Découvrez l'Andalousie : Les enjeux actuels

Au plan politique 2018 aura été une année clé pour l’Andalousie puisqu’à l’occasion des élections régionales, le PSOE perdait son fief historique après 37 ans d’exercice du pouvoir à la tête de la Junta de Andalucía. Un tremblement de terre qui a fait couler beaucoup d’encre, car il concernait la région la plus peuplée d’Espagne et a donné lieu à une première dans le pays, la coalition tripartite. Une coalition qui réunit désormais la droite (PP), le centre droit (Ciudadanos) et l’Extrême droite (Vox), un parti surgi pour la première fois dans le panorama politique espagnol à cette occasion. Une formule qui est devenue une référence pour les uns et l’objet d’un rejet absolu pour les autres. Ce résultat traduit peut-être la persistance d’un taux de chômage toujours supérieur à la moyenne nationale espagnole, même s’il diminue régulièrement et ne parvient pas à contrebalancer les bons résultats obtenus dans le secteur touristique.

Le champ politique

En Andalousie comme dans le reste de l’Espagne, c’est la constitution de 1978 qui a fixé les règles du champ politique. Depuis cette date, l’Espagne est devenue une monarchie constitutionnelle avec comme chef de l’État, Felipe VI, succédant à son père Juan Carlos I, après son abdication en 2014. Cette même constitution a transmis aux régions une part importante du pouvoir décisionnel et depuis le 1er février 1982, l’Andalousie dispose d’un statut d’autonomie, comme les 16 autres régions espagnoles. Côté exécutif, le gouvernement local est représenté par le Junta de Andalucía, le gouvernement de l’Andalousie, avec à sa tête un président et au plan législatif, un parlement (109 membres élus pour 4 ans et siégeant à Séville).

Stupeurs et tremblements

Longtemps fief traditionnel du PSOE, Parti socialiste espagnol, l’Andalousie a connu lors des élections régionales de décembre 2018 un « tremblement de terre » politique, lorsque ce dernier a dû abandonner la gestion de la Junta après près de 37 ans d’exercice du pouvoir. Comme dans toute l’Espagne, l’irruption de deux nouveaux partis, Podemos, extrême gauche et Ciudadanos, centre droit, était venu perturber le traditionnel bipartisme espagnol et complexifier le jeu des alliances depuis quelques années. C’est ainsi que Susana Díaz, PSOE, n’avait pu être investie présidente de la Junta que 81 jours après les élections de 2015, grâce à l’appui de Ciudadanos. C’est la rupture de ce pacte de gouvernement avec Ciudadanos qui la conduira à convoquer les élections régionales de 2018. Si le PSOE est resté à cette occasion le premier parti en nombre de voix, c’est finalement une coalition tripartite : PP (droite) Ciudadanos et Vox (extrême droite) qui a permis l’installation d’une nouvelle équipe dirigeante à la Junta, avec comme président, Juan Manuel Moreno, PP. Résultat de « subtiles » négociations, cette alliance qualifiée de « à l’andalouse » enregistre un pacte de coalition entre PP et Ciudadanos et un pacte d’investiture de 37 points entre PP et Vox, nouveau parti politique surgi à l’occasion de ces élections et y obtenant 12 sièges. En juin 2022, les élections régionales vont marquer une nouvelle étape dans la recomposition de l’échiquier politique andalou. Avec une majorité absolue pour le PP, une légère montée de Vox (2 députés de plus), un recul historique des gauches, PSOE comme extrême gauche et une disparition de Ciudadanos.

Un taux de chômage supérieur à la moyenne espagnole

Poids de l’agriculture, industrialisation tardive occupant toujours une place réduite et hyper développement des services, telles sont les principales caractéristiques économiques actuelles de l’Andalousie. C’est dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche que se situent ses principales ressources. Une part qui s’explique par le fait que plus de 45 % du territoire soit occupé par des cultures : céréales et tournesols dans la vallée du Guadalquivir et les « altiplanos » des provinces de Grenade et d’Almería ou encore coton et riz le long des fleuves du Guadalquivir et du Genil. Mais deux productions sont à leur manière emblématiques de la région : les olives des provinces de Jaén et de Cordoue qui produisent l’essentiel de l’huile espagnole. Et les serres d’Almería qui fournissent en fruits et légumes tous les marchés européens. L’élevage ne représente plus que 15 % du secteur agricole (30 % en Espagne) et est surtout marqué par les produits dérivés du cochon ibérique. L’Andalousie dispose par ailleurs de la deuxième flotte de pêche espagnole, après la Galice, mais est première en nombre de ports de pêche. Tout un secteur en profonde restructuration afin de s’adapter aux nouvelles normes et éviter la surproduction. Enfin malgré leur faible rentabilité et la crise générale de ce secteur, les mines sont encore exploitées en Andalousie, contribuant pour 50 % aux extractions de métaux espagnols (50 % dans la province de Huelva). Si la région abrite des entreprises comme Cruzcampo, Domecq ou Renault Andalousie, l’industrie n’occupe qu’une place mineure dans son économie avec une spécialisation dans la transformation de matières premières agricoles ou minérales, au sein de petites unités. À l’exception du secteur aéronautique dans lequel la région occupe la deuxième place, après Madrid. Enfin si le secteur des services contribue pour 62 % à son activité économique, il a souvent généré des emplois à faible productivité et très précaires. C’est pourquoi le problème économique récurrent de l’Andalousie reste un taux de chômage encore trop élevé (18,7 % en 2022 contre 12,92 % en Espagne) même s’il a régulièrement diminué au cours des dernières années : 19,43 % en 2021 , 21,3 % en 2018, 24,4 en 2017 et 34,2 % en 2014. Dans le même temps, elle est confrontée à une immigration clandestine importante. Si la crise a réduit les arrivées, l’année 2018 a fait exploser les chiffres. Selon les données de l’ACNUR (agence de l’ONU pour les réfugiés), fin mai 2018, près de 240 000 immigrants avaient rallié le sol espagnol, arrivant essentiellement aux Canaries, à Ceuta et Melilla, dans la Communauté valencienne, mais aussi et surtout en Andalousie. En 2022, l'Espagne a enregistré l'arrivée de 472 000 immigrants (source Europapress) faisant de ce pays le quatrième pays de l'OCDE en matière de nombre de nouveaux migrants, après les Etats-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

De nombreux touristes, mais des emplois précaires

En 2019, l’Andalousie a reçu plus de 32 millions de touristes, réussissant à se redresser malgré des prévisions peu optimistes. Et le secteur a généré plus de 460 000 postes de travail.  Ce chiffre faisait suite à de bons résultats enregistrés depuis 2015, date à laquelle elle avait enregistré des chiffres supérieurs à ceux précédant la crise économique qui avait affecté de plein fouet la région de 2007 à 2012. Si les premiers touristes restent espagnols (plus de 59 %), la Junta de Andalucia souhaitait aussi s’appliquer à gagner de nouveaux marchés avec comme cible prioritaire le Japon, la Chine, les États-Unis et le Canada. Et en 2018, elle avait mis au point un plan d’action et de promotion s’élevant à 4,4 millions d’euros, dont 70 % pris en charge par le gouvernement andalou. Ses grandes lignes : toucher davantage les 35-50 ans, mieux répartir les flux touristiques dans l’année, donner la priorité au tourisme culturel et apporter un soutien particulier aux régions moins fréquentées comme Huelva ou Almeria. Bémol à cette médaille, ce secteur génère très souvent des emplois très précaires et saisonniers. Marquée par la Covid 19, l’année 2020 a bien sûr touché de plein fouet le secteur touristique andalou puisque la région n’a reçu que 13,4 millions de touristes, provenant pour l’essentiel de l’Espagne. Pour y remédier, la Junta a mis en marche le plan d’action 2021 qui se centre sur la récupération tout d’abord de son marché espagnol, mais aussi de ses principaux marchés européens. Une récupération qui semble très bien entamée puisqu’en 2022 30,8 millions de touristes sont venus visiter la région.

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