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En 2000, près de 70 % des Espagnols se déclarent toujours catholiques même si la moitié d’entre eux reconnaissent ne pas la pratiquer régulièrement. Toujours très vivante jusque dans les années 1970, la religion catholique voit son influence baisser, notamment chez les jeunes citadins. Son enseignement à l’école voit toujours s’affronter les partis de gauche et de droite, mais Pedro Sánchez (PSOE), président du gouvernement en fonction, a souhaité qu’elle n’y soit pas enseignée. Comme dans les autres régions d’Espagne, les Andalous sont majoritairement catholiques, mais leur foi s’exprime ici de manière particulière. Par la très grande dévotion à la Vierge Marie, à l’origine de nombreuses romerías, pèlerinages qui lui sont dédiés, mais peut-être surtout pas sa manière très spécifique de vivre la Semana Santa, pour laquelle elle revendique le bruit, les couleurs et les émotions et s’affiche aussi comme une revendication culturelle.

Une forte tradition catholique, en perte de vitesse

Bien que sa Constitution soit laïque, l’Espagne demeure encore fortement marquée par la tradition chrétienne catholique et dans les années 2000, ce sont encore près de 70 % des Espagnols qui se déclarent toujours catholiques. Mais si elle est restée très vivante et très pratiquée jusque dans les années 1970, la religion est actuellement en perte de vitesse, notamment chez les jeunes citadins. Et l’église qui a longtemps bénéficié d’une grande audience voit son influence sur la vie quotidienne des fidèles diminuer régulièrement. Plus de la moitié d’entre eux reconnaissant ne pas pratiquer. Ce recul se traduit aussi dans son fonctionnement, avec une baisse des vocations sacerdotales et une chute considérable des effectifs des ordres monastiques. Le thème de l’enseignement de la religion à l’école a surgi dans le débat politique et fait s’affronter deux approches différentes. En 2006, le vote d’une loi réduisant son poids dans l’enseignement a marqué une rupture, en le rendant optionnel quand il était jusqu’alors obligatoire et décisif pour l’accès aux classes supérieures et universitaires. L’église et le PP (Parti Populaire) s’opposent à ce texte et en 2013, sous le gouvernement de Mariano Rajoy, une nouvelle réforme de l’éducation replace la religion au centre du débat : les élèves devant choisir entre des cours de religion ou de « valeurs culturelles et sociales ». En 2018, Pedro Sánchez (PSOE) a réaffirmé sa volonté qu’aucune religion ne soit présente dans les programmes, et prêté serment comme président du gouvernement devant la Constitution et non la Bible, une première dans la démocratie espagnole.

Une pratique religieuse à l’accent andalou

Comme dans le reste de l’Espagne, la religion catholique est majoritaire en Andalousie. Mais avec ses accents particuliers. Ici, la religion populaire se singularise d’abord par sa très grande dévotion à la Vierge Marie, ce qui a valu à cette région le surnom de « terre de Marie, la Très Sainte ». Cette ferveur se traduit notamment dans le nombre et l’importance des romerías, pèlerinages qui lui sont dédiés. Au premier rang de celles-ci, figure la romería del Rocío, l’une des plus importantes d’Espagne, qui réunit parfois plus d’un million de personnes, certes mues par des motivations diverses, mais aussi empreintes d’une foi tout à fait réelle. Et qui rencontre aussi un écho populaire important dans celle de la Virgen de Araceli qui se déroule à Lucena, province de Cordoue, ou celle de la Virgen de la Cabeza à Andújar, province de Jaén. Mais c’est peut-être sa manière de vivre la Semaine sainte, Semana Santa, qui la différencie le plus. Ici aussi, c’est bien sûr d’abord une fête religieuse qui recrée la Passion et la mort du Christ, mais c’est dans le même temps une fête populaire et sociale qui draine dans la rue des milliers de personnes. Ayant souvent émergée historiquement comme une contre-réforme à la réforme protestante exigeant humilité et épure, la Semaine sainte andalouse revendique le bruit, les couleurs et les émotions. C’est à Séville, Málaga et Grenade que se déroulent les Semaines saintes les plus réputées, mais des dizaines de villes maintiennent cette tradition, souvent depuis des siècles, auxquelles viennent assister de nombreux Espagnols du nord de la péninsule, car ils ont le sentiment, que la vraie Semana Santa, se vit en Andalousie.

Une Semana Santa vécue avec ferveur et ardeur

Cette Semaine sainte sera préparée toute l’année et précédée par le Carême, quarante jours avant Pâques, durant lesquels vont se succéder les concerts de flamenco et les journées portes ouvertes organisées par les fraternités, hermandades. Les Semaines saintes proprement dites verront les défilés des pasos, autels portés par les membres d’une confrérie, cofradía, suivis par d’importants cortèges de pénitents en cagoule, circuits ponctués par une saeta, courte chanson. Ces fêtes donnent aussi à voir un extraordinaire patrimoine artistique puisque certains joyaux de l’imagerie religieuse sont l’œuvre d’artistes extrêmement renommés comme Juan de Mesa à Séville. Si vous n’êtes pas en Andalousie durant ces périodes, vous pourrez l’approcher et la comprendre en visitant les centres d’interprétation qui leur sont consacrés. Ou pousser la porte des maisons de cofradía (confrérie) qui possèdent souvent de vrais trésors et ont parfois mis sur pied des petits musées extrêmement pédagogiques.

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