volet, Les Aventuriers de l'arche perdue, est sorti en 1981. Eléments essentiels à toute nouvelle sortie sur les écrans, les trucages et effets visuels distinguent définitivement l'industrie californienne, qui multiplie les blockbusters à gros budget… Tout en épargnant le cinéma d'auteur, notamment représenté par Woody Allen, John Cassavetes, les frères Coen, David Lynch, ou Wes Anderson. En parallèle, les années 2000 voient se multiplier les films Disney et les comédies crues.

Néanmoins, ce sont toujours les productions à gros budget qui occupent le sommet du box-office, aussi bien aux États-Unis que dans le reste du monde. Ainsi, le plus gros succès de tous les temps – y compris en France – demeure Avatar (2009). Avec quelque 2,8 milliards de dollars, il a encore plus rapporté que le dernier record de son réalisateur – James Cameron – Titanic (1997) et ses 2,2 milliards de dollars... À l'heure du home-cinéma et d'Internet, l'accent est mis plus que jamais sur le grand spectacle pour faire venir les spectateurs en salle.

Rêve… ou cauchemar américain ?

Si Hollywood continue d'attirer les talents du monde entier, ce monde éclatant de glamour et de paillettes cache une part sombre, triste versant de l'« American Dream ». Depuis le Golden Age, des milliers de rêveurs éblouis par l'aura mystique de l'industrie du cinéma viennent tenter leur chance à Los Angeles, investissant toutes leurs économies dans des cours d'acting, des agences et des shooting-photos. Une fois ruinées, ces « wannabe » stars se retrouvent parfois à la rue. Certaines se tournent vers la drogue, la prostitution ou la pornographie.

De la même manière, nombreuses sont les célébrités à avoir souffert des affres de la drogue et de l'alcool, monnaies courantes à Hollywood, sortes de rançons de la gloire inhérentes au stress engendré par le milieu et les sommes d'argent monumentales qui y circulent. Des centaines de personnes en ont fait les frais, à l'instar de l'iconique Judy Garland (1922-1969), de l'emblématique William Holden (1918-1981) et de l'inénarrable Whitney Houston (1963-2012).

Puis, le 5 octobre 2017, le tout Hollywood est ébranlé. Un article du New York Times accuse le producteur multi-oscarisé Harvey Weinstein (Pulp Fiction, Shakespeare in Love, Gangs of New York…) d'abus de pouvoir et de harcèlement sexuel tout au long de sa carrière. Cinq jours plus tard, c'est Ronan Farrow, le fils de Mia Farrow et de Woody Allen, qui publie son enquête dans le New Yorker – pour laquelle il recevra le prix Pulitzer en 2018 –, rapportant près d'une quinzaine d'allégations d'agressions sexuelles et de viols. De Rose McGowan à Gwyneth Paltrow en passant par Léa Seydoux, Angelina Jolie ou encore Asia Argento, les témoignages s'accumulent au fil des jours sur les réseaux sociaux. Au total, elles seront plus d'une centaine à accuser le « roi déchu de Hollywood » de harcèlement et d'agressions sexuelles.

En seulement une semaine, tout s'enchaîne. Harvey Weinstein est licencié de la maison de production qu'il a cofondée, la police de New York ouvre une enquête pour des faits remontant à 2004, et le producteur est exclu de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences, qui décerne les Oscars du cinéma américain. Puis, le 13 octobre, la journaliste française Sandra Muller appelle les internautes à dénoncer le harcèlement au travail sous le hashtag #BalanceTonPorc, suivie par Alyssa Milano, qui lance #MeToo deux jours plus tard. C'est l'hécatombe : en 24 heures, le hashtag est utilisé des millions de fois sur Twitter et Facebook. Après Weinstein, d'autres monuments du cinéma sont attaqués : John Travolta, Charlie Sheen, Dustin Hoffman, Steven Seagal, et, surtout, Kevin Spacey, inculpé en mai 2022 d'agressions sexuelles contre trois hommes. L'omerta est rompue. Aujourd'hui, à l'image de la société, Hollywood continue d'évoluer, pas à pas, vers un milieu moins violent, plus égalitaire.

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