L’Italie et la Sicile, des régions de haute activité sismique
L'Italie est située sur une zone de subduction en perpétuel mouvement tectonique : les plaques africaine et eurasienne s'entrechoquent ici, avec au milieu la micro-plaque adriatique en rotation sur elle-même. En Sicile, le plancher océanique se disloque et se transforme en rift volcanique. Pourquoi ? Les régions du sud-est de la Sicile sont en pleine rotation. La surface de l‘île est sans arrêt compressée, étirée, formant des volcans en surface et sous l'eau. Il existe des volcans sous-marins dans le canal de Sicile, l'un d'entre eux est entré en éruption en 1831 et a créé l'île éphémère de Ferdinandea. Des scientifiques ont récemment découvert six nouveaux volcans sous-marins dans le canal de Sicile alors qu'ils cartographiaient les fonds. Cette chaîne de volcans s'étire de 6 à 22 km des côtes siciliennes, dans la partie nord-ouest du canal. Une découverte qui pourrait mener à revoir la sécurité des bateaux qui transitent au-dessus : le canal de Sicile est une véritable autoroute maritime.
L’Etna : une activité explosive mais aussi effusive
L’Etna, aussi appelé « la montagne des montagnes » ou le Mongibello (mélange de latin et d'arabe), est le plus haut volcan actif d’Europe. Le géant culmine à 3 350 m et son apparition remonte à près de 300 000 ans. La première ascension du volcan fut entreprise par le philosophe grec Empédocle entre 490 et 430 av. J.-C. L’histoire raconte que l’on retrouva ses sandales près du cratère. Strabon (Ier siècle apr. J.-C.) fut le premier géographe à écrire des textes sur la physionomie du géant. Ses descriptions sont précises. On y retrouve des informations concernant la végétation, les formes et les pentes du volcan.
D’un point de vue sismique, c’est un volcan qui alterne éruptions explosives (dites stromboliennes, du nom de son turbulent voisin) et éruptions effusives. Les éruptions explosives sont bien plus fréquentes et bien plus spectaculaires. Ce sont les cratères sommitaux qui crachent la lave en fusion quelquefois en incroyables fontaines de lave. Les éruptions effusives sont provoquées par des fissures sur le flanc du volcan d’où s’échappe de la lave très fluide qui donne des coulées de basalte en refroidissant. Des coulées de lave se jettent parfois dans la mer, le sommet de l’Etna ne cesse de se modifier au fil du temps et de son activité. La croissance du sommet actuel de l'Etna s’est stoppée il y a près de 2 000 ans par l'effondrement de la caldeira Piano. Mais des cratères sommitaux se sont formés par éruptions successives. Le sommet de l’Etna est occupé par cinq cratères sommitaux : le cratère Nord-Est (1911), le cratère central (1945), la Bocca Nuova (1968) ainsi que le cratère Sud-Est (1971), le dernier en date, le cône Sud-Est, est apparu en 2007.
Selon une étude publiée par le magazine de recherche Bulletin of Volcanology, l’Etna glisse très lentement vers la mer Méditerranée, à un rythme constant de 14 millimètres par an. Ce sont des chercheurs de l'Open University au Royaume-Uni et du Laboratoire Magmas et Volcans de l'Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand qui ont réalisé ces études. Le flanc est du volcan, dirigé vers la mer, constitue son point faible, posé sur un socle de sédiments glissants. Les séismes sont donc essentiellement ressentis dans cette zone. Les poussées de magma jouent un rôle dans l'enfoncement du volcan. Mais il serait essentiellement gravitationnel, c’est-à-dire lié à la gravité. Mais rassurons-nous, l’Etna ne s’effondrera pas dans la Méditerranée avant des milliers d’années !
L’un des volcans les plus actifs du monde qui fascinait Tazieff
Avec environ 100 éruptions au XXe siècle, l'Etna est considéré comme l'un des volcans les plus actifs du monde. En 1972, le vulcanologue Haroun Tazieff évoquait ainsi l'Etna : « volcan très exceptionnel et en même temps classique, son type d'éruption est le plus fréquent (…). Ce qui différencie l'Etna, c'est qu'il est en activité éruptive quasiment continuelle [...], il n'y en a qu'une demi-douzaine au monde, dont l'Etna, et à côté de lui, le Stromboli, en activité éruptive permanente ». D'après des vulcanologues de l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV), l'apparition de deux fractures éruptives sur le volcan aux cinq cratères en sommeil provoque le réveil du géant. La première fracture est localisée au pied du cratère sud-est du volcan, tandis que la seconde se situe sur le flanc nord-est du second cratère situé au sud-est, apparu en 2007. Ces fractures ont engendré l'apparition de deux coulées de lave et d'un épais nuage de cendres. En décembre 2018, une importante colonne de cendres avait contraint les autorités à fermer l'espace aérien local et des petits séismes ont été ressentis dont le plus important, d'une magnitude de 4,8, a entraîné l'écroulement de maisons et une trentaine de blessés. Puis il y a eu quelques éruptions en 2018 et 2019 et surtout une massive en 2021 : l'Etna est entré en éruption sept fois en moins d'un mois, du 16 février au 7 mars. Le cratère sud-est a été le spectacle d'une incroyable fontaine de lave haute de 100 mètres, de coulées de lave et d'une colonne éruptive sur plusieurs kilomètres dans la vallée del Bove. Une pluie de « lapilli », ces fragments de lave qui volent et explosent au contact du sol pour se transformer en poussière noire, a recouvert tous les villages alentour, Catane et même jusqu'à Syracuse ! On a vu les images de Siciliens, pelle à la main, tentant de déblayer la cendre. L'état d'urgence régionale a été déclaré, certains habitants ont connu des difficultés respiratoires. Les habitants relativisent : ils sont habitués à vivre avec le monstre depuis des siècles et ne s'affolent pas outre mesure de ses sautes d'humeur. D'ailleurs, en mai et en juin 2022, une coulée de lave est née sur le flanc du cratère sud-est, tandis qu'en juillet 2024, la lave a surgi du cratère du Voragine.
Le Stromboli, un volcan particulièrement explosif et dangereux
C'est sans contexte le plus dangereux volcan en Italie, il est plus actif que l'Etna car en éruption permanente, et comme il est plus petit, il est particulièrement explosif et imprévisible. Il a même donné son nom à son type d'éruption, « strombolienne » donc, car c'est un cas d'école de ce qu'on appelle les volcans rouges : ceux qui éructent une lave fluide qui forme des coulées sur les flancs du volcan et forment des fontaines de lave.
Il est très actif depuis près de 3 000 ans alors imaginez ! Récemment, l'éruption du Nouvel An de 2003 provoqua une évacuation panique de l'île. Après les coulées de lave de 2007 et les explosions de 2009, l'été 2014 fut marqué par l'ouverture d'une nouvelle fissure sur le versant oriental et l'observation de nouvelles coulées de lave atteignant jusqu'à 1,6 km de long. Les bouches des cratères actuels se trouvent à 700 m d'altitude, sur le versant occidental. Elles surplombent la sciara del Fuoco, pente très abrupte, délimitée par le filo del Fuoco et par le filo di Baraona, deux énormes fissures qui servent de chemins aux éjections du volcan vers la mer. 2017 et 2018 ont été particulièrement animées : pas d'éruption caractérisée mais une activité volcanique très forte. Et puis l'éruption sous forme d'explosions paroxystiques est arrivée en juillet 2019. Et elle a surpris tout le monde, surtout les touristes au bord du cratère et qui ont dû battre en retraite, dont un homme qui a fait une crise cardiaque. Un accident qui remet en cause les conditions d'accès. Il n'est désormais et jusqu'à nouvel ordre plus possible de monter au bord du cratère à 924 m, seulement à 400 mètres avec un guide. On peut néanmoins partir de nuit en bateau voir la lave s'écouler sur le versant de la sciara del Fuoco, quel spectacle ! Au retour vers 20h, montez à l'observatoire pour manger une pizza devant le mouvement volcanique vu d'un autre angle, et enfin continuez à pied pour vous rapprocher du point le plus haut autorisé sans guide (290 m). Les vulcanologues ont ouvert un centre d'information intéressant où il est possible de poser des questions à des scientifiques.
Vulcano, une île « cocotte minute »
Dans les récits mythologiques d'Homère, c'est Vulcano qu'Éole choisit pour s'installer. Vulcano la bouillonnante, avec ses eaux sulfureuses, ses vapeurs et ses fumerolles jaunes de soufre, ses collines dénudées et ses coins sauvages, est la plus volcanique des sept îles mais aussi la plus dangereuse. Sur 21 km2, on compte deux volcans actifs : Vulcanello et Fossa di Vulcano. Ce dernier, qui culmine à 499 mètres d'altitude, développe des fumerolles de soufre importantes. Les vulcanologues le comparent souvent à une cocotte-minute sous pression. Il a d'ailleurs lui aussi donné son nom à un type d'éruptions « vulcaniennes ». Moins impressionnantes car la lave est moins fluide, elles n'en sont pas moins très dangereuses. La lave s'écoule plus difficilement et les projections créent des coulées en contrebas qui peuvent atteindre les habitations. Les retombées de lapilli, de bombes volcaniques, et de pierres ponces sont dangereuses pour les populations. Les dernières éruptions remontent à 1739 et 1888. Le 3 août 1888, un peu après midi, eut lieu, à cet endroit, une éruption extrêmement violente. Le cratère de la Fossa éjecta des roches énormes (les habitants vous diront qu'elles étaient aussi grosses que des autobus), des pierres incandescentes, appelées bombes, à l'aspect particulier de « croûte de pain » et des nuages de cendres chaudes. Cet enfer dura presque deux ans, s'achevant en mars 1890. L'augmentation récente de l'activité des fumerolles sur les flancs et sur le bord du cratère justifie l'attention continue que les vulcanologues portent à ce volcan en particulier.
Lipari, une concentration de petits volcans
De tout l'archipel des Éoliennes, elle est le meilleur terrain de jeu pour les volcanologues et les géologues. Considérée comme la plus concentrée en volcans des îles Éoliennes, ses sols et sous-sols portent encore les stigmates des éruptions successives. Un vrai laboratoire à ciel ouvert, avec les fumerolles de Bagnosecco, les plus importantes de l'île, ou encore des sources thermales, dont la plus fameuse, celle de San Calogero, près du port, était utilisée à des fins thérapeutiques dans l'Antiquité. On pense aujourd'hui que l'activité volcanique de Lipari aurait connu trois périodes. La première est illustrée par différentes couches volcaniques dans l'ouest de l'île et qui composeraient aujourd'hui les Timponi ou Monterosa. La deuxième période a, quant à elle, entraîné la formation du mont Sant'Angelo. Enfin, lors de la dernière période, les volcans ont expulsé de l'obsidienne et des pierres ponces qui ont elles aussi modifié le paysage, comme celui du mont Galliana par exemple. L'île a probablement connu sa dernière éruption au VIIIe siècle, celle du mont Pelato, non sans incident puisqu'elle recouvrit de ponce les ruines romaines des Ve et VIe siècles (visibles dans le quartier de Diance à l'acropole de Lipari). Aujourd'hui, on ne ressent pas ce magnétisme en séjournant sur Lipari, seuls les scientifiques l'observent.