Découvrez l'Alaska : Population

La population de l'Alaska est à peu près dix fois inférieure à celle de la France alors que l'Etat est trois fois plus grand. Il n'y a pas foule en Alaska d'autant que, sur les 730 000 habitants, 288 000 vivent dans la seule ville d'Anchorage. Les habitants autochtones de la Grande Terre sont environ 100 000, ce qui, selon certains spécialistes, correspond à leur population avant l'arrivée des Russes. Les Inuits sont les plus nombreux (50 000), devant les Indiens (36 000) et les Aléoutes (13 000). La population asiatique est bien implantée puisqu'elle représente 4 % de la population, ainsi que les Noirs-Américains, dont le nombre correspond à 3,5 % des habitants d'Alaska. Près de 15 % des habitants renouent avec leurs coutumes et avec leur langue ancestrale. Sur les vingt dialectes reconnus en Alaska, quinze ont quasi disparu, mais ce retour aux traditions permet d'espérer la sauvegarde de certaines de ces langues ancestrales.

Danse traditionnelle à Ketchican © Ric Jacyno - Shutterstock.com.jpg

Les Athabascans, à l’intérieur de l’Alaska

Ces natifs de l’Etat vivent traditionnellement à l'intérieur de l'Alaska dans une région comprise entre la chaîne de montagne de Brooks et la péninsule de Kenai. Ils vivent en général le long de grands fleuves et rivières comme le Yukon, la Tanana, la Susitna, la Kuskokwim, la Copper et leurs affluents. Ils représentent actuellement onze groupes linguistiques. C'est un peuple nomade qui voyageait en petits groupes de vingt à quarante personnes pour pêcher et chasser. Leur mode de vie s'organise autour du partage des ressources. Ainsi les hommes partagent toujours leur chasse ou leur pêche afin de perpétuer la tradition. A l'origine, les groupes étaient composés d'un frère et d'une soeur avec leur descendance respective. Lorsque la soeur se mariait, son époux pendant la première année du mariage devait prouver à sa belle famille ses capacités au travail et chasser avec son " frère de loi ", autrement dit son beau-frère. Ils se déplaçaient en canoë et en traîneau, avec ou sans chien.

Les Yup'ik et Cup'ik, originaires du Sud-Ouest

Ces peuples utilisent les deux principaux dialectes connus dans cette région. Ils dépendent toujours de la pêche, de la chasse et de la cueillette. Les différentes communautés qui existent aujourd'hui se trouvent sur d'anciens camps saisonniers ou villages. Ce peuple était extrêmement mobile et suivait les migrations d'animaux et de poissons. Les jeunes hommes vivaient entre eux dans un qasgip qui leur servait à dormir, travailler, manger et surtout à apprendre comment devenir un homme. Les femmes leur préparaient et leur apportaient la nourriture. Elles vivaient dans des ena. Ces deux habitations possédaient une entrée souterraine pour l'hiver qui servait également de cuisine pour les femmes. Le shaman avait un rôle très important dans ces communautés. Il en existait deux sortes. Le premier aidait les chasseurs dans la localisation des proies, appelait le beau temps, soignait les malades alors que le second, " mauvais ", ne souhaitait qu'une chose, prendre à tout prix la place du bon. Aujourd'hui encore, certains possèdent les pouvoirs ancestraux du shaman.

Les Inupiak, tribus du Grand Nord

Ceux qui vivent sur l'île Saint-Laurent perpétuent une société de chasse et de cueillette. Les Inupiak vivent sur les bords de la mer de Béring et de Beaufort grâce à la baleine, au morse, au phoque, à l'ours blanc, au caribou et au saumon ; qui constituent leur ressource première en nourriture. Pour eux, les climats extrêmes qu'ils affrontent ne sont en aucun cas une barrière, c'est au contraire l'endroit parfait pour que la vie animale dont ils sont tributaires se développe. Dans le passé, ils vivaient dans des maisons semi-enterrées avec des tunnels d'accès afin d'utiliser le sol comme isolant. Les lampes à huile de phoque servaient à cuire, chauffer et éclairer. Les maisons étaient rectangulaires et pouvaient accueillir jusqu'à douze personnes. Il existait également la qargi, lieu de travail pour toute la communauté. Ils se déplaçaient au moyen de l'umiaq ou angyaq, bateau pouvant transporter quinze personnes et une tonne de matériel.

Les Aléoutes et Alutiiq au sud et sud-ouest de l'Alaska

L'eau est leur milieu de vie puisqu'ils habitent en bordure de rivière ou sur les rivages du Pacifique nord ou de la mer de Béring. La vie est commandée par les conditions climatiques car ils naviguent beaucoup entre les îles notamment dans la péninsule des Aléoutiennes. Leur culture fut énormément influencée au XVIIIe siècle par les Russes. Les églises orthodoxes sont présentes dans la plupart des villages et des mots russes sont entrés dans le langage courant. Ils vivaient (et vivent encore) dans de petits villages côtiers, là où ils pouvaient trouver de la nourriture (phoques, lions de mer, flétans). Pour se protéger du climat redoutable, particulièrement des vents violents, les maisons étaient toujours enterrées. Les Aléoutes les appelaient ulax et les Alutiiq, ciqlluaq. Elles étaient constituées d'une pièce unique avec un toit au niveau du sol et recouvert de terre et d'herbe afin que l'isolation soit la meilleure possible. Ils se déplaçaient en kayak de mer (ils en sont d'ailleurs les inventeurs) afin de chasser le lion de mer.

Les Eyak, Tlingit, Haïda, Tsimshian, établis au sud-est de l'Alaska

Même si leur langage et leur coutume diffèrent, les anthropologistes parlent de culture des côtes Nord-Ouest (des États-Unis) pour les définir en incluant les Indiens d'Oregon. Pourtant les différences sont grandes, notamment au niveau du système social. Les trois premiers groupes se séparent en partis alors que les derniers forment des fratries. De plus, ces différents groupes ne se comprennent pas entre eux.

Les Eyak vivent le long du golfe d'Alaska depuis le delta de la rivière Copper jusqu'à la baie Icy. D'après des contes ancestraux, ce peuple aurait migré depuis l'intérieur de l'Alaska où ils étaient proches des Athabascans.

Les Tlingit semblent être le peuple le plus ancien de la Panhandle. D'après les scientifiques, ils se seraient établis depuis plus de 10 000 ans et occupent un territoire allant de la baie Icy, à la frontière canadienne.

Les Haïda vivaient sur les îles de la Reine-Charlotte au Canada, rebaptisées en 2010 archipel Haida Gwaii. Lorsque les premiers Européens arrivèrent, certains d'entre eux migrèrent sur l'île du Prince-de-Galles où ce groupe est connu sous le nom de Kaigani ou Haïda d'Alaska. Aujourd'hui, ils vivent principalement dans deux villages, Kassan et Hydaburg.

Les Eyak étaient scindés en deux groupes distincts, représentés par le corbeau et l'aigle. Chez les Tlingit, les deux moitiés étaient le corbeau ou la corneille et l'aigle ou le loup en fonction de la période. A l'intérieur de chacune de ces moitiés existaient plusieurs clans reconnaissables à leur totem. Les Haïda étaient représentés par l'aigle et le corbeau comme chez les Tlingit, alors que chez les Tsimshian qui eux étaient séparés en quatre groupes les emblèmes sont l'orque, le loup, le corbeau et l’aigle.

Les Tsimshian, natifs de Colombie-Britannique

Ces autochtones vivent entre les rivières Nass et Skeena. On les retrouve donc à l'extrême sud-est de l'Alaska sur l'île d'Annette, à Metlakatla. Tous vivaient dans de grandes maisons en bois, pouvant accueillir jusqu'à cinquante personnes avec une cheminée centrale. Chaque peuple possédait un village fixe pour passer l'hiver. Celui-ci se situait le long de rivière ou au bord de plage, ce qui permettait un accès aisé aux embarcations. Ils se trouvaient également à l'abri des tempêtes et proches de sources d'eau potable. Les habitations étaient toujours tournées vers la mer, avec en général un seul rang de maisons et, chez les Tlingit, des totems se trouvaient à l'entrée de chaque habitation. Durant l'été, des camps saisonniers proches de source de nourriture leur permettaient de faire un maximum de provisions. Ils vivaient dans un environnement forestier, le bois était donc la principale source de création. Les totems en sont le meilleur exemple, mais le bois servait également à fabriquer les ustensiles de cuisine, canoës, boîtes de rangement, etc. Il n'existait pas de gouvernement au sens où on l'entend. Chaque village ou clan résolvait ses problèmes en son sein. Les mariages ne pouvaient avoir lieu entre deux personnes du même clan afin d'éviter tout problème de consanguinité. Les enfants, à l'inverse du système européen, héritaient des droits et nom de la mère. Cela se traduisait par des terrains de chasse, de pêche, de ramassage ainsi que les marques du clan en termes de sculpture de totem, de design des vêtements ou d'architecture de maison.

Les populations natives aujourd'hui

Aujourd'hui, un autochtone sur cinq est installé dans une grande ville. Les autres vivent dans de petits villages. Certes, le développement des moyens de transport et de communication a désenclavé ces hameaux et permis à leurs habitants de jouir de certains " bienfaits " de la civilisation. Dans les régions arctiques, des barges ravitaillent les villages côtiers une à deux fois au cours de la saison estivale, en fonction de la météo, apportant des conserves, du carburant, des matériaux de construction, des meubles, des motoneiges et parfois un véhicule. Chasse, pêche et cueillette représentent encore plus de 50 % de leurs ressources alimentaires. Mais la modernisation a un prix. Désormais, il faut de l'argent pour acheter de l'essence et des balles pour les fusils automatiques, alors les communautés autochtones restent dépendantes des programmes d'aide fédérale. Le coût de la vie est deux fois plus élevé en milieu rural qu'en ville alors que le revenu des natifs est deux fois plus faible. L'introduction des valeurs capitalistes a profondément bouleversé les structures sociales, remettant en cause le partage traditionnel des tâches entre les hommes et les femmes, les notions d'entraide, de travail communautaire, de propriété collective aussi. Résultat de la révolution matérielle : violence domestique, alcoolisme, taux de criminalité et de suicide quatre fois plus élevés que la moyenne alaskienne qui est déjà la plus forte des Etats-Unis... autant de symptômes d'une crise d'identité. Malgré tout, les relations entre les Indiens et les colons n'ont pas pris les mêmes proportions désastreuses qu'elles eurent dans le reste des Etats-Unis, peut-être est-ce dû à une arrivée plus tardive des Blancs sur les terres lointaines et hostiles de l'Alaska. Aujourd'hui, les nombreuses corporations ne cessent de lutter pour faire entendre la voix des populations natives d’Alaska.

Un retour aux valeurs ancestrales

Craignant que la notion de profit ne finisse par avoir raison de leur culture, les peuples premiers d'Alaska s'efforcent de promouvoir un renouveau spirituel et un retour aux valeurs ancestrales. Les Inuits se sont unis aux Sames de Laponie et aux Inuits du Groenland et du Canada au sein de l'ICC (Inuit Circumpolar Council), une organisation non gouvernementale fondée en 1977 à Barrow, afin de mieux défendre leurs intérêts et leurs terres. Grâce aux efforts des 13 corporations autochtones, l'enseignement des dialectes et des techniques traditionnelles comme la construction d'un traîneau, les méthodes de chasse ou de couture, fait partie du programme scolaire, redonnant aux populations l'esprit de transmission. Et avec le développement du tourisme, les arts et l'artisanat tiennent une place de plus en plus importante dans l'économie locale. Les corporations s'efforcent, en effet, d'ouvrir les villages aux visiteurs en misant sur la fascination que les cultures des Premiers Américains exercent sur les Occidentaux. C'est ainsi que quelques villages comme Saxman, dans le sud-est de l'Alaska, s'ouvrent au tourisme culturel et accueillent désormais des petits groupes. Mais les villageois craignent par-dessus tout de perdre leur tranquillité en voyant les étrangers entrer chez eux comme dans un parc d'attraction. Ethnotourisme oui, mais quand il est bien fait.

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